Le vrai prophète


L'avant dernière homélie d'Angélus de Benoît XVI avant le coup de tonnerre du 11 février 2013 (3/2/2016)

Au même moment où je publie l'homélie du Père Scalese (cf. Nul n'est prophète en son pays) de dimanche dernier, Raffaella met en ligne la video (Gemma) de l'Angélus du 3 février 2013 - l'avant-dernier avant que Benoît XVI annonce sa renonciation - dans lequel le Saint-Père commente magnifiquement le même évangile. Bien sûr, la date nous suggère aujourd'hui une double interprétation de ces propos "Le vrai prophète n’obéit à personne d’autre qu’à Dieu et il se met au service de la vérité, prêt à payer de sa personne", qui trouvent forcément un écho dans la situation personnelle du Pape à ce moment.
Raffaella souligne aussi l'appel final à soutenir la "journée pour la vie". Nous sommes très loin des silences actuels de François, alors que la situation en Italie est bien plus dramatique qu'en 2013.



BENOÎT XVI

3 février 20132
Ma traduction d'alors


Chers frères et sœurs,

L'Évangile du jour - tiré du quatrième chapitre de saint Luc - est la continuation de celui de dimanche dernier.
Nous nous trouvons encore dans la synagogue de Nazareth, la ville où Jésus a grandi et où tout le monde le connaît, lui et sa famille. A présent, après une période d'absence, il revient d'une nouvelle façon: durant la liturgie du sabbat, il lit une prophétie d'Isaïe au sujet du Messie et en annonce l'accomplissement, laissant entendre que cette parole se réfère à Lui, qu'Isaïe a parlé de Lui. Ce fait déconterte les Nazaréens: d'un côté, «tous lui rendaient témoignage et s'émerveillaient du message de grâce qui sortait de sa bouche»(Lc 4:22); Saint-Marc rapporte que beaucoup disaient: «d'où lui viennent ces choses? Quel genre de sagesse est celle qui lui a été donnée?» (6,2). D'un autre côté, cependant, ses voisins le connaissent trop bien: c'est l'un de nous - disent-ils. Sa prétention ne peut être qu'une présomption (cf. L'enfance de Jésus, 11). «N'est-ce pas le fils de Joseph?» (Lc 4:22), comme pour dire: un charpentier de Nazareth, quelles aspirations peut-il avoir?
C'est justement en connaissant ce refus, qui confirme l'adage «Nul prophète n'est bien reçu dans sa patrie», que Jésus adresse aux gens dans la synagogue, des mots qui sonnent comme une provocation. Il cite deux miracles accomplis par les grands prophètes Elie et Elisée en faveur de personnes non-israélites, pour montrer que, parfois, il y a davantage de foi en dehors d'Israël. A ce point, la réaction est unanime: tous se lèvent et le chassent, certains même essaient de le jeter d'une falaise, mais Lui, avec un calme souverain, passe parmi les gens furieux et s'en va.
A ce stade, la question se pose : pourquoi donc Jésus a-t-il voulu provoquer cette rupture? Dans un premier temps, les gens l'admiraient, et peut-être aurait-il pu obtenir un consensus ... Mais c'est le point essentiel: Jésus n'est pas venu pour chercher le consentement des hommes, mais - comme il le dira à la fin à Pilate - pour «rendre témoignage à la vérité »(Jn 18:37).

Le vrai prophète n'obéit pas à d'autres qu'à Dieu et se met au service de la vérité, prêt à payer de sa personne. Il est vrai que Jésus est le prophète de l'amour, mais l'amour a sa propre vérité. Et même, l'amour et la vérité sont deux noms pour une même réalité, deux noms de Dieu

Dans la liturgie d'aujourd'hui résonnent aussi ces paroles de saint Paul: «La charité ne se vante pas ..., elle n'est pas gonflée d'orgueil, elle ne manque pas de respect, ne cherche pas ses propres intérêts, ne se met pas en colère, ne tient pas compte du mal subi, ne se réjouit pas de l'injustice, mais se réjouit de la vérité » (1 Co 13,4 à 6).
Croire en Dieu, c'est renoncer à ses propres préjugés et accueillir le visage concret dans lequel il s'est révélé: l'homme Jésus de Nazareth. Et cette voie conduit aussi à le reconnaître et à le servir dans les autres.

En cela, l'attitude de Marie est éclairante. Qui mieux qu'elle a été familier avec l'humanité de Jésus? Mais elle n'en a jamais été scandalisée comme les voisins de Nazareth. Elle chérissait le mystère dans son cœur et sut l'accueillir encore et encore, dans le chemin de la foi, jusqu'à la nuit de la Croix et à la pleine lumière de la Résurrection. Que Marie nous aide aussi à parcourir ce chemin dans la vérité et dans la joie.

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Après l'Angelus
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Chers frères et sœurs,

Le premier dimanche de Février en Italie, on célèbre la «Journée pour la Vie». Je me joins aux évêques italiens, qui, dans leur message, appellent à investir dans la vie et la famille, aussi comme une réponse efficace à la crise actuelle.
Je salue le Mouvement pour la Vie, et souhaite plein succès à l'initiative «L'un de nous»,
afin que l'Europe soit toujours un lieu où chaque être humain est protégé dans sa dignité. Je salue les représentants de la Faculté de médecine de l'Université de Rome, en particulier les professeurs d'obstétrique et de gynécologie, accompagnés par le Cardinal-Vicaire, et les encourage à former les professionnels de santé à la culture de la vie.