Nouvelles et inquiétantes perles bergogliennes


Jeudi dernier 16 juin, le Pape s'exprimait en roue libre en ouverture du Congrès ecclésial du diocèse de Rome. Il y a multiplié les propos choquants -affirmant en particulier que "la grande majorité de nos mariages sont nuls". Antonio Socci les a passés au crible (19/6/2016)

>>> Voir ici le compte-rendu de l'envoyé de La Croix: www.la-croix.com/Religion/Pape/Aux-yeux-du-pape-la-grande-majorite-des-mariages-sont-nuls

>>> La transcription officielle sur le site du Vatican (pour le moment seulement en italien): w2.vatican.va
Et la vidéo, qui permet de contrôler les propos du Pape : www.youtube.com/watch?v=jQ5h2efV0a4 (ceux sur "Jésus fait un peu l'idiot" sont vers 1 h 6')

Le Pape Bergoglio: "Jésus fait un peu l'idiot".
Une expression, parmi beaucoup d'autres inouïes et gravissimes prononcées jeudi dernier.


www.antoniosocci.com
19 juin 2016
Ma traduction

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Il est extraordinaire - pour un pape - de confondre le diable (au double visage) avec Jésus. C'est arrivé jeudi quand Bergoglio a évoqué de façon erronée un chapiteau de la cathédrale du Vézelay: un "échange de personnes" emblématiques de ce pontificat, bien que probablement dû à quelque ghostwriter superficiel.
En revanche, le fait de les confondre (Jésus et le diable), et même d'envisager que Judas soit sauvé (sans s'en s'être repenti) donnant à comprendre que même lui n'a pas fini en enfer, est bel et bien de son cru.
On ne sait pas si ce pape croit à l'enfer, mais - à l'entendre - s'il existe, il semble que les seuls à y aller sont ceux qui sont opposés à l'immigration de masse, ceux qui utilisent des climatiseurs ou des gobelets en plastique et les chrétiens qui suivent l'Evangile à la lettre.

En tout cas, dans ce même discours jeudi soir au Congrès ecclésial de Rome, Bergoglio ne s'est pas limité à ces énormités sur le chapiteau du Vezelay.
De sa propre initiative, il a également enfilé une incroyable série d'autres "perles" à la limite du blasphème: Jésus qui, dans l'épisode de la femme adultère «fait un peu l'idiot» ("fa un po' lo scemo") expression inouïe que le site du Vatican a changé en «fait celui qui n'a pas compris», mais il y a l'enregistrement ...) et ensuite Jésus qui - dans le même épisode où la femme est sauvée de la lapidation - «a manqué envers la morale» (textuel également). Et même, que Jésus n'était pas un «propre» (pulito) (il a utilisé précisément cette expression) donnant à entendre on ne sait quoi (mieux vaut ne même pas se poser cette question).
Finalement Bergoglio a été jusqu'à affirmer que «la grande majorité de nos mariages sacramentels sont nuls» (cvontraignant le père Lombardi à expliquer ensuite que, sur le site du Vatican, le texte a été corrigé: «une partie de nos mariages»).

Et toujours le même évêque de Rome - pour compléter la performance - ajouté à cette déclaration imprudente et dévastatrice qu'au contraire, de nombreuses "cohabitations" sont de "vrais mariages" (légitimant ainsi de fait la cohabitation, après avoir délégitimé les mariages sacramentels solides et vrais).

Naturellement, ce qui pour l'opinion publique laïque est simplement curieux et même amusant comme un spectacle de démolition de voitures, du point de vue catholique est dévastateur, c'est une sorte de fléau qui s'est abattu sur l'Église et menace de la démolir.

AU-DELÀ DES LIMITES
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Tant et si bien que Robert Spaemann, l'un des plus grands philosophes et théologiens catholiques, ami personnel de Benoît XVI, a tonné à nouveau, ce vendredi sur "Die Tagespost" avec un article éloquemment intitulé: «Dans l'Eglise aussi il y a une limite à ce qu'on peut supporter» (cf. La limite du supportable).
En voici un passage:

«Certaines des déclarations du Saint-Père sont en nette contradiction avec les paroles de Jésus, avec les paroles des apôtres et avec la doctrine traditionnelle de l'Eglise ... Si, dans l'intervalle , le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (le Card. Müller) s'est vu contraint d'accuser ouvertement d'hérésie le plus proche conseiller et ghostwriter du pape, cela signifie que la situation est vraiment allé trop loin. Même dans l'Eglise catholique romaine, il y a une limite au supportable ».

