Un loup dans la bergerie
Antonio Livi répond point par point aux affirmations hérétiques d'Enzo Bianchi dans la Repubblica. (17/9/2015)
>>> Voir aussi:
¤ Enzo Bianchi, consultant pontifical (Article sur le site en allemand <katholisches> traduit par Isabelle)
¤ L'étrange consultant pontifical
>>> Et l'interview à Repubblica: www.monasterodibose.it
Anna a traduit récemment un article paru dans la presse italienne, qui posait la question: Enzo Bianchi est-il catholique? (cf. L'étrange consultant pontifical)
Il s'agissait d'une réaction à une interview surréaliste que le pontifiant "prieur" (autoproclamé) de la "Communauté" (non moins autoproclamée) de Bose avait concédé à l'organe désormais quasi-officiel du Vatican, La Repubblica.
La gravité des propos ne résidait pas tant dans la personnalité dudit "prieur" (après tout, il est libre de croire ce qu'il veut, et s'il y a des gens assez stupides pour avaler ses délires, tant pis pour eux - sans compter qu'il n'est pas vraiment connu en France, même si ses livres sont traduits, aux éditions du Cerf! et très présents dans les gondoles des librairies au rayon dit "spiritualité"... dont Benoît XVI, lui, est désormais quasiment absent) que dans le fait qu'Enzo Bianchi jouit de la confiance du Pape, au point que ce dernier l'a nommé en 2014 consulteur du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens.
Autant dire que les hérésies du bonhomme dépassent largement sa personne, elles sont malheureusement largement partagées au sein même de l'Eglise, et elles ont même la caution morale du sommet de la hiérarchie (au point que le cardinal Kasper était ces jours-ci l'invité d'honneur d'un symposium organisé à Bose). Ce qui est très grave.
D'où l'intérêt de ce texte argumenté et érudit où Mgr Antonio Livi (que mes lecteurs connaissent bien, voir ici: tinyurl.com/pg9dwbv ) passe au crible, sur la Bussola, la théologie carrément hérétique d'Enzo Bianchi.
L'article est long, mais il mérite d'être lu.
Combien de Bianchi, déguisés en mouton, se cachent sous le manteau de l'amour universel, et se comportent en réalité comme des loups entrés par effraction dans la bergerie des fidèles?
>>> On relira la réaction de Mgr Livi, en juillet 2014, à la nomination de Bianchi comme consulteur pontifical: benoit-et-moi.fr/2014-II-1..enzo-bianchi-le-faux-prophete
Enzo Bianchi, l'"humaniste athée", jette le masque
Antonio Livi
www.lanuovabq.it
Traduction par Anna
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L'interview parue sur La Repubblica le 9 septembre dernier ("L'Église du futur", conduite par Silvia Ronchey, dont le texte a été retiré du site du Monastère de Bose et de celui de Repubblica, ndr) serait répétitive et insignifiante si elle n'était pas aussi le résumé du vaste projet politico-religieux d'Enzo Bianchi. Le "petit réformateur" piémontais a placardé ses "thèses" à la porte, non pas d'une petite église de l'Allemagne du seizième siècle (allusion à Luther, ndt), mais d'un quotidien romain dont le siège est à quelques pas de la basilique Saint Pierre.
Tout est clairement symbolique: le journal qui l'a interviewé justement afin qu'il dise du mal du christianisme et du bien de l'islam (les questions semblent rédigées par celui qui doit répondre) est ce même journal dont le fondateur, Eugenio Scalfari, a fait l'éloge du Pape François pour lui avoir donné raison en tout, en particulier sur le refus de Dieu en tant que créateur du monde et auteur de la loi morale naturelle.
C'était une autre époque quand La Repubblica sortait avec un article en première page au titre "Le Pape contre les femmes" (il était question d'une des condamnations de l'avortement réitérées par Saint Jean-Paul II). Ce pape-là devait être critiqué férocement et avec lui toute la tradition dogmatique et morale de l'Église catholique. Le pape actuel doit au contraire être félicité - Scalfari l'affirme explicitement et Bianchi aussi l'affirme implicitement - parce qu’il a entrepris une œuvre de démolition de l'Église comme dépositaire de la vérité révélée par le Christ, afin de la transformer en un des nombreux mouvements "spirituels" qui contribuent au "nouvel ordre mondial", visant à l'annulation des différences entre les religions et, en dernier lieu, à l'annulation de la religion elle-même.
