Visiter les prisonniers, oui, mais en paroles


Le prisonnier du Vatican, Mgr Lucio Vallejo Balda, impliqué dans le scandale dit "Valileaks 2", s'est vu accorder par le Pape la liberté conditionnelle. Sans miséricorde. Article de Sandro Magister (22/12/2016)

>>> Information ici:
fr.radiovaticana.va


Vallejo Balda et Francesca Immacolata Chaouqui


Semi-liberté glaciale pour Vallejo Balda.
C'est l'hiver de la miséricorde


Settimo Cielo
21 décembre 2016
Ma traduction

* * *

Rembobinons la cassette et revenons au 22 Décembre 2012, quand la Secrétairerie d'Etat a publié le communiqué suivant:

«Ce matin le Saint-Père a rendu visite en prison à M. Paolo Gabriele pour lui confirmer son pardon, et qu'il acceptait sa demande de grâce, levant la peine qui lui avait été infligée. Il s'est agi d'un geste paternel envers une personne avec qui le Pape a partagé pendant plusieurs années une familiarité quotidienne».

«Successivement, M. Gabriele est sorti de prison et est rentré chez lui. Même s'il ne pourra pas reprendre son travail précédent il continuera à résider au Vatican. Le Saint-Siège, confiant dans la sincérité du repentir manifesté entend lui offrir la possibilité de reprendre avec sérénité la vie avec sa famille».


Aujourd'hui, par contre, voici la maigre note que la Salle de presse du Saint-Siège a transmise par email aux journalistes accrédités, dans la soirée du mardi 20 Décembre:

«Considérant que le Révérend Vallejo Balda a déjà purgé plus de la moitié de la peine, le Saint-Père François lui a concédé le bénéfice de la libération conditionnelle.

«Il s'agit d'une mesure de clémence qui lui permet de retrouver la liberté. La peine est pas éteinte, mais il bénéficie de la liberté conditionnelle.
«A partir de ce soir, le prêtre quitte la prison, et tous les liens de dépendance de travail avec le Saint-Siège prennent fin, il relève de la compétence de l'évêque d'Astorga (Espagne), son diocèse d'appartenance».



Cette fois, aucune "visite en prison", aucun "pardon", aucune "grâce", aucun "geste paternel", aucune "confiance dans la sincérité du repentir", aucune "extinction de la peine", mais seulement une "mesure de clémence" pour une "liberté conditionnelle".

Sans parler de l'absence de soins pour donner à l'accusé - renvoyé dans sa patrie - "la possibilité de reprendre la vie avec sérénité".

Et pourtant, c'est François, donnant raison à ses imprudents conseillers, qui avait promu Mgr Lucio Ángel Vallejo Balda - avec l'ineffable Francesca Immacolata Chaouqui - au rôle crucial de secrétaire de la Commission pontificale référente sur l'organisation de la structure économico-administrative du Saint-Siège. Avec tout ce qui a suivi, jusqu'au procès et à la condamnation des deux, le 7 Juillet dernier, pour appropriation et divulgation illégale de documents confidentiels, la même infraction pour laquelle avait été condamné quatre ans plus tôt le majordome du pape Paolo Gabriele.

A présent, Monseigneur Vallejo Balda n'est plus dans la cellule de la gendarmerie du Vatican. Mais ce qui frappe, c'est le gel avec lequel il a retrouvé une semi-liberté.

Un gel qui ne porte pas la moindre trace de la ferveur avec laquelle François a prêché pendant le jubilé l'œuvre de miséricorde corporelle "Visiter les prisonniers" (Audience générale du 9 Novembre, [1]) et a accueilli au Vatican une dense représentation de prisonniers (messe, Angelus et rencontre dans l'après-midi, le dimanche 6 Novembre), allant jusqu'à dire: «Chaque fois que je rentre dans une prison, je me demande: "Pourquoi eux et pas moi?" ».

NDT


[1] (...) je pense à ceux qui sont enfermés en prison. Jésus ne les a pas non plus oubliés. En plaçant la visite aux détenus parmi les œuvres de miséricorde, il a voulu nous inviter, avant tout, à ne nous faire juges de personne. Certes, si quelqu’un est en prison, c’est parce qu’il a commis une faute, il n’a pas respecté la loi et la coexistence civile. En prison, il purge donc sa peine. Mais quoi qu’un détenu puisse avoir fait, il reste toujours aimé par Dieu. Qui peut entrer au plus profond de sa conscience pour comprendre ce qu’il éprouve? Qui peut en comprendre la douleur et le remord? Il est trop facile de se laver les mains en affirmant qu’il a commis une faute. Au contraire, un chrétien est appelé à le prendre en charge, afin que celui qui commet une faute comprenne le mal commis et se reprenne. Le manque de liberté est sans aucun doute l’une des plus grandes privations pour l’être humain (...)
Visiter les personnes en prison est une œuvre de miséricorde qui assume aujourd’hui avant tout une valeur particulière en raison des diverses formes de justicialisme auxquelles nous sommes soumis. Que personne ne pointe donc du doigt contre quelqu’un. Au contraire, devenons tous des instruments de miséricorde, ayant des attitudes de partage et de respect. Je pense souvent aux détenus... j’y pense souvent, je les porte dans mon cœur. Je me demande ce qui les a conduits à commettre un crime et comment ils ont pu céder aux diverses formes de mal. Pourtant, à côté de ces pensées, je sens qu’ils ont tous besoin de proximité et de tendresse, parce que la miséricorde de Dieu accomplit des prodiges. Combien de larmes ai-je vu couler sur les joues de détenus qui n’avaient sans doute jamais pleuré de leur vie ; et cela uniquement parce qu’ils se sont sentis accueillis et aimés.