Benoit-et-moi 2017
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François et le message de Fatima

Un commentaire de texte impitoyable d'Antonio Socci: la méditation du Pape le 12 mai au soir, lors de la bénédiction des bougies est un démolissage en règle du message de Fatima (14/5/2017)

Il y a deux jours, j'ai publié dans ces pages un article d'Aldo Maria Valli, qui s'interrogeait avec au minimum de la perplexité sur le contraste entre le message de la Vierge de Fatima, qui n'hésitait pas à parler de jugement, de châtiment, et même à évoquer crûment l'enfer (à travers les images transmises aux voyants), et l'Eglise "tout sucre tout miel" d'aujourd'hui (autrement dit l'Eglise de François), qui n'est que miséricorde, accueil, pardon inconditionnel.
C'est un contraste qui n'a pas échappé à François, de même que ne lui a pas échappé l'incompatibilité avec certaines de ses positions controversées, et il a profité de l'occasion pour faire passer son propre message: «Nous devons faire passer la miséricorde avant le jugement».
Peu auront certainement lu en profondeur autant qu'Antonio Socci ce discours très révélateur, dont voici le passage-clé, tel qu'il est reproduit sur le site du Vatican.

(BÉNÉDICTION DES BOUGIES, 12 mai)

(...) Pèlerins avec Marie… Quelle Marie ? Une Maîtresse de vie spirituelle, la première qui a suivi le Christ sur la “voie étroite” de la croix, nous donnant l’exemple, ou alors une Dame “inaccessible” et donc inimitable ? La “Bienheureuse pour avoir cru” toujours et en toutes circonstances aux paroles divines (cf. Lc 1, 42.45), ou au contraire une “image pieuse” à laquelle on a recours pour recevoir des faveurs à bas coût ? La Vierge Marie de l’Evangile, vénérée par l’Eglise priante, ou au contraire une Marie esquissée par des sensibilités subjectives qui la voit tenir ferme le bras justicier de Dieu prêt à punir : une Marie meilleure que le Christ, vu comme un juge impitoyable ; plus miséricordieuse que l’Agneau immolé pour nous ?

On commet une grande injustice contre Dieu et contre sa grâce quand on affirme en premier lieu que les pécheurs sont punis par son jugement sans assurer auparavant – comme le montre l’Evangile – qu’ils sont pardonnés par sa miséricorde ! Nous devons faire passer la miséricorde avant le jugement
et, de toute façon, le jugement de Dieu sera toujours fait à la lumière de sa miséricorde. Evidemment la miséricorde de Dieu ne nie pas la justice, parce que Jésus a pris sur lui les conséquences de notre péché avec le châtiment mérité. Il n’a pas nié le péché mais il a payé pour nous sur la Croix. Et ainsi, dans la foi qui nous unit à la Croix du Christ, nous sommes libérés de nos péchés ; mettons de côté toute forme de peur et de crainte, parce que cela ne convient pas à celui qui est aimé (cf. 1 Jn 4, 18). Comme je l’ai rappelé dans l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium, « chaque fois que nous regardons Marie nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. En elle, nous voyons que l’humilité et la tendresse ne sont pas les vertus des faibles, mais des forts, qui n’ont pas besoin de maltraiter les autres pour se sentir importants. […] Cette dynamique de justice et de tendresse, de contemplation et de marche vers les autres, est ce qui fait d’elle un modèle ecclésial pour l’évangélisation » (n. 288). Que chacun de nous puisse devenir, avec Marie, signe et sacrement de la miséricorde de Dieu qui pardonne toujours, qui pardonne tout.

En passant, Antonio Socci, qui est lui-même un spécialiste dudit "Troisième secret" (*) met aussi en doute la croyance de François aux apparitions en général, et à celles de Fatima en particulier: doutes confirmés par les propos (que je trouve personnellement plutôt imprudents, venant du Chef de l'Eglise universelle, même si son opinion PERSONNELLE est éventuellement partageable) tenus dans l'avion de retour de Lisbonne à propos de Medjugorje: cf. www.lanuovabq.it.

