L’Eglise face au péril des idées du monde



Document exclusif: un lecteur écologue a longuement médité l'encyclique écologiste, "Laudato si'".. (17/1/2016)

>>> L'Encyclique: w2.vatican.va
>>> Mon dossier ici: benoit-et-moi.fr/2015-I/actualite/lencyclique-ecologique

>>> La version intégrale du document: laudato-si-def.pdf [894 KB]

 

Cela fera bientôt huit mois que la très annoncée encyclique écologiste du Pape François, Laudato si', a été publiée sous les applaudissements du monde (c'était le 24 mai 2015).
Huit mois, cela peut paraître long, mais c'est un temps de réflexion qui n'est pas excessif pour un texte que certains considèrent comme le plus important du Pontificat - au moins à ce jour: on y retrouve en tout cas tous les thèmes qui font que le Pape est adulé par les médias et les pouvoirs mondains, et toutes les absences qui justifient les inquiétudes des catholiques attachés à la doctrine
Un lecteur écologue (c'est ainsi qu'il m'a demandé de l'appeler, il ne souhaite pas voir son nom publié, pour des raisons évidentes et je respecte évidemment son souhait de confidentialité, que j'applique du reste à tous ceux dont je publie des textes) a lu et médité longuement l'encyclique avec un regard catholique.. Il a rassemblé ses impressions de perplexité, et même de peine - y voyant une résurgence inquiétante des thèses panthéistes de Theilhard de Chardin - dans un argumentaire que je propose à mes lecteurs en version "longue", au format PDF (laudato-si-def.pdf [894 KB] ), respectant la mise en page voulue par l'auteur.

A ma demande, il a écrit en préambule une présentation qui est aussi une sorte de version courte de son exposé:

Présentation


Je travaille dans l'écologie scientifique et ma plus grande joie est d'être catholique, mais j'ai beaucoup souffert en lisant l'encyclique. Au delà des erreurs scientifiques ou encouragements données à des ONG et courants contre la foi, il y a comme une volonté d'hybrider la foi catholique et le new-age.

J'ai relu des passages entiers, et chaque fois je mesure un peu plus la gravité de ce que je lis. Je crois vraiment que c'est un tournant majeur et tous les concerts de louange du monde en sont un bon indice.

Je retrouve les idées mortelles pour l'âme de Teilhard de Chardin, qui a voulu absolument un Dieu dilué dans l'univers mais qui prend corps en lui (l'univers) et un homme qui ne soit qu'un petit rien parmi d'autres. Citation parmi d'autres de cette théologie de la dilution de Dieu :

Maintenant, Seigneur, par la Consécration du Monde, la lueur et le parfum flottant dans l’Univers prennent pour moi corps et visage, en Vous. Ce qu’entrevoyait ma pensée hésitante, ce que réclamait mon cœur par un désir invraisemblable, vous me le donnez magnifiquement : que les créatures soient non seulement tellement solidaires entre elles, qu’aucune ne puisse exister sans toutes les autres pour l’entourer – mais qu’elles soient tellement suspendues à un même centre réel, qu’une véritable Vie, subie en commun, leur donne, en définitive, leur consistance et leur union. Faites éclater, mon Dieu, par l’audace de votre Révélation, la timidité d’une pensée puérile qui n’ose rien concevoir de plus vaste, ni de plus vivant au monde que la misérable perfection de notre organisme humain!
(
TdC)


Et ce projet, absolument panthéiste qui a plu tellement à tous (car finalement exit le Dieu personnel et tout Puissant), mis de côté par les saints et les théologiens résistants aux idées du monde, ressurgit dans une encyclique.
Quelle misère.
Heureusement, mais c'est un autre sujet, les avancées de la science (et pas seulement sur l'épigénétique), par des scientifiques athée en plus (mais reste t-il des scientifiques catholiques, heureux de leur foi ?) sont en train de faire voler en éclat les théories pan-évolutionnistes de Teilhard, il ne restera rien de son point oméga ... mais combien d'âmes auront été abimées avant ?

