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Le problème des homélies à Santa Marta (suite)

Est-ce ou n'est-ce pas du magistère? Le Pape François lui-même affirme que oui, il l'avait dit lors de son interview à La Nacion.

>>> Cf. Le problème des homélies à Santa Marta

Dans un article récent (cf. Le problème des homélies à Santa Marta), Riccardo Cascioli déplorait que les mots utilisés par François dans une de ses dernières homélies matinales (où, avec l'intention - selon lui - de dénoncer "les attitudes des chrétiens qui menacent l'identité chrétienne" , le Pape semblait se moquer des voyants de Medjugorje, sans toutefois les citer), aient été mal interprétés par les médias, qui y avaient vu une fin de non-recevoir à la reconnaissance des apparitions par le Saint-Siège, une décision qui lui appartient.
Mais à presque deux ans et demi de son élection, cette volonté de dédouaner le Pape à tout prix en transférant la faute sur l'exclusive mauvaise foi des médias (qui certes n'est plus à démontrer, mais François sait parfaitement comment la gérer, et il s'en sert très habilement), commence à faire long feu.
En tout cas, elle ne convainc pas Teresa, qui a ressorti opportunément à ce sujet un article datant de décembre 2014, issu d'un blog en anglais que je découvre, <Traditional Roman Catholic Thoughts>.
Du reste, elle ne convainc pas non plus le Pape lui-même, qui l'avait dit très clairement en se confiant, justement à cette époque, à sa biographe Elisabetta Piqué, à laquelle il avait acordé une longue interview pour le quotidien argentin La Nacion (cf. benoit-et-moi.fr/2014-II/actualites/linterview-de-franois-a-la-nacion-i)

Mise au point du pape François, dans l'interview à La Nacion:
Ses déclarations sont claires et font partie de son magistère

15 décembre 2014
trcthoughts.com/2014/12
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Parlant de certaines déclarations bizarres que le pape François a faites depuis son élection, beaucoup de catholiques ont prétendu qu'elles ne faisaient pas partie du Magisterium, de l'enseignement de l'Église. Ils ont également défendu l'argument que les médias déformait le pape.

Le Pape François vient de donner une autre interview, cette fois à La Nacion, un journal argentin.
En voici un extrait:

Q: En tant que Pape, vous êtes différent parce que vous parlez avec la plus grande clarté, vous êtes complètement franc, vous n'utilisez pas d'euphémismes et vous ne tournez pas autour du pot, le cours de votre papauté est extrêmement clair. Pourquoi pensez-vous que certains milieux sont désorientés, pourquoi disent-ils que le navire est sans gouvernail, en particulier après le dernier Synode extraordinaire des évêques sur les défis posés par la famille?

R: Ces expressions me semblent bizarres. Je ne suis pas au courant de personnes qui les auraient utilisées. Les médias les citent. Toutefois, jusqu'à ce que je puisse demander aux personnes concernées «Avez-vous dit cela?», j'ai des doutes fraternels. En général les gens ne lisent pas ce qui se passe. Quelqu'un m'a dit une fois, «Bien sûr, bien sûr. Les idées, c'est très bon pour nous, mais nous avons besoin de choses plus claires». Et j'ai répondu: «Regardez, j'ai écrit une encyclique, c'était un grand travail, et une exhortation apostolique, je suis constamment à faire des déclarations, je donne des homélies; ça, c'est de l'enseignement, ça c'est ce que je pense, pas ce que les médias disent que je pense. Vérifiez, c'est très clair. Evangelii Gaudium est très claire».

Pat Archbold qui écrit pour le National Catholic Register (ndt: dont il a été entretemps licencié, comme je l'ai rapporté ICI), apporte une excellente précision, très valable:

Cette interview montre clairement que le pape François entend que ses déclarations et homélies soient considérées comme faisant partie de son magistère personnel. Il insiste également sur le fait que cet enseignement est très clair.
Commençons par appeler un chat un chat.

Le Pape François a effectivement dénoncé tous ceux qui avancent deux choses.

1. Les médias le dénaturent. Nous l'entendons de la bouche même de François, «voilà ce que je pense, pas ce que les médias disent que je pense»... Le Pape François sait ce que les médias disent de lui, et il en est d'accord. Ces mots, il les a prononcés, c'est ce qu'il a dit.
Si vous restez assis à attendre qu'il offre de plus amples précisions, vous ne devriez pas. «C'est très clair». Nous ne pouvons plus utiliser cette excuse, ni rien qui en découle. Plus de «problèmes de traduction». Plus de «pris hors contexte». Les interviews, les articles de presse, les homélies incorrectes, tout cela il l'a dit. Débrouillez-vous avec.

2. Cela ne fait pas partie de l'enseignement de l'Eglise. Le Pape François dit qu'il enseigne constamment, et considère que c'est une partie de ses enseignements et de son magistère. Il ne propose pas son opinion, mais ce qu'il pense est de l'enseignement proprement dit, qui doit être inclus dans ce qu'il a à offrir à l'Église.

François précise qu'il «fait des déclarations en permanence, donne des homélies; c'est de l'enseignement». Tout ce qu'il dit, peu importe que ce soit vrai ou erroné, fait partie de l'enseignement qu'il veut vous donner. Avis à ceux qui l'ont défendu en utilisant cette excuse, vous l'avez fait en vain. Vous avez tort, parce que le Pape Francis le dit.

Si François croit vraiment que ses déclarations impromptues sont effectivement de l'enseignement, alors peut-être est-il temps de revenir en arrière et de réévaluer l'ensemble de sa papauté et chaque interview, homélie, commentaire au pied levé qu'il a donnés depuis le début.

Voilà.
Il n'y a rien d'irrespectueux à affirmer cela, puisque c'est le Pape lui-même qui le dit.
Tout au plus un certain embarras des "légitimistes" (je parle de ceux qui sont de bonne foi), avec son corollaire naturel, la réticence à dire les choses comme elles sont.

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