Hérésie papale?
ou formulations "malheureuses, vagues ou qui prêtent à des malentendus" (card. Müller)? Retour sur l'homélie prononcée lors de la fête de la sainte famille. Danilo Quinto, sur le site <Chiesa e post Concilio> (5/1/2016)
Dans la longue interview qu'il a accordée à Die Zeit (qu'Isabelle a traduite intégralement ICI), le cardinal Müller a rejeté les accusations d'hérésie que "certains secteurs catholiques adressent au Pape", se contentant de prendre acte de possibles formulations "malheureuses, vagues ou qui prêtent à des malentendus". Evidemment, il pouvait difficilement en dire plus...
Et pourtant, de ces "formulations malheureuses", il y en a eu encore tout récemment, en particulier la stupéfiante homélie prononcée solennellement (donc pas de façon informelle, comme c'est le cas des homélies de Sainte-Marthe) par le pape le 27 décembre, dans la Basilique Saint-Pierre, en la Fête de la Sainte-Famille, dans laquelle François, commentant le célèbre passage évangélique de Jésus à 12 ans au Temple répondant aux questions des docteurs de la loi, prétendait que le Seigneur s'était excusé auprès de Marie et Joseph (une interprétation niant de fait sa divinité). J'en avais parlé ici (benoit-et-moi.fr/2015-II/benot-xvi/27-decembre-fete-de-la-sainte-famille), proposant en guise d'antidote les commentaire lumineux de Benoît XVI à ce même passage évangélique.
Sur le blog Chiesa e post-concilio, Danilo Quinto revient sur cet épisode, qu'il considère d'une extrême gravité (épisode pourtant passé totalement sous silence presque partout, et notamment en France).
Qu'aurait dit le cardinal Müller, le gardien du Dogme, si on l'avait interpelé directement et explicitement sur l'exégèse papale?
Entre hérésie et mauvais goût
Danilo Quinto.
chiesaepostconcilio.blogspot.fr
Ma traduction
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Je voudrais ici revenir sur deux des dernières sorties verbales de Bergoglio. Je le fais avec douleur, et pour une seule raison: parce que je ne pense pas qu'on puisse rester silencieux. Et même, je pense qu'en restant silencieux, on commettrait un grave péché d'omission de la vérité. Les deux sorties sont: l'escapade de Jésus et les bouchers.
L'escapade de Jésus est l'expression utilisée par le pape le 27 Décembre, à Saint-Pierre, dans son homélie sur la Sainte Famille. Il a dit:
«(...) Joseph et Marie, pour la fête de la Pâque, se font pèlerins à Jérusalem avec Jésus (cf. Lc 2, 41-52)(...).
Au terme de ce pèlerinage, Jésus retourne à Nazareth et il était soumis à ses parents (cf. Lc 2, 51) (...). Nous savons ce que Jésus avait fait cette fois. Au lieu de revenir à la maison avec les siens, il s’était arrêté à Jérusalem dans le Temple, causant une grande peine à Marie et à Joseph qui ne le trouvaient plus. Pour cette “escapade”, Jésus a dû aussi probablement faire des excuses à ses parents. L’Évangile ne le dit pas, mais je crois que nous pouvons le supposer. La question de Marie, d’ailleurs, manifeste un certain reproche, rendant évidentes sa préoccupation et son angoisse ainsi que celles de Joseph. Revenant à la maison, Jésus s’est certainement soumis à eux pour montrer toute son affection et son obéissance. Ces moments qui, avec le Seigneur, se transforment en opportunité de croissance, en occasion de demander pardon et de le recevoir, de montrer de l’amour et de l’obéissance, font aussi partie du pèlerinage de la famille.»
Les mots clés de ce passage sont: escapade, excuse, reproche. Et puis, les expressions: demander pardon et le recevoir; montrer de l'amour et de l'obéissance.
Il y a aussi une autre expression qui éclaire toute la question: "L'Evangile ne le dit pas, mais je crois que nous pouvons le supposer".
Le Pape qui suppose que pour son escapade, Jésus a dû faire des excuses à ses parents.
Souvent, le Pape commente l'Évangile avec ses suppositions.
Le 20 Décembre 2013 (1), il l'a fait avec la Sainte Vierge. Commentant le moment de la Croix et le passage de l'Evangile de Luc (1, 26-38), il a dit de la Mère de Dieu: «Elle s'est tue, mais dans son cœur, que de choses elle a dit au Seigneur! "Toi, ce jour-là - lisons-nous - Tu m'as dit qu'Il serait grand; Tu m'a dit que Tu lui donnerais le trône de David son père, et qu'Il régnerait pour toujours, et maintenant, je le vois ici". La Sainte Vierge était humaine! Et peut-être qu'elle avait envie de dire: "Mensonges! J'ai été trompée!"».
Aujourd'hui, la supposition concerne le Christ, qui présente ses excuses, puis demande pardon à ses parents, qui l'avaient réprimandé pour l'escapade.