Une autre question que se pose Socci dans un post-scriptum à son article concerne l'identification entre lui-même et "l'évêque vêtu de blanc" lors de la prière récitée Vendredi soir dans la petite chapelle des apparitions. Socci rappelle en effet toute l'ambiguïté de ce personnage mystérieux. Là encore, l'article de la Bussola rapporte les explications alambiquée de François dans la conférence de presse aéroportée, qui s'exonère de toute responsabilité en précisant que ce n'est pas lui qui a écrit la prière (ce dont on se doutait un peu...)

Il a aussi détruit le message de Notre-Dame de Fatima

(photo: François debout devant le Saint-Sacrement - comme d'habitude - avec le prie-Dieu resté inutilisé)

www.antoniosocci.com
13 mai 2017
Ma traduction

* * *

Lors du pèlerinage à Fatima du 13 mai 2010, Benoît XVI espérait voir pour le centenaire des apparitions (2017), le triomphe du Cœur Immaculé de Marie prophétisé par le message de Notre-Dame.
Mais le 12 mai 2017 le pape Bergoglio a en substance liquidé Fatima et le message de la Mère de Dieu.
Aujourd'hui, dans l'homélie, grâce au ciel, il a lu une petite page commémorative normale, préparée par les théologiens du Saint-Siège pour la canonisation des pastoureaux, et il y a eu même une (brève) mention de l'enfer (la stratégie bergoglienne est toujours la même).
Mais hier, quand il a prononcé son vrai discours bergoglien, quelque chose de sensationnel est arrivé. Il est venu à Fatima précisément pour prononcer ces mots qui sont en opposition avec tous ceux prononcés dans ce sanctuaire par les autres papes qui sont allés là-bas comme pèlerins.

UN COMPTE OUVERT
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Que Bergoglio avait un compte ouvert avec Fatima, on pouvait l'imaginer aussi parce que durant les polémiques des synodes (sur la communion aux divorcés remariés ) on a souvent cité plusieurs mots importants de Sœur Lucie qui faisaient comprendre à quel point les «modernisations» théorisées par Kasper et imposées par Bergoglio étaient une erreur.
C'est le cardinal Carlo Caffarra - qui se battait pour la défense de la foi catholique et a été ensuite l'un des protagonistes des Dubia - qui rapporta que, quand Jean-Paul II lui confia la tâche de fonder l'Institut pontifical d'études sur le mariage et la famille, il écrivit à sœur Lucie pour lui demander ses prières.
Et - à sa grande surprise - la voyante lui répondit par une longue lettre dans laquelle - a dit le cardinal - elle déclarait que « la bataille finale entre Dieu et le royaume de Satan sera sur la famille et le mariage. N'ayez pas peur, ajoutait-elle, parce que quiconque oeuvre pour le caractère sacré du mariage et de la famille sera toujours combattu et contré par tous les moyens, car c'est le point décisif. Et elle concluait: mais la Sainte Vierge lui a déjà écrasé la tête ».

De manière plus générale on pouvait imaginer que les apparitions de Fatima ne sont pas aimées par Bergoglio: il y a la vision de l'enfer, l'appel à la conversion et à la pénitence, et il y a la prophétie sur l'avènement du communisme athée qui avec ses crimes, en particulier la persécution des chrétiens, a ensanglanté le XXe siècle (et au-delà).
Autant de thèmes détestés par Bergoglio. Mais on ne pouvait pas imaginer que Bergoglio avait décidé ce voyage pour démolir carrément les apparitions et le message de la Sainte Vierge.
Un spectacle jamais vu.

DÉMOLITION
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Le discours à la veillée de vendredi soir (la bénédiction des bougies) a été celui décisif.
Non seulement il n'a jamais mentionné ni l'enfer, ni le communisme athée, mais il a contesté explicitement les paroles de la Sainte Vierge et sa prophétie, jusqu'à ridiculiser le message rapporté par Sœur Lucie.
En effet , le contenu central de l'apparition de Fatima était la vision de l'horreur de l'enfer, montré aux petits bergers.
Voilà pourquoi Sainte Vierge est apparue: elle a exprimé sa vive douleur parce qu'il y a ici-bas tellement d'âmes qui sombrent; elle a mis en garde contre l'avènement du communisme athée (qui a en effet pris le pouvoir en Russie quelques mois plus tard), elle a appelé à la conversion et à la pénitence pour conjurer la damnation éternelle et les catastrophes que le choix du mal attire sur l'humanité et le monde.
Eh bien, Bergoglio est allé à Fatima pour tout renverser.