Ce projet mondialiste se présente en effet parfois comme l'expression du plus authentique sens religieux, mais ses prémisses sont celles de l'humanisme athée. Je l'ai écrit en 2012 à propos de la réduction que Bianchi fait du Christ à un simple modèle d'humanité, et je l'ai répété à propos de la réduction que le cardinal Kasper fait de l'Eucharistie à simple instrument rituel d'identification des fidèles dans la communauté (voir, en italien, ici, ndt). Maintenant, dans le soi-disant ‘monastère de Bose’, Bianchi a justement invité son maître Kasper pour parler de l'œcuménisme, considéré logiquement comme une activité politico-culturelle où l'Église catholique devrait se dissoudre en une religiosité humaniste indifférenciée. À la veille de la rencontre, Bianchi explique à la complaisante et satisfaite journaliste de Repubblica les critères fondamentaux de son projet éthique et politique, qui passe par la critique de toute doctrine et de toute pratique de l'Église catholique qui ne soient pas homologuable, à l'œcuménisme entendu comme indifférentisme religieux.
La première des critiques de Bianchi vise la chrétienté du IVe et du Ve siècle:
« Lorsqu’avec Théodose le christianisme est devenu religion de l'état impérial, la furie des moines - et je le dis avec douleur, cela me déchire le cœur - a détruit les temples païens, fait des ravages d'œuvres d'art ne différant pas de ceux de l'IS, mais bien plus vastes. Raison pour laquelle Saint Basile n'a jamais utilisé dans ses écrits le mot "moine": il les nommait intégristes violents, les talibans de l'époque. En regardant les siècles je me permets de dire, avec les distinctions nécessaires: nous voyons d'autres nous faire ce que nous avons fait. »
Puis il laisse la journaliste ignare poursuivre le discours: « Comme à Alexandrie d'Égypte, lorsque les parabalans (hommes de main, ndt) de l'évêque Cyrille assassinèrent Hypatie (cf. tinyurl.com/qa72l3c ). Dans le "Livre des Témoins", l'extraordinaire martyrologue œcuménique de Bose, cette martyre païenne pourrait-elle trouver sa place?». Voici la réponse escomptée de Bianchi à la non-question de la journaliste de Repubblica: « Oui, à l'instar de tous ceux qui - de Bouddha à Savonarole, de Roumi à Gandhi - dans toute religion ou même de l'extérieur ont persévéré dans une position d'humanité».
Le discours de Bianchi ne pourrait pas être plus clair: au lieu de s'unir à l'Église catholique, qui dans le Martirologium Romanum, énumère les chrétiens qui ont témoigné héroïquement de leur foi en Dieu, Enzo Bianchi énumère dans son "martyrologe œcuménique" une série hétérogène de personnages qui auraient témoigné d'une non précisée "position d'humanité". Il s'agit finalement d'une énième profession de foi explicite en la "religion de l'homme". Ce qui est étrange, par ailleurs, c’est que Bianchi nomme, à côté du Bouddha (qui est un maître de sagesse nihiliste et donc athée) et d'autres maîtres de spiritualité naturaliste (le persan Roumi et l'indien Gandhi), également le frère dominicain Giacomo Savonarole, qui bien que victime de luttes politiques entre Florence et le Pape, n'a rien à voir avec l'humanisme athée, il a même été un homme de foi authentique et de grande rigueur morale, si bien qu'à Florence il s'opposa énergiquement aux mœurs et aussi aux arts de l'Humanisme paganisant, au point de faire bruler livres et tableaux inconvenants, tout comme l'avaient fait les "moines intégristes" auxquels Bianchi s'en était pris quelques lignes auparavant.
Ce n'est pas la seule incohérence du discours de Bianchi (les idéologies ne peuvent pas s'exprimer sans trahir leurs contradictions internes). Plus loin, il se montre enthousiaste du pape François, non pas parce qu'il est, comme tous ses prédécesseurs, le Vicaire du Christ (surtout pas!), mais juste parce que dans quelques cas ses directives pastorales semblent en syntonie avec les directives politiques émanées par les lobbies installées dans les organismes internationaux, de l'ONU à l'UE, dont La Repubblica et les autres médias d'orientation laïciste, c'est à dire maçonnique sont les propagandistes zélés.
