Le "rapprochement" se poursuit

Le Vatican et l'ONU organisent une conférence de maires de gauche sur le changement climatique. Les précisions de Giuseppe Nardi, sur le site germanophone <katholisches.info>. Traduction d'Isabelle

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Jeffrey Sachs l'illusioniste
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Le site bilingue de l'Académie Pontificale des Sciences Sociales (PASS):

www.pass.va/content/scienzesociali/en/events/2014-18/citta.html

Le Vatican et l’ONU organisent une conférence de maires de gauche sur le changement climatique

16 juillet 2015
par Giuseppe Nardi
www.katholisches.info
Traduction d'Isabelle

(Rome) Les 21 et 22 juillet prochains, des maires du monde entier doivent se rencontrer au Vatican, pour discuter du climat et de l’esclavage moderne. Une rencontre qui s’annonce politiquement correcte ¾ et certes le sera au plus haut point, ¾ organisée à l’initiative de l’évêque de curie argentin Marcelo Sánchez Sorondo, chancelier de l’Académie Pontificale des Sciences et de l’Académie Pontificale des Sciences sociales. Celui-ci fut, dans les coulisses, le maître d’oeuvre de l’éco-encyclique Laudato Si; en plus de s’occuper du texte en soi, il se chargea de nouer des contacts directs, surtout avec les Nations-Unies ainsi qu’au “plus haut niveau politique”.
Il organisa au Vatican, avant même la présentation de l’encyclique, un workshop international “sur le changement climatique et le développement durable” dont Ban Ki-Moon, Secrétaire Général des Nations-Unies, prononça le discours inaugural tandis que son bras droit Jeffrey Sachs, directeur du UNSDNS (UN Sustainable Development Solutions Network), en était l’orateur principal. Ainsi, ce ne sont pas seulement les tenants de la thèse d’un réchauffement terrestre imputable à l’homme, mais aussi les néo-malthusiens qui firent leur entrée au Vatican. De plus, les climato-sceptiques furent systématiquement rayés de la liste des participants. Et c’est ainsi que le Vatican devint organisateur d’une conférence orientée et unilatérale dans le sens des thèses onusiennes du réchauffement de la planète.

60 maires du Monde entier pour une conférence au Vatican ¾ tous “exclusivement” de gauche
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Fin mai, Sánchez Sorondo se fit remarquer par une lamentable interview où il croyait reconnaître dans le changement climatique la cause de l’infanticide à l’échelle mondiale que représente l’avortement (cf. benoit-et-moi.fr/2015-I/actualite/un-prelat-de-curie-tres-agressif). Depuis lors, le prélat de curie passe pour l’architecte d’un rapprochement entre l’Eglise catholique et l’agenda des Nations-Unies. Une activité qu’il ne peut déployer que parce qu’il se sait couvert en très haut lieu.
L’étape suivante est la convocation au Vatican, cette semaine, par Sánchez Sorondo de 60 maires du monde entier. L’éventail est impressionnant, l’enracinement politique des maires assez “varié” et principalement de gauche.
Feront le déplacement : le catholique de gauche Ignazio Marino, maire de Rome; le maire communiste de Milan, Giuliano Pisapia; le libéral de gauche Luigi De Magistris, maire de Naples; Manuela Carmena, de la gauche libérale, maire de Madrid (jusqu’au début de sa carrière de juge, membre du parti communiste espagnol; puis en 2015, sans être membre d’aucun parti, chef de file d’un cartel formé de socialistes et du mouvement Podemos, radical de gauche); la féministe socialiste Anne Hidalgo, maire de Paris.

