Chrétiens en politique


Comment le vote catholique, et plus généralement chrétien a, contrairement aux idées reçues, influé sur l'election de Trump (Marco Tosatti) (12/11/2016)

 


Après un bref moment de panique dans les salles de rédactions, succédant au coup de massue du 9 novembre, les médias du système se sont vite ressaisis. Pas en bien.
En plus de relayer avec délectation les manifestations "spontanées" de grands démocrates qui, pour prouver leur attachement à la liberté, saccagent, détruisent, menacent, et brûlent des effigies du vainqueur dans tous les Etats-Unis, ils tentent pour le moment par tous les moyens de le discréditer. Déjà en répétant qu'Hillary Clinton l'a emporté par le nombre de voix (sur ce point, j'ai de gros doutes, quels que soient par ailleurs les chiffres officiels), mettant ainsi en doute sa légitimité démocratique.
Dernière stratégie en date, Trump aurait déjà commencé à renier ses promesses de campagne, puisqu'il n'abrogera(it?) pas l'Obamacare, se contentant d'y apporter quelques amendements, et en plus, il s'apprêterait à solliciter l'aide de Bill Clinton!! Il aura suffi à Obama-le-Grand de quelques mots glissés lors d'une conversation mondaine à la Maison Blanche pour le faire changer d'avis. Bigre, quelle girouette!

Les mêmes médias "décryptent" pour nous (ce qui est risible, vu la nullité de leurs précédentes analyses) le vote Trump, le disséquant en long, en large et en travers et prétendant interpréter les chiffres; il leur est évidemment plus facile de l'attribuer à des causes purement matérielles (i.e. simplement mécaniques) qu'à des causes d'ordre moral, et ils en font exclusivement la manifestation par les urnes de l'exaspération populaire, du fait de ces "oubliés de la mondalisation" (blancs!!) méprisés de tous - et en particulier de la caste journalistique - que leurs médiocres capacités intellectuelles condamneraient à la pauvreté et au chômage. Air connu, au moins depuis la Révolution française, où c'était (soi-disant) parce que le Peuple était affamé (par le Roi) qu'il avait provoqué la chute de la monarchie.
C'est le fameux "it's économic, stupid" de Bill Clinton à George Bush père, qui lors du dernier débat des présidentielles de 1992 aurait fait basculé le vote en faveur du premier - une explication trop commode pour ceux qui ramènent tout à la dimension horizontale.
Or, le vote "populaire" tient aussi compte de la dimension verticale, ou, à défaut de spirituelle, de la dimension morale du choix. La fuite en avant dans le domaine des moeurs, la généralisation de l'avortement, le "mariage gay", l'atteinte aux libertés religieuses incluse dans l'Obamacare, etc..., ont joué un rôle loin d'être marginal.
C'est ce que met en évidence cet article - chiffres à l'appui - de Marco Tosatti. Et à cet égard, le vote religieux a eu un impact très important.

Hillary, Trump.
La religion compte-t-elle toujours aux élections? il semble que oui.
Un message pour le Pape.


Marco Tosatti
10 novembre 2016
Ma traduction

* * *

La religion, la liberté religieuse, les principes «non négociables» comme l'avortement et d'autres bagatelles du même genre comptent encore aux États-Unis. C'est l'un des résultats que la victoire Donald Trump a mis en lumière, bien que cet élément, si inconfortable aux yeux du politiquement correct et des médias "approuvés" soit souvent négligé dans les analyses, qui préfètrent rabâcher d'autres questions.

C'est un élément d'un grand intérêt, et qui devrait faire résonner une cloche aussi à Rome, où le Pape - ou ceux qui en son nom planifient une campagne déterminée de renversement de la Conférence épiscopale [italienne] - , jugée trop attentive à la bataille sur les valeurs fondamentales - la vie, la famille, la liberté religieuse - et trop peu obsédée par les migrants, même si, dans ce domaine aussi, leur position est claire.

23% des électeurs, dans ce vote présidentiel, étaient catholiques. Et Trump a eu 52% des voix d'un électorat traditionnellement démocrate, contre 45% à Hillary; malgré le fait que - comme il fallait s'y attendre - les Latinos aient choisi Clinton. Les évangéliques ont voté massivement pour Trump: 81% contre 16% à Hillary. Ils ont même battu les pourcentages (78-21) a accordés à Bush. Le vote catholique lors des élections précédentes, était toujours allé majoritairement à Obama.

Ceux qui ont suivi les réseau sociaux au cours des derniers mois, ont pu se rendre compte, plus que cela n'est apparu dans les médias, que des questions telles que l'avortement, la liberté religieuse, la famille, etc., étaient fortement présentes. Les phrases d'Hillary sur la la nécessité de changer certains comportements et croyances religieuses, y compris avec l'aide de la loi, le fait qu'elle soit disposée à considérer l'avortement comme possible jusqu'au neuvième mois de grossesse, et ainsi de suite, ont probablement pesé sur l'électorat religieux. De même, peut-être que la référence de Trump - qui n'a eu presque aucun écho dans les médias - au fait que le pays semblait engagé vers une «culture de mort», une phrase qui rappelait à beaucoup celle forgée par Jean-Paul II et mère Teresa.

Nous ne pouvons pas oublier que peut-être pour la première fois à l'élection d'un président américain, il y avait eu - comment la définir? une ingérence? une interférence? - du Pontife régnant, qui répondait, au retour d'un voyage à l'étranger, à une question sur les murs, et sur le fameux mur entre le Mexique et les États-Unis. Parlant de Trump, il avait dit: «Une personne qui ne pense qu'à faire des murs et pas à faire des ponts, n'est pas chrétienne». Mais - avait-il ajouté - il faut voir si Trump a dit les choses ainsi». Donald Trump a réagi sèchement: «Pour un leader religieux, mettre en doute la foi d'une personne est honteux. Je suis fier d'être un chrétien et en tant que président, je ne permettrai pas à la chrétienté d'être continuellement attaqué et affaibli, comme cella se passe en ce moment, avec l'actuel président des États-Unis». Ensuite, bien sûr, le père Lombardi et la diplomatie des deux côtés avaient arrondi les angles.

Le fait demeure que les catholiques américains ont donné leur préférence à un candidat d'une autre religion (Trump est protestant) semoncé par le pape. Une réponse? Peut-être. Comme était une réponse le fait que, parmi les candidats à la présidence et à la vice-présidence de la Conférence épiscopale des États-Unis, il n'y avait personne dans l'échantillon nommé par Rome en mesure d'altérer les équilibres de l'Eglise américaine. Qui semble pourtant en phase avec le pays.
On peut soupçonner que sur le dossier "United States" le Pontife prête l'oreille à de vieux conseillers, discutés et discutables, liés à de vieux schémas, et idéologiquement viciés.