François n'aime pas les ordres conservateurs


La preuve par l’Institut du Verbe Incarné. Un article d’Hilary White qui complète et illustre sa récente analyse de la constitution Vultum Dei quaerere, en remontant à l’époque où JM Bergoglio était le primat de l’Eglise d’Argentine (2/8/2016)

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Vultum Dei quaerere (Le premier article d'Hilary White)

Cet article peut apparaître comme une annexe, ou une illustration, de celui qu’Anna vient juste de traduire, sur Vultum Dei quaerere, la nouvelle constitution pour la vie religieuse féminine contemplative à peine promulguée.

Selon Hilary White, des signes avant-coureurs des persécutions de Bergoglio contre les religieux (notamment les FFI), et de ce document, sont à rechercher dans la persécution, commencée au début des années 2000, de l'Institut du Verbe Incarné une congrégation religieuse contemplative présente en Argentine. En 2008, sous Benoît, Sodano est venu au secours de cette maison, qui a été transférée avec armes et bagages dans le diocèse de Velletri-Segni, non loin de Rome, où elle prospère aujourd’hui. Un autre signe des relations rien moins que tendues entre Rome et Buenos Aires.

Bergoglio et l'Institut du Verbe Incarné: signes avant-coureurs de choses à venir?



Se promenant, intrépide, seul, et au milieu des pauvres, le Cardinal Bergoglio boit du maté, la traditionnelle boisson argentine, à Buenos Aires le 3 Mars 2013, dix jours avant d'être élu pape. (Cet homme a-t-il jamais fait quelque chose sans les caméras qui tournent?)



Hilary White,
The Remnant
27 juillet 2016

Lorsque Jorge Bergoglio fut élu pape, il y eut étonnamment peu d'information aussi bien de la part du Vatican que sur le web sur sa longue carrière comme chef de l'Église de Buenos Aires ou comme figure de proue de la Société de Jésus sud-américaine. Mais c'était présent, si vous aviez su bien creuser. En effet, les sites d'information et les blogs en langue espagnole et portugaise sont remplis de photos intéressantes de Sa Sainteté en cardinal, posant avec ses bons amis de tous les "mouvements sociaux" d'inspiration marxiste.

Il est curieux qu'alors que cinq minutes après l'élection de 2005 le monde entier savait que Ratzinger avait été jadis enrôlé dans la Jeunesse Hitlérienne quand il était enfant, les liens de Bergoglio avec ces organisations extrémistes de gauche sont restés quasiment inconnus dans la presse de langue anglaise. En effet, à ce jour, presque rien de son histoire ou du sort de l'archidiocèse de Buenos Aires n'est connu dans l'ensemble du monde catholique.

Mais aujourd'hui j'ai eu une conversation plutôt éclairante avec quelqu'un que mon analyse du document sur les religieuses contemplatives avait intéressé. Mon ami a dit: « Alors, à ton avis, quel a été le déclencheur? C'est une question qui semble occuper beaucoup l'esprit de François. Il a pris les religieuses féminines pour cibles dans beaucoup de ses étranges insultes. Il ne semble pas aimer beaucoup les religieux. Cela signifie toujours qu'il y a une affaire spécifique [derrière]. Je parie que tu trouveras quelque chose en Argentine ».

Les gens ont réagi au document Vultum Dei Quaerere, sorti cette fin de semaine - à l'improviste, le jour avant que les Journées Mondiales de la Jeunesse n’accaparent toutes les nouvelles concernant le pape - en disant qu'il était motivé par les Sœurs Franciscaines de l'Immaculée. Il semble évident que François et son régime détestent spécialement - ou peut-être craignent - la branche féminine de l'ordre religieux d'orientation traditionnelle, très prospère, qu'ils se sont employés à crucifier pendant trois ans. Mais mon ami a suggéré que la méfiance de François pour les ordres religieux conservateurs (et non pas Traditionalistes) florissants remonte en réalité au début des années 2000 et à son conflit à la fois avec l'Institut du Verbe Incarné, un ordre religieux de prêtres, sœurs et religieuses contemplatives en Argentine, et avec le Cardinal Sodano. Il a aussi suggéré que ce tout dernier document pourrait être une forme de vengeance.

