Benoit-et-moi 2017
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Le "pop Pape"

La popularité médiatique (au moins celle-là) ne se dément pas. Il fait la couverture de magazines (ici, de Rolling Stone) et enchaîne les interviews (10/3/2017)

Rappelons que le Pape a déjà fait la couverture de Rolling Stone (en janvier 2014), qui massacrait au passage le pape Benoît.

Motus in fine velocior
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En lisant ce compte-rendu de Lorenzo Bertocchi pour "La Bussola" (pratiquement dénué de commentaires, sans doute y aurait-il trop à dire) j'ai repensé à une confidence de l'archevêque Bruno Forte, faisant en mai 2016 lors d'une réunion publique la promotion d'Amoris Laetitia.
Le secrétaire spécial du Synode des évêques sur la famille, nommé par le Pape, avait rapporté une réplique de François, qui aurait dit (cela n'a jamais été démenti!)

«Si nous parlons explicitement de communion aux divorcés remariés, CEUX-LÀ, tu ne sais pas quel "casino" (lio) ils nous combinent. Alors, n'en parlons pas de manière directe, fais en sorte qu'il y ait les prémisses, ensuite, les conclusions, c'est moi qui les tirerai».

Il est évidemment très tentant de remplacer 'communion aux divorcés remariés ' par 'célibat des prêtres' ou 'femmes-prêtres'.

Célibat et diaconesses Le "Pape pop" tous azimuts

Lorenzo Bertocchi
La Bussola
9 mars 2017
Ma traduction

* * *

L'édition italienne de la célèbre revue musicale Rolling Stone a consacré une belle couverture au "Pape pop", tandis que l'hebdomadaire allemand Die Zeit a publié une énième longue interview de François.

Sur la belle couverture jaune de Rolling Stone se détache un Pape François avec le pouce levé, véritable icône pour le lecteur habitué à des gestes "easy". Mais pourquoi le pape sur la couverture? Simple, répond la revue, «parce qu'il dit des choses de bon sens». Et ces choses seraient d'un tel bon sens qu'à cause de cela, «en ce moment, sa solitude commence à être palpable». Eh oui, parce qu'il y a les «ennemis» qui, comme d'habitude, et sans beaucoup d'imagination, sont identifiés dans le cardinal américain Raymond Burke décrit comme «ultra-conservateur, défenseur de la messe en latin, un cardinal habillé en cardinal, bonne connaissance de l'un des stratèges de Trump». Bref, tout sauf pop, le cardinal Burke, avec la circonstance aggravante d'être du mauvais côté politique. Mais ne vous inquiétez pas, expliquent ceux de Rolling Stone, le jésuite François se charge de le chasser de l'Ordre de Malte et de le confiner à Guam.

Peu importe que les choses ne se soient pas passées exactement ainsi, l'important est que la narration pop se poursuive. Dans le numéro actuellement en kiosque de la célèbre revue musicale, le storytelling continue: avec des articles sur la prochaine visite du pape à Milan, signé par le prince des vaticanistes (!!!), Andrea Tornielli; une interview du réalisateur Ermanno Olmi qui a consacré son dernier film au cardinal Carlo Maria Martini, autre figure suffisamment pop; et, last but not least, avec une interview du plus pop parmi les responsables de la Civiltà Cattolica, le père Antonio Spadaro SJ, expliquant comment, pour François «le geste est la source de la parole». Le pape pop est un pape qui FAIT.

LE CARDINAL BURKE «N'AGISSAIT PLUS TOUT SEUL»
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Sur l'hebdomadaire allemand Die Zeit, plus sérieux, il y a en revanche une longue interview accordée directement par le pape. De nombreux sujets sont abordés, notamment celui du cardinal Burke dont François dit «je ne le considère pas comme un ennemi».

