Une patience qui s'émousse…

Deux remarques du Père Hunwicke: l'absence relative des clercs dans les critiques au Synode, et la parole qui se libère (en même temps que la patience s'épuise) dans celles à François

 


(Réjouissant... mais coriace à la traduction!!!)

Pouvoir laïc

Father Hunwicke
liturgicalnotes.blogspot.co.uk
31 octobre 2015
Traduction d'Anna


Deux choses m'ont frappé le mois dernier.
La première, c’est que c’est surtout chez les laïcs, hommes ou femmes, que s’est exprimée la colère pour les truquages du Synode. On peut penser que c'est parce que les prêtres ont souvent peur de se mouiller; j'ai entendu dire que les évêques de l'Église Catholique exercent plus facilement des pressions sur le clergé qui leur déplaît que les pauvres chers vieux édentés qui ont la charge de l'épiscopat dans l'Eglise d'Angleterre. C'est possible, mais j'ai plus tendance à croire que c'est parce que les mouvements orthodoxes et traditionalistes, dans l'Église Catholique, sont très majoritairement gérés et dominés par des laïcs. Un peu comme les Frères et les Gardiens des grandes Confréries médiévales, ils sont le peuple puissant qui s'adresse au clergé pour les choses essentielles que seul le clergé peut faire... et nous [les prêtres "tradis"], comme les bizuths d'autrefois (Father Hunwick est un ancien d'Oxford, ndt), tout fiers d'avoir été remarqués par les caïds de dernière année, nous fayotons et nous nous précipitons.
Ce sont vraiment eux qui sont aux commandes. Et c'est dans les recoins les plus libéraux du courant mainstream que le cléricalisme pur et dur prospère encore et que des membres de la plebs sancta Dei sont menés à la baguette par n'importe quel M. Je-Sais-Tout clérical qui prend son pied en les désinformant sur le "Concile".

L'autre chose que j'ai remarquée est que le naturel et splendide et vénérable instinct catholique d'éviter d'exprimer des critiques ou de dire des choses peu respectueuses de celui qui est le Souverain Pontife s'amenuise de plus en plus. Je crois que c‘est en grande partie dû au fait que beaucoup d'entre nous, clergé ou laïcs, blogueurs ou lecteurs des blogs, ne savons tout simplement pas comment comprendre et interpréter les expressions toujours désagréables provenant de l' os Petri [la bouche de Pierre]. Surtout, après la courtoisie pleine de douceur et le charme personnel du Pape Benoît, les condamnations prévisibles et le langage sans pitié dans lequel le Pape François formule ses idées sont très difficiles à expliquer. Est-ce simplement que c'est la culture Latino-Américaine? Est-ce parce qu'en Argentine personne n'écoute ce que vous dites si vous ne le rossez pas préalablement? Est-ce à cause de la psychologie particulière ou même de la physiologie de ce Successeur de Pierre? Est-ce que le Jésuitisme a quelque chose à voir là-dedans? S'attend-il à ce que nous soyons intimidés par ses paroles ou bien que nous lui répondions de la même manière, du tac au tac, insulte pour insulte, avec plein de blagues joviales et dans la bonne humeur? Toute cette histoire sur la parrhésia… est-ce qu'il le pense vraiment, ou c'est juste un code pour "Si vous êtes d'accord avec moi je m'attends à ce que vous parliez fort et souvent. Ah, soit dit en passant, si vous ne l'êtes pas, eh bien, je suis le pape et vous êtes déjà dans le collimateur"?

Nous ne pouvons pas savoir combien de temps encore le "bon Dieu" [en français dans le texte] va permettre à ce pontificat herméneutiquement insondable de durer. Mais il est certain que nous allons avoir besoin de beaucoup plus que la ration de grâce quotidienne pour lui survivre. Venez, Esprit Saint…

Consolator alme, veni,
linguas rege, corda leni;
nihil fellis aut veneni
sub tua praesentia.
(*)

NDT

Viens donc à nous, auguste Consolateur !
Gouverne nos langues, apaise nos cœurs :
ni fiel, ni venin n’est
compatible avec ta présence.

[Hymne "Lux Jucunda, Lux Insignis", Adam de Saint Victor (mort vers 1146), source: http://www.introibo.fr/Mercredi-des-Quatre-Temps..]