Le Brexit vu de France: Apocalypse now!


Petite réflexion personnelle sur la réaction des médias à l'annonce du "oui" au Brexit, à travers un décryptage par Alain de Benoist du milieu des journalistes (24/6/2016)

 

On pourrait résumer la réaction unanime des médias à l'annonce que le Brexit l'a emporté en Grande-Bretagne en deux mots: Apocalypse now!
Leur désarroi était réjouissant (pour une fois!) et même comique. Seule consolation pour eux: Ça va prendre des années! (ce qui pourrait prouver que le "système" n'a pas dit son dernier mot, et que la vox populi n'a pas encore gagné!).
Jusqu'au dernier moment, ils avaient fait le forcing en faveur du maintien de la Grande-Bretage dans l'UE, en baladant leurs caméras et leurs micros dans les milieux les plus improbables, quand ils n'étaient pas carrément "hors-sol": la City, les anglais expatriés en France (généralement d'aimables retraités ayant décidé de passer le reste de leur vie sous les cieux du sud de la France plus cléments que le fog britannique), et les français expatriés à Londres, (milieux d'affaire et de la culture, jeunes diplômés des écoles de management, créateurs de start up et autres traders), les fonctionnaires anglais en poste à Bruxelles... Jusqu'à recueillir pieusement le témoignage d'un citoyen britannique éminemment repreprésentatif de ses compatriotes, le footballeur retraité multimillardaire David Beckham.
Et quand nos militants à micro s'aventuraient chez les "vrais gens", dans les quartiers populaires (lire "à forte concentration d'immigrés", où les autochtones restants vivent plutôt mal le prétendu "vivre ensemble" décrété par ces élites - ou ce que la novlangue nomme ainsi! - méprisantes qui prétendent leur dicter ce qu'ils doivent penser et leur imposer comment et avec qui ils doivent vivre au quotidien), c'était en se mettant une pince à linge sur le nez, pour ne pas sentir les miasmes. Des gens pauvres (mais de "sales pauvres", racistes et xénophobes) peu éduqués, à courte vue, voire "qui n'ont rien dans la tête" (dixit Daniel C-B), des personnes âgées, dont on suppliait les petits-enfants d'aller leur prêcher la bonne parole (les jeunes étant réputés plus intelligents puisqu'eux se rangeaient massivement du côté du "non" au Brxit), et qui sait, de les convertir.
En France, ce militantisme indécent pouvait paraître par définition sans objet (puisque nous ne votons pas en Grande-Bretagne) mais on peut imaginer que c'est un avertissement sans frais, au cas où il nous prendrait l'idée saugrenue d'imiter nos voisins.

Voilà donc la caricature qu'on propose aux peuples en guise d'information!!
C'est ce qu'Alain de Benoist illustrait brillamment hier sur le site Boulevard Voltaire, dans un entretien avec Nicolas Gauthier.
Extrait:


Aujourd’hui, les grands journaux sont dirigés par des banquiers, des hommes d’affaires, des industriels de l’armement, tous personnages qui ne s’intéressent à l’information que parce qu’elle leur permet d’orienter les esprits dans un sens conforme à leurs intérêts. L’homogénéité mentale des journalistes est en adéquation avec les bases matérielles de la production.
Le pluralisme n’est plus, dès lors, qu’affaire d’apparence. Un seul exemple : au cours de son récent voyage en Israël, Manuel Valls était interviewé par quatre journalistes différents (Paul Amar, Christophe Barbier, Laurent Joffrin et Apolline de Malherbe) représentant quatre médias différents : i24news, BFM TV, L’Express et Libération. Or, ces quatre médias ont un seul et unique propriétaire : Patrick Drahi !
Les gens sont de plus en plus conscients de la désinformation. Mais ils l’interprètent mal. En dehors de quelques désinformateurs professionnels, généralement payés pour faire passer des informations qu’ils savent être mensongères, la grande majorité des journalistes est parfaitement sincère. Elle croit ce qu’elle dit, parce qu’elle est prisonnière de ce qu’elle propage. Les journalistes sont persuadés d’être toujours dans le vrai parce qu’ils sont eux-mêmes victimes des stratégies de persuasion qu’ils relaient.
Il n’y a que la droite la plus ringarde pour croire que les journalistes sont des « gaucho-communistes » ou d’affreux « trotskistes »
. L’immense majorité d’entre eux adhèrent en fait à la vulgate libérale-libertaire, ce mélange d’idéologie des droits de l’homme, d’antiracisme de convenance, de « progressisme » niais, de révérence au marché et de politiquement correct. Ils en reprennent tous les mantras, unanimes à condamner le populisme, le protectionnisme, l’identité, la souveraineté, tous persuadés que les hommes sont partout les mêmes et que leur avenir est de se convertir au grand marché mondial. Résultat : alors que dans la plupart des pays les journalistes sont les premières victimes de la censure (ndr: pas en Europe!), en France ils en sont les vecteurs.