Cet ordre, de type Novus Ordo "conservateur" n'est pas très connu aux États-Unis, mais en Italie on voit leurs sœurs tout le temps. Elles sont vraiment très nombreuses. La branche féminine de l'Institut, fondée en 1988, s'appelle Les Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matarà (SSVM). La branche active des sœurs est même plus nombreuse que les Sœurs Franciscaines de l'Immaculée, avec plus de 1000 religieuses dans 35 territoires de mission. Il existe aussi une branche contemplative avec aussi bien des sœurs cloîtrées que des moines contemplatifs.

Juste après son élection, l'information fut publiée que le Cardinal Bergoglio s'était "heurté" à l'Istituto del Verbo Encarnado (IVE/IVI) mais peu de détails furent disponibles sur le moment. Un blogueur signala brièvement le 21 Mars 2013, une semaine après le Conclave, que « c’était Bergoglio le primat [de l’Eglise en Argentine] lors de la première investigation sur l'ordre ».

« Sous son administration, les évêques Argentins avaient stoppé les ordinations, fermé le séminaire et imposé des restrictions au fondateur, le Frère Buela, et à d'autres prêtres de l'IVI ».

Tous cela est tellement familier, n'est-ce pas? On y voit sans aucun doute le modus operandi de Bergoglio

Bizarrement, l'"enquête" de 2007 s'arrêta brusquement avec l'intervention du Cardinal Sodano. Le plus puissant - et le plus sinistre - des cardinaux de la "vieille école" de Rome, et le principal protecteur des Légionnaires du Christ, les installa en Italie.
« Alors, selon des informations d'Argentine, le Cardinal Angelo Sodano, aujourd’hui doyen du Collège des Cardinaux, apporta son aide à Buela et à l'IVI dans leurs problèmes avec les évêques argentins. L'IVI déménagea son siège dans le diocèse de Velletri-Segni, qui est en Italie à une soixantaine de km au sud de Rome ».

La soudaine cessation des hostilités et l'action extraordinaire de Sodano débarquant et portant secours à l'IVI indiquent à quel point la relation entre Rome et Buenos Aires était mauvaise à cette époque, dans les premières années du pontificat de Benoît.

Le long compte-rendu dans la presse argentine est éloquent. Il dit que tous les évêques en Argentine, sauf un, Héctor Aguer, à la tête de l'archidiocèse de La Plata, étaient contre l'IVI. Aguer est connu pour être le porte-parole de l'aile "conservatrice" de l'Église Catholique argentine, s'opposant à l'éducation sexuelle dans les écoles et se prononçant fortement contre la légalisation des avortements en 2006.

Au début de son compte-rendu, le journal argentin Pagina 12, décrit l'IVI comme « ultra-conservateur » et promoteurs du « fondamentalisme catholique », mais décrit aussi un ordre religieux florissant avec le « séminaire le plus fréquenté du pays », accueillant plus de cent séminaristes avec trente entrées chaque année. A mettre en relation avec un rapport sur l'état de ses séminaires, rédigé peu après l'élection de Bergoglio à la papauté par le National Catholic Reporter d'extrême gauche.

John Allen rapporte : « L'année dernière l'archidiocèse a ordonné seulement 12 nouveaux prêtres, par rapport aux 40-50 par an lorsque Bergoglio avait pris la charge ». (Allen rapporte aussi une conversation dans laquelle l'archevêque Aguer est décrit comme "chef des faucons" s'opposant à Bergoglio sur des questions doctrinales et politiques comme la légalisation des relations de même sexe.)

Pagina 12, de tendance nettement de gauche, poursuit sur l'affrontement entre les évêques argentins et l'IVI, décrivant leur style missionnaire comme "agressif" et les accusant de vouloir « rétablir le vrai Catholicisme qui eut son apogée dans la Chrétienté médiévale ». Pagina 12 souligne que l'ordre s'est toujours opposé à l'épiscopat argentin, qu’un tel activisme gênait, sans parler du succès numérique de l'ordre.