En parlant par exemple des directives pastorales du pape François concernant l'accueil des réfugiés en Italie, Bianchi attaque toute opinion et toute pratique qui lui semblent être de la "désobéissance" au Pape: « Le pape a lancé l'alarme déjà il y a deux ans, après sa visite à Lampedusa. Il est resté inécouté, et je crois que ce dernier appel de lui le restera aussi. La gêne d'un certain clergé sera peut-être dissimulée par l'hypocrisie religieuse, qui est la plus sinistre et épouvantable de toutes ». Et encore : « Il y a un mois, l'évêque de Crème, qui avait demandé d’héberger les réfugiés en des locaux jouxtant une école catholique, a été contesté par les familles. La situation italienne est une honte, surtout dans les régions traditionnellement les plus catholiques, la Vénétie et la Lombardie ». L’intervieweuse demande alors à Bianchi: « S'agit-il d'un refus social ou plutôt confessionnel? », voulant peut-être faire dire à Bianchi qu'il s'agit de raisons plus religieuses que politiques. Bianchi répond en effet: « Le refus confessionnel a été proclamé en son temps par le cardinal Biffi et l'évêque Maggiolini, selon lesquels il fallait éventuellement n'accueillir que des chrétiens. Mais le problème est la véritable usine de la peur des barbares, bâtie par des force politiques qui ne sont attentives qu'à l'intérêt local, des forces à qui l'église d'avant François s'est pliée, même si au début elles paraissaient assumer des rites païens, pré-chrétiens, barbares, oui, ceux-là ( ?). Ils se proclament à présent catholiques mais je les nomme chrétiens de clocher. Le grand silence d'une église complice les a aidés à injecter dans le tissu social du territoire le poison de la xénophobie".
Bref, là où il y a des principes formulés par la pensée unique, il n'y a pas de place pour la conscience et la responsabilité personnelle, les interprétations et applications prudentielles ne sont pas possibles, même si elles sont suggérées par des pasteurs exemplaires comme Biffi et Maggiolini, dont Bianchi n'hésite pas à salir la mémoire (les deux sont défunts). Et dire que le même Bianchi - dont les discours ne manquent pas seulement de foi surnaturelle, mais également de logique naturelle - affirme peu après que les exigences de sa propre conscience prévalent sur toute autorité, même sur celle du pape. C’est là, non pas la "doctrine catholique" qui concerne la relation entre loi morale et conscience: il s'agit plutôt de la "doctrine Scalfari", qui ignore l'existence du Dieu créateur et législateur et la nature libre et responsable des actes humains.
La doctrine morale chrétienne - qui couvre également les orientations socio-politiques constituant la "doctrine sociale de l'Église" - n'a pas du tout été révolutionnée par le Concile, comme l'affirme définitivement Saint Jean-Paul II avec son encyclique Veritatis Splendor. Mais en réalité, lorsqu'il n'est pas d'accord avec le Pape, Bianchi incite chacun à lui désobéir, et lorsqu' il est d'accord il exige de tous l'obéissance la plus absolue, même s'il ne s'agit pas de vraies directives (comme c’est le cas de celles contenues dans des lois canoniques précises, où les temps, modes et les sujets concernés sont spécifiés).
L'incohérence du discours atteint le sommet de la dialectique idéologique la plus vulgaire lorsque Bianchi fait l'éloge de la "tolérance islamique", à mettre en opposition avec l'intolérance des chrétiens, aussi bien en Orient qu'en Occident. Sans faire de distinction entre l'expansion militaire des Arabes et celle des Turcs, sans mentionner les persécutions des chrétiens et des juifs commencées déjà avec Mahomet, Bianchi raconte cette fable: « À l'époque de la conquête musulmane les chrétiens du Moyen Orient avaient ouvert les portes de leurs villes aux arabes qui apportaient la liberté du culte et affranchissaient des harcèlements économiques du gouvernement impérial chrétien. La cohabitation entre chrétiens, juifs et musulmans au cours du moyen-âge a fait fleurir des moments de culture extraordinaires, comme dans le monde soufi que je connais bien ». Élargissant le discours il ajoute: « L'islam est une religion de paix et de douceur avec une mystique d'une force égale à celle chrétienne ».
