Naomie Klein, nouvelle égérie du Vatican

Elle est l'invitée-vedette d'un Symposium sur "Laudato Si'" organisé les 2 et 3 juillet par Justice et Paix. Explications sur Vatican Insider.

>>> Voir aussi: benoit-et-moi.fr/2015-I/actualite/leglise-de-franois-et-lagenda-laique

 

Ceux qui osent affirmer que l'Encyclique est au moins un premier pas vers une reddition de l'Eglise à l'idélogie mondialiste (et vers une non moins inquiétante religion globale dont le Pape ne serait guère plus qu'une sorte d'aumônier) sont accusés de partialité, d'aveuglement, voire de bergogliophobie primaire. Et se voient enjoints sévèrement de "lire l'Encyclique en entier".
Ils ont quand même une excuse de taille: le "Saint-Siège" lui-même apporte beaucoup d'eau à leur moulin.
Témoin, cette dernière initiative du Conseil Pontifical Justice et paix, avec pour égérie la pasionaria altermondialiste Naomi Klein (il en a été question ici).
Elle aussi appelle à lire l'encyclique en entier. Mais elle-même, a-t-elle tout lu - et notamment certains passages sur l'écologie intégrale, qui ont comblé les cathos bien-pensants? Ou bien considère-t-elle que ces quelques concessions nécessaires à la doctrine ne sont pas très importantes en regard de l'énorme pas en avant accompli par L'Eglise.

Même si sur certains sujets, Naomi Klein a des idées tout à fait partageables (ce n'est pas une prise de position de ma part, je ne la connaissais pas jusqu'à il y a un mois, où j'ai coupé la radio après les premières minutes d'une interview d'elle par Anne Sinclair, et j'avoue que mes goûts me portent vers d'autres lectures) , on peut douter que son militantisme croise aussi peu que ce soit l'annonce de l'évangile...

Désolée, non, Naomi Klein ne sera pas mon prochain guide spirituel.

Naomi Klein: «Pour tout changer, nous avons besoin de tout le monde»

vaticaninsider.lastampa.it
Francesco Peloso
1/7/2015
Ma traduction
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Pour la militante canadienne, l'encyclique du pape est un texte courageux qui parle à tout le monde. L'appel de l'auteur de "No Logo" est de lire dans son intégralité «Laudato si'».
Présenté au Vatican, un Congrès sur l'environnement et le développement, auquel prendront part le secrétaire d'Etat Parolin et l'envoyé de l'ONU, Mary Robinson.



«Pour tout changer, nous avons besoin de tout le monde».
C'est le slogan que Naomi Klein, écrivain et activiste de renommée mondiale sur les thèmes de la mondialisation économique et du changement climatique, a répété dans la salle de presse du Saint Siège, au cours de la conférence de presse de présentation du Symposium: «Les personnes et la Planète (ndt: la majuscule est dans le texte!) à la première place (?): l'impératif de changer de cap».
L'événement, qui se tiendra à l'Augustinianum de Rome les 2 et 3 Juillet, est destiné à stimuler et à donner un souffle international aux questions traitées par le pape François dans l'encyclique «Laudato si'» L'initiative a été promue par le Conseil pontifical Justice et Paix, et par le CIDSE (Center for Instruction, Staff Development and Evaluation) - un réseau international d'ONG catholiques pour le développement - et, en plus de Naomi Klein, différentes personnalités y prendront part; sont en effet prévues des interventions entre autres du secrétaire d'État Pietro Parolin et de la responsable pour les questions liées au changement climatique de l'ONU, Mary Robinson.
Pour la présentation de l'événement au Vatican, on remarquait également le professeur Ottmar Edenhofer, président du GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur les changements climatiques), Berne Nielles, à la tête du CIDSE et Flaminia Giovannelli pour le Conseil pontifical Justice et Paix, ainsi que le père Federico Lombardi.