Mais le problème principal est évidemment l'accent mis par l'ordre sur l'orthodoxie doctrinaire et la réticence à appliquer « les réformes de Vatican II ».

L'article ne cite personne de l'ordre, mais Veronica Gimenez Béliveau, une spécialiste de questions religieuses qui a même vécu dans leurs monastères, nous aide à y voir clair.

« Ils vivent dans une pauvreté très austère, presque évangélique », dit-elle, ajoutant qu'ils ont de la sympathie pour le régime de Franco. Gimenez Béliveau dit que la culture interne de l'ordre est caractérisée par «la construction symbolique de la communauté comme persécutée et militante ».
« L'idée de persécution est associée avec la conservation de la tradition véritable et des valeurs surnaturelles dans un contexte de sécularisation et d'humanisation de la culture ».

Il semble raisonnable d'affirmer que cet ordre, avec son refus déclaré de permette aux personnes de recevoir la Sainte Communion sans s'être d'abord confessées, est l'origine de l'aversion caractéristique de François envers les ordres religieux "conservateurs" de type Novus Ordo.

On a souvent rapporté qu'il semblait plus ou moins indifférent à la FSSPX, qui a un séminaire en Argentine. Avec le nombre modeste de vocations authentiquement traditionalistes se tournant vers la FSSPX, et le flot considérable se dirigeant vers l’IVI, plus gênant – surtout comme groupe restant dans le bercail Novus Ordo mais refusant de partager le programme marxiste sud-américain - on comprend aisément l'origine de la persécution fanatique de la part de François des Frères Franciscains de l'Immaculée (FFI), un ordre qui répond strictement au même profil.

Ce qui est intéressant, c’est que les accusations des évêques contre l'IVI étaient d'un genre radicalement différent de celles contre les Légionnaires, eux aussi bénéficiant de la protection de Sodano. Ce n'était pas la kyrielle des horreurs sexuelles et criminelles formulées à l'encontre de Maciel, mais juste la "désobéissance". Le fait que tous les évêques à l'exception de Aguer aient signé la lettre au pape d’alors, Jean-Paul II (lequel, à cette époque, à cause de son infirmité, était [remplacé] dans la pratique par le Secrétaire d'État Cardinal Sodano) demandant que les séminaires et maisons de formation de l'IVI soient fermés, est peut-être une indication de l'état des choses dans l'Église argentine.

Les évêques réussirent à fermer momentanément le séminaire de l'IVI en 2000 après trois enquêtes distinctes [diligentées] par Rome. Mais par la suite, le Cardinal Sodano mit fin aux fermetures, abrogea les décrets à leur encontre et emmena tout l'ordre, armes et bagages, en Italie où il continue de prospérer.

Sodano embarrasse-t-il Bergoglio et ses amis? Est-ce là la source de son aversion envers les ordres religieux "conservateurs" florissants en général? Cela continuera de susciter beaucoup de spéculation, mais vaut la peine d’être encore surveillé de près.

Sodano a sans doute administré une gifle décisive aux évêques argentins lorsqu'en 2001 le Vatican envoya en Argentine l'Évêque de Velletri, Andrea Maria Erba, pour ordonner 49 prêtres de l'IVI dans la cathédrale d'Auger à La Plata, la plus importante ordination collective de l'histoire de l'Argentine.

Ce fut sans doute cuisant, envoyant aux évêques - dont le primat était Bergoglio - un message sans équivoque sur le camp où se rangeait le Vatican. Peu après l'ordination massive, Bergoglio vint rendre visite aux offices des évêques pour essayer de "lisser les plumes hérissées" (désamorcer la situation, ndt).

Mais ça c'était avant; aujourd’hui, c'est le temps de Bergoglio. L'attaque contre les FFI était-elle un contre-signal aux gens du Vatican qui se souviendraient de cet l'incident et sauraient ce qu'il signifiait? Sodano reste un personnage puissant même aujourd'hui. Son titre officiel est Doyen du Collège des Cardinaux, mais plus que cela, le cardinal âgé de 88 ans est encore le chef de ce qu’il subsiste au Vatican de la faction pré-bergoglienne qui ait jamais eu du vrai pouvoir. Il a été au centre d'un réseau d'influence et de marchandage politique ( !!) depuis la fin du Concile Vatican II et il reste tant dans sa personne que dans ses protégés un des personnages les plus importants de Rome.

