Miséricorde et punition divine


Après le lynchage dont le P. Cavalcoli a été la cible, à cause de ses propos sur les récents séismes en Italie, Roberto de Mattei cherche à lire les signes, et l'"accusé" s'explique - mais ne s'excuse pas (6/11/2016)

>>> Cf.
Avertissement aux dissidents potentiels



Les tremblements de terre et la punition divine



Roberto de Mattei
www.corrispondenzaromana.it
Ma traduction

* * *

Depuis le 24 Août de cette année , l'Italie a été frappée par une série de violentes secousses sismiques, qui, deux mois après, se poursuivent sans relâche. Les tremblements de terre, selon les sismologues, ont été des milliers, d'intensités et de magnitudes variées. À ce jour, ils ont provoqué un nombre limité de victimes, mais de graves dommages à des églises et des bâtiments publics et privés, et privé de leurs biens et leurs maisons des dizaines de milliers d'Italiens.

La secousse du 30 Octobre, la plus grave depuis celle du 24 Août, a été ressentie dans toute l'Italie, de Bari à Bolzano et a trouvé son symbole dans l'effondrement de la cathédrale de Norcia. La nouvelle de la destruction de la basilique a fait le tour du monde. De l'église construite sur le lieu de naissance de saint Benoît, il ne reste qu'une fragile façade. Tout le reste a disparu dans un nuage de poussière. De nombreux médias, comme la chaîne américaine CNN, ont souligné le caractère symbolique de l'événement, choisissant l'image de la cathédrale effondrée pour la page d'accueil de leurs sites Web.

Autrefois que les hommes étaient capables de lire les messages de Dieu dans tous les événements qui échappaient à leur volonté. Tout ce qui se passe, en effet, a une signification, exprimée par le langage du symbole. Le symbole n'est pas une représentation conventionnelle, mais elle est l'expression la plus profonde de l'essence des choses.

Le rationalisme moderne, de Descartes à Hegel, de Marx au néo-scientisme, a voulu rationaliser la nature, en substituant à la vérité du symbole, l'interprétation purement quantitative de la nature. Le rationalisme aujourd'hui est en crise, mais la culture post-moderne qui s'abreuve à ses sources intellectuelles, du nominalisme à l'évolutionisme, a créé un nouveau système de symboliques, qui à la différence des anciens, ne se réfère pas à la réalité, mais la déforme comme dans un jeu de miroirs. Le code symbolique qui s'exprime dans toutes les formes de la communication post-moderne, des tweets aux talk-show a pour but de créer des émotions et de susciter des sentiments, en refusant de saisir la raison profonde des choses

La cathédrale de Norcia, par exemple, est un symbole d'art, de culture, de foi. Sa destruction évoque, pour les médias la perte du patrimoine artistique de l'Italie centrale, mais ne peut pas être l'image de l'effondrement de la foi ou des valeurs fondamentales de la civilisation chrétienne.

Et puis le tremblement de terre, bien qu'il soit utilisé dans le langage courant pour indiquer des bouleversements culturels et sociaux, ne peut jamais renvoyer à une intervention divine, parce que Dieu ne peut être présenté que comme miséricordieux, jamais comme juste.

Quiconque parle de «punition divine», encourt immédiatement la diffamation médiatique, comme cela est arrivé au Père Giovanni Cavalcoli, dont les paroles sur Radio Maria ont été qualifiées d'«offensantes pour les croyants et de scandaleuses pour les non-croyants» par le substitut à la Secrétairerie d'État, Mgr Angelo Becci .

