Trois ans plus tard...


Nouveauté à tout prix contre tradition... Un article reproduit sur le site <That the bones you have crushed...> fait un parallèle intéressant entre le pontificat de Benoît XVI et celui de son successeur. (12/2/2016)

 
François, en termes du message délivré "à la ville et au monde" est tout simplement, pour l'Eglise catholique, notre 11 septembre.

Trois ans plus tard


The blog of the Guild of Blessed Titus Brandsma (*)
11 février 2016
Notre traduction

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En ce jour de 2013, le pape Benoît XVI a stupéfié l'Eglise et le monde en démissionnant du ministère actif de l'Office pétrinien, tout en restant «au service de la prière, pour ainsi dire, dans l'enceinte de Saint-Pierre».
Trois ans plus tard , il est devenu abondamment clair que l'homme qui occupe la Chaire laissée vacante par Benoît XVI a été et reste, un adversaire idéologique inébranlable du pape émérite.
Pour ceux qui pensent qu'une telle description du cardinal Jorge Bergoglio - devenu celui que nous connaisssons maintenant comme le Pape François - est inéquitable ou injuste ou trompeuse, une évaluation relativement brève de ces trois années qui ont passé tellement vite peut être utile.
Quoi que l'histoire dise de la démission encore controversée du pape Benoît XVI, l'histoire elle-même n'est pas le juge ultime d'un homme. Le juge de chaque homme est notre Seigneur Jésus-Christ, dont le Vicaire sur la terre était Benoît XVI. Je dis «était» parce que, comme la grande majorité des catholiques, je considère que ce titre appartient maintenant à son successeur, François.

L'EGLISE: MACRO ET MICRO-IMPACTS DE LA RÉVOLUTION DE FRANÇOIS
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A une échelle macroscopique , l'Eglise catholique a été jetée dans une crise aux proportions peut-être sans précédent jusqu'ici. Tant de choses ont changé, et plus particulièrement, dans l'image publique du pape et de l'Eglise. L'homme qu'Austen Ivereigh qualifie de «grand réformateur», François, a dépensé d'énormes quantités d'énergie à cultiver une image de l'Eglise catholique qui est étonnamment humaine, tellement humaine qu'on serait pardonnable de penser que sous le pape réformateur actuel, l'Eglise catholique connaît, sur une échelle globale, une révolution culturelle de sécularisation, effectuée par un travail d'ingénierie d'effondrement des principes fondamentaux de croyance de l'Église. François, en termes du message délivré "à la ville et au monde" est tout simplement, pour l'Eglise catholique, notre 11 septembre. Tout ce qui est renversé peut, toutefois être reconstruit.

Et, alors qu'apparaît sans exagération le caractère néfaste de cette révolution culturelle - effectuée par le haut, en grande partie, mais pas totalement, à travers les relations publiques - , précisément parce qu'elle vient du sommet de l'Eglise, ce que Mgr Athanasius Schneider et le cardinal Raymond Burke ont appelé une «crise» n'est, selon moi, comme le Carême, que le prélude à/une préparation pour/les douleurs de l'enfantement de tout autre chose. Parce que ce que nous attendons avec impatience du Carême n'est pas simplement un événement ecclésial mais la Résurrection du Christ notre Seigneur et, finalement, la résurrection des morts , la résurrection de l'Eglise, l'Epouse du Christ.

L'ÉGLISE EST UNIVERSELLE, MAIS C'EST LOCALEMENT QUE L'EGLISE CATHOLIQUE EST EXPÉRIMENTÉE
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Ceci parce que, sur une échelle microscopique, l'Eglise catholique est organisée en cellules vivantes, formées de ceux qui croient dans les enseignements et la personne de Jésus-Christ. Ceux qui ne le font pasne vont en général pas à la messe. Tout ne sera pas perdu.
Dans le pontificat de François et quels que soient les changements qu'il effectue dans l'Eglise, il faut dire qu'il y a des prêtres de paroisse, des communautés religieuses, des évêques, des organismes de laïcs, des institutions catholiques, des groupes catholiques qui opèrent dans les médias et les nouveaux médias, qui sont bien plus attirés par la vision du pape Benoît XVI - une vision qui inclut et promeut constamment la tradition sacrée de l'Eglise - que par la vision de François et de ses amis réformateurs, beaucoup moins facile à définir, plus populiste et incohérente.

