Des catholiques conservateurs contre Benoît XVI


Comme les "normalistes" (dont on ne parle plus guère...), mais pour des raisons opposées, certains catholiques prétendent qu'il n'y a aucune différence entre Benoît XVI et François. Parmi eux, malheureusement, Alessandro Gnocchi (16/3/2016)

 

Parmi les catholiques dits "conservateurs", il y a une attitude assez répandue qui consiste à mettre dans le même sac (si j'ose dire) tous les papes de l'après-concile, pour les critiquer sans nuance. Cette tendance amène ses partisans à prétendre contre toute évidence, qu'il n'y a pas de différence entre Benoît XVI et François (je sais qu'il y en a parmi mes lecteurs, et il m'arrive même de recevoir des courriers pas très agréables dans ce sens). C'est un point commun qu'ils ont avec ceux que l'on appelait en 2013 "normalistes" ou "continuistes", qui, pour des raisons opposées mais tout aussi ineptes, se bandent les yeux afin de pouvoir répéter sur tous les tons, après 3 ans de contre-exemples permanents, qu'il y a une totale continuité au sommet de l'Eglise.
La première attitude est celle, par exemple, d'Alessandro Gnocchi, dont j'ai traduit un certain nombre d'articles, et pour qui j'ai de la sympathie - ne serait-ce qu'à cause du duo qu'il formait avec le regretté Mario Palmaro. Mais dans ses articles, on trouve de plus en plus souvent des choses blessantes, injustes, et pour moi totalement inacceptables sur Benoît XVI, excluant de fait lesdits articles de toute traduction par moi, même s'ils sont intéressants par ailleurs .
C'était le cas par exemple de cette interview accordée récemment au site de tendance traditionaliste <LaFedeQuotidiana.it>.

Je me trouve donc exactement sur la même longueur d'onde que l'auteur de cet article publié aujourd'hui sur le site <Campari & de Maistre.

Gnocchi: que d'amertume contre Benoît XVI



Francesco Filipazzi
www.campariedemaistre.com
16 mars 2016
Ma traduction

* * *

Récemment , je suis tombé sur une interview d'Alessandro Gnocchi intitulée «Alessandro Gnocchi en roue libre contre François et Benoît XVI».
Dans l'interview, à côté de critiques contre Bergoglio, je suis resté sidéré en lisant une réponse venimeuse à propos du pape émérite. Selon Gnocchi «En réalité, Ratzinger et Bergoglio sont complémentaires, les deux faces d'une même médaille, la même soupe dans des plats différents. Ratzinger a été lui aussi assez incertain et peut-être fumeux, il n'a pas eu le courage d'accomplir le pas décisif, le tournant. Bref, lui aussi est un malentendu vivant, et il a sa responsabilité. Je ne vois pas une rupture nette entre les deux, Ratzinger n'a pas inversé le cap, et il a été une sorte de poisson dans un tonneau» (fare il pesce in barile: faire comme si de rien n'était).

Cette phrase, prononcée par Gnocchi, me paraît stupéfiante et me conduit à une question: pourquoi quelqu'un qui doit beaucoup de sa notoriété éditoriale au public ratzingérien, décide-t-il aujourd'hui de se détacher définitivement de ce public?
Quand il s'agissait de vendre des livres intitulés "Viva il Papa, perché lo attaccano, perché difenderlo" (Vive le pape, pourquoi ils l'attaquent et pourquoi le défendre - 2010), avec plein de photos de l'Allemand, de faire des conférences et d'acquérir une visibilité personnelle, Benoît XVI était bien bon, mais maintenant, il est un poisson dans un tonneau.
Il est absurde à mon avis, d'oublier - de bonne ou de mauvaise foi, je ne sais pas encore - ce que Ratzinger a fait pendant son pontificat, durant lequel il a étét en effet insulté, attaqué et vilipendé de toutes les façons possibles, justement à cause de ce qu'il faisait.
Qui peut ignorer le fait que toute une génération de personnes nées entre les années 80 et 90 a trouvé une puissante force théologique pour jeter les bases de leur foi grâce à lui?
Pourquoi oublier qu'avec Summorum Pontificum, il a recréé un monde qui avait été perdu et qui à ce jour mène le bon combat depuis les autels du monde entier?
Pourquoi avancer la critique stérile qu'il «n'a rien fait pour inverser le cap»? Ce n'est évidemment que dans le monde des contes de fées qu'on peut penser que l'effondrement de l'Eglise en cours depuis le début du XXe siècle (eh oui messieurs! quelle surprise, le concile, ce sont les pré-conciliaires qui l'ont fait), pourrait être résolu simplement en claquant des doigts. En réalité, ils l'ont fait démissionner pour avoir tenté d'inverser le cap.

Heureusement j'ai trouvé un grand réconfort à la lecture d'un article de la Nouva Bussola (Benoît XVI, docteur de l'Eglise pour notre temps), sur la reprise de la théologie de Joseph Ratzinger, sur lequel je vous invite tous à méditer.

Je dis ceci à Alessandro Gnocchi: ce n'est peut-être pas le moment, sous le coup de la colère, à cause d'une situation difficile que nous vivons, de jeter le bébé avec l'eau du bain.
Reste l'amertume de lire certaines prises de position de la part d'une personne à laquelle j'ai toujours fait référence, et qui aujourd'hui, pour des motifs que je voudrais comprendre, a décidé de rendre vain le travail de plusieurs années.