Une nouvelle théologie destructrice de la foi, avec des promoteurs en France, surgit sur les bases de Teilhard. Je n'ai pas le temps de développer, mais elle a sans aucun doute inspirée les passages suivants de l'encyclique:

« Le saint franciscain nous enseigne que toute créature porte en soi une structure proprement trinitaire »

(Je pressens combien Saint François a pleuré en lisant cela, et aussi en se voyant ramené à un "écolo" lui qui parle aussi de "notre sœur la mort" et finit son hymne sur l'importance de ne pas mourir en état de péché mortel).

« Les créatures tendent vers Dieu, et c’est le propre de tout être vivant de tendre à son tour vers autre chose, de telle manière qu’au sein de l’univers nous pouvons trouver d’innombrables relations constantes qui s’entrelacent secrètement. »

(Il y là une gnose qui ne se cache pas).

« Les créatures tendent vers Dieu, et c’est le propre de tout être vivant de tendre à son tour vers autre chose, de telle manière qu’au sein de l’univers nous pouvons trouver d’innombrables relations constantes qui s’entrelacent secrètement. »

(donc la salade aussi, et pourquoi les pauvres seulement ?)

« Cette même gratuité nous amène à aimer et à accepter le vent, le soleil ou les nuages, bien qu’ils ne se soumettent pas à notre contrôle. Voilà pourquoi nous pouvons parler d’une fraternité universelle.

(pas de fraternité avec la nature, nous n'avons pas de Père en commun, dans un cas Il est Créateur, dans l’autre cas Il nous a créé pour être Ses enfants !!)

« Ensemble, avec toutes les créatures, nous marchons sur cette terre en cherchant Dieu. »

(C'est contraire à toute la tradition de l'Eglise).

   « Le Père est l’ultime source de tout, fondement aimant et communicatif de tout ce qui existe. Le Fils, qui le reflète, et par qui tout a été créé, s’est uni à cette terre quand il a été formé dans le sein de Marie. »

(non, il ne s'est pas uni à la Terre, qu'Il a créé, mais à notre humanité défiguré par le péché qu'il a assumé jusqu'au bout dans son si bel amour)

Et ce passage infiniment grave :

«  La fin ultime des autres créatures, ce n’est pas nous. Mais elles avancent toutes, avec nous et par nous, jusqu’au terme commun qui est Dieu, dans une plénitude transcendante où le Christ ressuscité embrasse et illumine tout ; car l’être humain, doué d’intelligence et d’amour, attiré par la plénitude du Christ, est appelé à reconduire toutes les créatures à leur Créateur. »

Si, mille fois si, l'Eglise a toujours rappelé que Dieu avait créé le monde pour nous.

Et il y aurait tant à redire sur d'autres points, par exemple :
- Certains Sacrements (et la foi) sont relus comme justifiant l'écologie, comme si leur finalité était là;
- certaines citations des saints ou de l’Evangile sont tronquées, ce qui en change le sens;
- le catastrophisme, même le moins scientifique (et vraiment je connais mon sujet) est partout, le relativisme aussi (sauf pour l'écologie);

Le Saint-Père cite le sommet de Rio comme prophétique dans l'encyclique :


167. Il convient de mettre l’accent sur le Sommet planète Terre, réuni en 1992 à Rio de Janeiro. (...)  Même si ce Sommet a vraiment été innovateur et prophétique pour son époque, (...)


Oui certes, quand on sait le discours du secrétaire général à ce sommet appelant à remplacer le christianisme par une religion de la Terre, de la déesse Gaïa. Ses propos sont très clairs.

Citation du SG de l'ONU Boutros-Gali à Rio , 1992 (j’ai mis en caractères gras les passages les plus significatifs) dont la réalisation actuelle ne tient pas du don de prophétie mais de campagnes savamment orchestrées :

« Après avoir aimé son prochain, comme le lui demandait l’Évangile, l’homme d’après Rio doit aussi aimer le monde, y compris les fleurs, les oiseaux, les arbres, Au-delà et Au-dessus du contrat moral avec Dieu, au-delà et au-dessus du contrat social conclu avec les hommes, il faut maintenant conclure un contrat éthique et politique avec cette Terre même à qui nous devons notre existence.».


