Un pas en avant vers la démolition de la famille

Nouvelle réaction aux deux 'motu proprio' portant sur la simplification de la procédure d'annulation du mariage: celle de Paolo Deotto, sur le site <Riscossa Cristiana>

>>> Voir aussi:
¤ Un plan B au Synode?
¤ Le plan B au Synode est déjà en acte
¤ Mouiller la poudre (Tosatti)
¤ Motu Proprio sur l'annulation du mariage (Socci)
¤ Une blessure au mariage chrétien (de Mattei)

 

Un pas en avant vers la démolition de la famille

www.riscossacristiana.it
8 septembre 2015
Traduction par Anna

Les "nouveautés" arrêtées par Bergoglio en matière de déclaration de nullité du mariage ne choquent que dans une certaine mesure, car elles rentrent dans une logique purement humaine et de marketing. Quelqu'un se rappelle-t-il que le mariage est un sacrement?

par Paolo Deotto

La bonne presse chante déjà les louanges des décisions de Bergoglio en matière de nullité matrimoniale. Il ne faut vraiment pas trop s'en étonner. Depuis plus de deux ans nous assistons à la marche joyeuse vers la conquête du consensus du monde et sans doute aujourd'hui un gros pas en avant a été fait.

L'argument est évidemment d'une telle importance que des voix plus compétentes que la mienne devront l'approfondir. Mais ce qui apparaît évident à la lecture des premières nouvelles est un cadre désolant, dans lequel a été abandonné un principe qui avait toujours forgé la matière de la matrimonialité canonique, c'est à dire le principe Matrimonium gaudet favore iuris. Nous sommes passés aisément dans le contraire et le critère fondamental est celui - explicitement déclaré d'ailleurs - de venir en aide aux mille situations qui génèrent de l'angoisse chez les "fidèles" (sur ce point, il faudrait se demander "à quoi" sont-ils fidèles, ces fidèles…).

La simplification, la vitesse et - petite cerise sur le gâteau - la gratuité de la procédure semblent presque concurrencer les lois de l'État qui, avec le divorce dit "bref" voulu par le très catholique Renzi ont déjà transformé le mariage en une farce.

• Le deuxième degré de jugement est aboli
• Le collège des juges est aboli et remplacé par le juge unique
• Est transférée à l'évêque la compétence de juger des cas de nullité "évidente"
• La "dispense super ratum" est également simplifiée avec l'invention du doute "assez probable" que le mariage n'a pas été consommé
• De nouvelles causes de nullité sont même inventées…

Sur ce dernier point, admettons qu'il peut y avoir des imprécisions dans les premières nouvelles de la presse. Nous savons tous que les journalistes sont souvent imprécis, qu'ils écrivent peut-être sur des sujets qu'ils ne maîtrisent pas bien et qu'il en sort quelques imprécisions. Tout cela est vrai, et, encore, l'importance du sujet impose un examen approfondi des nouvelles normes qui entreront en vigueur le 8 décembre.

On peut toutefois répéter ce qui a deja été écrit, que la banalisation du mariage apparaît évidente ainsi que l'oubli complet d'un fait qui semble désormais ne plus tellement intéresser la hiérarchie ecclésiale: le mariage est un sacrement, dont les célébrant sont les époux eux-mêmes (le prêtre n'est qu'un testis qualificatus). La sagesse millénaire de l'Église nous a toujours enseigné que le consentement réciproque, libre, conscient, et l'absence d'une volonté positive contraire aux bona du mariage (ou même à un seul parmi eux: bonum fidei, bonum prolis, bonus sacramenti) rend le mariage valide et en tant que tel indissoluble, précisément par sa nature sacramentelle. "Que personne n'ose diviser ce que Dieu a uni". Quelqu'un se souvient-il de cette phrase?

La déclaration de nullité d'un lien matrimonial est d'une gravité telle que le double degré obligatoire du jugement (ainsi que le jugement final à la Sainte Rote, dans le cas de non conformité des deux jugements) représentait une garantie contre l'erreur possible des juges.

On pourrait continuer ainsi: comment, par exemple, la "brièveté de la cohabitation" peut-elle être une cause de nullité, cela est un mystère. À moins que l'on se réfère à la intentio contra bonus sacramenti, mais dans ce cas elle se traduirait en une répétition inutile ou une imprécision bien grave, car la volubilité et l'inconstance font partie de la nature humaine et si l'on veut défendre le mariage, elles sont tout au plus à corriger et non pas à élever au rang de causes de nullité d'un sacrement.

On s'arrête ici, pour l'instant. Ce premier regard sur les "nouveautés" d'aujourd'hui ne semble que confirmer la tragédie - oui, la tragédie - de l'Église: le fait qu'elle est de moins en moins Église, de plus en plus fournisseur d'une miséricorde mal spécifiée, dispensatrice d'un "bonheur" purement terrestre.

L'offense à Dieu, dans le fait de réduire à une farce un lien sacramentel, ainsi que la tromperie envers les époux, qui ne sont pas aidés sur la voie de l'éventuel sacrifice, vécu dans les générations précédentes par de nombreux couples "en crise", bien déterminés toutefois à sauver le lien sacré du mariage, tout cela est d'une gravité exceptionnelle.

C'est grave toutefois, mais avec sa logique perverse, si la Foi, qui est le bien le plus important, a été perdue. De gardiens de la Vérité on se transforme alors - à coût zéro si possible - en dispensateurs d'un bonheur éphémère qui naît d'une fausse miséricorde.

Nous souhaitons de tout cœur aux époux qui expérimentaient des difficultés dans le mariage de trouver de bons directeurs spirituels, qui les guident premièrement et surtout dans la prière et dans le sacrifice afin de sauver leur mariage, parvenant ainsi à une vraie félicité, non pas à un produit discount, en offre spéciale avec les compliments du monde… dont le prince, nous savons bien qui il est.