Le journalisme n’est pas un métier facile. Il demande de l’humilité. Aujourd’hui, c’est un surcroît de prétention qui y règne. Il suffit de voir l’arrogance des journalistes face aux hommes politiques et leur complaisance face aux vedettes du star system pour comprendre que l’idée s’est répandue chez eux que la fonction qu’ils occupent leur donne une supériorité intrinsèque sur leurs interlocuteurs et un droit absolu de diriger les consciences.



Alain de Benoist tempérait toutefois son propos, en renvoyant dos à dos dans la conclusion les grands médias et ce que certains appellent "la réinfosphère":

La contre-information, ou réinformation, que l’on trouve sur Internet constitue certes un utile contrepoids au « faux sans réplique » (Guy Debord) de la propagande officielle. Mais ce contrepoids s’exerce trop souvent par recours à une propagande en sens inverse, où le besoin de vérité ne trouve pas son compte. Un parti pris et son contraire, cela fait deux partis pris.
Le grand problème des médias alternatifs est que, sur Internet, il n’y a pas de responsabilité de la part de ceux qui écrivent, et que le scepticisme peut y être facilement exploité par des détraqués : les réseaux sociaux sont un amplificateur naturel de fausses nouvelles. La « réinfosphère » vise à satisfaire ceux qui refusent la partialité des médias dominants, mais elle ne donne pas plus que les grands médias la possibilité de vérifier les informations qu’elle propose. Cela ne peut satisfaire ceux qui aspirent, non pas seulement à trouver quelque part le reflet de ce qu’ils pensent, mais à l’existence d’une vraie presse d’information.



C'est un plaidoyer (en partie) justifié pour une presse alternative mais institutionnelle.
Personnellement, et à mon minuscule niveau, je me flatte de ne pas appartenir à ladite "réinfosphère", mon site "de niche" n'étant pas d'information (encore moins de réinformation) mais d'opinion, ou d'humeur (ce qui ne m'empêche pas de m'efforcer dans la mesure du possible de contrôler la validité de mes sources, et d'essayer de ne pas faire écho aux bobards). Ceux qui ne sont pas d'accord avec moi peuvent s'exprimer ailleurs, s'informer ailleurs, et croire ce qu'ils veulent.

Et sur ce point, je ne partage pas l'opinion d'Alain de Benoist.
Le problème, c'est qu'aujourd'hui, les cartes sont brouillées. A une certaine époque, les gens achetaient l'Humanité, ou Libération, ou Le Figaro, et ils savaient à peu près à quoi s'en tenir. Aujourd'hui, ils achètent Le Point, ou ils écoutent France Info, France Inter, ou une quelconque station commerciale, ou ils regardent TF1, ou France2 ou 3, ou BFM TV, et sans qu'ils aient rien demandé, ou même qu'ils s'en doutent, ils ONT l'Humanité et Libération: soit partout le même discours, et gare à qui ose s'en démarquer - il suffit de se rappeler l'affaire Philippe Verdier , ce présentateur météo de France 2 éjecté pour avoir écrit un livre sur le prétendu réchauffement climatique.

Le rôle d'Internet et de ses sites alternatifs est donc non seulement utile - comme il le concède à contrecoeur -, il est crucial. Il a permis de rebattre totalement les cartes. Sans lui, nous aurions aujourd'hui une information totalement univoque. Donc totalitaire.
C'est à l'esprit critique de chacun de faire ensuite le reste