Spaemann a également critiqué l'ambiguïté habituelle de Bergoglio, particulièrement sur certaines questions abordées dans Amoris laetitia, où - pour éviter d'être pris en hérésie manifeste - il dit et ne dit pas, fait allusion, mais ne s'expose pas, lance le caillou et cache sa main .
Voici donc les mots de Spaemann:

«François n'aime pas la clarté univoque. Quand récemment, il a déclaré que le christianisme ne connaît aucun "aut-aut" ("soit-soit"), à l'évidence, ce que le Christ dit: "Que votre parole soit oui, oui, non, non. Ce qui est en plus vient du malin" (Mt 5, 37) ne le dérange absolument pas. Les lettres de l'apôtre Paul sont pleines de "soit-soit". Et enfin: "Celui qui n'est pas avec moi est contre moi!" (Mt 12, 30)».

Spaeman était déjà intervenu le 28 Avril contre l'"Amoris Letitia" de Bergoglio (Le chaos érigé en principe d'un trait de plume), expliquant qu'«il y a des phrases décisives, qui changent de manière substantielle l'enseignement de l'Eglise». «Qu'il s'agisse d'une rupture, c'est indubitable pour toute personne qui réfléchit, et qui connaît les textes en question... Si le pape n'est pas disposé à introduire des corrections, il reviendra au prochain pontificat de remettre les choses en place officiellement».

Un autre éminent philosophe catholique Josef Seifert, collaborateur de Jean-Paul II et Benoît XVI est récemment intervenu avec des critiques très sévères (cf. www.corrispondenzaromana.it/le-lacrime-di-gesu-sulla-amoris-laetitia), qu'il a motivées ainsi:

«Le pape n'est pas infaillible s'il ne parle pas ex cathedra. Plusieurs papes (comme Formose et Honorius 1er) ont été condamnés pour hérésie. Et il est de notre devoir sacré - par amour et par miséricorde pour de nombreuses âmes - de critiquer nos évêques et même notre cher Pape, s'ils dévient de la vérité, et si leurs erreurs nuisent à l'Eglise et aux âmes».

Par dessus tout, aux énormités du magistère bergoglien s'ajoutent ses décisions de gouvernement de l'Eglise, qui ont désormais une saveur sud-américaine.


DICTATURE
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Par exemple, Bergoglio a approuvé une série de mesures qui enlèvent des prérogatives aux évêques et les soumettent à une sorte d'épée de Damoclès discrétionnaire, avec le risque d'être démis dans le cas où ils ne s'adaptent pas au verbe bergoglien.
En effet, après les deux synodes,où l'opposition d'évêques et de cardinaux à la "révolution bergoglienne" a été vaste et décidé, désormais dans le monde ecclésiastique tout le monde se tait par peur.
Tant et si bien que Mgr Athanasius Schneider, évêque au Kazakhstan (où ils se souviennent bien de ce qu'est une tyrannie), a déclaré:

«Quand, dans une Église, nous arrivons au point où les fidèles, les prêtres et les évêques ont peur de dire quoi que ce soit, comme dans une dictature, ce n'est pas l'Eglise».

Cependant, parmi les laïcs catholiques les voix exprimant le désarroi sont de plus en plus nombreuses à s'élever. Surtout aux États-Unis.
Hier, par exemple, Phil Lawler, sur <Catholic Culture>, commentant le discours papal de jeudi, a publié un dur commentaire intitulé: «Les dégâts (une fois de plus) des déclarations du pape sur le mariage». Mettant aussi en lumière d'autres "perles" de ce discours (cf. Annexe).


PERSECUTION
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Concernant les questions pastorales, ce qui frappe, c'est l'insensibilité de ce pontificat envers la tragédie des chrétiens persécutés et au contraire, sa complaisance envers des régimes douteux et même les dictatures inhumaines qui continuent de persécuter et d'emprisonner les chrétiens.
Le cas le plus éclatant - avec ceux des régimes islamiques - est la Chine.
L'interview de Bergoglio à "Asia Times" du 2 février dernier (Real politik vaticane), où il était resté complètement silencieux sur les énormes problèmes de droits de l'homme et de liberté religieuse de la Chine (où il y a encore dans les camps d'internement des évêques comme Mgr Su Zhimin ) avait déjà fait scandale: dans cette interview, adressée aux tyrans communistes de Pékin, Bergoglio avait eu des « mots frénétiquement absolutoires du passé, du présent et du futur de la Chine», oubliant même «ces millions de victimes que le pape ne nomme jamais, même de façon voilée» (Magister ).

«Ce qui déconcerte de nombreux catholiques chinois», écrivait Sandro Magister, «c'est le silence que les autorités du Vatican maintiennent sur les évêques privés de liberté.»