Il a soutenu que l'on commet «une grande injustice contre Dieu et sa grâce, quand on affirme en premier lieu que les péchés sont punis par son jugement», parce qu'il faut «assurer auparavant qu'ils sont pardonnés par sa miséricorde». Et il répète: «Nous devons faire passer la miséricorde avant le jugement» .

Contre qui en a-t-il? Il est évident que la cible est le Message de Fatima, rapporté par Sœur Lucie. Mais la voyante a simplement rapporté les mots de la Vierge.
Donc, il y a trois possibilités: soit Dieu - de l'avis de Bergoglio - n'est pas suffisamment miséricordieux et il a tort de condamner autant d'âmes au supplice éternel; soit Bergoglio ne croit pas aux apparitions (et donc il s'en prend à Sœur Lucie); soit il est en train d'accuser directement la Sainte Vierge d'avoir commis une «grande injustice contre Dieu».

MAIS Y CROIT-IL?
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Que Bergoglio ne croie pas vraiment aux apparitions et aux miracles, c'est en vérité plus qu'un soupçon, parce qu'il l'a dit lui-même dans le livre d'entretien «Sur la terre comme au ciel» où il déclare:

«Je ressens une méfiance immédiate devant des cas de guérison, même quand il s'agit de révélations ou de visions; ce sont toutes des choses qui me mettent sur la défensive. Dieu n'est pas une sorte de Correo Andreani (un courrier, ndlr) qui envoie constamment des messages».
Dans la pratique Bergoglio nous dit qu'il croit en un Dieu, mais ce n'est pas le Dieu des catholiques. Du reste, il l'a dit ouvertement dans l'entretien avec Scalfari: «Je crois en Dieu, pas en Dieu catholique, il n'existe pas de Dieu catholique» .
Les musulmans ou même les francs-maçons - pour dire les choses - peuvent souscrire une déclaration similaire. Mais pas les catholiques.
Le problème est le suivant: un homme qui - en tant que pape de l'Eglise catholique - prétend porter l'Église hors du catholicisme. C'est pourquoi hier, à Fatima, Bergoglio a ridiculisé de fait la peur de l'enfer et l'admonestation maternelle de la Vierge sur la perdition éternelle .

LA MÈRE DE DIEU
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Donc, Bergoglio a directement pris pour cible la dévotion populaire à la Sainte Vierge, en ironisant parce qu'on en aurait fait «une image pieuse» (une santina) à laquelle on a recours pour recevoir des faveurs à bon marché».
Ici déborde son mépris pour la piété chrétienne du peuple catholique, et Sœur Lucie, qui nous aurait en substance transmis une caricature de la Sainte Vierge est à nouveau ciblée: «une Marie esquissée par des sensibilités subjectives qui la voient tenir ferme le bras justicier de Dieu prêt à punir».
Ceci est une contestation explicite et flagrante du Message de Fatima et aussi de La Salette ainsi (bien que l'Eglise ait reconnu les apparitions ...).

PEUR DE DIEU
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Comme je l'ai dit, la mise en garde de la Sainte Vierge contre le risque de perdition éternelle est renversée ainsi par Bergoglio: «nous devons faire passer la miséricorde avant le jugement».
C'est son idée habituelle «subjective» selon laquelle nous serions tous sauvés et donc il n'y a pas besoin de conversion (encore moins de pénitence). Bergoglio - ici dans la ligne de Luther - nous dit que Jésus «a payé pour nous sur la Croix. Et ainsi, dans la foi qui nous unit à la Croix du Christ, nous sommes libérés de nos péchés».
Voilà pourquoi il n'y a pas trace de l'enfer dans le discours de Bergoglio vendredi.
Pour toutes ces raisons Bergoglio a conclu en invitant à se libérer de la «crainte de Dieu» que la Sainte Vierge nous a enseignée: «mettons de côté toute forme de peur et de crainte, parce que cela ne convient pas à celui qui est aimé».
En réalité, chez Bergoglio, il n'y a pas trace de crainte de Dieu.
Dans ses interventions de ces derniers mois, il balaye le Dieu proclamé par l'Eglise («il y a un Dieu catholique»), ridiculise la Trinité («même au sein de la Trinité, ils se disputent tous derrière les portes closes, tandis que dehors, l'image est l'unité»), se moque du Fils de Dieu («Jésus fait un peu l'idiot») et en arrive même à blasphémer en prétendant que Jésus sur la croix «s'est fait diable».
Maintenant, il démolit même le Message de Fatima et l'image de la Vierge de la dévotion catholique.

