Le Pape, l'islam et Woody Allen


Quel rapport? Eh bien, on le trouve dans la très brève homélie prononcée par le Pape lors de la Messe de la Cène du Seigneur célébrée dans un centre de réfugiés (1er/4/2016)

 

La célébration du rite du lavement des pieds, que François a choisi cette année d'accomplir au centre de réfugiés de Castelnuovo di Porto, près de Rome (lavant les pieds entre autre à trois femmes et quatre non chrétiens - trois musulmans et un hindou), a totalement éclipsé sa signification. Un geste délibéré de rupture avec la tradition, où le Pape se met lui-même en scène, faisant passer au second plan Celui dont il n'est que le serviteur, derrière ce qu'on peut interpréter comme une énième trouvaille de communication.
La célébration a aussi éclipsé, particulièrement en France (où j'ai eu trop souvent l'occasion de dire que le débat est totalement absent!), l'homélie "informelle" qu'il a prononcée à cette occasion.
Chose curieuse, sur le site du Vatican, à la page des Célébrations de la Semaine Sainte, la messe de la Cène du Seigneur est, comme on peut le constater sur cette capture d'écran, privée de lien - du moins à ce jour.


Site du Vatican, capture d'écran, 1er/4/2016



Cela signifie-t-il que l'homélie ne fait pas partie du Magistère? Ou bien, ayant été à l'évidence improvisée, comme les célèbres prédications de Sainte Marthe, est-il trop difficile de la remettre sous forme écrite? Ou est-elle tout simplement "gênante"?

Par contre, à la rubrique "Homélies" de mars 2016, on trouve, en italien, la très brève transcription:
Tellement brève que le plus simple pour moi est de la traduire, plutôt que de la chercher dans l'un des sites plus ou moins officiels qui relaient scrupuleusement toutes les activités papales.

Les gestes parlent plus que les images et les mots.
Les gestes.
Il y a, dans cette Parole de Dieu que nous avons lue, deux gestes: Jésus qui sert, qui lave les pieds. Lui, qui il était la tête (il capo: signifie aussi: le chef, ndt), lave les pieds aux autres, aux plus petits. Le deuxième geste: Judas qui va chez les ennemis de Jésus, chez ceux qui ne veulent pas la paix avec Jésus, pour prendre l'argent avec lequel il l'a trahi, les 30 pièces.
Deux gestes. Aujourd'hui aussi , il y a deux gestes: le premier est celui de ce soir: nous tous, ensemble, musulmans, hindous, catholiques, coptes, évangéliques, mais frères, fils du même Dieu, qui voulons vivre en paix, intégrés. L'autre geste est celui d'il y a trois jours: un geste de guerre, de destruction dans une ville d'Europe, de gens qui ne veulent pas vivre en paix.
Mais derrière ce geste, comme derrière Judas, il y en avait d'autres. Derrière Judas, il y avait ceux qui ont donné l'argent pour que Jésus soit livré. Derrière ce geste d'il y a trois jours dans cette capitale européenne, il y a des fabricants, les trafiquants d'armes qui veulent le sang, pas la paix; qui veulent la guerre, pas la fraternité.

Deux gestes égaux: d'un côté, Jésus lave les pieds, tandis que Judas vend Jésus pour l'argent; et d'un [autre] côté, vous, nous, tous ensemble, différentes religions, différentes cultures, mais enfants du même Père, frères, tandis que ces pauvres gens achètent des armes pour détruire la fraternité.
Aujourd'hui, en ce moment, quand je ferai le geste même de Jésus en lavant les pieds de vous douze, nous faisons tous le geste de la fraternité, et tous nous disons: «Nous sommes divers, nous sommes différents, nous avons différentes cultures, différentes religions, mais nous sommes frères et nous voulons vivre en paix».
Et c'est le geste que je fais avec vous. Chacun de nous a une histoire derrière lui, chacun de vous a une histoire derrière lui: beaucoup de croix, beaucoup de douleurs, mais il a aussi un cœur ouvert qui veut la fraternité.
Que chacun, dans son langage religieux, prie le Seigneur pour que cette fraternité contamine le monde, pour qu'il n'y ait pas les 30 pièces pour tuer son frère, pour qu'il y ait toujours la fraternité et la bonté. Ainsi soit-il.


Beau discours pacifiste, en vérité, auquel un athée convaincu ne trouverait rien à redire. Mais sont-ce là des propos de Pape?
On retrouve un écho très évident du syncrétisme qui s'était déjà exprimé dans une fameuse video où le Pape nous confiait ses intentions de prières pour le mois de Janvier (Vers la religion mondiale? ), confondant à dessein "enfants de Dieu" (que l'on devient pas le baptême) et "créatures de Dieu" (que nous sommes effectivement tous):

«Beaucoup pensent différemment, sentent différemment, cherchent Dieu ou trouvent Dieu de différentes manières. Dans cette multitude, dans ce large éventail de religions, il y a une seule certitude pour nous: nous sommes tous des enfants de Dieu».


On observera par ailleurs qu'au prix d'une exégèse hasardeuse - sinon périlleuse! - de la Parole de l'Evangile (l'humilité ostentatoire en lieu et place de l'institution du sacerdoce), le Pape évite par tous les moyens de nommer explicitement les responsables des attentats de Bruxelles.

Une fois de plus, Antonio Socci trouvait les mots justes (et l'humour!), sur sa page Facebook:

25 mars 2016
www.facebook.com/Antonio-Socci-pagina-ufficiale

* * *

Pour ne pas parler d'islamisme, c'est-à-dire de l'idéologie de mort qui produit terroristes et massacres partout dans le monde, le pape Bergoglio a déclaré aujourd'hui: «Derrière les attaques terroristes à Bruxelles, il y a les fabricants, les trafiquants d'armes».
Et alors, à l'origine du massacre du 11 Septembre il y a des fabricants d'avions? Et derrière l'ISIS qui en Février 2015 a coupé la tête à 23 chrétiens égyptiens innocents, il y a l'industrie de l'acier qui ... fabrique les lames?
On reste stupéfait devant tant de superficialité (qui ne sert qu'à ne pas dire la vérité): LE PROBLÈME EST L'IDÉOLOGIE DE HAINE QUI ARME LES COEURS, PAS LES MOYENS MATÉRIELS QU'ON UTILISE, PARCE QU'ON TUE AUSSI AVEC LES MAINS NUES OU AVEC DES LOIS CRIMINELLES ET LES JUGEMENTS DE TRIBUNAUX QUI CONDAMNENT ASIA BIBI À MORT JUSTE PARCE QU'ELLE EST CHRÉTIENNE!

S'il n'y avait pas de quoi pleurer, car il y a tellement de victimes innocentes, je dirais que Bergoglio, pour ces sornettes, s'inspire d'une célèbre blague de Woody Allen:
«La psychanalyse est un mythe entretenu par l'industrie des divans».

Plus ou moins le même concept et la même profondeur de jugement.
Mais la tragédie, c'est que Bergoglio nest pas un comique. Il est Pape ...