5e anniversaire de l'ordinariat ND de Walsingham



Father Hunwicke a pensé à remercier celui qui a rendu cela possible, Benoît XVI. Et avec quel magnifique et fervent hommage! (16/1/2016)

>>> Ci-contre: Benoît XVI et Mgr Keith Newton, l'"ordinaire" de l'ordinariat de Walsingham en 2011 à Rome.

 

Rappel

Le 4 novembre 2010, par la constitution apostolique Anglicanorum Coetibus, Benoit XVI autorisait la création d'"ordinariats" personnels permettant à des groupes d'anciens anglicans de conserver des éléments de leur patrimoine dans l'Église catholique (dossier ici: benoit-et-moi.fr/2009).

Parmi ces ordinariats, le premier à voir le jour fut celui de Notre-Dame de Walsingham, érigé par le pape le 15 janvier 2011 sous le patronnage de John Henry Newman, et destiné à accueillir les groupes d'anglicans d'Angleterre ou du Pays de Galles souhaitant entrer en pleine communion avec Rome.

Benoît et ses ordinariats


15 janvier 2016
liturgicalnotes.blogspot.co.uk
Ma traduction


Alors que nous célébrons ce cinquième anniversaire de notre Ordinariat, nous célébrons aussi naturellement notre Fondateur ... avec beaucoup d'amour et de loyauté, et d'actions de grâce à Dieu. Je ne sais pas si vous vous souvenez où vous étiez lorsque vous avez entendu annoncer l'élection de Benoît XVI: moi, si (un petit village proche du bout du monde), et je me souviens de cette soudaine poussée d'exultation: notre ami est devenu Pape! Maintenant, tout est possible!

Trois choses qui se sont réalisées, trois choses liées, se détachent du dernier Pontificat: son enseignement à l'égard de l'Herméneutique de la Réforme dans la Continuité au sein de l'Eglise; Summorum Pontificum; et Anglicanorum Coetibus. J'y reviendrai dans un instant.

J'aurais aimé pouvoir y ajouter, comme quatrième, l'Année de la Foi. En cette Année, le Saint-Père espérait qu'il y aurait enfin un véritable appropriation de ce que le Concile avait vraiment dit. Malheureusement, sa tentative n'a pas été un grand succès. Les tradis espèraient seulement que le Concile serait bientôt oublié. Les tradis sont rongés par une peur terrible qui empoisonne leurs heures de sommeil ... le cauchemar hideux qu'aujourd'hui, les catholiques ordinaires pourraient vraiment lire les documents conciliaires et donc reconnaître les tromperies pratiquées à leurs dépens, après la fin du Concile, par les gens bien intentionnés qui étaient préparés à dire des mensonges parce qu'ils étaient pressés.
Ce n'était dans l'intérêt d'aucun agenda de dépoussiérer ces vieux livres jaunis!

Ce que le Pape Benoît avait réalisé, c'est que les corruptions post-conciliaires étaient devenues trop profondément enracinées pour être éliminées du jour au lendemain par un simple 'fiat' exécutoire ... même en s'appuyant sur les documents du Magistère auxquels on pouvait se référer. A la place, il choisit pour arme, l'idée intéressante et à la mode, appelé subsidiarité. Lorsque des évêques invoquent bruyamment cette notion, ce qu'ils ont à l'esprit, c'est bien sûr une prise de pouvoir par les évêques et leurs conférences. Avec élégance, et même avec ruse, Benoît dégonfla cela, en conférant à chaque prêtre de l'Eglise latine le droit d'utiliser la «forme extraordinaire» sans avoir besoin de la permission de quiconque! Quel toupet scandaleux! La subsidiarité, non comme arme supplémentaire pour évêques progressistes brutaux, mais comme droit inaliénable pour chaque prêtre individuel, même subalterne; en fait, pour chaque coetus (ndt: assemblée) de laïcs! Naturellement, les milieux «branchés» de l'"épiscopalande" (bishopland) explosèrent de fureur et tentèrent de manigancer des moyens ingénieux pour contourner la législation. Sed frustra (mais en vain).

