Un évêque espagnol corrige Laudato Si '

Carlota a traduit un article du portail hispanophone Infovaticana, citant la lettre pastorale de Mgr Juan Antonio Reig Pla, évêque d'un diocèse au nord de Madrid

>>> Pour mémoire, le texte de l’Encyclique : w2.vatican.va

 

(Carlota)
Mgr Juan Antonio Reig Pla, l’évêque d’Alcalá de Henares (diocèse au nord de Madrid) dans sa dernière lettre pastorale a évoqué longuement l’encyclique «verte» du Pape François, Laudato Si’.
Avec son courage habituel, il n’hésite pas, - pour remplir sa mission de guide et de protecteur de son troupeau - à revenir sur certains passages. Et c’est bon de voir qu’il existe des évêques comme lui, même si c’est tragique pour nos cœurs de fidèles catholiques de penser que l’on en est arrivé là: un évêque d’un diocèse «périphérique» doit «mettre en garde» ses fidèles pour qu’ils comprennent «correctement» un texte peut-être mal rédigé et/ou trop ambigu à certains endroits, émanant du successeur de Pierre.
Mais finalement cela montre aussi que le rôle d’un bon évêque, c’est d’abord d’être sur le terrain.
Dans notre monde déchristianisé et devenu sans repère, tout est à reprendre à la base, là où est le troupeau, un troupeau cerné par les loups déguisés en mouton, et d’autant plus vulnérable qu’il n’a pas pu ou voulu recevoir le vrai enseignement de la Foi Catholique.
J’ai traduit ci-dessous non pas la très longue lettre pastorale de Mgr Reig, mais quelques phrases clefs de ce texte repris par le site Infovaticana.

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L’êvêque d’Alcalá de Henares, Juan Antonio Reig Plá, signale que certaines références de « Laudato Si’ » peuvent être utilisées pour défendre une supposée «canonisation», par le Pape, de la «Charte de la Terre» (*)

Dans l’encyclique du pape François « Laudato Si’, sur le soin de la maison commune » (LS) le Saint Père cite un texte d’un document appelé «La Charte de la Terre» (CdT) (*) et parle de « durabilité» (**).

L’Évêque d’Alcalá de Henares, Mgr Juan Antonio Reig Plá, a publié une Lettre Pastorale intitulée: « Il n’y a pas d’écologie sans une anthropologie adéquate» (cf. LS n. 118).

Mgr Reig explique dans sa lettre pastorale que quelques éléments de cette « Charte de la Terre », dont le texte cité par le Pape, peuvent être acceptés par les catholiques ; cependant, il signale aussi que le fait que le Pape en cite quelques phrases ne veut pas dire du tout qu’il « canonise » le document en question; plus encore, Mgr Reig affirme : « La Charte de la Terre contient au niveau littéral de sa rédaction des éléments radicalement incompatibles avec la Foi Catholique », comme par exemple la définition panthéiste, type Nouvel Âge (New Age : en anglais dans le texte) que ledit document fait de la paix : « la paix est l’entité créée à partir de relations respectueuses envers soi-même, avec les autres, avec d’autres cultures et d’autres formes de vie, avec la Terre et l’ensemble de l’univers dont nous faisons tous partie.» (CdT, 16-f).
En outre comme l’explique Mgr Reig, la Charte de la Terre assume et promeut explicitement l’idéologie du genre (CdT, nn. 11 et 12), et la soi-disant santé reproductive (CdT, n. 7-e).
Justement, le pape François signale dans son Encyclique: «l’attitude qui prétend effacer la différence sexuelle parce qu’elle ne sait plus s’y confronter, n’est pas saine.» (LS, n. 155) ; et sur l’avortement: «la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement» (LS, n. 120).

Sur le concept de « développement durable » Mgr Reig explique que celui-ci s’est officiellement concrétisé dans un document,des années 1980, au sein de la Commission Mondiale pour l’Environnement et le Développement ; le « développement durable » a été défini comme cette croissance économique qui satisfait les besoins du présent sans compromettre les possibilités des générations futures de satisfaire leurs besoins propres. C’est la raison pour laquelle l’encyclique du Pape François fait sien ce concept comme le fait le Magistère de l’Église depuis des années, car, dans sa forme littérale bien comprise, la définition ne pose aucun problème. Cependant, on a vérifié très vite que de nombreuses institutions cachaient derrière les nobles paroles « développement durable » des aspects radicalement immoraux comme la contraception, la stérilisation ou l’avortement. Savoir cela, explique Mgr Reig est important, car aujourd’hui, - dans pratiquement tous les cas - les organismes internationaux, gouvernementaux et beaucoup d’ONG attribuent un contenu au concept « développement durable » qui ne correspond pas à l’Église Catholique.
C’est pour cette raison que le Saint-Siège par la bouche de son délégué dans la Conférence sur la Population et le Développement du Caire dans laquelle se traitait le sujet du « développement durable », a stipulé :
« Rien de ce que le Saint Siège a fait pour arriver à ce consensus ne doit être compris ou interprété comme une approbation des concepts qu’il ne peut soutenir pour des raisons morales. En particulier, il ne faut pas comprendre que le Saint Siège accepte l’avortement ou qu’a changé, d’une quelconque façon, sa position sur l’avortement, la contraception et la stérilisation, ou sur l’usage des préservatifs dans les programmes de prévention contre le VIH ou le SIDA ».
Dernièrement, le Saint Siège, dans les organismes internationaux, préfère utiliser l’expression “développement humain soutenable” pour souligner d’une manière plus incisive sa proposition spécifique sur la matière. Le pape François nuance encore plus l’expression dans l’encyclique en parlant de « développement humain, durable et intégral » (LS, n.18).

Notes additives

(*) Texte de la Charte de la Terre en français ici: www.earthcharterinaction.org/contenu/pages/La-Charte-de-la-Terre

(**) Au n. 217 de l’encyclique, on lit :

La Charte de la Terre nous invitait tous à tourner le dos à une étape d’autodestruction et à prendre un nouveau départ, mais nous n’avons pas encore développé une conscience universelle qui le rende possible. Voilà pourquoi j’ose proposer de nouveau ce beau défi : “Comme jamais auparavant dans l’histoire, notre destin commun nous invite à chercher un nouveau commencement […] Faisons en sorte que notre époque soit reconnue dans l’histoire comme celle de l’éveil d’une nouvelle forme d’hommage à la vie, d’une ferme résolution d’atteindre la durabilité, de l’accélération de la lutte pour la justice et la paix et de l’heureuse célébration de la vie”