Avortement et homosexualisation ne sont pas à l’ordre du jour ¾ mais bien le changement climatique et le nouvel esclavage
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Les susnommés montrent une orientation politique, à tout le moins une préférence pour des partis (et leurs représentants) à classer sans réserve dans la gauche jusqu’à l’extrême gauche. Que ces gauchistes défendent l’avortement comme un “droit de l’homme” et la légalisation inconditionnelle du “mariage homo” ne dérange visiblement pas le Vatican. Plus encore, se trouve confirmé le nouveau rapprochement, opéré par Sánchez Sorondo dans une interview et par l’agenda du changement climatique.
L’invitation du maire de Lampedusa, Giusi Nicolini, semble quant à elle plutôt devoir servir de gadget médiatique. Sous le pape François, l’évêque d’Agrigente, plutôt discret jusque là, avait déjà été élevé à la dignité cardinalice, pour la seule raison que Lampedusa est située dans son diocèse. Comme “la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre” (expression allemande que l’on pourrait traduire par : “les chiens ne font pas des chats”), Nicolini, qui conquit la fonction maiorale avec 26 % des voix, appartient elle aussi au spectre politique mentionné plus haut. Elle fut soutenue par “une partie des démocrates de gauche et par le peu de gens qui appartiennent à la société civile de l’île” selon les termes du quotidien de gauche Il fatto Quotidiano, usant du ton arrogant propre aux jacobins.

Un symposium en collaboration avec l’ONU ¾ orateur du discours d’ouverture: le néo-malthusien Jeffrey Sachs
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Le seul représentant de l’espace germanophone sera le social-démocrate Christian Gaebler, qui représentera Berlin. Gaebler est, depuis 2011, secrétaire d’état pour le développement urbain et l’environnement à Berlin et appartient à l’aile gauche du SPD.
Le 21 juillet, les participants se réunissent pour la conférence “Modern Slavery and Climate Change : the Commitment of the Cities”, à laquelle participera aussi le pape François qui prononcera l’allocution de bienvenue. Là doivent être discutées deux “situations de détresse, solidaires l’une de l’autre” : “le climat mondial et les nouvelles formes d’esclavage”. Le 22 juillet, les maires participeront, toujours au Vatican, au Symposium “Prosperity, People and Planet : Achieving Sustainable Development in our Cities”, qui a lieu en collaboration avec l’ONU. C’est le néo-malthusien Jeffrey Sachs, déjà cité ci-dessus et promu membre de l’Académie Pontificale des Sciences, qui fera le discours d’ouverture.

L’ONU n’est pas le diable, c’est plutôt le contraire” — des invitations partiales
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“Les Nations-Unies ne sont pas le diable, c’est plutôt le contraire” : c’est en ces termes que Sánchez Sorondo a répondu à la question d’un journaliste, qui lui demandait s’il n’était pas curieux que le Vatican héberge une manifestation de l’ONU. “Le symposium n’est pas organisé par l’ONU, mais par les Académies Pontificales et l’ONU” : le prélat de curie entendait désigner par là les deux Académies dont il est le chancelier. Et le confident du pape de se justifier en disant que Paul VI déjà s’était rendu aux Nations-Unies à New York. “En septembre, le pape François leur rendra visite. Je ne vois pas où est le problème. Voir l’ONU comme un diable est typique de certaines positions de droite; ce n’est pas la position du Saint-Siège”. Cette déclaration ne manquera pas de réjouir le rassemblement de la gauche réuni au Vatican.

A la question d’un autre journaliste qui demandait si “la présence exclusive de maires de gauche n’était pas un signe de partialité”, Sánchez a répondu ironiquement : “L’invitation est offerte à tous; si vous nous amenez d’autres maires, nous vous en sommes reconnaissants. Nous n’avons aucune réserve”. L’uniformité dans la couleur politique des maires invités fait présumer du contraire. Il y a sans doute eu prise de contact sélective lors de l’invitation.