«Le problème de l'Ordre de Malte», répond-il à propos de la récente controverse qui a secoué l'antique ordre de chevalerie, «c'était plutôt que le cardinal Burke ne parvenait pas à traiter cette affaire, parce qu'il n'agissait plus tout seul. Je ne lui ai pas enlevé le titre de patron. Il est encore patron de l'ordre de Malte, mais il s'agit de faire un peu de ménage dans l'Ordre et c'est pour cela que j'ai envoyé un délégué, qui possède un autre charisme que Burke». Puis, pour une raison non explicitée, il semble que le pape affirme que le cardinal n'était pas libre d'agir, une déclaration plutôt inhabituelle (ndt: le Pape aurait-il sa propre théorie du complot??). Quoi qu'il en soit, pour une affaire liée à un vieux cas d'abus [sexuel], le cardinal Burke n'a pas été envoyé à Guam par punition, mais «il s'y est rendu pour un acte horrible. Je lui en suis très reconnaissant, il y a eu là-bas un cas grave d'abus et c'est un excellent juriste, mais je crois que sa mission est déjà presque terminée».

CRISE VOCATIONNELLE ET VIRI PROBATI
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Confronté à une crise historique des vocations ( «La vocation des prêtres est un problème, c'est un énorme problème») François indique comme également possible la voie des viri probati, des hommes mariés de foi éprouvée auxquels peuvent être confiées des tâches équivalentes à celles des prêtres. «On parle souvent du célibat volontaire, dans ce contexte, en particulier là où le clergé manque. Mais le célibat volontaire n'est pas une solution [...] Nous avons besoin de réfléchir si celle des viri probati est une possibilité. Ensuite, nous devons aussi déterminer quelles tâches ils peuvent assumer, par exemple dans des communautés très éloignées».

Pourquoi, demande l'intervieweur, n'est-ce pas pour l'Église catholique, le bon moment pour dissoudre ou desserrer le célibat? «Pour l'Eglise» répond François, «il est toujours important de reconnaître le bon moment, pour reconnaître quand l'Esprit Saint réclame quelque chose. Voilà pourquoi je dis que sur les viri probati, on continue de réfléchir».

DIACONESSES
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Depuis à peu près un an, une commission est au travail, étudiant la possibilitant d'introduire un rôle spécifique pour les femmes dans l'Eglise, ce qu'on appelle les "diaconesses". Les travaux, d'après ce qui se dit, sont en bonne voie et devraient conduire à une fonction reconnue, même si ce n'est pas à travers l'ordination sacramentelle. François a en quelque sorte confirmé. En effet, interrogé sur l'état des travaux de la commission, il a déclaré que «(...) la question n'est pas de savoir s'il existait des femmes ordonnées, mais ce qu'elles faisaient. Ils [les membres de la commission] ont cité trois choses: les femmes aidaient pour le baptême, pour l'onction des femmes malades, et quand une femme se plaignait à l'évêque d'avoir été battue par son mari, l'évêque envoyait une diaconesse pour contrôler les hématomes. NOUS VERRONS BIEN SI LA COMMISSION TROUVE AUTRE CHOSE. En mars, pour ce que je sais, ils se réuniront pour la troisième fois, et je jetterai un coup d'oeil et je m'informerai sur l'état de la question». Il a ensuite rappelé qu'il ne faut pas avoir peur (ndt: de quoi???).

PROSELYTISME ET VOCATIONS
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Parlant de la crise démographique, le Pape François a observé que «là où il n'y a pas de jeunes hommes, il n'y a pas non plus de prêtres. Il s'agit d'un problème sérieux que nous devrons affronter au prochain Synode sur les jeunes, et qui n'a rien à voir avec le prosélytisme. Par le prosélytisme, on n'obtient pas de vocations ... ».

«Je vous demande pardon - demande Giovanni Lorenzo, de Die Zeit - mais je ne comprends pas ce que signifie "prosélytisme"».

«C'est la prédation (sic!!) des croyants d'autres religions, comme dans un organisme de charité qui attire des membres. Alors, on voit arriver beaucoup de jeunes qui ne se sentent pas appelés, et qui détruiront l'Église. La sélection est décisive».