Le Vatican à l'encan


Une nouvelle glaçante: dans une semaine, l'appartement des Papes à Castelgandolfo (tant aimé par Benoît XVI) sera ouvert au public... et l'inauguration se fera au son de la musique populaire chinoise, dont on se demande ce qu'elle vient faire là (16/10/2016)

>>> Cf.
François, tous azimuts

>>> A propos de Castelgandolfo:
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Nombreux articles sur ce site.
¤ En particulier, les splendides photos de Benoît XVI à Castelgandolfo, dans un calendrier édité par Famiglia Cristiana en 2006 (beatriceweb.eu/Blog06)
¤ Ici, mes photos et mon petit reportage à Castelgandolfo en août 2009, sur les traces du Saint-Père: benoit-et-moi.fr/2009-II


Quel manque d'humilité, de la part du Pape... humble!
Sans parler du caractère hautement (et sinistrement) symbolique de cette décision, le Vatican aurait-il besoin d'argent? Et le Pape, qui n'est que l'usufruiter de ce patrimoine a-t-il le droit d'en disposer selon son bon plaisir? Pire encore, en le faisant du vivant du Pape émérite, dont on sait qu'il était tellement attaché à cet endroit (il a peut-être été consulté, mais pouvait-il ne pas donner son accord?)?
Voici en tout cas ce qu'on peut lire sur cette dépêche de l'AFP qui sera reprise évidemment par tous les titres:

Le pape François a définitivement renoncé aux fastes de son palais d'été de Castel Gandolfo, à 25 km au sud-est de Rome, en ouvrant ses appartements privés aux touristes, a annoncé vendredi le Vatican.
Le pontife argentin, chantre de la simplicité, avait déjà boudé dès le début son somptueux appartement dans le palais pontifical du Vatican, préférant vivre dans un trois-pièces d'une résidence du petit Etat.


Les mensonges ont la vie dure....

Dans cet article de Paolo Rodari (qui fut un bon chroniqueur du Pontificat de Benoît XVI, mais qui a retourné sa veste depuis 2013, étant passé à La Repubblica!), derrière le ton "brochure touristique", on croit quand même percevoir une nuance de nostalgie, sinon de regret.

Castel Gandolfo, adieu: François renonce au 'buen retiro'


Résidence de vacances depuis quatre siècles, ce sera un musée. Aimé par Jean XXIII et Ratzinger, jamais utilisé par Bergoglio

Paolo Rodari
14 octobre 2016
www.repubblica.it
Ma traduction


François surprend encore. Trois ans et demi après la décision de renoncer à vivre dans l'appartement papal au troisième étage du palais apostolique, il ferme un autre Appartement. Celui de Castel Gandolfo, ultime refuge de Papa Ratzinger quand le 28 Février 2013, il quitta le Vatican en hélicoptère en attendant l'élection d'un successeur. A partir du 21 Octobre, en effet, l'appartement des Castelli, toujours disponible pour les papes depuis qu'au début du XVIIe Urbain VIII en fit sa résidence d'été, devient un musée. Le Vatican l'annexera aux autres pièces du bâtiment qui, depuis plus d'un an peuvent être visitées par les fidèles et les touristes.

François n'y a jamais séjourné. Les quelques jours de repos estival, il reste à Santa Marta.
Le mot-clé de son pontificat est: partage.
C'est ce qui se passe pour les salles des Castelli; inutiliséés depuis qu'il siège sur le trône de Pierre, elles doivent être ouvertes aux fidèles. Et c'est justement pour partager que le 21 Octobre l'inauguration du musée verra la représentation d'un chœur de musique folklorique chinoise. "La beauté nous unit" est le titre d'un spectacle qui s'insère dans la volonté du pape de construire des ponts, y compris culturels, avec la Chine, un pays de plus en plus au centre de l'attention de la diplomatie pontificale.

Nombreux sont les lieux privés de la résidence que François ouvre au public. Tout d'abord, la chambre à coucher. Une très belle chambre, avec des fenêtres tournées vers la mer [le lac? je ne sais pas si l'on a une vue jusqu'à la mer...], sans aucun doute l'endroit le plus privé de tout le palais.
Après le débarquement américain à Anzio en Janvier 44, les environs de Castel Gandolfo furent transformés en l'un des plus sanglants théâtres de bataille de la Seconde Guerre mondiale. La Chambre, comme d'autres salles du palais, fut réservée aux femmes enceintes, tant et si bien que sur le propre lit du Pontife sont nés durant ces mois quelque quarante enfants, qui furent ensuite appelés "enfants du pape". Juste à côté de la Chambre, il y a une petite chapelle privée où les papes ont pu se rendre pour prier dans la solitude. Ici, entre autre, se sont aussi agenouillés Benoît et François quelques jours après l'élection de ce dernier.

Un peu plus loin il y a la bibliothèque du Saint-Père et le Studiolo (cabinet de travail) où les papes se sont consacrés à l'écriture d'encycliques et à la préparation d'homélies. Deux salles réservées au secrétaire personnel et au secrétaire adjoint. Puis la salle des Suisses, ainsi nommée parce que c'est ici que montait le corps de garde armé qui, depuis 1506 prête service au pape. Il y a aussi une Salle du Consistoire, qui a rarement vu la présence de laïcs, car elle a généralement été utilisée pour les tâches qui lui donnent son nom, c'est-à-dire la réunion officielle du Collège des cardinaux en présence du pape.

A partir du 21 Octobre tout cela ne sera plus qu'un lointain souvenir. Au moins tant que François sera assis sur le trône pontifical.
Il est pas du tout évident, en tout cas, qu'on puisse revoir l'époque de Jean XXIII, qui aimait la résidence d'été parce que de là il pouvait parfois sortir sans rien dire à personne. On le retrouvait à pied dans les villages voisins, les collines ou la mer, mêlé aux gens. Ou celle de Jean-Paul II qui aimait à jouer à cache-cache avec les enfants des employés du Palais. Benoît XVI aussi aimait beaucoup le Castello: le soir, en été, on pouvait entendre les notes de son piano, notamment ses compositeurs préférés, Bach, Mozart, Beethoven. Tout comme Pie XI qui créa dans les Villas une ferme avec des cultures, un poulailler et des vaches laitières, qui encore aujourd'hui approvisionne quotidiennement de ses produits la Cité du Vatican.