Elections US : la malédiction François


Ce Pape porte-t-il la guigne? Fray Gerundio explique à sa façon la défaite d'Hillary Clinton (15/11/2016)

>>> Sur ce sujet: Les catholiques écoutent-ils le Pape?
>>> Le précédent "billet d'humeur" du vieux moine espagnol: Tel père, tel fils

 

(Carlota)

Frère Gerundio explique à sa manière (au deuxième degré, car évidemment un bon catholique ne croit pas aux augures !) la défaite d’Hillary Clinton: au terme de la campagne qui devait lui assurer un accès triomphal à la Maison Blanche, elle a cité François!! Une chose semble pourtant assez sûre, les catholiques (1) et d’autant plus s’ils sont très pratiquants, n’écoutent pas les avis du Pape François en matière électorale, et ce, bien que l’actuel souverain Pontife soit considéré par beaucoup comme un grand communicant.

La dernière erreur d’Hillary


Mercredi 9 novembre 2016
fraygerundiodetormes.wordpress.com/
Traduction de Carlota

* * *

Je ne me souviens pas, au cours de ma longue vie monacale, d'avoir assisté à des élections présidentielles nord-américaines suivies d’aussi près dans mon monastère. La faute en revient à mes novices qui s’en vont et viennent collés à leurs tweets et à la télévision. Et à mes Supérieurs qui suivent servilement collés aux novices. Ce sont des progressistes d’extraction récente. Ils ont acquis un progressisme clérical dans les Facultés de Théologie, de ce progressisme qui leur est resté collé aux basques, comme le saindoux au fond du chaudron de ma grand-mère. Encore heureux que j’ai le Frère Malachie. Et bien sûr ce matin, après les Mâtines, nous nous sommes réjouis. Tous les moines marchaient têtes basses, tristes et mélancoliques. Avec des cernes de consternation et de chagrin. Ils avaient passé la nuit à écouter la radio (j’espère que ce n’était pas la COPE [chaine espagnole privée financée par l’Église en Espagne et dite chaine des évêques, ce n’est pas forcément une chaine d’un catholicisme conservateur exemplaire]), tandis que Frère Malachie et moi-même dormions à poings fermés. C’est pourquoi, ce matin même, alors que nous les deux petits vieux nous chantions les Alléluias, ils nous ont regardés de travers pour voir si en réalité nous ne le disions pas pour les élections nord-américaines.

Je dois reconnaitre qu’écoutant dire depuis plusieurs mois que la Clinton allait gagner, j’y avais presque, enfin presque, cru. Je la voyais tellement soutenue et encensée par tous, - les uns comme les autres -, que je pensais qu’une fois de plus la guillotine générale allait fonctionner. Ils s’obstinaient, les uns et les autres, à prédire le désastre monumental de la Planète en cas de victoire de Donald. Et la stabilité et la continuité si Hillary gagnait. L’effondrement du Système Financier si c’était l’un qui gagnait, et le Ciel sur la Terre, si c’était l’autre. Il n'était pas permis d'avoir une opinion différente de celle prévue, à l’exception de quelques médias qualifiés par le fait même d’anti-système.

Quand les courriels d’Hillary ont été éventés - les accusations graves du FBI, les données sinistres sur sa vie sinistre, les affaires, les arrangements et les magouilles, les informations sur ses participations dans les désordres du monde arabe avec son ISIS et ses crimes -, je n’ai jamais cessé de penser qu’elle allait gagner en toute sécurité. Nous savons bien que tout cela ne compte pas pour les chefs au niveau mondial qui restent dans l’ombre. D’autant que ce sont eux précisément qui en sont les organisateurs.

Face à cela, les paroles méprisantes de Trump envers quelques femmes, son machisme (péché super-capital du monde moderne), son argent, ses manières et expressions grossières, jusqu’à sa chevelure….étaient dénoncés par tous. Ou, dit autrement, on pouvait tout pardonner à Hillary, face à ce monstre qui prétendait à la Maison Blanche. Vraiment je confesse que jusqu’à hier [pour moi], la victoire de la Clinton était prononcée.