De la part de la Vierge Marie, en réalité, il n'y a aucun reproche. Elle savait, depuis l'annonce de l'archange Gabriel, que Jésus était Dieu, mais cela ne signifiait pour Elle ni la connaissance de tous les sacrifices que Dieu allait lui demander, ni les modalités par lesquelles Jésus se manifesterait aux hommes. Elle devait le découvrir peu à peu, comme nous le raconte l'Evangile, à travers la vie de Jésus. La réponse donnée par Jésus à sa Mère - "Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je dois m'occuper des choses de mon Père?" - est l'un de ses plus grands enseignements et ce n'est pas un hasard si ce sont les premiers mots de lui que l'Évangile a recueillis. Il se réfère à sa filiation divine et déclare que par-dessus toute chose, il y a Sa volonté d'accomplir les desseins de son père. Jésus ne fait pas une escapade, mais nous enseigne qu'au-dessus de toute autorité humaine, même celle des parents, il existe un devoir primordial: faire la volonté de Dieu et, dans ce cas, prendre le temps nécessaire - trois jours? trois jours - pour étudier les Saintes Ecritures, pour s'occuper des choses de Son Père, poser des questions et répondre à des questions au sujet de Son Père.
Je ne peux nier qu'en lisant, à ce sujet, les paroles du Pape, moi - qui ne suis rien - j'ai éprouvé deux sentiments contradictoires: la compassion et la peur. Envers le Pape, Ce Pape.
Seule une personne qui ne va pas bien, dans le sens qu'elle ne raisonne pas bien, peut penser, ou supposer et faire supposer, si elle connaît l'Evangile et la Doctrine, que le Fils de Dieu peut présenter des excuses - le Pape suppose que Jésus, vrai Dieu et vrai homme, peut se tromper et donc pécher - et demander pardon. S'il en était ainsi, j'éprouverais de la compassion pour cette personne; quelqu'un qui montre ne pas contrôler ses collaborateurs - qui ne révisent pas les textes qu'il lit, ou qui peut-être sont les auteurs de ces mêmes textes. L'autre sentiment, celui de la peur, provient de l'hypothèse que Bergoglio est parfaitement conscient de ce qu'il dit, et le dit sciemment.
Il n'existe, à mon avis, aucune alternative à ces hypothèses. Toutes deux, en fait, conduisent à la conclusion qu'une tentative très grave, dramatique, de manipulation de la vérité révélée est en cours, en gardant à l'esprit une unique question: on ne peut rien ajouter à cette Vérité, et encore moins spéculer sur elle. La manipulation, dans le cas qui nous occupe, se rapporte à la personne-Dogme: il est nécessaire de dé-diviniser Christ, pour en faire seulement un homme, capable de se tromper (de pécher) comme tous les hommes. Quand l'Église n'était pas conciliaire, on appelait cela une hérésie.
Dans les temps de l'Église pas encore conciliaire, Padre Pio de Pietrelcina écrivit une lettre à son père spirituel ("Padre Pio da Pietralcina-Epistolario I”, Lettera N°123, Pietrelcina 7 aprile 1913, pp.350-352, ed "Padre Pio da Pietrelcina", 2002), dans laquelle il disait, entre autres choses:
«Cher Père, vendredi matin, j'étais encore au lit, quand Jésus m'apparut. Il était tout meurtri et défiguré. Il m'a montré une multitude de prêtres réguliers et séculiers, dont plusieurs dignitaires ecclésiastiques; il y en avait qui célébraient, d'autres qui parlaient, d'autres qui ôtaient les vêtements sacrés. La visite de Jésus en détresse me procura beaucoup de douleur, et je voulais lui demander pourquoi il souffrait tant. Je n'eus aucune réponse. Cependant, son regard se posa sur les prêtres; mais peu après, presque horrifié, et comme s'il était fatigué de regarder, il détourna ses yeux et quand il les leva à nouveau vers moi, avec une grande horreur, je remarquai deux larmes qui coulaient sur ses joues. Il s'éloigna de cette foule de prêtres avec une grande expression de dégoût sur son visage, en criant: "Bouchers!"».
Aujourd'hui, le Pape revendique le fait qu'enfant, il voulait être boucher. Il l'a dit, le 31 Décembre, avant le Te Deum, au cours de l'audience aux Pueri Cantores:
«Je vais vous faire rire, mais je vous dis la vérité. Petit, je voulais être boucher. J'allais au marché, plus souvent avec ma grand-mère qu'avec ma mère, faire les courses. À cette époque, il n'y avait pas de supermarché, ou la télévision. Et j'aimais bien le comptoir du boucher. Le marché était sur la rue et il y avait des endroits pour vendre la viande, les légumes, le poisson. Un jour, à la maison, à table, on m'a demandé: qu'est-ce que tu voudrais faire, quand tu seras grand? Vous savez ce que j'ai répondu? Boucher! Parce que le boucher qui était sur le marché, prenait le couteau, découpait des morceaux, c'était un art, et cela me plaisait de le regarder».
Jésus, dans l'apparition à Padre Pio, utilise le mot boucher dans un sens péjoratif. Le Pape le revendique pour lui-même, pour nous faire rire ...
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NDT
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(1) Homélie à Sainte Marthe.
Curieusement (à moins, ce qui est le plus probable, qu'il ne s'agisse de prudente censure, voire d'embarras), le site du Vatican en donne une version totalement expurgée - de surcroît invoquant à dessein le saint Pape Jean-Paul II, qui aurait fait de même!!
Le Pape a ensuite donné voix « au silence de la Vierge au pied de la croix », à ce qui lui passait à l’esprit comme l’avait également fait — a-t-il rappelé — Jean-Paul II.