Mgr Gänswein et la prophétie des Papes


Dans une nouvelle interview avec le journaliste allemand Paul Badde, il répond entre autre à une question sur la prophétie de Malachie qui voit en François le dernier Pape (27/6/2016)


« C’est un fait, quand on parcourt les prophéties et que l’on considère à quels papes elles se sont appliquées dans l’Histoire – toujours, on a pu trouver un rapport satisfaisant – cela m’effraie quelque peu. Seulement, cela ne fait pas partie de la révélation et donc on n’est pas forcément tenu de l’accepter. Toutefois si on laisse parler un peu l’expérience historique, on doit dire : oui, il y a là un appel. »


La version en anglais de cet article, sur CNA m'a été signalée par un lecteur. J'ai trouvé la version originale en allemand (qui apparemment ne dit rien de plus) qu'Isabelle a traduite. Il semble qu'en fait l'article soit un résumé d'un entretien vidéo paru ou à paraître sur le site de CNA en langue allemande.

A propos de la prophétie de Malachie, mon lecteur me signale une vraie curiosité. C'est un article publié sur Golias (!!) le 12 mars 2013, signé de Romano Libero (co-auteur avec Christian Terras d'un livre de circonstance paru en juillet 2005, intitulé "Le Pape Ratzinger, l'héritier intransigeant").
Et voici ce qu'il écrivait - parmi d’autres propos un peu moins perspicaces:

(...) dans les coulisses du Conclave, c’est une variante de la prophétie de Malachie qui suscite bien des commentaires. Il ne serait pas indiqué en fait que le 112e Pape de la liste (266e depuis le début de l’Eglise) serait Petrus Romanus qui serait en réalité le 113e ! Il y aurait donc un pape intercalaire avant celui de la fin du monde ! Le conclave qui s’ouvre n’élirait donc pas le dernier mais l’avant-dernier. Or les quelques mots des prophéties de Malachie le concernant auraient été perçus. Il ne subsisterait plus, ici ou là, que deux mots « caput nigrum ». Tête noire.
(...)
Rien ne prouve que le « nigrum » (noir) de la prophétie se rattachât à la couleur de la peau du nouveau pontife. On peut raisonnablement forger deux autres hypothèses.
Selon la première, le titre de « noir » ferait songer au Pape noir, en l’occurrence le Maître Général des Jésuites. En fait, il faudrait donc y voir l’élection d’un Pape jésuite. Et curieusement, depuis deux ans, l’hypothèse d’un recours en cas de blocage du Conclave, incapable de doter l’Eglise d’un pape « jeune » à un grand ancien comme le cardinal Jorge Maria Bergoglio, 77 ans, archevêque de Buenos Aires qui est...jésuite revient sur le devant de la scène.
(...)



Pas mal vu...

Le secrétaire du Pape émérite répond aussi à une question sur sa bombe du 21 mai, lors de la présentation du livre "Oltre la crisi". Des propos qui ont fait eux-mêmes l'objet d'une question de la journaliste argentine Elisabetta Pique du journal la Nacion, biographe de François, lors de la conférence de presse dans l'avion de retour d'Arménie. Jean-Marie Guénois en donnait ce matin le contenu (L'effet d'altitude a encore frappé! (II)), mais il vaut peut-être mieux regarder la vidéo de KTO, en vo sous-titrée ( curseur à 13’23’’ : youtu.be/w0IHpDrqMBY?t=13m23s ).
A la question "Mgr Gänswein a parlé d'un ministère pétrinien élargi, avec un pape actif et un pape contemplatif. Quelle est votre réaction?", il commence par répondre "Je n'ai pas lu ces déclarations, je n'ai pas le temps de lire ces choses". Mais ses attitudes, ses gestes, son insistance à dire qu'il n'y a qu'un seul Pape, et que Benoît XVI a tenu sa parole d'obéir à son successeur, en disent long sur son agacement...

Comment le pape Benoît voit-il aujourd’hui sa renonciation:
une interview avec Mgr Gänswein

de.catholicnewsagency.com
Traduction d'Isabelle

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Cité du Vatican, 25 juin 2016 (CNA Deutsch). -- Quelle est, aujourd’hui, la position du pape Benoît à l’égard de sa décision de se retirer ? Quel regard l’archevêque Gänswein porte-t-il sur les réactions à ses déclarations sur un « pontificat élargi » ? Qu’en est-il de la prophétie de Malachie ? Et encore : depuis les propos de François sur « l’odeur du troupeau » que devraient avoir les pasteurs, y a-t-il des prélats qui n’utilisent plus d’after-shave ?

Les réponses à ces questions et à beaucoup d’autres se trouvent dans l’interview que Paul Badde, correspondant à Rome de EWTN et collaborateur de CNA, a faite du préfet de la maison pontificale.