Mais j’ai alors lu qu'«Hillary avait terminé sa campagne en citant le Pape» [2]. Et là, tac, je me suis réveillé de mon songe. Si elle a cité François, alors elle a au-dessus d’elle le mauvais œil, me suis-je dit. Comme je l’ai découvert à d’autres occasions: à chaque fois que Bergoglio accourt pour donner la main à quelqu’un qui est présidentiable, ministrable ou pré-ministrable, sa défaite électorale est prononcée. Et si ce quelqu’un est en relation avec lui d’une manière ou d’une autre, même de loin, les augures vont être plutôt mauvais. Je sais bien que depuis pas mal de temps c’était connu que François penchait vers la Candidate. Je sais bien que le Soros est le petit copain des deux et qu’il les a financés tous les deux, et qu'il alimente des Évêques financés pour soutenir la Hillary. Mais citer le Pape, comme soutien en fin de campagne, a fait se déchaîner tous les porteurs de mauvais présages. Les foies des poulets démocrates sont devenus d’un noir (infernal) de façon automatique. C’est pour cela que je me suis couché tranquille. Bon, avant de me coucher, je suis allé à la cellule du Frère Malachie pour qu’il me serve une petite goutte de sa liqueur tridentine. Et nous avons trinqué tandis que les novices et les autres moines écoutaient la COPE.

C’est certain, maintenant que j’y pense, le fait que la chaîne de télévision des Évêques ait toujours parié en faveur de Dame Clinton, peut avoir quelque chose à voir dans la victoire de Trump. La preuve en est qu’en ce moment même, la chaîne présente sur sa page d’accueil la nouvelle avec ce titre: UN PAYS DIVISÉ. Je me rends compte maintenant que le pays est divisé quand quelqu’un a gagné des élections et qu’un autre les a perdues. Mais bien sûr ! Les uns perdent et les autres gagnent. C’est évident que ceux de la chaîne des Évêques ont reçu des instructions de Rome. On voit leur plumage.

Finalement, je le regrette pour tous les démocrates du monde entier, de ceux qui en ont toujours plein la bouche des le-peuple-doit-parler, le-peuple-vote-et-ne-se-trompe-jamais, le-peuple-est-celui-dont-chaque-petit-morceau-de-papier-déposé-est-un-petit-morceau-de-souverainté…et autres niaiseries. Cette fois encore, comme en Colombie [en votant non à l’accord voulu par le président entre le gouvernement et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie], le peuple s’est trompé.

Je conseillerais vivement au nouveau Président des États-Divisés (dixit Cope) de ne pas avoir l’idée d’aller à Rome. Au cas où ... (3)

Notes de Carlota


(1) Un exemple parmi d’autres, un pourcentage non négligeable d’Étatsuniens dits « latinos » qui avaient voté pour le « parti démocrate » lors des dernières élections (donc pour Obama) ont cette fois-ci voté pour Trump. Et les catholiques de toute origine ont aussi voté en majorité pour le presbytérien Trump et d’autant plus qu’ils étaient catholiques pratiquants. Peut-être que le vote catholique était plus contre Hillary, la féministe et pasionaria belliciste, que pour Donald « le machiste » mais les résultats sont là. Même phénomène chez les chrétiens pratiquants en général.

(2) Elle a dit: « quand vous regarderez derrière vous, vous pourrez dire que vous avez voté pour un pays meilleur, plus juste, dans lequel nous construisons des ponts et pas des murs », les fameux murs et ponts du Pape François et du Trump pas chrétien.

(3) Toujours selon la constatation du Frère Gerundio, un homme politique qui veut gagner des élections et durer, n’a pas intérêt à s’approcher de l’actuel Pape. Autre exemple qui appuierait la « thèse » du Frère Gerundio : Le plutôt mal embouché nouveau président philippin Rodrigo Duterte, qui jouit actuellement d’une cote de popularité à la Poutine dans son pays, et qui n’a pas manqué d’appeler Obama, « fils de pute », avait aussi durant sa campagne et avant son élection, insulté d’une manière ordurière le Pape François, lui reprochant lors de sa visite dans l’archipel, d’avoir provoqué des attaques. Cela n’a pas empêché Duterte d’être élu dans un pays où 80% de la population est catholique. Le porte-parole de la présidence peu après l’élection (juin 2016) a dit que le Président voulait rencontrer le Pape au Vatican, s’excuser et s’expliquer…Qu’en disent les foies de poulets philippins ?