Tremblement de terre en Ombrie


Le magnifique témoignage du prieur du Monastère de Norcia, sur la Bussola (27/8/2016)

>>> Ci-contre: les habitants de Norcia sur la place devant la Basilique

 
Il y a deux symboles que nous pouvons tirer de cet évènement et qui nous invitent à des réflexions importantes.
Tout d'abord, la basilique de saint Benoît et l'autel du saint sont gravement endommagés. La culture catholique de la civilisation occidentale s'effondre. Nous l'avons devant les yeux.
Le second symbole est le rassemblement des personnes autour de la statue de saint Benoît sur la place, unis dans la prière. C'est le seul moyen de reconstruire.

Norcia, blessée au cœur spirituel de l'Europe malade;
les moines déplacés: "Nous resterons pour reconstruire"


Cassian Folsom, OSB (*)
27/08/2016
www.lanuovabq.it
Ma traduction

* * *

Tout de suite après la tragédie du tremblement de terre en Italie centrale, la Bussola a contacté le Père Cassien Folsom et le Père Benedetto Nivakoff, resp. prieur et vice-prieur du monastère bénédictin de Norcia, pour avoir de leurs nouvelles et, si possible, une pensée pour nous aider à comprendre l'événement tragique qui les a impliqués à l'improviste.
Les pères vont bien, mais comme beaucoup à Norcia qui ont vu leur habitation dévastée, ils obligés de faire leurs comptes avec le monastère et l'église de Saint-Benoît endommagés. Hier après-midi , nous avons reçu la réponse du Père Cassien. Nous l'offrons à nos lecteurs pour comprendre qu'au-delà des inconvénients, au-delà des drames et des tragédies il y a une espérance qui ne meurt pas, et qui conduit au mystère du salut.


>>> Ceux qui veulent aider les moines peuvent le faire ICI: it.nursia.org/Terremoto-Ricostruzione/

Cliquez sur l'image.

Mercredi 24 Août était la fête de saint Barthélemy, jour où les Matines doivent commencer à 3h45. Vers 3h30, alors que nous étions déjà tous debout, que Dieu soit remercié, la terre a commencé à trembler. Nous avons d'autres expériences de tremblements de terre en seize ans passés ici à Norcia, mais jamais rien de semblable. Cela fait une grande peur d'entendre la terre rugir et de voir le bâtiment se balancer de droite à gauche comme s'il était ivre. Instinctivement, nous sommes tous sortis et nous nous sommes rassemblés à l'extérieur, sur la place devant le monastère. Nous nous sommes serrés les uns contre les autres à cause du froid, alors que de nouvelles secousses faisaient craquer le sol sous nos pieds. Les moines et les citoyens se sont tous retrouvés spontanément sous la statue de saint Benoît située au centre de la place. Les moines ont commencé à prier le Rosaire et de nombreux citoyens se sont joints à eux. Nous avons donc remercié Dieu de tout notre cœur d'avoir épargné notre vie.

De l'autre côté de la montagne, à Amatrice et à Accumoli, le tremblement de terre a rasé les villes, laissant derrière la mort et la destruction. Nous nous sentons en deuil pour la mort tragique de ces personnes, et nous avons de la peine pour leurs parents et leurs amis. En effet, comme le dit l'Ecriture: « Dieu n'a pas créé la mort, et ne se réjouit pas de la mort des vivants» (Sagesse 1,13). La mort à l'improviste est particulièrement douloureuse, car elle ne vous donne pas le temps de vous préparer. Voilà pourquoi saint Benoît prescrit à ses moines de «toujours envisager la possibilité de la mort», afin qu'ils soient toujours prêts, même face à une mort violente et soudaine qui vient au milieu de la nuit.

L'étendue des dégâts à Norcia est grave. Il ne s'agit pas d'un seul tremblement de terre, mais de nombreux tremblements de terre, avec des secousses continuelles, même pendant que j'écris (48 heures après). Dans le monastère, nous avons eu beaucoup de dégâts superficiels, assez faciles à réparer, mais il y a aussi beaucoup de dégâts structurels plus graves. L'officier de la protection civile venu faire une inspection dans l'après-midi du premier jour, nous a exhortés à quitter le bâtiment, parce que certaines parties de celui-ci n'étaient pas sûres. Les répliques ont ajouté des dégâts aux dégâts. La basilique de Saint-Benoît a été gravement touchée. Le mur derrière l'autel de saint Benoît s'est fissuré et le plâtre est tombé. Si un moine s'était trouvé devant l'autel pour célébrer la messe (comme cela arrive souvent tôt le matin), il serait mort. La façade s'est séparée du corps de l'église. Nous ne savons pas dans quel état sont nos travaux de restauration, dans lesquels nous avons investi tant de travail et tant de ressources! L'église est fermée, et il faudra des mois, peut-être un an, pour la réparer.

Bien sûr, la réalité est que nous vivons dans une zone sismique. Certaines personnes subissent des ouragans, des cyclones ou autres typhons; nous, nous avons des tremblements de terre. Il existe deux types de comportement à l'égard de faits de ce genre. L'un est une sorte de résignation. L'autre, de tout confier à la divine providence. Les moines font un vœu de stabilité. L'un des fruits de ce voeu est ce que nous appelons «l'amour du lieu». Nous aimons cet endroit. Et nous le reconstruirons.

Il y a une interprétation spirituelle que nous pouvons donner au tremblement de terre de la Saint Barthélémy de 2016. Il me vient à l'esprit une antienne pascale: “Ecce terraemotus factus est magnus...” (Et voici qu'il y eut un grand tremblement de terre ...). L'antienne fait référence à la réaction de la création face à la résurrection du Christ. Nous aussi, nous ressusciterons à la fin des jours, quand le Seigneur viendra pour juger les vivants et les morts. Autrefois, il était normal de méditer sur les Novissimi (la mort, le jugement, le ciel, l' enfer). Il serait beau de reprendre cette coutume.

Il y a deux symboles que nous pouvons tirer de cet évènement et qui nous invitent à des réflexions importantes. Tout d'abord, la basilique de saint Benoît et l'autel du saint sont gravement endommagés. La culture catholique de la civilisation occidentale s'effondre. Nous l'avons devant les yeux. Le second symbole est le rassemblement des personnes autour de la statue de saint Benoît sur la place, unis dans la prière. C'est le seul moyen de reconstruire.

(*) Ordre de saint Benoît