A une échelle microscopique, on peut voir qu'il reste une crise de vocations et que les paroisses catholiques se sont "fondues" dans l'Occident. On peut discerner que l'"effet François", qu'il soit durable ou pas, a fait peu pour soulager la crise, mais il y a des motifs sérieux et crédibles d'espoir, à la fois pour le présent et l'avenir de la mission de l'Eglise.
En effet, sur cette micro-échelle, pour un certain nombre de catholiques, alors que la personne à la tête de l'Eglise a changé, ils restent eux-mêmes. Ils aiment toujours Jésus-Christ et son Église - comme elle est, plutôt que comme des réformateurs progressistes souhaitent la voir. Ils aiment Ses enseignements, Ses doctrines, Ses murs mêmes. La vie paroissiale continue. Si vous êtes dans une paroisse avec un prêtre qui a une vision catholique traditionnelle, vous pouvez très bien voir encore en 2016 que vous avez vu en 2012. La célébration de la messe traditionnelle latine dans votre région. Le jeune clergé est, je le crois, et il en existe des preuves - beaucoup plus impressionné par la liturgie traditionnelle qui communique la Croix et la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, Sa présence eucharistique, les enseignements intemporels de l'Eglise, et par Notre Seigneur Jésus Christ lui-même, qu'il ne l'est par son Vicaire sur la terre quel que soit le programme de réforme qu'il souhaite ou ne souhaite pas adopter.

La vraie sainteté de Benoît XVI - et elle le reste - est sa capacité à attirer les gens à Dieu, en focalisant l'attention non pas sur lui-même mais sur Jésus-Christ. Le prêtres fidèles s'efforcent de faire de même. La vraie faiblesse de l'occupant actuel de la Chaire de Pierre, est sa capacité à attirer les gens vers lui, en focalisant l'attention sur lui-même, et pas sur Jésus-Christ - ce qu'illustrent ses vidéos désormais notoires sur l'œcuménisme et l'écologie.

Là où Benoît XVI a désintoxiqué avec succès la «communauté traditionaliste» de l'horreur face à l'engouement moderne pour tout ce qui est nouveau, François a rencontré le succès en désintoxiquant l'image de l'Eglise - y compris sur la pédophilie - par l'affirmation obstinée que «toutes les nouveautés» doivent être embrassées. Pour le catholique traditionnel, la «nouveauté» est gênante parce que, pour une fois, l'Eglise et le monde ne semblent pas - si vous lisez les journaux - en opposition complète, alors qu'en réalité, ils le sont implacablement. Malheureusement, la faiblesse de cette position est que de plus en plus de gens découvrent, avec leurs propres expériences malheureuses dont je peux témoigner, que les «nouveautés» qu'offre le monde ne sont pas toutes ou pas toujours des dons de la vie. Tout simplement, sur le marché de la spiritualité, de la religion et de la morale, tout le monde a quelque chose de «nouveau» à offrir, et maintenant ce pape offre ... la même chose.

LA RECHERCHE DU NOUVEAU À TOUT PRIX
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Mais tout cela porte sa propre ruine. En proposant la "nouveauté" et en promouvant l'attente du "changement", ce que le Pape François semble offrir au Monde est quelque chose qui apparaît comme artificiel, créé, sa création à lui, plutôt que celle du Créateur Lui-même. Après tout, de nouvelles choses sont créées, ou même inventées. Elles ne sont pas intemporelles. Elles ont aussi en général une "date de péremption".

Cela se voit de manière très frappante dans son attachement à l'environnement, quand il nous est demandé de préserver et protéger le monde naturel et créé. Benoît XVI respectait la sauvegarde de l'environnement, mais ce que Benoît XVI mettait en avant et offrait au monde, c'était le Créateur du monde créé et naturel. Comme tous les autres avant nous, notre obsession pour le "nouveau" ne fait rien pour rétablir notre bonheur spirituel. Le dernier iphone, la toute dernière mode, le film plus récent, la toute dernière croyance, la dernière nouveauté, tout cela ne fait rien pour l'Âme humaine. Réaliser la paix de l'esprit et l'amitié avec notre Créateur peut comporter l'avis des Saints des temps très anciens, et très certainement les paroles de Notre Seigneur Jésus Christ. Celui qui enlève le péché de l'homme et le réconcilie avec Dieu, n'est certainement pas quelque chose de "nouveau". Celui qui peut le faire est Quelqu'un d'entièrement Autre, le Seigneur qui est monté au Calvaire il y a 2000 ans .

LA VRAIE NOUVEAUTÉ: CELUI QUI EST "COMPLÈTEMENT DIFFÉRENT"
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Ce que l'Église Catholique apporte à l'homme, tellement bombardé par la publicité et les incitations au "nouveau", est, dans un sens, toujours merveilleusement nouveau, mais dans un autre sens ne l'est pas du tout, justement parce que Dieu n'entre pas dans ces "catégories". Il est ce Quelque Chose d'Entièrement Autre que l'homme recherche vraiment. Avec le miracle de l'Incarnation, de la Résurrection et de l'Ascension du Seigneur Jésus Christ nous pouvons vraiment affirmer "Et maintenant, c'est quelque chose de complètement différent".

Ce que la Sainte Tradition offre à l'homme moderne, c'est sa capacité à communiquer Celui Qui est Complètement Différent. Elle offre à l'homme moderne la rencontre avec le Complètement Autre, le Dieu qui s'est fait chair et a habité parmi nous.