Il y avait une grande attente, comme l'a expliqué le porte-parole du Saint-Siège, autour de la participation de Naomi Klein - l'auteur du best-seller «No Logo» et plus récemment du livre «Une révolution va nous sauver» (ndt: selon le titre italien... Voir ici la liste de ses livres traduits en français) - impliquée, comme cela a été rappelé, dans une action de promotion de l'encyclique auprès de l'opinion publique et d'élargissement des interlocuteurs et des alliés possibles du Saint-Siège sur les questions du changement climatique, les problèmes liés à la pauvreté et à la pollution, la nécessité d'une action décisive en faveur de la préservation de la planète, lors de la prochaine Conférence mondiale sur le climat qui se tiendra à Paris en Décembre 2015. Naomi Klein s'est dite «honorée» de l'invitation reçue du Vatican, a parlé de la nécessité urgente de construire des alliances larges et inédites impliquant des personnes et des cultures différentes, et elle a cité le slogan adopté par une grande manifestation sur les risques du changement climatique tenue en Septembre dernier à New York, «Pour tout changer, nous avons besoin de tout le monde».

«Le Pape Francçois - a dit l'activiste d'origine canadienne - a écrit que «Laudato si'» ne s'adresse aps seulement au monde catholique, mais concerne «toute personne vivant sur cette planète». Et je peux dire qu'en tant que féministe (ndt: il serait intéressant de connaître les positions précises de cette "militante" sur l'avortement et le gender), juive et laïque, ce fut une surprise pour moi d'être invité au Vatican».
Dans la mesure où elle connaissait et appréciait les diverses interventions du pape sur le sujet, «l'encyclique - dit-elle - a été une surprise pour le courage et la témérité qu'elle contient à un moment où les politiciens ne manifestent pas beaucoup de courage, il y a une vérité puissante dans le texte. Cela m'a frappée, et aussi la poésie, le lyrisme qu'elle exprime, l'encyclique parle au cœur des personnes».

«Laudato si'», a répété à plusieurs reprises Naomi Klein, doit être lue en entier (!!!), et pas en se limitant à quelques synthèses ou résumés. L'interconnexion entre les différentes questions de notre temps - a-t-elle ajouté - est le message qui est au cœur du texte, et donc «un nouveau type de mouvement sur le climat émerge rapidement et se base davantage sur les vérités courageuses exprimées dans l'encyclique: c'est-à-dire que le système économique actuel alimente la crise climatique et dans le même temps nous empêche activement de prendre les mesures nécessaires pour l'éviter». Un nouveau type de prise de conscience a grandi - a affirmé Klein - reliant la question du climat aux questions d'équité sociale, de ces approche naissent des alliances surprenantes qui peuvent voir du même côté mouvements syndicaux et groupes autochtones et dont ma présence même au Vatican est un signe. «Nous ne sommes pas Dieu», bien que les découvertes des derniers siècles nous l'aient fait croire - a dit encore l'écrivain canadien - nous ne sommes pas les maîtres du monde et nous libérons forces plus grandes que nous».

À son tour, le professeur Ottmar Edenhofer a souligné combien il était réducteur de considérer que l'encyclique du pape est seulement dédiée à l'environnement, le texte - selon le chercheur catholique - parle des inégalités produites par le changement climatique; ce dernier, en effet, «touche particulièrement les populations les plus pauvres»; la capacité de la Terre, a-t-il noté, a été trop stressée par les classes supérieures et moyennes qui l'habitent et les conséquences retombent sur les plus pauvres. Pour la première fois dans l'histoire, a-t-il poursuivi, «on fait référence à l'atmosphère comme à un bien commun de toute l'humanité» et qui doit donc être utilisé conformément aux critères de justice, en tenant compte qu'elle est un droit humain fondamental.

Bernd Nilles a de son côté expliqué comment le monde catholique se mobilise en vue de la conférence sur le climat à Paris, en ces jours où en effet il n'y aura pas seulement des négociations entre les gouvernements du monde entier dans la capitale française, mais aussi une floraison d'initiatives, une mobilisation, afin sorte que des résultats concrets soient atteints; «Il y aura une sorte de pèlerinage de personnes de toutes confessions, et nous voulons témoigner l'engagement de l'Eglise catholique dans ce sens».
Flaminia Giovanelli sous-secrétaire du Conseil pontifical pour la justice et la paix - qui a prononcé l'intervention du cardinal Peter Turkson absent lors de la conférence de presse, mais qui interviendra au Congrès - répondant à des journalistes, a dit qu'il pourrait y avoir une initiative du pape avec d'autres chefs religieux sur la question de l'environnement et de ses conséquences sociales.

Tous les orateurs, enfin, ont mis en évidence le soutien œcuménique qui accompagne l'encyclique du pape.