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Conférence à huis clos au Vatican

Journalistes et experts ne sont pas les bienvenus au Séminaire sur la sauvegarde de l'environnement prévu cette semaine (Riccardo Cascioli) (26/2/2017)
Veut-on éviter les questions gênantes? Les oppositions trop voyantes?

>>> A propos de ce séminaire et de son "invité d'honneur" Paul Ehrlich, l'auteur de "La bombe démographique":
¤ Le Docteur Folamour au Vatican
¤ Scandale au Vatican

>>> Sur le site de l'Académie Pontificale des Sciences, l'annonce du Congrès: www.pas.va/content/accademia/it/events/2017/extinction

Conversion écologique? Non, écologisme

Riccardo Cascioli
26 février 2017
www.lanuovabq.it
Ma traduction

* * *

Trop de contestations, trop de lettres de protestation, trop de risques d'interventions indésirables. Donc, l'Académie Pontificale des Sciences (APS) ferme les portes du Séminaire sur l'extinction biologique («Comment sauver l'environnement naturel dont nous dépendons») qui se tient à Rome à partir de demain 27 Février jusqu'au mercredi 1er Mars. Plusieurs experts et journalistes, y compris des États-Unis, avaient demandé au président de l'APS, Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, la possibilité de participer, mais tous se sont vu opposer un refus ferme: «La Conférence est réservée aux orateurs et à leurs invités», a expliqué Sorondo. Une véritable opération de narcissisme intellectuel. Les journalistes qui le souhaitent devront se contenter de la conférence de presse finale le 2 Mars.

Mais pourquoi tant de polémiques et tant de réserves? Parce que sur la scène des conférenciers invités à pontifier au Vatican siégeront les principaux représentants du mouvement anti-nataliste qui a pris déjà depuis de nombreuses années le contrôle des agences de l'ONU et qui semble maintenant sur le point de s'emparer de Saint-Pierre. Peut-être que durant ces journées, ils s'exprimeront d'une manière plus académique et moins immédiate, mais ces messieurs sont fermement convaincus que pour sauver l'environnement naturel, la seule recette est d'éliminer les hommes.

Un cas retentissant est celui de John Bongaarts, vice-président du Population Council, qui, il y a tout juste un an, le 24 Février 2016, écrivait das la revue Nature que l'augmentation de la population dans les régions les plus pauvres du monde «est un obstacle à leur développement qui rend difficile d'être optimiste quant à leur avenir». Plus encore: la croissance de la population «a des effets négatifs galopants sur la société et sur les écosystèmes de la planète».

C'est ce qu'a également rappelé le professeur José Arturo Quarracino - philosophe argentin, neveu de son homyne célèbre, l'ancien cardinal de Buenos Aires - dans une longue lettre à Mgr Sanchez Sorondo, «étonné et indigné» par ce choix. Du reste, quiconque a un minimum de familiarité avec ces questions, connaît bien les activités du Population Council, organisme créée en 1952 par John D. Rockefeller III, précisément pour faire du lobbying auprès du gouvernement américain et promouvoir des programmes de contrôle des naissances dans le tiers monde. Ce n'est pas tout: le Population Council est le véritable artisan, au début des années 90, de la commercialisation de la pilule abortive RU 486, que la société pharmaceutique Roussel Uclaf avait renoncé à mettre sur le marché en raison de graves problèmes pour la santé des femmes .
Mais sa pleine légitimisation aux États-Unis était trop importante - pour les anti-natalistes - en vue de sa diffusion dans les pays pauvres, le véritable objectif du mouvement de contrôle des naissances. Et ce n'est pas un hasard, puisque ce mouvement - soutenu par les grandes fondations américaines - est une expression directe des Sociétés eugénistes qui eurent un grand développement dans le monde anglo-saxon au début du XXe siècle et qui ont eu tellement d'influence sur la politique adoptée plus tard par le national-socialisme allemand. Eh bien, John Bongaarts prononcera son exposé au Vatican le mardi 28 Février, titre: «Population: situation actuelle et perspectives futures». Vraiment rassurant.

Par ailleurs, pour le précéder sur la scène des orateurs, il y aura un autre champion de l'anti-natalisme, Mathis Wackernagel, «inventeur» de l'empreinte écologique. C'est un concept qui a fait fortune grâce à l'écologisme radical, au point d'avoir fondé le Global Footprint Network dont Wackernagel est évidemment le président, et qui se charge de répandre le verbe. L'empreinte écologique est définie comme «la superficie de terres et d'eau dont une population humaine a besoin pour produire les ressources qu'elle consomme et pour éliminer ses déchets». Il suffit de faire un peu de calculs, éventuellement en calculant sa propre empreinte écologique sur l'un des nombreux sites environnementalistes qui le proposent, pour comprendre que c'est un moyen subtil pour établir scientifiquement l'idée que le monde est surpeuplé. Ce n'est pas pour rien que depuis des années, on essaie de nous expliquer que nous vivons dans un «déficit écologique» perpétuel, dont nous devrions revenir de toute urgence si nous voulons sauver la planète. De quelle manière? Les deux habituelles: contrôle des naissances dans les pays pauvres et frein au développement dans les pays riches (une hypothèse qui sert d'introduction aux théoriciens de la «décroissance heureuse»).