« LA NATURE A PARLÉ »
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Tout a commencé en ce fatidique 11 février 2013 : ce jour-là, au matin, le pape Benoît a fait connaître sa décision de renoncer au ministère. Qu’a donc pensé l’archevêque Gänswein lorsque, le soir de ce même jour, un violent éclair frappa la coupole de Saint-Pierre ?
Il a, raconte-t-il, entendu l’orage dans la soirée mais n’a pas vu l’éclair, qu’il n’a découvert qu’après, sur les photos. « L’impression était qu’un signe était venu d’en-haut, une réaction ». Le pape Benoît lui aussi, qui unit une présence étrange à une douceur désarmante, n’aurait perçu que le fracas : « Le son, pas le spectacle ». Quand Mgr Gänswein, quelques jours plus tard, lui en a montré des images, Benoît a demandé si cela s’était réellement passé ou si c’était un montage digital…mais la nature avait parlé.


CE QUE PENSE AUJOURD’HUI LE PAPE BENOÎT DE SA DÉCISION DE SE RETIRER
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L’archevêque Gänswein exprime avec franchise la douleur qu’il a personnellement ressentie lorsque le pape a quitté sa charge et la maison pontificale.
« J’ai dû vraiment donner libre cours à mes larmes », admet-il. Et le préfet de la maison pontificale d’ajouter : « Depuis lors, trois années sont passées, au cours desquelles il y eut beaucoup de réflexion, de réflexion personnelle aussi ».
« Et je vois qu’avec le pas qu’il a franchi, le pape Benoît est non seulement toujours vivant, mais qu’il vit totalement en paix, et que, - comme cela fut toujours le cas et peut-être plus que jamais -, il est et demeure convaincu que ce pas était le bon. Cela aussi m’a aidé à renoncer, en mon for intérieur, à mes résistances initiales et aussi à accepter simplement, ce que le pape Benoît a vu après de longs moments de lutte et de prière, reconnu comme juste et puis décidé. » Ce qui procure assurément au pape Benoît, depuis sa renonciation, le plus de joie, c’est le temps disponible pour la prière, la réflexion, la lecture - et aussi la rencontre avec les gens. Il s’est lui-même donné un programme de vie monastique, confirme à EWDN le secrétaire du pape émérite.


UN PONTIFICAT « ÉLARGI » À DEUX PAPES ?
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Il y a au Vatican, dit Paul Badde, des cardinaux « qui sont consternés lorsqu’ils entendent qu’il y a, pour l’instant, dans l’Eglise catholique, deux successeurs de Pierre vivants. Vous avez parlé, voici peu de temps, d’un élargissement du ministère pétrinien, que Benoît a introduit dans l’Eglise avec sa renonciation. Pouvez-vous expliquer cela plus précisément ?
« A plusieurs réactions, j’ai bien vu que l’on m’attribue des propos que je n’ai pas tenus. Bien évidemment, le pape François est le pape légitimement élu et légitime. En ce sens, il n’y a pas deux papes, -un légitime et un illégitime- ; cela n’est pas vrai. J’ai dit, et c’est aussi ce qu’a dit le pape Benoît, qu’il est encore là, dans l’offrande et dans la prière, dans l’enceinte de Saint-Pierre. » Cela doit porter des fruits spirituels, et c’est là ce que j’ai voulu dire, insiste Mgr Gänswein.
Pour le prélat, il ne peut être question de difficultés ou de concurrence. « Il faut utiliser le bon sens, la foi et un peu de théologie. Alors, on n’a aucune difficulté à comprendre correctement ce que j’ai dit. »


« L’ODEUR DU TROUPEAU » AU LIEU DE L’AFTER-SHAVE ?
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En se référant à la demande du pape François : « Les bergers doivent prendre l’odeur du troupeau », Paul Badde pose la question : « Les évêques ont-ils changé ou bien se content-ils de renoncer à l’after-shave ? «
« Sur le plan extérieur, il y a déjà toute une série de changements », répond l’archevêque Gänswein. Il ne peut évaluer, si, de ce fait, le for intérieur a changé aussi. Il peut seulement espérer, dit-il, qu’aux changements extérieurs correspond aussi un changement intérieur.


« LES PROPHÉTIES DE MALACHIE »
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Paul Badde évoque encore une histoire qui, ces derniers temps, circule à nouveau dans beaucoup de cercles ecclésiaux. « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre l’Eglise, fondée sur Pierre, lit-on chez Matthieu. Comment vous sentez-vous, lorsque vous lisez, dans les prophéties de Malachie, attribuées à saint Philippe Néri, que la série des papes à venir se termine avec le pape François ? »
« C’est un fait, quand on parcourt les prophéties et que l’on considère à quels papes elles se sont appliquées dans l’Histoire – toujours, on a pu trouver un rapport satisfaisant – cela m’effraie quelque peu. Seulement, continue-t-il, cela ne fait pas partie de la révélation et donc on n’est pas forcément tenu de l’accepter . Toutefois : « Si on laisse parler un peu l’expérience historique, on doit dire : oui, il y a là un appel. »