Le fait que Sodano ait disparu des médias pendant quelque temps - environs trois ans, en réalité - ne signifie pas que lui ou ses fidèles soient hors-circuit. Il a prononcé une allocution au Vatican pour le 65e anniversaire de l'ordination du Pape Benoît, il y a à peu près un mois, et a été, semble-t-il, la seule personne qui ne fût pas surprise par l'annonce de Benoît de sa renonciation.

Vultum Dei Quaerere est-il tombé sur les religieuses contemplatives pour faire savoir qui est aux commandes et quel genre de pouvoir François détient sur des organisations vulnérables comme les religieuses contemplatives? Si c'est ainsi, c'est une démonstration ostensible de la cruauté pour laquelle Bergoglio semble avoir été connu en Argentine. Tenir en otage de petites dames âgées, menacer de les jeter à la rue si certaines personnes ne se mettent pas au pas, cela correspond sans doute aux descriptions du caractère de l'homme qui ont filtré discrètement de son affectation précédente.

Vatican Insider rapportait en Septembre 2013 que François avait organisé une réconciliation avec l'IVI, et lancé en même temps une claire mise en garde. Le magazine dépendant de La Stampa disait que «la relation de l'institut avec le Vatican n'avait pas été facile»; mais cela dénature l’affaire. Les difficultés n'avaient jamais été avec le Vatican, mais avec les évêques argentins, à l'époque sous la présidence de Bergoglio.

Vatican Insider disait que l'IVI avait été « au centre de polémiques et posait un problème » pour François, ajoutant que l'Institut avait besoin d'une "normalisation" avec Rome. Mais c'est là encore une autre erreur. L'IVI est une congrégation religieuse de droit diocésain, approuvée par l'évêque de Velletri-Segni, en union pleine et incontestée avec Rome et pratiquement sans le moindre soupçon de difficultés canoniques. Vatican-Insider n'a peut-être pas "googlé" suffisamment les différences canoniques entre un institut diocésain et un institut créé à l'échelle mondiale.

L'article, qui n'est pas signé, poursuit en citant les propos de François à la conférence des Évêques de l'Amérique Latine , la CELAM, prononçant un avertissement à distance à l'IVI que les Traditionalistes ne connaissent que trop.

« Dans ce message, le Pape a parlé de la tentation idéologique de certains Chrétiens qu'il a qualifiée de "Pélagianisme", qui se manifesterait dans l'idée de "restaurationnisme". "Dans le traitement des problèmes de l'Église, une solution purement disciplinaire est envisagée, par le rétablissement de manières et formes obsolètes qui ne sont plus significatives, même au niveau culturel," a-t-il ajouté. Bergoglio a mis en garde les évêques: "En Amérique Latine on la trouve habituellement dans de petits groupes, dans certaines congrégations religieuses nouvelles, dans des tendances (exagérées) à la ‘sécurité’ doctrinale ou disciplinaire"».

L'article cite un commentaire [du Pape] éloquent hors micros: "Pendant la première année du pontificat de Benoît XVI [2005] j'ai eu à intervenir personnellement dans un cas concernant le fondateur d'un mouvement qui était lié à ce point de vue apocalyptique".

On ne peut pas dire que l'homme n’est pas cohérent.

Peu après son élection Pagina 12 interviewa un de ses collègues, entre autres choses sur son style de gouvernement. Le Père Eduardo de la Serna, directeur de l'agence Curas en option por los Pobres, déclara: « Jorge Bergoglio sait comment bien manier les ficelles du pouvoir ».

De la Serna ajouta que, comme Pape, Bergoglio n'allait pas être un "conservateur" sur des questions comme l'avortement ou l'homosexualité. Et - fait révélateur - De la Serna mentionna la Communion aux divorcés "remariés" bien avant qu'elle ne devienne la question clé du pontificat de Bergoglio.

