Une interview de Mgr Georg Ratzinger


Il répond aux questions du Passauer Neue Presse, à quelques jours du dixième anniversaire de la visite de Benoît XVI en Bavière (5/9/2016)

>>> Voir aussi:
10ème anniversaire de la visite en Bavière

Ce ne sont pas des révélations, me dit Régine, qui a traduit l'article, mais c'est toujours émouvant d'"écouter" ce vieux monsieur qui parle vrai.
Ce qui suit correspond en fait à deux articles:

Le premier est une "accroche" pour l'interview.
Le second n'en est que le début, la suite est malheureusement réservée aux abonnés et aux lecteurs de l'édition papier.


LE PAPE BENOÎT XVI A DES DIFFICULTÉS MOTRICES ET VOCALES.
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Ratisbonne, le 2 septembre 2016

«En étant optimiste, on peut dire: nous allons encore bien tous les deux. Naturellement, le temps qui passe laisse ses traces», dit le frère du pape émérite, Georg Ratzinger, au journal de Passau, le PASSAUER NEUE PRESSE (Cahiers du Vendredi). En commun, ils ont des problèmes pour marcher, son frère a en outre de plus grandes difficultés pour parler mais il a une meilleure vue que lui-même, insiste le nonagénaire (il a 92 ans exactement).

Il y a dix ans, le pape Benoît XVI a fait une visite en Bavière. Dans un examen rétrospectif, Georg souligne surtout le travail du Pape émérite en tant que théologien.
«Oui, malheureusement, dans la vie en général, la Foi perd du terrain et la pensée scientifique l'emporte. Comme théologien, mon frère a mis en évidence qu'entre les deux n'existait pas de contradiction mais que Foi et Raison se stimulaient mutuellement et se complétaient»

Il y 10 ans, la visite du pape:
"Le souvenir reste vivant en nous"

Karl Birkenseer
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Dans une semaine, on commémorera le début du voyage bavarois du Pape Benoît XVI (89 ans), ce pour la dixième fois, le dixième anniversaire, en l'occurence. Son frère (92 ans), le Maître de Chapelle honoraire de la cathédrale de Ratisbonne, évoque l'événement dans une interview accordée au journal local.

- Monseigneur, Monsieur le Maître de Chapelle, vous avez passé à nouveau plusieurs semaines estivales à Rome, chez votre frère, le pape émérite Benoît XVI. Comment vous portez-vous, tous les deux?
Georg Ratzinger: En étant optimiste, on peut dire: nous allons encore bien tous les deux. Naturellement le temps qui passe, qui n'épargne personne, a laissé des traces...

- Du 9 au 14 septembre 2006, le Pape Benoît XVI a rendu visite à sa Bavière natale. Vous et votre frère, en gardez-vous le souvenir vivant?
Georg Ratzinger: Le souvenir reste vivant au fond de notre coeur mais nous en parlons rarement.

- La visite a traversé les trois Evêchés de la patrie du Pape: Passau, Münich, Ratisbonne. Pourquoi précisément ces trois Evêchés du pays natal?
Georg Ratzinger: C'est dans ces diocèses que nous avons passé, par intervalles, une partie de notre vie. A Marktl qui relève de l'Evêché de Passau, mon frère est né en 1927 et pour ma part, mes premières expériences vécues sont liées à ce lieu - je suis moi-même venu au monde à Pleiskirchen en 1924; Tillmoning a été aussi une étape importante - relevant déjà de l'Archevêché de Münich- et ensuite, on est venus à Traunstein où nous avons habité six années. Ratisbonne a ensuite joué professionnellement un grand rôle pour mon frère comme professeur et pour moi comme maître de chapelle.

- La visite a commencé à Münich,après avoir quitté l'aéroport, au centre-ville précisément devant la Mariensaüle (colonne mariale). Etait-ce essentiel pour votre frère de rendre visite tout de suite à la Patronne de la Bavière, à la Sainte Vierge?
Georg Ratzinger: Même si mon frère n'avait pas lui-même planifié le déroulement du voyage, c'était pour lui un voeu cher à son coeur d'être présent à la Mariensaüle et de se mettre à nouveau sous la protection de la Sainte Vierge.

- Le dimanche, il y a eu une grande célébration, une grand messe, à l'aéroport de Münich-Riem. Déjà, en ce lieu, le pape a indiqué dans son homélie l'orientation thématique de presque toutes les prédications de sa visite à sa patrie et de son Pontificat: FOI ET RAISON.
Georg Ratzinger: Malheureusement, dans la vie en général, la foi perd du terrain et la pensée scientifique l'emporte. Comme théologien, mon frère a insisté sur le fait qu'entre les deux, il n'existe pas de,contradiction mais qu'au contraire Foi et raison se stimulent mutuellement et se complètent.

- De Münich on s'est rendu à Altötting - à nouveau, le Sainte Vierge - et ensuite à Marktl. Sur la Kapellplatz, à Altötting, il y a encore eu une grande célébration à laquelle vous avez également participé. Vous en souvenez-vous?
Georg Ratzinger: Avant, j'avais passé la nuit chez les Capucins, dans le couvent. Mon accompagnateur permanent était le Professeur Franz Mussner, décédé cette année. Nous étions les deux seuls à avoir la permission officielle d'apporter une canne. Les cannes et les parapluies étaient interdits bien sûr pour des raisons de sécurité mais tous deux nous avions le droit d'avoir une canne - nous n'étions pas jugés dangereux.
La messe fut un moment superbe et festif. Sur l'autel, j'avais une pace très exposée au soleil, mais le professeur Mussner est ensuite venu me chercher, là c'était plus ombragé.

- Le pape avait apporté une offrande destinée à La Vierge Noire d'Altötting, son anneau cardinalice dont vous lui aviez jadis fait cadeau. Pouvez-vous décrire l' anneau?
Georg Ratzinger: En détails, je ne peux plus. Ma soeur Maria et moi, nous l'avons acheté, en 1977, chez l'antiquaire Baumann à Ratisbonne. Je sais seulement encore qu'il s'agissait d'un anneau avec une pierre fine sertie mais je ne sais plus quelle pierre c'était. Cet anneau était un cadeau venu du coeur et mon frère l'a particulièrement apprécié. Plus tard, il avait certes l'anneau papal et la question se posa de savoir ce qu'il adviendrait de son anneau de cardinal, après sa mort. Là naquit l'idée de l'offrir à la Mère de Dieu à Altötting. Mon frère en était convaincu: c'était le lieu le meilleur pour le déposer...

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