Léon XIII et Jean-Paul II trahis


Rome sous influence: la conférence sur l'encyclique de JPII "Centesimus Annus", à laquelle assistait entre autre Bernie Sanders promeut la vision socialiste comme "modèle pour l'Eglise catholique et le monde du XXIe siècle" (18/4/2016)

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L'article qui suit est issu du site américain catholique conservateur "Catholic Things", sous la signature de son rédacteur en chef Robert Royal, et il a été repris et traduit en italien sur la Bussola d'aujourd'hui. J'ai traduit (c'était plus facile!) la version originale en anglais; les passages de Rerum Novarum sont la traduction française officielle du site du Vatican. De même pour le paragraphe extrait de Centesimus Annus.
Dans la conférence de presse en avion de retour de Lesbos, François avait répondu avec une dure ironie (quoique, paraît-il, avec un rire) à un journaliste qui l'interrogeait sur sa rencontre avec Bernie Sanders (logé quand même à Santa Marta!!).
Robert Royal ajoute une mise au point de dernière minute:

Bien que le porte-parole ait dit que cela ne se produirait pas, François a rencontré brièvement Sanders - chose étrange étant donné que nous sommes dans une saison d'élection âprement disputée - avant de s'envoler pour l'île grecque de Lesbos ce matin. Ils ont discuté de réfugiés et d'une «économie morale»

Une Rome sous le charme du socialisme démocratique?


Robert Royal
www.thecatholicthing.org
Samedi 16 avril 2016
Ma traduction

* * *

Un événement étrange se déroule au Vatican hier et aujourd'hui - étrange, même en ce temps étrange pour la papauté et l' Eglise. Le Conseil pontifical pour les sciences sociales organise une conférence "célébrant" - peut-être - le vingt-cinquième anniversaire de l'encyclique de Saint Jean-Paul II Centesismus Annus (1991). Dans ce riche texte, il passait en revue les 100 ans (d'où le titre) écoulés depuis que Léon XIII a inauguré la Doctrine Sociale de l'Eglise (DSE) "moderne" avec une grande encyclique, Rerum Novarum (1891). Mais JPII ne se contentait pas de regarder derrière lui; il regardait devant lui, analysant comment - après la chute du communisme - les nations du monde devraient faire usage de la liberté.
On aurait pu s'attendre à ce que le Conseil Pontifical invite des gens sur la même ligne que JPII, qui avait connu à la première personne le nazisme et le communisme (et les vices de l'absence de liberté). Au lieu de cela, ils ont organisé quelque chose de très regrettable - et peut-être de révélateur. Nos médias américains bourdonnent (buzz) parce que le candidat présidentiel et socialiste autoproclamé Bernie Sanders a été invité, ou selon certaines narrations, s'est invité lui-même. De toute façon, il s'est fait ouvrir une porte (dans un charmant accrochage, emblématique de ce qui se passe au Vatican ces jours-ci, Mgr Marcelo Sánchez Sorondo et Margaret S. Archer, qui dirigent le Conseil pontifical, se sont querellés sur la version des faits)

[Mise à jour de ce matin: bien que le porte-parole ait dit que cela ne se produirait pas, François a rencontré brièvement Sanders - chose étrange étant donné que nous sommes dans une saison d'élection âprement disputée - avant de s'envoler pour l'île grecque de Lesbos ce matin. Ils ont discuté de réfugiés et d'une «économie morale»]

Mais ce n'est que le début. Si on voulait inviter des personnalités politiques, il y a des gens comme l'électricien, leader de Solidarité, et plus tard président polonais Lech Walesa qui ont contribué à faire tomber le marxisme, en cette annus mirabilis 1989. Il est toujours en vie et - je peux en témoigner personnellement - bien en vie. Beaucoup de cette génération sont allés recevoir leur récompense éternelle; beaucoup d'autres auraient pu être présents, liens vivants vers une fière tradition vivante.
A la place, le Vatican a invité ce qu'on pourrait appeler des copains idéologiques - des gens de la même paroisse: Evo Morales, le président bolivien qui a donné à François le crucifix représentant le Christ sur une croix communiste en forme de marteau et faucille; le président équatorien Rafael Correa, un autre «démocrate socialiste», comme notre sénateur du Vermont.
Et Jeffrey Sachs, directeur de l'Institut de la Terre et fervent promoteur du contrôle de la population et de l'avortement.
Certains catholiques croient que ce qui s'approche le plus de la DSE parmi les partis politiques modernes est la sociale-démocratie. C'est une dangereuse erreur. Le socialisme en tant que tel est la cible de la DSE depuis Léon XIII.

La plupart des gens pensent que l'Eglise s'opposait au socialisme parce qu'elle était liée à l''Ancien Régime'. En réalité, Léon XIII avait soigneusement élaboré ses positions, qui puisaient en profondeur à la tradition du droit naturel:


Il y a plus, mais on voit bien la teneur générale. Le socialisme et les socialistes tendent à supplanter la famille, la propriété, et même l'autorité spirituelle à travers des appels malavisés à l'égalité, au collectivisme, et surtout au pouvoir d'Etat.

Mais qu'en est-il des incarnations les plus récentes du socialisme "démocratique"? Ont-elles surmonté ces inconvénients? Il faudrait examiner le programme complet d'un régime socialiste spécifique pour juger. Mais de façon générale, le socialisme a encore une foi aveugle en l'état, qui a pratiquement partout porté tort à la société civile, à la famille, à l'économie à la religion. Nous n'y faisons probablement pas beaucoup attention parce que nos propres démocraties prétendument non-socialistes font le même genre de choses.

[Dans Centesimus Annus], Jean-Paul II a cité des passages de Rerum Novarum comme ceux-ci, et il a ajouté des considérations personnelles:

«L'erreur fondamentale du "socialisme" est de caractère anthropologique. En effet, il considère l'individu comme un simple élément, une molécule de l'organisme social, de sorte que le bien de chacun est tout entier subordonné au fonctionnement du mécanisme économique et social, tandis que, par ailleurs, il estime que ce même bien de l'individu peut être atteint hors de tout choix autonome de sa part, hors de sa seule et exclusive décision responsable devant le bien ou le mal» [13]

Léon XIII et JPII étaient également critiques, mais pas systématiquement, envers le "libéralisme" et le "capitalisme", en particulier quand ils ne tiennent pas compte des valeurs morales et spirituelles. Certains des universitaires parlant à la conférence de ce week-end - Rocco Buttiglione (un proche collaborateur de Wojtyla) et Russell Hittinger en particulier - sont de fidèles interprètes de la vision de JPII.

Mais le monde ne remarque pas beaucoup les universitaires. Il prend ses repères des leaders et des célébrités.
Le programme de la conférence parle beaucoup d'un "monde changé" depuis 1991, et semble oublier la tradition catholique et l'histoire récente. Ce que beaucoup retiendront de cet événement, c'est que les socialistes américains - du nord et du sud - ont été invités à repenser le témoignage social et le succès pratique de l'Eglise contre un système maléfique qui a tué 100 millions de personnes et plus.
Et que sa vision de la politique, de l'économie, ainsi que de l'environnement et du développement, est le modèle pour l'Eglise catholique et le monde du XXIe siècle.