Benoit-et-moi 2017
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Ceux qui marchent à reculons vers le désastre

Le P. Martin dans sa paroisse Maria Virgen Madre à Madrid

Une réflexion courageuse du P. Santiago Martin, un prêtre espagnol non "tradi" qui constate les fruits empoisonnés des principes qui inspirent le nouveau cours, là où ils ont été mis en œuvre (4/8/2017)

>>> Du même auteur:
Une Europe sans âme face à l'islam

Les théoriciens hier

... et leurs disciples aujourd'hui

Carlota
Dans sa dernière vidéo sur Religion en Libertad, le P. Santiago MARTÍN, que nous avons déjà traduit plusieurs fois, n’hésite pas à dénoncer durement un certain secteur de l’Église catholique qui veut imposer sa vision permissive et la fausse miséricorde aux catholiques du monde entier, une vision qui mène à l’échec complet, et ne pas le dire, c’est se faire complice. C’est une déclaration courageuse, par les temps qui courent...
L’écoute en vo de la vidéo ici; résumé en vo des éléments ici; ma traduction à partir des deux supports.

Les garanties de la « nouvelle réforme » !

Quand le cardinal Wojtyla a été élu Pape en 1978, non seulement arrivait au pontificat une personne concrète, de haute valeur intellectuelle et morale, mais aussi un peuple, le peuple polonais. La vitalité, la fidélité et la résistance que le catholicisme avait démontrées en Pologne (à l’époque du communisme) étaient la garantie de ce que représentait le jeune cardinal de Cracovie et que, sans doute, les cardinaux électeurs ont pris tout particulièrement en compte. Ils ne se sont pas trompés.

Depuis des années, bien au delà de la personnalité attractive et populaire du Pape François, la ligne idéologique qui paraît prédominer dans l’Église est celle qui est marquée par l’empreinte de l’axe d’Europe Centrale (Belgique, Allemagne, Autriche) avec des personnages comme Danneels, Kasper, Marx et Schönborn. Ils fournissent des idées, auxquelles adhérent ensuite d’autres personnes. Derrière eux l’on trouve l’œuvre des théologiens Karl Rahner, jésuite, Yves Congar, dominicain, et Bernard Häring, rédemptoriste. De sorte que trois des pères intellectuels du Concile Vatican II, aujourd’hui disparus, ont de l’influence dans le présent, à travers leurs fils spirituels. Or si le Pape polonais était soutenu, dans le tournant qu’il a imposé à l’Église, par la vitalité d’une Église de la résistance, nous devons nous demander quelles sont les garanties qui marquent idéologiquement l’Église dans l’actualité. Comment sont leurs églises [en Belgique, Allemagne, Autriche] ? Les églises sont-elles pleines ou vides ? En d’autres termes, après plus de cinquante ans de l’application des thèses qu’ils veulent diffuser, quels en ont été les résultats ?

La réalité est une dame assez têtue. Il n’y a pas moyen de négocier avec elle. Elle insiste et insiste encore jusqu’à ce qu’elle démontre qu’elle a raison. Et s’accomplit le « contra facta non valent argumenta » [contre les faits les arguments ne valent pas]. Et la réalité nous dit que là où ont été menées à bien ces théories avec la plus grande intensité, le résultat a été le plus désastreux. Comme par exemple, celui de l’Allemagne. Avec la rigueur et l’exactitude qui les caractérisent, les Allemands ont publié les chiffres de l’année. À cette occasion il a été signalé que le nombre de ceux qui ont quitté l’Église est un peu plus faible que l’année précédente, au lieu de 180 000, seulement 160 000 Allemands ont renoncé à appartenir à l’Église catholique. C’est un désastre sans palliatif car ils [l’Eglise en Allemagne] ne peuvent même pas le justifier en disant que ceux qui s’en vont le font car ils fuient une Église conservatrice. Par conséquent il n’y a aucune justification à ce que l’Église, qui prétend imposer son modèle pastoral à l’ensemble du catholicisme, continue, année après année, à avancer vers sa ruine complète.

Si cela avait été le contraire, si les églises allemandes étaient pleines, il n’y a pas de doute que les idéologues de la « nouvelle réforme » brandiraient cette donnée pour la présenter comme garantie de leurs approches. Donc c’est justice de faire le contraire. Ces approches conduisent l’ensemble de l’Église vers la même ruine que celle dans laquelle leurs églises se sont déjà introduites, et ne pas le voir, ne pas le dénoncer (se taire), ce n’est pas seulement irrationnel, mais c’est aussi un péché, car cela se transforme en complicité.

L’Église libérale, l’Église du tout se vaut, l’Église permissive ou l’Église de la fausse miséricorde et du discernement équivoque, est blessée à mort
. Les faits sont là et à la vue de tous. [Le P. Santiago Martín précise que c’est aussi le cas pour d’autres églises et cite en particulier l’église anglicane]. Et il ne s’agit pas de rentrer dans ses quartiers d’hiver ou de s’enfermer dans un rigide rigorisme janséniste. Il s’agit d’être fidèles au Christ, en sa personne, - l’Eucharistie -, et en sa doctrine, telle et comme elle a été révélée dans la Parole de Dieu et a été interprétée fidèlement par deux mille ans de Magistère. Si nous devions mourir pour avoir été fidèles, notre mort aurait quelque chose de grand et d’héroïque. Mais mourir pour avoir été infidèles, c’est le fait des sots et des traîtres qui reçoivent de la réalité le prix qu’ils méritent. Les chiffres de l’Allemagne serviront-ils à quelque chose ? J’ai bien peur que non. Une vieille maxime [à laquelle le Père S. M. précise ne pas forcément adhérer complètement] dit que “Dieu aveugle celui qu’il veut perdre”. Il y en a qui sont tellement aveugles qu’ils avancent, pleins d’orgueil, en marche arrière.