Après trois ans, nous pouvons mesurer le succès du Pape François à communiquer sa vision personnelle de l'Église du XXIe siècle et on peut le résumer dans son thème homilétique récurrent de l'Église qui fait sien ce qui est "nouveau", par opposition à ce qui est "vieux". Nous avons la rencontre, le dialogue, l'œcuménisme, l'écologie, mais où donc, où est Jésus Christ?

En termes de Papes, nous voyons que le Pape François lui-même est quelque chose de nouveau, peut-être qu'il est même complètement différent de son prédécesseur, mais les thèmes du pontificat : pauvreté, écologie, trafic d'être humains, à l'exception peut-être du thème de la "miséricorde", ne sont pas très différents des initiatives philanthropiques et charitables des diverses agences des Nations Unies.

Il est fort possible que, du 13 mars 2013 jusqu'à la conclusion de ce pontificat, l'histoire retiendra que l'Église a été doublement chamboulée.
Primo, dans le sens que du haut de l'Église sont venues des idée radicales, voire révolutionnaires qui lui ont causé du tort, mais, secundo, que la base de l'Église leur a résisté et s'est accrochée fidèlement à Jésus Christ et à Ses Enseignements.

Le pontificat de Benoît XVI, durant lequel il fit savoir qu'il ferait ce qui était en son pouvoir pour tenir à distance les loups qui encerclaient son ministère (si tant est que s'avère nécessaire une telle résistance aux dérives malignes de la foi catholique qui menacent de séduire les âmes de enfants de Dieu), a fait énormément pour défendre la seule Vraie Foi.
Summorum Pontificum a rendu possible pour les prêtres ce qui avait été caché aux fidèles pendant plus de 50 ans. Ce qui avait été supprimé à cause de l'autorité au plus haut sommet de l'Église était restauré. Cette Messe, la Messe des Anciens, communique simplement la démesure de l'amour et de l'adoration qui Lui est due.
Le succès de Summorum Pontificum montre que ce qui satisfaisait et nourrissait nos ancêtres, n'en déplaise à ceux qui suggèreraient qu'on peut se satisfaire des enseignements modernes et des nouveaux principes - tributaires davantage du séculier que du sacré, - satisfait toujours les hommes et les femmes d'aujourd'hui. Nous n'avons pas changé et nous sommes heureux de voir que Dieu n'a pas changé non plus car si Dieu changeait, rien ni personne ne pourrait être cru.

Alors, quand l'Église et le Monde semblent de plus en plus devenir UN, et quand cette union est annoncée comme quelque chose de "nouveau", des hommes et des femmes continueront à rechercher ce qui est entièrement Autre, car les hommes et les femmes n'ont pas été créés pour quelque chose de nouveau, mais pour la Vie Éternelle et pour l'Union avec le Seigneur qui seul peut la donner. Toute l'Église peut être réformée à l'image de l'esprit d'un Pape particulier, à un moment particulier, mais Dieu ne peut pas être réformé, et l'aspiration de l'homme vers son Créateur ne peut non plus être réformée. Elle peut être induite en erreur, trompée, dévoyée, mais pas complètement détruite. Notre soif de Vérité, du Vrai Dieu, même lorsque nous Lui échappons, est dans notre ADN lui-même. Benoît XVI le savait et parlait de choses Éternelles, tout en nous encourageant à nous confronter aux vrais défis du monde moderne.

Le Pape François, malgré tous les effets positifs en termes de désintoxication du "label"-Église, parle de chose temporelles, transitoires et qui passent, mais ne communique pas efficacement les vérités Éternelles, celles qui concernent Dieu, Lequel, comme nos âmes, est Éternel. La vérité est que chaque jour nous recevons le temporel, le transitoire et le caduc. Nous le retrouvons partout et n'avons pas besoin d'aller à l'Église pour le recevoir. Et toutefois nous aspirons à l'Éternel, à l'Absolu, au Seigneur, à l'Amour Absolu, à la Vérité Absolue, à la sainteté.
Dieu aime l'humanité et l'humanité recherche toujours Dieu car l'homme recherche son sens et sa destinée ultime.
Nous tous recherchons-Le, pendant qu'Il peut encore être trouvé. Oui, nous reviendrons à la poussière, à moins que le Seigneur ne revienne avant, mais même notre poussière viendra Le glorifier, lorsqu'il reviendra pour transformer ces pauvres corps en des corps incorruptibles à Sa propre image.

NDT

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Titus Brandsma (à l'état civil : Anno Sjoerd Brandsma), né le 23 février 1881 à Oegeklooster (Bolsward, Pays-Bas) et mort le 26 juillet 1944 à Dachau, Allemagne, est un prêtre carme néerlandais, journaliste catholique, professeur de philosophie et de l'histoire du mysticisme, recteur de l'université catholique de Nimègue et martyr.
Béatifié par le pape Jean-Paul II le 3 novembre 1985, il est liturgiquement commémoré le 26 juillet, ou le 27 juillet dans le carmel. (wikipedia)