Ces derniers jours, on a beaucoup parlé du cas de l'évêque de Shanghai, Ma Daqin, qui - après quatre ans de travail forcé - a signé une auto-critique, de celles typiques de l'époque stalinienne ou de la Révolution culturelle maoïste, dans laquelle il affirme s'être trompé et fait l'apologie de l'Association patriotique qui est l'Eglise du régime communiste chinois. La pratique de l'auto-critique est redevenue très à la mode en Chine.
Mais il y a plus. Le Père Bernardo Cervellera (directeur d'Asia News, ndt), l'un des experts les plus compétents de l'Eglise en Chine, sur son site Internet, a dû rapporter (bien qu'il soit bergoglien), pour l'amour de la vérité: «Un évêque chinois craint que quelqu'un au Vatican n'ait piloté la "confession" de Ma Daqin pour plaire au gouvernement chinois».
Ce qui est certain, c'est que des millions de chrétiens chinois, qui vivent héroïquement leur foi sous la persécution, ont été déçus, troublés et attristés par cette volte-face. Mais aussi par ce qu'est devenue Rome au cours des trois dernières années

Une Rome, où ils entendent résonner des mots inouïs adressés au Fils de Dieu, comme ceux prononcés jeudi dernier dans la Basilique de Saint Jean de Latran par Georges Marie Bergoglio (ndt: Socci orthographie le nom du Pape à l'italienne "Giorgio Mario").

Antonio Socci


Annexe


L'article en anglais est ici: www.catholicculture.org .
Aussi honnête que méticuleux, il mérite d'être traduit!

Les dégâts provoqués (à nouveau) par les déclarations du pape sur le mariage


Phil Lawler
17 juin 2016

* * *

Au cours d'un discours à un congrès diocésain hier à Rome, on a rapporté que François avait dit:

. que certains prêtres sont «des animaux»
. que les pasteurs ne doivent pas «mettre [leur] nez dans la vie morale d'autres personnes»
. et que la «grande majorité» des mariages catholiques aujourd'hui ne sont pas valides.
Toutes ces déclarations choquantes ont été attribuées au Saint-Père par des journalistes fiables: des journalistes expérimentés qui prennent soin de bien faire les choses, et le font généralement. Ci-dessous je vais répondre à la question importante de savoir si les citations sont exactes. Mais d'abord, nous allons évaluer les dommages causés par les déclarations qui ont été signalées.

. Dans la 1ère citation, le Pape apparaît comme excessif et sans charité. Il peut être en désaccord avec les prêtres qui refusent de baptiser les enfants de mères célibataires, mais les insulter, ce n'est pas beau, et certainement en-dessous de la dignité de l'Office pétrinien.

. Dans la 2ème citation, le Saint-Père semble complètement illogique, et/ou faire peu de cas de toute la tradition morale catholique. Les confesseurs et les directeurs spirituels "mettent toujours leur nez" dans la vie morale de leurs gens; les bons pasteurs et les prédicateurs le font aussi, bien qu'un peu moins directement. Si l'Eglise ne veut pas être impliquée dans nos vies morales, pourquoi a-t-elle un enseignement moral?

. Avec la troisième citation, le pape remet en question la validité de millions de mariages, et insulte les couples chrétiens mariés qui s'efforcent de répondre à leur vocation. Plus que cela, il suggère qu'il y a eu quelque changement fondamental dans la nature humaine, puisque par nature toute personne rationnelle est capable d'entrer dans un mariage valide (pas nécessairement sacramentel).

Le Pape veut-il vraiment suggérer que de nos jours la rupture dans la compréhension du mariage a été si profonde que nous - ou au moins la plupart d'entre nous - sommes incapables de former le même genre de lien conjugal que nos ancêtres ont formé pendant d'innombrables siècles ? Ce serait une affirmation stupéfiante!

(...)

La déclaration du Pape - si elle a été relayée avec précision et doit être prise au sérieux - voudrait dire que notre société est tellement perverse qu'elle a vraiment abaissé la nature humaine. Si tel était le cas, l'Eglise catholique ne pourrait pas se réconcilier avec la société moderne; la foi serait en conflit ouvert avec l'âge moderne. Pourtant, dans Amoris Laetitia, François a prononcé un genre de message très différent, suggèrant que les pasteurs doivent apprendre à travailler patiemment, progressivement, et en sympathie avec des gens qui ne partagent pas la compréhension catholique du mariage.

Donc, les propos du Pape, s'ils ont été rapportés avec précision, ont fait de sérieux dégâts. Mais les rapports étaient-ils exacts?