Voici à nouveau la confusion entretenue des termes proprement religieux, avec l'intention de reconnaître en toute religion - et même au-delà de toute religion, comme j'ai dit précédemment - des valeurs humanistes. Bianchi sait bien que le mot "mystique", dans un contexte religieux chrétien, a la signification d'union de la volonté et des affects avec Dieu Un et Trine, et n'est jamais possible sans la foi dans le Verbe Incarné; en dehors de ce contexte le mot "mystique" n'a pas la même signification religieuse, surtout si la divinité du Christ est niée et la Trinité considérée une corruption blasphèmatoire de la vraie notion de Dieu. Ne parlons même pas s'il s'agit de la mystique que l'on prétend rencontrer dans la pensée panthéiste (néoplatonisme) ou même athée (bouddhisme, indouisme).
Passant de la mystique à la violence, et voulant en partager équitablement la faute entre chrétiens et islamistes, Bianchi expose la théorie aberrante de la vérité égale et fausseté égale de tous les livres dits "sacrés", qui devraient être interprétés à la lumière - écoutez-moi ça - de la morale humaniste-athée: « S'il y a dans le Coran des textes de violence, ils ne sont pas très différents de ceux qu'on trouve dans la Bible et qui nous horrifient. La lecture intégriste de la Bible peut rendre intégriste autant que celle du Coran. L'exégèse historico-critique des écritures, à laquelle le christianisme est parvenu avec peine et tout en subissant les terribles condamnations de l'autorité ecclésiastique, est le premier pas d'un long chemin qui attend aussi les musulmans. D'ici là, l'écoute, le dialogue, de sérieuses études universitaires sont nécessaires afin de dissiper la propagande idéologique qui s'enracine dans l'ignorance: il n'est pas vrai que l'islam est une religion de la violence et du jihad, l'affirmer ne sert qu'à justifier la nôtre à leur égard».
En définitive, dans le christianisme pas encore réformé de Bianchi il n'y a que violence, hypocrisie et/ou ignorance. Et la faute de l'ignorance est à attribuer à l' "autorité ecclésiastique" (saint Pie X?) qui aurait fait obstacle avec de "terribles condamnations" à la lutte des théologiens (les modernistes?) pour libérer les fidèles de l'interprétation intégriste de l'Écriture. Bianchi confirme ainsi son projet d'élimination progressive de tous ces aspects de vérité surnaturelle qui sont propres à l'Église catholique, commençant par l'inspiration divine de l'Écriture et du charisme de l'infaillibilité conféré par le Christ au Magistère, qui est le garant de la juste interprétation de l'Écriture (contrairement à ce que prétend Luther avec la doctrine du "libre examen")…
Éliminée la vérité du Dieu créateur et auteur de la loi naturelle; éliminée la vérité du Christ, unique "Sauveur de l'homme", et donc la vérité du Dieu Un et Trine; il reste à éliminer - et finir ainsi par enlever au christianisme sa dimension surnaturelle - la vérité de Marie "Mère du Rédempteur". Afin de dénigrer le culte marial (honni par les protestant et considéré par conséquent par Bianchi comme un obstacle sur la voie de l'œcuménisme) Bianchi n'hésite pas à remettre en question le vieux thème de la misogynie dans l'Église catholique: « On affirme hâtivement que certains musulmans sont encore au moyen-âge. Mais le voile complet des religieuses cloîtrées n'a été aboli qu'en 1982. La prise de conscience de l'égale dignité de la femme et de l'homme dans le christianisme est très récente, et elle n’a même pas encore de langage pour être exprimée. La soumission des femmes aux hommes est un héritage scripturaire dans l'islam, mais elle est présente aussi dans nos écritures: saint Paul affirme que les femmes ne doivent absolument pas prendre la parole dans l'assemblée de l'église et qu'elles doivent rester la tête couverte. Il faut, je le répète, une relecture historico-critique de tous les livres sacrés, afin d'en déceler l'intention et non pas les formes. Il y a dans l'église de la bonne volonté mais finalement on garde de la femme des images irréelles: le modèle de Marie, vierge et mère, qui ne peut pas être une référence pour la promotion de la femme dans l'église; l'idée, qui s'est insinuée par mode, que la Sainte Vierge est plus importante que Saint Pierre, une idée inepte, comme à dire que la roue d'un char est plus importante que le moteur… Nous ne sommes pas encore capables de prendre au sérieux l'égalité incontestable entre hommes et femmes. Le chemin pour l'église est encore très long car partout où il y a l'exercice d'un commandement les hommes restent, tandis que les femmes sont reléguées au service humble ».
