Les électeurs repentis (du oui au Brexit)



Paolo Deotto (Riscossa Cristiana) dénonce les manipulations de la presse du système. Il parle de son pays. Mais n'entend-on pas comme un écho de nos propres médias? (26/6/2016)

J'avais fait à peu près les mêmes constatations ici: Le Brexit vu de France: Apocalypse now!

 

Royaume-Uni, tous nos vœux!


Paolo Deotto
www.riscossacristiana.it/uk-auguri-di-paolo-deotto/
25 juin 2016
Ma traduction

* * *

Sortir du lupanar UE est une étape positive, mais le Royaume-Uni saura-t-il retrouver une âme? Cameron se comporte comme un gentleman, tandis que notre presse s'égare. La perfide trouvaille de "Repubblica".



Et les Britanniques l'ont fait (...)
Les Britanniques ont montré qu'on pouvait faire un référendum sans fraude (qu'on pense par exemple à ce qui est arrivé récemment en Autriche ...) et ont décidé de quitter le monstre UE.
Ne tombons pas dans les illusions qui ont prospéré après la chute du mur de Berlin (9 novembre 1989) et l'effondrement consécutif du château de cartes de l'empire communiste. A l'époque, nous avions eu l'illusion que, mort un monstre comme le communisme, Dieu sait quelle ère de félicité allait s'ouvrir. Et au contraire le frère jumeau du communisme, le libéralisme, a poursuivi l'œuvre de démolition dont tous, aujourd'hui, nous "récoltons" les fruits.
Les Britanniques ont juste fait une opération d'ablation d'une tumeur, mais à présent, il est à espérer qu'ils sauront faire la longue et pénible chimiothérapie, sans laquelle le cancer récidivera.
(...)

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, c'est le moment du chœur de douleur de la presse de régime. Jetez un coup d'œil aux différents journaux et vous découvrirez des fleuves en crue de l'angoisse alimentés par «la réaction des marchés». Eh oui, «les marchés», le nouveau Monstre Sacré qui règit tout dans son absolue indiscutable et totale perfection. Les mêmes «marchés» qui pariaient au contraire sur le cadavre de la pauvre Joe Cox, tuée avec un incroyable timing par l'habituel déséquilibré surgi au bon moment.

Mais ceux qui ont organisé le plan maléfique ont mal calculé leur coup.

Le chœur des pleureuses a désormais un but précis: construire des scénarios apocalyptiques, parce que la sortie du Royaume-Uni de l'UE pourrait créer un «effet dominos», avec des résultats dévastateurs pour la clique des banquiers et autres scélérats qui ont voulu cette UE et la dominent.

Chœur unanime, donc: "citoyens européens, pensez à ces catastrophes au devant desquelles la Grande-Bretagne se dirige! Ne voyez-vous pas que les marchés sont déjà sens dessus dessous? Raisonnez, soyez disciplinés, laissez-vous indéfiniment corrompre et affamer, nous nous en occupons!"
(...)

Dans le chœur douloureux mais lourd d'avertissement, une fois de plus la Reppublica se démarque. En effet, si d'autres feuilles de régime se limitent à suivre fidèlement le bla-bla préfabriqué, la nouvelle bible scalfarienne fait quelque chose de beaucoup plus raffiné. Si vous cliquez ici, vous pouvez entendre quelques interviews vidéo d'"électeurs repentis" qui réalisent seulement maintenant la terrible erreur qu'ils ont faite.

Le message est clair, non? Selon une technique soixanthuitarde, on prend les opinions de quelques-uns (en admettant qu'elles sont toutes authentiques et non pas construites ad hoc) et on les présente comme les points de vue "des électeurs" qui, manifestement, avaient voté en proie au délire, peut-être sous l'emprise d'hallucinogènes, ou peut-être simplement parce qu'ils étaient idiots. Maintenant, le cœur brisé, après une bonne nuit de sommeil, ils se réveillent et se repentent. Mais il est trop tard!

Message final: "italiens, si vous étiez appelés à un choix semblable, méditez sur l'amer repentir de l'électorat britannique".

Il s'agit vraiment d'une technique raffinée: puisque la «ruine» résultant d'une sortie de l'UE reste entièrement à démontrer, on déplace le tir sur l'aspect personnel: vous ne voudriez pas vous aussi jouer le rôle de l'idiot tardivement repenti!

Quoi qu'il en soit, un résultat a été atteint, et de cela nous devons être reconnaissants aux Britanniques: il a été démontré, avec les faits, que du lupanar UE, on peut sortir. Il suffit de le vouloir. Et maintenant, espérons que d'autres pays sauront comment tirer parti de l'expérience anglaise.

Mais à tous, et aux Britanniques d'abord, en plus des félicitations, nous nous permettons aussi de rappeler ceci: la sortie de l'UE n'est pas la réalisation de l'objectif final, mais seulement la réalisation d'une étape, nécessaire pour retrouver l'âme de l'Europe, l'âme chrétienne qui a construit la civilisation européenne (cf. Benoît XVI: Une Europe à refonder ) depuis des siècles phare du monde.
Sans cela, le Brexit sera une victoire à la Pyrrhus.