L'Avvenire est fan de Varoufakis


l'éphémère ministre grec des finances. Ou les sympathies altermondialistes du journal de la CEI… et du Pape, vues par Sandro Magister sur Settimo Cielo (2/4/2016)

 

Qui saute hors de l'œuf de Pâques d' "Avvenire"? Varoufakis


Settimo Cielo
1er avril 2016
Traduction d'Anna

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Une drôle de surprise est sortie ces jours-ci de l'œuf de Pâques d'Avvenire, le quotidien appartenant à la conférence épiscopale italienne. Son nom est Yanis Varoufakis, l'économiste controversé qui fut ministre des finances de la Grèce lorsque celle-ci était au bord du gouffre, et par la suite mis pratiquement au ban par l'Union Européenne et largué par son compagnon d'aventure lui-même, Alexis Tsipras.

Le 23 mars dernier, mercredi saint, Varoufakis a fait une halte à Rome pour présenter sa nouvelle créature: Diem25, où Diem signifie Democracy in Europe Movement et 2025 est l'année où l'objectif devrait être atteint, c'est à dire la démocratisation "vraie" du Vieux Continent (ndt: cf. www.lepoint.fr).

Parmi les sommités de l'ultra-gauche mondiale qui ont déjà adhéré à Diem25 il y a l'immanquable Noam Chomsky, le réalisateur Ken Loach et le leader espagnol de Podemos, Pablo Iglesias. Tandis qu'en Italie Antonio Ingroia et Toni Negri sont venus applaudir Varoufakis (ndt: en France, Arnaud Montebourg, un moment pressenti, semble n'avoir pas donné suite).

Mais "Avvenire" s'est rangé lui aussi parmi ses soutiens. Le lendemain, 24 mars, le journal de la CEI a publié une interview enthousiaste en pleine page, avec dans le titre ces mots de lui: "C'est une Europe qui n’a plus d'âme. Nous en sommes au dernier test de moralité".

[Dans le passage qui suit, Varoufakis justifie son appréciation d’Avvenire par l’interview, récemment publiée par le quotidien, d’Antonio Fazio (gouverneur de la banque d’Italie de 1993 à 2005, remplacé en 2006 par Mario Draghi , après des démêlés avec la justice) entre autre eurosceptique notoire; l'interview, dont Sandro Magister donne un aperçu et un commentaire, contenait un éloge appuyé à l’éphémère ministre des finances de la Grèce. ]


Mais pour revenir à Varoufakis, à sa créature Diem25 et à son idylle avec "Avvenire" au nom de l' "âme" et de la "moralité", on ne peut pas manquer de se souvenir de la forte affinité entre cet amour du quotidien de la CEI et la vision politique du pape François, lui aussi fasciné par ceux qu'on appelle des "mouvements populaires" et qui sont en définitive les "No Global", les "No Expo" (ndt: contre l’exposition universelle de Milan), les "No Tav" (contre le train à grande vitesse Lyon-Turin), les "No Triv" (contre les forages pétroliers), les "Occupy Wall Street", les "Indignados", les "Cocaleros", bref la multitude des rebelles à la domination du capital (*), en qui il a salué l'avant-garde d'une humanité nouvelle, lors de ses deux discours, le premier à Rome, le deuxième en Bolivie, et qui sont justement son manifeste politique (cf. www.chiesa: De Peron à Bergoglio. Avec le peuple contre la globalisation).

Il n'est pas exclu que Varoufakis puisse lui aussi figurer parmi les hôtes de marque au Vatican, après que Jeffrey Sachs ait été appelé à inspirer l'encyclique "Laudato si'" et Naomi Klein à la commenter.

Sur la même longueur d'ondes, quelques jours plus tôt, "Avvenire" avait résolument épousé la ligne des "No Triv" en vue du référendum qui se tiendra en Italie le 17 avril, en faveur ou contre la reconduction des concessions des plateformes d'extraction de gaz naturel dans la Mer Adriatique.

Le journal propriété de la CEI s'est prononcé contre les forages le 18 mars, le jour même où le conseil permanent de la CEI appelait plus prudemment les communautés chrétiennes italiennes à discuter de la chose sans parti pris.

Pour "Avvenire" la discussion était déjà close avant de commencer. Dans un éditorial en première page, et dès les toutes premières lignes, il faisait du "non" [au référendum] une conséquence des impératifs de "Laudato si'" et d’ "Evangelii gaudium", sans 'si' et sans 'mais' (cf. Forages en mer, la voix de l'Église).

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NDT:
(*) Ce sont les cousins germains de "nos" opposants à l'aéroport de Notre-Dame des Landes, et autres "ZADISTES" qui, indépendamment de la justesse (ou pas!) des causes qu'ils prétendent défendre, se signalent régulièrement par des actes de violence très encouragés par les médias