Mais si scandale il y a, c'est précisément celui provoqué par la prise de position du prélat vatican qui témoigne ignorer la théologie catholique et l'enseignement des papes, comme Benoît XVI , qui dans l'audience du 18 mai 2011, parlant de la prière d'intercession d'Abraham pour Sodome et Gomorrhe, les deux villes bibliques punies par Dieu à cause de leurs péchés, dit:

Le Seigneur était disposé à pardonner, il souhaitait le faire, mais les villes étaient enfermées dans un mal totalisant et paralysant, sans même un petit nombre d'innocents desquels partir pour transformer le mal en bien. Parce que c'est précisément ce chemin du salut que demandait lui aussi Abraham: être sauvés ne signifie pas simplement échapper à la punition, mais être libérés du mal qui nous habite. Ce n'est pas le châtiment qu'il faut éliminer, mais le péché, ce refus de Dieu et de l'amour qui porte déjà en lui-même le châtiment. Le prophète Jérémie dira au peuple rebelle: «Que ta méchanceté te châtie et que tes infidélités te punissent! Comprends et vois comme il est mauvais et amer d'abandonner Yahvé ton Dieu» (Jr 2, 19). C'est de cette tristesse et de cette amertume que le Seigneur veut sauver l'homme en le libérant du péché.


Comment oublier qu'entre Août et Septembre 2016, les premières unions civiles ont été célébrés en Italie?
«Nous allons tout reconstruire», a déclaré le Premier ministre italien Matteo Renzi .

Maisle 23 Juillet, 2016, le même Renzi a apposé sa signature au décret d'application de la loi n. 76/2016, ou loi Cirinnà, qui légalise le mariage homosexuel en Italie. Cette loi est un tremblement de terre moral, car elle abat les murs de la loi divine naturelle. Comment imaginer que cette loi funeste est sans conséquence? Quiconque ne renonce pas au bon sens s'en rend immédiatement compte. Aujourd'hui, l'homme se rebelle contre Dieu et la nature se rebelle contre l'homme. Ou plutôt, l'homme se rebelle contre la loi naturelle, qui a son fondement en Dieu, et le désordre de la nature explose.

La loi Cirinnà ne détruit pas les maisons, mais l'institution de la famille, produisant une dévastation morale et sociale non moins grave que la dévastation matérielle du tremblement de terre. Qui peut nous refuser le droit de penser que le trouble de la nature est permis par Dieu comme conséquence de la négation de l'ordre naturel mise en œuvre par les classes dirigeantes de l'Occident? Et puisque les symboles tolèrent différentes lectures, comment donner tort à ceux qui voient dans la façade d'une cathédrale, le symbole de ce qui aujourd'hui, sous l'aspect humain, semble rester de l'Eglise catholique: un tas de gravats? Les déclarations de Mg. Becciu, l' un des plus proches collaborateurs de François, sont l'expression d'un monde ecclésiastique en ruines qui attire sur lui-même d' autres ruines.

De la promulgation d'Amoris Laetitia aux honneurs rendus à Luther à Lund, François n'a certes pas aidé à ramener l'ordre dans ce monde disloqué.

Le pape a répété qu'il ne faut pas construire des murs, mais qu'il faut les abattre: eh bien, les murs s'écroulent, mais avec eux s'écroulent la foi et la morale catholique, s'écroule la civilisation chrétienne, qui à Norcia, patrie de saint Benoît, a son berceau symbolique.

Et pourtant, si la cathédrale est en morceaux, au milieu de la place, à l'extérieur, la statue de saint Benoît est restée debout. Autour de cette statue, s'est réuni un groupe de moines, religieuses et laïcs, récitant le chapelet. Cela aussi est un message symbolique qui nous parle de la seule reconstruction possible: celle qui se fait à genoux, en priant.

Pourtant à côté de la prière, il faut l'action, la lutte, le témoignage public de notre foi dans l'Église et la civilisation chrétienne qui ressuscitera des décombres. Notre-Dame de Fatima l'a promis. Mais avant le triomphe du Cœur Immaculé, la Sainte Vierge a également prévu un châtiment planétaire pour l'humanité impénitente. Nous devons avoir le courage de le rappeler.

