François, voyageur de commerce
Le blogueur espagnol "Fray Gerundio" commente à sa façon les voyages du Pape François et notamment le dernier, au Kenya
>>> Du même Fray Gerundio: Vatileaks 2, une manoeuvre de campagne électorale
J'avoue très franchement que je ne suis que de très loin le voyage du Pape en Afrique, me contentant des reportages superficiels de la radio et de la télévision: ils me suffisent pour savoir que François est toujours l'idole des médias, qui n'ont plus de mots pour qualifier son courage pour "braver tous les risques", son mépris pour sa sécurité (surtout pour les hommes chargés de l'assurer!) sa compassion pour les pauvres, ses sorties dans les bidonvilles, etc.. (je me souviens trop de la couverture des voyages de Benoît XVI par les mêmes: la comparaison est cruelle, mais éclairante); j'ai même entendu une journaliste tendant complaisamment son micro à une dame qui réclamait impérativement qu'"on le fasse saint vivant". Je n'exagère hélas pas.
Quant aux contenus de ses discours, eh bien... je crois que j'en ai déjà assez lu depuis plus de deux ans et demi, et j'ai décidé de tirer un trait. Sauf exception nécessaire, évidemment.
Carlota m'adresse un compte-rendu de ce blogueur espagnol plutôt tradi, qui blogue sous le pseudo de "Fray Gerundio", déjà rencontré ici: Vatileaks 2, une manoeuvre de campagne électorale. Il me confirme que mon désintérêt n'est pas dénué de raisons, et ne me donne vraiment pas envie d'aller plus loin.
>>> A ceux qui dauberaient sur la facilité de s'abriter derrière l'anonymat pour critiquer le Pape, surtout pour les hommes d'Eglise, il me semble utile de rappeler la récente "mésavanture" du courageux Abbé Hervé Benoît, qui s'est vu sévèrement sanctionner par sa hiérarchie, représentée par le cardinal Barbarin, pour avoir osé écrire ce qu'il pensait sur le massacre du Bataclan (tribune ICI. Et ICI la réponse très digne de l'Abbé)
François, voyageur de commerce
fraygerundiodetormes.wordpress.com
27 novembre
Traduction Carlota
J’ai donné l’assurance à mes novices modernistes qu’il ne s’agit pas d’un titre irrespectueux ou d’un manque d’affection. Rien de cela. C’est une expression qui, depuis mon enfance, appelait mon attention, quand quelqu’un s’auto-définissait ainsi dans son activité de travail. Cela s’appliquait de la même façon à un vendeur de ballons et de friandises, que de produits pour les cheveux, de chaussettes ou de bas. Ou bien comme les vendeurs dans les westerns, qui se présentent dans les villages en se tenant debout sur les charriots, en vendant de l’élixir magique qui apportera à tous une guérison définitive, qu’il s’agisse de la calvitie, de la gale, des poux ou des problèmes dans le ménage. Et les gens achetaient des produits, oh que oui, ils en achetaient. Et ils s’enthousiasmaient pour le voyageur. Même si après on découvrait l’arnaque quand le remède ne marchait pas.
Je suis chaque jour plus convaincu que les voyages de François ne sont pas apostoliques, comme les appelle le Saint Siège et même comme il les appelle lui-même. Des périples, des tournées (en français dans le texte) ou comme on voudra les appeler. Mais les qualifier d’apostoliques… Je ne prends pas cela au sérieux.
Je ne m’imagine pas saint Paul durant ses voyages transméditerranéens parlant de la traite des blanches (il y en avait alors beaucoup plus qu’aujourd’hui), ou de l’esclavage (plus encore à l’époque), ou de la corruption (encore plus) ou de la politique des guerres et des dominations (toujours plus), ou des exploitations et des assujettissements des peuples conquis (énormément plus).
Je ne crois pas non plus que saint Paul se réunissait avec les responsables locaux juifs ou mazdéistes, ou athées ou indifférents, pour leur dire qu’ils devaient lutter pour un monde meilleur puisqu’ils étaient tous frères (même si à l’époque, on n’utilisait pas encore l’expression maçonnique de fraternité universelle). Précisément chaque fois que saint Paul rendait visite à une synagogue, ça bardait parce qu’il prêchait sur Jésus Christ, et sur le Crucifié, et les Juifs de l’époque se tiraient les papillotes de rage (ils grinçaient des dents selon l’Évangile) en voyant que CE Juif de Nazareth, était présenté comme le Fils de Dieu par ces fous à lier appelés chrétiens.