En passant: il convient de rappeler l'élément doctrinal de cette initiative: l'enseignement clair et explicite de Benoît, qu'un rite, sanctifié par un millénaire et demi d'utilisation, ne peut tout simplement pas [non seulement ne doit pas: ne peut pas] être aboli. En d'autres termes, en matière liturgique, la Tradition compte plus, a beaucoup plus d'auctoritas, que de simples textes législatifs. Un truc résolument révolutionnaire pour les catholiques. C'est seulement dans les milieux catholiques et orthodoxes anglicans que j'en avais entendu parler auparavant ... et avec le plus d'insistance quand j'en discutais avec l'érudit chanoine Michael Moreton d'Exeter. Il y a soixante-dix ans, Dom Gregory Dix (ndt: religieux anglican 1901-1952), avait écrit au sujet «la sanction dans la liturgie», qui n'est pas la loi, mais la «coutume».

La méfiance de Benoît envers les épiscopats «libéraux» est également au cœur de ses sages dispositions pour les Anglicans catholiques. Il avait connu la débâcle des années 1990 (bien décrite par William Oddie [qui fut jusqu'en 2004 directeur du Catholic Herald] dans The Roman Option), et était déterminé à tirer les leçons des erreurs commises dans cette triste période. En conséquence, il évita soigneusement de consulter les hiérarchies locales (et, heureusement, aucune fuite ne vint trahir ses confidences); très judicieusement, il mena ses plans à terme en privé, avant de les présenter au monde en attente. Lors de leur Conférence de presse conjointe pour limiter les dégâts, Vincent Nichols (ndt: l'archevêque - catholique - de Westminster) avait l'air encore plus sous le choc que Rowan Williams (anglican, alors archevêque de Cantorbéry) ! Ce fut un moment étrange pour nous: nous étions consummés de joie tandis que l'archevêque que nous désertions, et l'archevêque auquel nous adhérions, semblaient aussi horrifiés l'un que l'autre.

Et, quand nous avons lu les "petits caractères", nous avons découvert que le Pape avait fait de son mieux pour construire des protections contre les épiscopats locaux qui pourraient tenter de reprendre la mains. Quand un nouvel Ordinaire doit être nommé, la Terna (ndt: liste de trois noms proposée au Pape) n'est pas composée par un Nonce qui pourrait peut-être, dans certains cas, avoir été «inculturé» (gone native) et avoir adopté le milieu de certains des évêques locaux. Non; c'est le Conseil de l'Ordinariat, qui compose la Terna. Ce détail montrait aussi sa grande confiance à la fois dans l'orthodoxie et la prudence du futur clergé de l'Ordinariat qui, à cette époque, n'était pas encore entré en pleine communion. Les contacts que nous avions eus avaient fait leur travail. Il nous connaissait. Il nous faisait confiance.
Benoît a tenté de laisser en place un Magistère soigneusement développé; mais l'essence de son plan était de donner à des hommes bons et vrais, qu'ils soient des catholiques [adeptes] de la Messe en Latin, ou des Anglicans nouveaux venus, ou qui que ce soit d'autre, les libertés et les protections [nécessaires] pour suivre les orientations, le doux souffle, de l'Esprit Saint, avec le minimum de risques d'oppression ecclésiastique locale.

Je ne vois pas ce que ce bon vieil bomme aurait pu faire de plus, ou comment il aurait pu mieux faire ce qu'il a fait. C'est maintenant à nous de redorer les saintetés ternies, de conduire la fumée de Satan hors du Temple, et de faire revenir le peuple de Dieu à la foi qu'ont sanctifié et sauvé leurs ancêtres ... pulchritudo tam antiqua et tam nova (*)... la foi de nos Pères qui, dans de nombreux endroits est aujourd'hui presque oubliée, ou est vue avec cette même haine idéologique que le régime d'Elizabeth Tudor agitait contre elle il y a des siècles, à l'ère des Martyrs. «Donnez-nous les outils et nous finirons le travail», avons-nous dit à Joseph Ratzinger. Il nous a obligés. Dieu nous appelle, non pas pour pleurnicher, mais pour faire.

Mon Dieu, quel pontificat exaltant à vivre ce fut là! Quis inter doctores Benedicto sapientior? Quis inter mystagogas sagacior? (**) Vivat, vivat Benedictus! Ad multos annos, plurimosque annos! Vivat! VIVAT !! VIVAT !!!

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(*) Beauté si ancienne, beauté si nouvelle - citation de Saint Augustin dans les Confesions
(**) Qui parmi les docteurs est plus sage que Benoît? Qui parmi les mystagogues est plus sagace? (essai de traduction)