« En revanche, nous pouvons attendre de lui des gestes de proximité. Par exemple, je ne serais pas surpris si le Jeudi Saint il lavait les pieds à un groupe de travestis. Je ne dis pas qu'il va le faire mais il serait capable de faire quelque chose de semblable, pour clarifier que [ces gens-là] ne sont aucunement des excommuniés, sans applaudir leurs actions. Je ne pense pas donc qu'il y aura des changements importants pour mettre en avant le niveau doctrinal, mais il peut y avoir des gestes significatifs au niveau pastoral ».

Il semble que si vous étiez prêtre d’un diocèse d'Argentine, rien du pontificat de Bergoglio n'aurait été une surprise.

Le protégé de Bergoglio a impeccablement récité un des morceaux favoris de Bergoglio: «La doctrine officielle de l'Église dit que ceux qui vivent ensemble sans être mariés par l'Église ne peuvent pas recevoir la Communion; mais pour de nombreux théologiens, cela est sans fondement. Eh bien, je ne serais pas surpris si Bergoglio nommait un groupe de théologiens pour étudier ces arguments. Au niveau pastoral, ce serait un geste de proximité avec ces gens qui ne peuvent pas recevoir la Communion. Mais le fait de créer cette commission n'impliquerait pas un changement dans la doctrine de l'Église sur ce sujet ».

Une vision aussi claire de ce qui allait se produire lors des Synodes sur la Famille donne plus de poids aux commentaires du Père De la Serna sur la relation de Bergoglio avec l'Institut du Verbe Incarné: « Bergoglio sait comment manier le pouvoir. Il serait naïf de penser qu'étant pape il ne prendra pas en main des décisions concernant l'Église en Argentine ».
« En effet, il a exprimé une attitude critique à l'égard de groupes très à droite comme l'Institut du Verbe Incarné. Mais en même temps il a été freiné par la curie du Vatican, qui ne devrait pas être en mesure de l'arrêter aujourd’hui ».

Historiquement, les relations entre les religieuses et les évêques en général et souvent avec le Vatican n'ont pas été simples. L’histoire de la plupart des ordres religieux, féminins en particulier, a souvent été faite de luttes pour le contrôle d'idées et de directions nouvelles et souvent menaçantes.

Lorsque l'évêque de Genève - à l'époque bastion du Calvinisme - demanda au Saint-Siège l'approbation des constitutions d'un nouvel ordre, Rome ne dit pas exactement non. L'Évêque François de Sales avait collaboré avec la baronne Jeanne de Chantal devenue veuve en vue de commencer une nouvelle communauté de religieuses qui sortiraient leurs couvents pour s'occuper des pauvres, malades et personnes âgées du quartier. Mais en même temps les choses étaient compliquées, avec la Révolte Protestante qui faisait rage en Europe et l'Église qui se remettait d'un sac de mercenaires suédois et puis le Concile de Trente. Jusqu'alors, aucune religieuse ne sortait du cloître, sans parler de participer, comme membre des constitutions de leurs ordres, à des œuvres apostoliques et de charité organisées. Finalement Rome approuva les constitutions révisées de l'Ordre de la Visitation mais uniquement après que leurs saints fondateurs eussent accepté d'adopter un style de vie cloîtrée plus traditionnel.

Il est plus ou moins normal que des personnes pieuses veuillent fonder des communautés religieuses pour faire des choses qui doivent être faites aussi bien dans le domaine spirituel que corporel. Il est aussi normal que Rome mette des freins à ces tentatives, et cette tension a été vue souvent par des théologiens comme un élément de la manière de Dieu d'éprouver et d'affiner la sainteté et les intentions des fondateurs et des fondatrices.

Mais c'est la première fois que l'Église a un pape qui semble vouloir tout simplement écraser des expressions authentiques et anciennes de vie religieuse contemplative, apparemment juste parce qu’elle tend à être difficile à contrôler. Nous savons tous, bien sûr, que de nos jours de nouvelles communautés se forment surtout en réaction au désastre provoqué dans le monde par des politiques comme celles chéries par François et ses amis. Il est devenu courant pour ces groupes d'avoir de nombreux disciples laïques et de représenter presque la totalité du mouvement, loin du paradigme post-conciliaire.