Évidemment Bianchi rêve (avec Hans Küng) d'une réforme de l'Église catholique qui la fasse ressembler aux communautés protestantes, avec des femmes-prêtres et des femmes-évêques. Mais pour les catholiques doués de bon sens et de vrai sensus fidei, ceci n'est pas un beau rêve, mais plutôt un cauchemar. J'ai lu tellement de commentaires de laïcs qui ont exprimé sur la Toile leur indignation face aux absurdités théologiques de Bianchi dans sa dernière intervention publique. Je transcris un de ces commentaires: « Les religieuses cloîtrées savaient qu'en se consacrant au Christ elles auraient aussi fait le choix du voile. Les femmes islamiques sont hélas contraintes en tant que femmes, e leur choix n'est pas celui de porter le voile. La Bible affirme des choses qui prises à la lettre sont pires que le Coran? Bianchi oublie que nous sommes des chrétiens catholiques. Que la nôtre n'est pas une religion du livre, que le Christ est le Dieu incarné qui a apporté ces nouveautés qui ont balayé les petites règles si chères aux Pharisiens. Qu'il y a l'Évangile… De quoi parle-t-il cet homme? La Sainte Vierge est moins importante que saint Pierre? Marie est la seule créature née sans péché originel, Saint Pierre était un pécheur, par la suite repenti et choisi pour fonder cette Église que Bianchi semble ne pas aimer. On parle de deux niveaux différents, je ne vois pas de classifications [possibles], je n'y ai jamais pensé».
J'ajoute, par souci d'exhaustivité, que le culte divin dû à Marie est établi sur des dogmes fondamentaux de la vérité chrétienne. Bianchi n'ignore pas le concile œcuménique d'Éphèse (351), où la Sainte Vierge a été proclamée "theotokos", c'est à dire "mère de Dieu". Mais Bianchi, les dogmes ne l’intéressent pas, il voudrait même les éliminer un après l'autre. Moi, s'il voulait parfois m'écouter, je lui rappellerais que même Vatican II, qui d'après lui est "le Concile", l'unique, a confirmé la doctrine de toujours sur le culte marial au 8ème chapitre de la constitution dogmatique Lumen Gentium. Je lui ferais aussi remarquer que, s'il s'obstine à ne pas accepter les enseignements de Saint Jean-Paul II sur le culte marial et le rôle de la femme dans l'Église (voir la Mulieris dignitatem), il pourrait au moins respecter la grande dévotion mariale de François, le pape dont il se présente comme l'interprète légitime.
Je termine élargissant le discours. Comme les lecteurs de la Nuova Bussola Quotidiana le savent bien, depuis des années je dénonce inutilement les absurdités théologiques d'Enzo Bianchi. J'ai dit et je répète qu'elles sont, sans aucun doute et matériellement, des hérésies, même si formellement elles n'ont pas la dignité d'un discours hérétique, car elles ne sont que les instruments dialectiques d'une politique ecclésiale en faveur du lobby humaniste-athée. Mais, lui, il continue imperturbable à pontifier, fort de l'appui institutionnel de ceux qui dirigent ce même lobby ainsi que de l'appui médiatique de la culture "laïque" (comme il est convenu de la nommer pour ne pas dire "maçonnique").
Ce qui est intéressant, c’est que Bianchi lui-même n'a jamais été capable de contredire mes critiques à sa fausse théologie, par exemple lorsque je lui faisais remarquer qu'il parlait du Christ comme d'une créature, en en niant explicitement la divinité (il l'a d'ailleurs appris de son maître Walter Kasper, qui l'a à son tour appris de Karl Rahner). Chaque fois qu'il a répliqué à mes critiques théologiques, Bianchi n'a rien su dire d'autre qu'au Vatican ils l'estiment et qu'ils le nomment consultant de ceci ou de cela, et que les évêques italiens l'invitent constamment pour parler aux fidèles dans leurs diocèses, et cetera. Toutes choses vraies (hélas!), mais qui n'ont rien à voir avec mes critiques, qui ne sont pas adressées à la personne mais bien à ses doctrines, et qui sont théologiquement irréprochables car fondées sur la foi et la logique (l'une et l'autre ensemble).
Bianchi s'est toujours comporté comme Bruno Forte, Gianfranco Ravasi et tant d'autres qui face à mes critique théologiques n'ont même pas essayé de les réfuter, se contentant de me montrer fièrement leurs insignes épiscopaux ou cardinalices.
Il ne me reste qu’à prier, pendant que je n'arrête pas de conseiller à chacun de ne pas prendre pour du magistère ce qui Magistère n'est absolument pas.