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La terrible démagogie du "être avec les pauvres"

(Il faut dire que l'exemple, aujourd'hui, vient de haut). Un nouveau brûlot du Père Jorge González Guadalix, le truculent curé madrilène, traduit par Carlota

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LA TERRIBLE DÉMAGOGIE DU «ÊTRE AVEC LES PAUVRES»

Père Jorge González Guadalix
infocatolica.com
Traduction Carlota
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Rien de plus démagogique que d’entendre ce « il faut être avec les pauvres ». L’expérience me dit que ceux qui sont vraiment aux côtés des pauvres les respectent tellement que jamais ils n’oseraient les porter comme bannière. La bienheureuse Teresa de Calcutta en est l’exemple le plus manifeste. Et au contraire, tout ce qui passe sa journée à parler des pauvres par-ci et des pauvres par-là ne les connaît, généralement que de loin. Vous savez bien, le dis moi de quoi tu te vantes.

Être avec les pauvres est une phrase pleine de faussetés avec une grande dose de manipulation, en commençant par le concept de pauvre, qui est beaucoup plus que ne pas avoir d’argent : « il était si pauvre qu’il n’avait que de l’argent ».
La grande pauvreté est le péché et l’éloignement du Christ. Se convertir au Christ, transformer son cœur, suppose une nouvelle façon de vivre loin de tout égoïsme, là où nous les hommes sommes capables de partager la foi et la vie comme des frères et comme conséquence, les inégalités sociales s’éroderont peu à peu et les plus faibles trouveront un soutien, de la solidarité et, surtout, la charité chrétienne de ses frères plus forts. À leur tour, combien de fois les forts seront évangélisés par les faibles.

Ce «les pauvres», et l’expérience nous le dit, n’est dans la pratique qu’une façon d’obtenir carte blanche (patente de corso, litt. une lettre de course) (1) pour faire exactement ce que l’on a envie de faire. Trop de fois nous avons vu des communautés chrétiennes où l’on célébre à peine l’Eucharistie, et quand on le fait, on le fait selon cette forme dans laquelle on a supprimé la réconciliation (la confession), la prière est justa modum, l’obéissance créative, la morale de circonstance et changeante, les principes également, mais à ces communautés il faut tout pardonner du fait d’un prétendu «être avec les pauvres» que personne n’a vu. Un «être avec les pauvres» sans projets, sans lien avec la Caritas avec des coûts exorbitants dont personne ne sait ni la raison ni le but.
Mais il ne se passe rien. Comme il ne se passe rien si Sœur Vérémonde (2) justifie l’avortement ou que le Père Untel distribue la communion sans discrimination. Ils sont avec les pauvres et point barre.

Et à l’inverse, aux communautés où l’Eucharistie est célébrée avec soin, avec des horaires de confession, des programmes de formation, la liturgie - mais, aïe, l’ami, ces communautés ont légèrement l’odeur de quelque chose de conservateur - le reproche sera fait qu’elles ne veulent rien savoir des pauvres, même si elles ont un formidable service Caritas. (..)

Un exemple de plus. Derrière ce prétendu «être avec les pauvres», que de dépenses superflues!
Il est habituel dans les paroisses et même plus haut, que plus l’on a à la bouche le «avec les pauvres», plus les frais courants de fonctionnement croissent. Un mystère que les économistes devront un jour expliquer. Comme ils auront à expliquer la forme de financement des communautés qui méprisent le vil métal, et que ce financement ne soit pas aux dépens de ceux qui «sont avec les riches», pure hypothèse rien de plus.

Ni être avec les pauvres ni être avec les riches ni être avec la classe moyenne. Nous sommes avec le Christ et avec les hommes, ceux que nous avons à côté de nous, les paroissiens qui nous touchent, pour annoncer l’évangile, la conversion du cœur à Jésus Christ et la forme nouvelle de vie du baptisé, et pour le faire humblement, comme l’Église nous le demande. Et les pauvres? Une communauté de convertis n’a pas besoin de plus. Cela lui vient de l’intérieur.

Que tu ne négliges ni la conversion, ni la foi, ni rien, qu’importe tout cela s'il n'y a pas l’amour comme le comprend personnellement le Père Machin et qu’applaudissent ses quatre amis, bien que de la façon dont ils exercent la charité ils piétinent constamment la foi de l’Église. Mais cela ne fait rien. Non seulement il ne se passe rien mais ils sont le dernier groupe prophétique du nouveau printemps. Pour eux-mêmes.

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NOTES DE TRADUCTION
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(1) Forte image qui fait référence au document que recevait du Roi le capitaine d’un navire corsaire pour attaquer les navires marchands de la puissance ennemi et conserver à son profit une partie de la prise.

(2) Il s’agit probablement d’un archétype de religieuse et non pas d’une religieuse en particulier même si le prénom choisi est peut-être un clin d’œil à des réalités plus particulièrement connues des Espagnols.



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