Le groupe Santa Marta
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Sánchez Sorondo a justifié les deux organisations par “l’urgence”. Laquelle aurait été, selon lui, soulignée par le “Groupe Santa Marta”. Comme l’a précisé l’Argentin, qui appartient au cercle le plus étroit des fidèles du pape François, le pape et le cardinal Nichols ont formé, il y a deux ans, un groupe rattaché à l’Académie Pontificale des Sciences, où se réunissent des chefs de police et des évêques du monde entier qui s’y livrent à un échange d’idées. “Nous avons suivi leur conseil et avons essayé de rassembler aussi les maires afin de trouver une meilleure procédure pour la réduction du changement climatique et l’élimination des nouvelles formes d’esclavage”, d’après Sánchez Sorondo. La discussion des 21 et 22 juillet aura lieu sur base de l’allocution du pape aux “mouvements sociaux” en Bolivie et de l’éco-encyclique Laudato Si. Sánchez Sarondo a ensuite fait explicitement l’éloge du porte-parole du Vatican Federico Lombardi, “jésuite comme le pape Bergoglio”. L’Argentin a dit textuellement : “Si vous voulez comprendre le pape François ou le père Lombardi, vous devez regarder le film Mission sur les réductions jésuites en Amérique Latine”.
À propos du nouvel esclavage, l’évêque de curie a dit : “Nous voulons que les maires s’engagent à mettre fin, dans leurs villes, à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite d’êtres humains” et “nous aimerions aussi que les maires s’engagent à développer des programmes d’intégration sociale des victimes sur les plans national et local, pour éviter un refoulement ou une expulsion vers le pays d’origine”.

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Liste complète des participants
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Voici la liste complète des participants: Christian Gaebler (secértaire d’état, Berlin), Betsy Hodges (Minneapolis), Ed Murray (Seattle), Charlie Hales (Portland), Marty Walsh (Boston), Mitch Landrieu (Nouvelle Orleans), Anne Hidalgo (Paris), Stian Berger Rosland (Oslo), Ignazio Marino (Rome), Dario Nardella (Florence), Luigi de Magistris (Naples), Giusi Nicolini (Lampedusa), Piero Fassino (Turin), Antonio Decaro (Bari), Gregor Robertson (Vancouver), Eduardo Paes (Rio de Janeiro), Eduardo Accastello (Villa Maria, Argentine), Tony Chammany (Kochi, Inde), Mohammad Bagher Ghalibaf (Téhéran), Julius Ihonvbere (Edo State, Nigeria), Rose Christiane Ossouka Raponda (Libreville, Gabon), Aliou Sall (Guediawaye, Sénégal), Jaroslaw Jozwiak (maire adjoint, Varsovie), Yelgi Lavinia Verley Knight (Siquirres, Costa Rica), Alfred Martin Aruo (Soroti, Ouganda), Karin Wanngard (Stockholm), Angela Brown-Burke (Kingston, Jamaïque), Matthew Appelbaum (Boulder, Colorado), Marcio Lacerda (Belo Horizonte), Fernando Haddad (Sao Paulo), Monica Fein (Rosario), Gustavo Petro (Bogota), Miguel Angel Mancera Espinosa (Mexico City), George Ferguson (Bristol), Jose Fortunati (Porto Alegre), William A. Bell (Birmingham, Alabama), Milan Bandic (Zagreb), Enzo Bianco (Catane), Edwin Lee (San Francisco), Leoluca Orlando (Palerme), Massimo Zedda (Cagliari), Sam Liccardo (San Jose, Californie), Mpho Parks Tau (Johannesbourg), Kagiso Thutlwe (Gaborone, Botswana), Paulo Garcia (Goiania, Brésil), Gustavo Fruet (Curitiba, Brésil), Alfred Okoe Vanderpuije (Accra, Ghana), Tony Lloyd (Manchester), Manuela Carmena (Madrid), Mahamudo Amurane (Nampula, Mozambique), Giuliano Pisapia (Milan), Antonio Carlos Magalhaes Neto (San Salvador), Nasereddine Zenasni (Alger), Virginio Merola (Bologne), Giorgio Gori (Bergame), Jean Oscar Sanguza Mutunda (Lubumbashi, RDC), Federico Pizzarotti (Parme), Edmund G. Brown Jr. (gouverneur de Californie), Mambe (gouverneur d’Abidjan, Côte d’Ivoire).

Les prochaines étapes du rapprochement entre le Saint-Siège et l’ONU sont, après la double organisation de cette semaine, le discours du pape devant l’assemblée plénière des Nations-Unies en septembre et le sommet mondial sur le climat en décembre.