(Roberto de Mattei)

Le Père Cavalcoli s'explique


Bruno Volpe
www.lafedequotidiana.it
Ma traduction

* * *

Le Père Cavalcoli s'explique: «Le tremblement de terre n'est pas liéà la loi sur les unions civiles, mais ...»


«Je confirme tout ce que j'ai dit à propos du tremblement de terre. M'excuser? Et de quoi? Ceux qui devraient plutôt rectifier et demander pardon, ce sont ceux qui ont réévalué l'hérétique Luther».
Ce sont les mots du théologien dominicain Giovanni Cavalcoli, qui a fini dans l'oeil du cyclone pour ses déclarations à Radio Maria sur le tremblement de terre et au sujet de la punition divine. Des déclarations qui ont provoqué l' «excommunication» vaticane de la Secrétairerie d'Etat.

* * *

- Père Cavalcoli, du repentir?

«Non. Ils ont été nombreux à se déchaîner contre moi, y compris des journalistes, et cela montre la force de la désinformation et le manque de connaissance de la théologie, de la doctrine, et du Catéchisme. Nous sommes arrivés au point que celui qui parle en respectant ces catégories déclenche l'indignation, et les clameurs. Un indice d'une Eglise dans la confusion».

- Dieu envoie-t-il, oui ou non, des châtiments?

« Le Catéchisme, l'Ecriture et la Doctrine sont clairs et personne n'est autorisé à les modifier. Dieu envoie les châtiments et le tremblement de terre en est un devant nos péchés, comme chaque catastrophe. Dieu châtie quand l'homme pèche et ne se repent pas. Le châtiment de Dieu est une réponse à l'action de l'homme. Je donne un exemple. Si je bois dix litres de liqueur et si je meurs après, je l'ai cherché et ceci est mon châtiment. La Sainte Écriture est pleine de châtiments de Dieu».

- Vous avez parlé de l'union civile ...

« J'ai été mal compris ou peut-être que je me suis mal exprimé. Je ne parlais pas de la loi au sens strict, mais de certains vices et conduites pécheresses et désordonnées comme la sodomie. Dieu envoie le châtiment à celui qui pèche en étant conscient de ce qu'il fait, en sachant qu'il va délibérément contre la loi de Dieu».

- La Secrétairerie d'État s'est insurgée ..

« J'y ai travaillé. Aujourd'hui, je vois avec amertume que tout a changé. Et qu'elle est aussi en proie à l'infiltration maçonnique».

- Ils qualifient votre raisonnement de païen ...

« Les vrais païens sont ceux qui m'attaquent. Je pense qu'il s'agit d'une manœuvre maçonnique contre Radio Maria qui agace et qui est probablement menacée. Satan est entré dans l'Église depuis un certain temps et dans le Vatican lui-même. Le pape n'est pas hérétique, mais il s'entoure de faux amis et de mauvais conseillers comme Kasper, Ravasi, Bianchi, Ronchi et Cantalamessa ".

- Vous rectifiez, ou vous vous excusez...?

« Je n'y pense même pas et je confirme tout ce que j'ai dit. Si quelqu'un devait présenter des excuses aux catholiques, ce sont ceux qui ont récemment réévalué Luther - qui a fait de bonnes choses, mais est un hérétique -, créant la confusion. Je suis un dominicain sérieux et à la colonne vertébrale droite, pas un lèche-bottes».

- Et si Radio Maria vous renvoyait dédinitivement?

«Je me ferais une raison, mais je ne pense pas. Je ne modifie pas l'orthodoxie. Ce qui se passe ici, c'est que se répandent un "buonisme" et un "miséricordismo rampants, et qu'on néglige la justice. Dommage. Dieu est infiniment bon, mais il nous demande de nous repentir et sait punir si nous ne le faisons pas. La miséricorde à jet continu dont nous parlons est une tromperie d'empreinte luthérienne. Je ne pense pas qu'ils m'ttaqueront à nouveau ou m'écarteront. J'ai les épaules larges et je pense qu'ils y réfléchiront avant de le faire».