A ce stade, on se demande: quelle autre démolition doit-il faire pour ouvrir les yeux des papolatres enthousiastes?

* * *

PS (d'Antonio Socci)

Vendredi soir, le Pape Bergoglio s'est présenté devant l'image de la Sainte Vierge en s'attribuant à lui-même l'expression «l'évêque vêtu de blanc» (cf. w2.vatican.va).
Il a voulu citer ainsi l'un des personnages contenus dans la vision du Troisième Secret de Fatima.
C'est surprenant et peut-être quelqu'un de son entourage aurait-il dû le lui déconseiller, parce que dans la réflexion sur le Troisième Secret, ces dernières années, on a compris que cette figure de la vision est au moins ambiguë et inquiétante.
Et c'est très différent de l'autre figure, «le vieux Saint-Père, à moitié tremblant, au pas vacillant, affligé de douleur et de peine» qui gravit la montagne .
Au contraire, il est assez plausible que l'énigme même de ce personnage inquiétant - l'«évêque vêtu de blanc» - la Sainte Vierge l'ait expliqué dans la partie du Troisième Secret qui n'a pas été publiée et qui devrait se référer à l'apostasie de l'Eglise et aux gravissimes problèmes aux sommets.
Il est vrai que Sœur Lucie écrit de cet «évêque vêtu de blanc» que «nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père», mais toute cette formulation est très étrange.
Dans le livre «Le quatrième secret de Fatima» (*) que j'ai publié en 2006 - donc bien avant les événements d'aujourd'hui - je faisais ces questions et ces hypothèses:

«Pourquoi - s'est-on demandé - la voyante utilise-t-elle ici une périphrase compliquée (un évêque vêtu de blanc) quand, quelques lignes plus loin, elle nomme expressément et directement le Pape, l'appelant «le Saint-Père»? (**) La formule «évêque vêtu de blanc» dont «nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père», dans cette partie du secret, est-elle seulement une façon un peu alambiquée pour désigner le pape ou pourrait-elle se référer à quelqu'un qui porterait la robe papale, mais sans être le pape ou sans l'être légitimement? En fait, une telle expression peut-elle ne pas être accidentelle étant en elle-même inexplicable, illogique et compliquée: tout au plus, il aurait été logique de dire «un homme vêtu de blanc», puisque c'est ce que les enfants ont vu. Mais comment Lucie peut-elle avoir vu «un évêque vêtu de blanc»? Personne n'a écrit sur son visage qu'il est évêque, être évêque n'est pas un aspect visible comme être blond ou brun. L'utilisation du mot «évêque» mais «vêtu de blanc» fait penser qu'il pourrait s'agir vraiment d'un pape illégitime, d'un anti-pape, d'un usurpateur. Sœur Lucie affirme avoir écrit le secret avec l'assistance directe de la Vierge, «mot pour mot», de sorte que l'utilisation de cette formule a été directement inspirée d'en haut. Que signifierait une telle chose? L'«évêque vêtu de blanc» est -il une personne différente de celui - appelé précisément «le Saint-Père» - qui traverse peu de temps après la ville en ruines ... »?

Pour toutes ces raisons - que le Pape Bergoglio ne connaît probablement pas - je suis resté un peu perplexe du choix officiel de se décrire comme «l'évêque vêtu de blanc» (je lui aurais conseillé de ne pas l'utiliser).
Il faut vraiment demander une ardente prière à Notre-Dame de Fatima pour qu'elle protège l'Église, soutienne Benoît XVI et éclaire le pape Bergoglio.

Antonio Socci

NDT

(*) Il est l'auteur d'un livre paru en 2006 "Il quarto segreto di Fatima" - non traduit en français mais disponible au format Kindle sur Amazon; voir ici la présentation très intéressante de ce livre en français: www.fatima.be

(**) Le Troisième Secret dans le récit de Soeur Lucie sur le site du Saint-Siège: www.vatican.va .