Je ne crois pas qu’il [saint Paul] parlait des déchets toxiques accumulés dans la Mer de Corinthe (il y aurait eu beaucoup de déchets humains), ni du soin de la terre (je suppose qu’on taillait déjà les arbres à cette époque), ni de la course aux armements des Romains et des Carthaginois, ou des trafiquants d’armes (cette époque-là avait aussi les siens). Il aurait été bien de lire sous la plume de saint Paul une diatribe contre le trafic de catapultes à travers la Méditerranée. Certains de ma connaissance citeraient plus fréquemment ses lettres. Je n’imagine pas saint Paul dans sa lettre aux Romains attirer leur attention, afin qu’ils n’admettent pas l’esclavage et qu’ils protestent contre la peine de mort face au Capitole Corrompu et Corrupteur.
Je regrette de le dire, mais ces voyages d’aujourd’hui se sont déjà transformés en voyage type « leader », parce qu’il [François] l’est en réalité ou parce qu’il est enchanté de l’être, des voyages durant lesquels la véritable évangélisation s’oublie et que l’on tend plus vers un désir démesuré de plaire. Même quand il est question de Jésus Christ, c’est fait avec un petit ton soixante-huitard, dont l’ADN idéologique, nous qui avons déjà quelques années, nous est bien connu.
Je ne veux pas rester là à attendre ce qui va se passer durant ce voyage en Afrique. Ce que j’ai vu ces trois derniers jours au Kenya me suffit. L’humanisation (appelons-la ainsi) de tout le travail que l’on supposerait chrétien est une constante. Dans l’une des interventions de François devant les prêtres et les religieux, une religieuse, - forcément -, parle de son travail comme d’une lutte pour la dignité de la personne, indépendamment de son ethnie ou sa religion (vidéo ICI). Très joli, mais cela dilue l’être chrétien en le rabaissant jusqu’au sol. Pour cela, l’action missionnaire n’était pas nécessaire.
Les images des messes tellement remuantes (bien que moins qu’au Brésil) et les interventions variées m’ont ramené à la mémoire le documentaire qui fit connaître Marcel Lefebvre, dans lequel était montrée une partie de son travail en Afrique. On peut voir aux environs de la 14ème minute (cf. video , traduite en espagnol à partir du dvd français) comment l’Archevêque lui-même explique les changements au Sénégal (y compris économiques), par l’œuvre de la grâce divine. Ils diront que c’était un rétrograde, mais rien que la vision de ces images nous transporte dans un monde déjà passé et oublié. Mieux, un monde détruit, consciemment détruit, mis en pièce et désolé. Désormais les missionnaires travaillent pour la dignité humaine quelle que soit la religion. Eh bien avec ce voyage-là, on n’est pas plus avancé.
J’ai du donner à mes novices je ne sais combien de cours pour expliquer le travail de tant de missionnaires qui ont donné leur vie pour enseigner l’Évangile à ceux qui voulaient être chrétiens. Face aux autres religions, évidemment. Parce qu’à cette époque, ce n’étaient ni plus ni moins que de fausses religions. Des païens ou des infidèles. Ce système, bien sûr, a permis des milliers de conversions. Mais c’est désormais sans importance, semble-t-il. C’est mieux d’aller dans les mosquées, dans les bureaux de l’ONU et dans les quartiers périphériques. Comme si auparavant personne n’avait rendu visite à un quartier périphérique. C’est ce que l’on appelait découvrir la Méditerranée, comme disait ma grand-mère, même si c’est accompagné de caméras, de tachygraphes et de journalistes.
Que les fidèles chrétiens du Kenya n’achètent pas l’élixir moderniste qu’on leur offre. Ils en ont déjà assez, les pauvres, avec les critiques des évêques allemands [1], des évêques allemands auxquels, certes, le pape n’ a pas trop tiré les oreilles en public pour leur insolence et leur superbe. Là il ne s’agit pas de trafic d’armes, c’est sûr, mais bien de trafic d’influences intéressées.
Ainsi, le Souverain Pontife veut sauvegarder la dignité du cardinal Kasper, indépendamment de son ethnie et de sa religion.
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NDT:
[1] Selon le site www.katholisch.de :
"Il est évident que l'église croît en Afrique. Les africains sont des gens pauvres, ignorants et dépendants qui souvent n'ont rien d'autre que leur foi. Leur situation d'éducation est en moyenne à un niveau si bas qu'ils acceptent des réponses simples à des questions difficiles, des réponses comme celles du cardinal Sarah de Guinée. La croissance du nombre des prêtres est le résultat non seulement de l'élan missionnaire, mais du fait que le sacerdoce est une des rares possibilités d'avoir de la sécurité sociale dans le continent noir."