Mais est-elle fondée, cette présumée unité de mesure? Pas du tout. C'est une véritable escroquerie idéologique basée sur une conception de l'homme réduit à l'animal. La preuve? Elle a été a donnée par Wackernagel lui-même, lequel, dans une interview à La Nuova ecologia (20 Décembre 2002), expliquait que l'idée de l'empreinte écologique était née d'une vache. Oui, vous avez bien lu: «Elle est née de l'image de la vache, que nous utilisions pour représenter l'économie: un animal qui broute le pré, qui boit, qui émet des excréments, qui produit du lait et du fromage. Si dans le cas d'une vache nous connaissons avec une précision suffisante la surface dont elle a besoin pour survivre et conbien de lait et de fromage elle peut produire, nous devrons aussi le savoir pour une ville».

Voilà, ces gourous écologistes ne savent pas distinguer une vache d'un homme, et ils appliquent à l'humanité les règles du monde animal, niant à l'homme l'ingéniosité et la créativité qui - contrairement à ce qui se passe pour les animaux - lui permettent de répondre et de trouver des solutions aux nouveaux besoins qui se présentent. Et tout comme les animaux, donc, les hommes eux aussi peuvent être abattus si l'équilibre de l'écosystème l'exige. Tout cela - même saupoudré de belles paroles scientifiques - sera expliqué à ces monsignori que jusqu'à hier défendaient l'unicité de l'être humain, mais qui à présent, convertis à la modernité, sont avides d'apprendre la nouvelle religion.

Mais les plus fortes protestations des associations pro-vie ont été enregistrées à propos de la présence au séminaire du Vatican du biologiste américain Paul Ehrlich qui parlera sur le thème «Sixième extinction»: on est curieux de savoir s'il se réfère aux espèces animales que l'homme élimine impitoyablement par sa seule présence (selon la vulgate écologiste) ou à celle du genre humain qu'il espére. C'est précisément la présence de Ehrlich qui a d'abord alarmé et choqué les militants pro-vie parce qu'il est le principal architecte de la propagation du mythe de la surpopulation, si bien que pour lui, stérilisations et avortements forcés sont des thérapies évidentes: son livre de 1968, The population Bomb, a vraiment été un succès universel avec des dizaines de traductions et des millions d'exemplaires vendus dans le monde. Depuis lors, le terme "bombe démographique" (dont la paternité revient au milliardaire américain Hugh Moore qui l'avait utilisé pour un essai dans les années 50) est entré dans l'imaginaire collectif et aujourd'hui, il fait des incursions du côté de la Place Saint-Pierre, malgré l'histoire qui en a démontré tout le malfondé.

C'est cela, en effet, qui est le plus alarmant: la Conférence organisée par Mgr Sorondo n'est pas un épisode occasionnel, aussi désagréable que vous voulez, mais de toute façon une chute. Non, malheureusement, nous sommes confrontés à une véritable conversion ecclésiastique, une adaptation à la pensée unique dominante contre laquelle l'Église avait jusqu'à présent été un rempart. Une conversion qui a vu parmi ses étapes la projection de poissons, de singes et de lions sur la façade de Saint-Pierre à l'occasion de l'ouverture de l'Année Sainte en Décembre 2015, sans parler des interventions choquantes de hauts prélats, comme le cardinal Peter Turkson qui, en tant que président du Conseil pontifical Justice et paix, a déclaré il y a un an à la BBC que «le contrôle des naissances peut offrir une solution pour les changements climatiques.»

Nous voulons espérer que ce n'est pas ce qu'entendait le pape François en invitant à la «conversion écologique» dans l'encyclique Laudato si'. Mais il est certain que beaucoup de ses collaborateurs lisent cette expression comme «conversion à l'écologisme», qui est en train de s'affirmer comme nouvelle religion universelle. À coup sûr l'encyclique sur l'environnement, au-delà des intentions, fait au moins un clin d'oeil à cette pensée. Et surtout, elle a cédé, avec l'inclusion dans un document magistériel de la notion de «développement durable» qui, dans sa genèse et dans sa signification, est fils d'une conception négative de l'homme loin de la notion de «développement humain intégral» sur lequel insistait le magistère précédent. Ici aussi, ce n'est pas par hasard que pour présenter l'encyclique, Mgr Sorondo a invité à plusieurs reprises Jeffrey Sachs, un économiste qui joue un rôle important à l'ONU, aujourd'hui directeur du «UN Sustainable Development Solutions Network», un partisan fanatique du contrôle des naissances, qui e guise de récompense, a été nommé membre de l'Académie pontificale des Sciences.

Nous sommes donc en face d'un véritable agenda que des secteurs du Vatican poursuivent avec détermination. La preuve en est que face à la masse croissante de critiques et de doutes soulevés par certaines initiatives, on ne s'arrête pas à sedemander s'ils ont quelque fondement, mais on ferme les portes et on procède à la hâte, main dans la main avec la Compagnie de la Mort.