Et que dire de la préface de l’encyclique par Mgr Barbarin co-signée avec Nicolas Hulot, lui qui appelle au lobbying des consciences sur le réchauffement climatique ?

Bref, tout cela est bien dur, douloureux et surtout grave.

Mais avec l'Amour de l'Eglise notre Mère chevillé au corps, dans la Tradition catholique et à l’opposé des idées du monde, ayons l’espérance et la joie au cœur car tout est dans les mains de notre Seigneur.
J’aime beaucoup cette parole du Christ à la Vénérable Sœur Josefa Menendez : « Crois-tu que quelque chose arrive sans que Je le permette ? C'est Moi qui dispose de tout pour le bien de toutes les âmes et de chacune d'entre elles. Si obscure que te semble cette heure, ma Puissance la domine et mon Œuvre resplendira. »

Je finirai par un court extrait de la conclusion de cette si belle encyclique qu’est « Sauvés dans l’espérance », texte magnifique et si fortifiant (et pourtant étrangement peu mis en avant par rapport à une récente encyclique…), extrait où le Pape Benoit XVI confie notre chemin de confiance à la Sainte Vierge qui au pied de la Croix a porté la foi du monde :

« A partir de la croix, tu reçus une nouvelle mission. A partir de la Croix tu es devenue mère d’une manière nouvelle : mère de tous ceux qui veulent croire en ton Fils Jésus et le suivre. L’épée de douleur transperça ton cœur. L’espérance était-elle morte ? Le monde était-il resté définitivement sans lumière, la vie sans but ? (…) Non, près de la Croix, sur la base de la parole même de Jésus, tu étais devenue la mère des croyants. (…) Ainsi tu demeures au milieu des disciples comme leur Mère, comme Mère de l’espérance. Sainte Marie, Mère de Dieu, notre Mère, enseigne-nous à croire, à espérer, à aimer avec toi. Indique-nous le chemin vers son règne ! Etoile de la mer, brille sur nous et conduis-nous sur notre route ! »



Laudato si’: l’Eglise face au péril des idées du monde


Préambule 

Je commencerai en exprimant ma très grande gratitude à l’Eglise catholique dont je suis un enfant, comme tant d’autres. Que serais-je si je n’étais pas catholique ?! Et c’est bien pressé par l’amour de l’Eglise que j’écris ce texte. « L’Eglise n’est rien d’autre que le Christ lui-même » disait Sainte Catherine de Sienne. Ce grand Docteur de l’Eglise insistait aussi sur l’importance de l’obéissance au Pape. Dieu le Père lui révèlera même que : « Tous (tous les papes jusqu’au dernier jour du jugement) ont donc et auront la même autorité que Pierre, et aucune de leurs fautes n’amoindrira cette autorité, ni affaiblira la perfection du Sang ou des autres Sacrements » (Dialogue, 20, II).

Rien, absolument rien des interrogations, des profondes inquiétudes même, concernant certains passages de l’encyclique « Laudato si’ », que j’exprime ci-dessous, en tant que baptisé, secondairement comme professionnel dans le domaine de l’écologie, ne doit donc servir de prétexte à ne pas proclamer que l’Eglise est le Corps mystique du Christ, indispensable au salut de toute âme, et que le Pape en est le chef, par volonté divine. Rappelons également que dans tout document du magistère suprême ordinaire du Pontife romain, comme une encyclique, tout ce qui touche la foi et qui est déjà défini, est infaillible. Que Dieu me garde d’émettre ne serait-ce qu’une question sur ce qui, dans l’encyclique, relève de la Tradition de l’Eglise ! Pour les autres questions, développées ci-dessous, je confie mes interrogations, inquiétudes et même peines sur « Laudato si’ » à la foi et à la conscience de chacun, souhaitant et espérant de tout cœur les exprimer selon la doctrine de la « conscience droite qui oblige » de Saint Thomas d’Aquin (Questions disputées sur la Vérité, questions XV, XVI et XVII), conscience qui ne peut être droite qu’en pleine concorde avec l’Evangile et dans la Tradition de l’Eglise à laquelle je ferai donc toujours référence.

La suite ici: laudato-si-def.pdf [894 KB]