1. En ce qui concerne la 1ère citation, la réponse, heureusement, est NON. La remarque du Pape, faite dans une réponse improvisée à une question, était terriblement décousue et difficile à suivre. Mais apparemment, il voulait dire que certains prêtres traitent les enfants (ou éventuellement leurs mères célibataires) comme des «animaux». Il ne visait pas dans cette insulte les prêtres eux-mêmes.

2. En ce qui concerne la deuxième citation, la preuve n'est pas aussi rassurante. La citation ne figure pas dans le compte-rendu officiel du Vatican, mais les officiels du Vatican ont reconnu que la transcription avait été révisée. Voici la déclaration telle qu'elle apparaît dans la transcription officielle:
«Cela exige que nous développions une pastorale familiale capable d'accueillir, d'accompagner, de discerner et de d'intégrer».

Maintenant, voici le même passage, tel que rapporté initialement par Ines San Martin, sur le site Crux (site progressite, où écrit John Allen, ndt):

«L'Evangile choisit un autre chemin: accueillir, accompagner, intégrer, discerner, sans mettre notre nez dans la vie morale d'autres personnes».

L'expression douteuse, «sans mettre notre nez ...», a été sagement coupée dans la version finale. Pourtant, le Pape a utilisé ces mots - ou, autorisant les malentendus et des problèmes de traduction, quelque chose de raisonnablement proche d'eux.

3. Et que dire de cette stupéfiante 3ème citation? Dans la transcription officielle le pape est censé avoir dit qu'«une partie (sic) de nos mariages sacramentels sont nuls». Mais une vérification de la bande audio de la rencontre confirme qu'en fait, le Pontife a dit «la grande majorité».
Donc, bien entendu, les paroles du Pape ont été changées, après les faits, pour éliminer les déclarations les plus gênantes. Qui a fait les changements? Selon le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, la transcription a été publiée sous la direction du pape lui-même, «de sorte que le texte publié a été expressément approuvé par le pape».
Ainsi, quand la poussière est retombée, et que la transcription officielle est parue, les déclarations du pape n'étaient plus choquantes. Faut-il alors conclure que tout va bien, et qu'aucun mal n'a été fait? Absolument pas!

Tout d'abord, parce que ces déclarations choquantes ont été largement diffusées par les médias, pour être entendues ou lues par des millions de personnes qui ne verront jamais la transcription officielle.
Deuxièmement, les remarques du Pape étaient cohérentes dans leur ton - un ton qui encourageaient l'auditoire à remettre en question l'autorité des enseignements de l' Église. À un moment donné François a dit d'un ton de plaisanterie: «N'allez pas parler sur moi au cardinal Müller». Sa référence humoristique était au préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le gardien de l'orthodoxie théologique catholique. (il est peut-être inutile de dire que cette blague n'a pas survécu dans la transcription éditée).
Troisièmement et le plus important, parce que ce modèle est récurrent: les déclarations étonnantes, les titres, la confusion, suivis par les explications et les éclaircissements qui n'effacent jamais les retombées. Quand François réalisera-t-il - quand d'autres prélats lui diront-ils clairement - qu'il fait beaucoup de dégâts avec ces remarques impromptues?

Certains journalistes loyaux (ndt: ou bergogliens irrécupérables, ceux que Socci accuse de "grimper aux miroirs" pour défendre le pape coûte que coûte et au mépris de la vérité!! Ils étaient généralement bien moins sourcilleux du temps de Benoît XVI) ont lutté avec acharnement pour minimiser l'impact de la dernière éruption. Un article de CNS dit que l'argument du Pape sur le nombre de mariages invalides était «un point qu'il avait déjà soulevé avant, et qui avait également été soulevé par Benoît XVI». Oui, mais on n'avait jamais suggéré auparavant que LA PLUPART des mariages étaient invalides. America magazine (la revue des jésuites) a suggéré que quand il a parlé d'une «grande majorité» des mariages, le Pape ne voulait pas vraiment dire "la plupart des mariages" - une interprétation qui donne une nouvelle définition au mot «majorité». John Allen, sur Crux a observé, assez raisonnablement, que le Pape a le droit de modifier ses propres remarques. C'est vrai. Mais le problème n'a pas été la façon dont elles ont été publiées. Le problème réside dans les remarques originelles du pape.

Il y a deux problèmes, vraiment: que le pape parle si souvent sans considérer d'abord ce qu'il va dire, et que quand il fait ces remarques impulsives, ses premières pensées sans surveillance montrent si rarement l'empreinte de l'enseignement catholique profond.