Benoit-et-moi 2017
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Les explications d'Antonio Socci

... après le billet du 8 février où certains (mais pas moi) avaient cru comprendre qu'il quittait le champ de bataille (16/2/2017)

>>> Le billet en question est ici. Il a été commenté ici: Guerre civile dans l'Eglise?

Pour Antonio Socci, il ne s'agit à l'évidence pas vraiment, ou pas seulement de désamorcer une polémique qui lui serait purement personnelle avec ses lecteurs et accessoirement avec ses collègues vaticanistes, née de la publication d'un article où il les invitait à "dire non à la guerre civile entre catholiques"; mais plutôt d'indiquer un chemin possible pour traverser, disons, chrétiennement, ce passage difficile pour l'Eglise. Et à ce titre, ce dernier billet a évidemment une portée plus générale.

Une précision sur le post du 8 février.
Mais quelle marche arrière? Au contraire, un pas en avant, mais il faut comprendre vers où.

www.antoniosocci.com
14 février 2017
Ma traduction

* * *

Mon billet du 8 Février a suscité la confusion chez certains d'entre vous. Beaucoup ont mal compris. Sûrement parce que je n'ai pas été clair, mais peut-être aussi parce qu'il existe une forma mentis erronée que certains d'entre vous ont du mal à dépasser.
Comme beaucoup d'entre vous ont mis du temps à comprendre la gravité du «cas Bergoglio» et - au début - m'ont agressé verbalement, de même, aujourd'hui, beaucoup ont du mal à comprendre la nouvelle situation qui s'est créée et la responsabilité qui nous incombe, en ce moment grave de l'histoire, en tant que catholiques.
Je vais donc essayer de vous dire certaines choses qui m'ont incité à écrire ce billet. Ce sont les réflexions qui me viennent ces jours-ci. Prenez-les comme des notes de voyage provisoires. Prêtes à être approfondie ou corrigées.

1. C'est un moment où circulent de nombreux canulars et de nombreux personnages étranges. Il est facile d'être trompés ou de tomber dans des provocations ou de nourrir des ressentiments stupides. Ou de se laisser aller à une colère instinctive.
Il est donc nécessaire d'exercer la vertu cardinale de la PRUDENCE et celle de la ruse: «Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups; alors soyez prudents comme les serpents et simples comme les colombes » (Mt 10:16).

2 L'utilisation que l'establishment de Sainte Marthe a faite de l'épisode des affiches à Rome ou la désinvolture avec laquelle elle a «bétonné» une institution millénaire (reconnue internationalement) comme l'Ordre de Malte (mais on pourrait faire beaucoup d'autres exemples), confirme que ce pouvoir exploite toujours des prétextes ou des malentendus créés à dessein, pour renforcer la répression: la machine est déjà en route pour le limogeage du cardinal Müller (après le cardinal Burke) et peut-être d'autres cardinaux catholiques (tandis que se poursuit l'épuration parmi les évêques).
C'est pourquoi la pire des erreurs est de fournir des prétextes au Pouvoir. Par ailleurs, on ne défend pas la doctrine catholique avec des sentiments et des mots qui ne sont pas compatibles avec le «style chrétien».
Cela arrive - selon moi - parce qu'il y a chez beaucoup un fort sentiment d'impuissance et de frustration dû au fait d'être trompé et de devoir assister à la ruine de l'Eglise sans pouvoir faire quoi que ce soit. Mais ce sentiment est du ressentiment et dérive d'un dangereux affaiblissement de la foi et de l'espérance .
En fait, paradoxalement, ce moment est un moment d'épreuve, mais aussi un moment de grâce, et avoir le don de discernement est une grande grâce dont il faut être heureux et reconnaissant, alors que nous demandons la persévérance.
Surtout, en voyant que dans cette transition historique, qui est le moment de vérité, beaucoup ont trahi ou d'autres préfèrent ne pas s'exposer.
Je le répète. La colère et le découragement sont des péchés contre l'espérance, et contre la foi. Et si vous permettez, également contre le réalisme .
Parce qu'il y a une bataille culturelle que nous avons désormais remportée: aujourd'hui, tout est clair pour ceux qui veulent voir (ceux qui ne veulent pas voir nieront toujours l'évidence).
Le roi est nu, l'arrogance - même si elle est masquée par la miséricorde - apparaît évidente, de même que la déviation par rapport à la doctrine catholique .
En outre, le cadre géopolitique a changé. L'impérialisme d'Obama et d'Hillary Clinton - dans le lit duquel est advenu le «renoncement» de Benoît XVI et l'accession au pouvoir de l'évêque argentin - a été défait par l'irruption de Donald Trump .
Aujourd'hui, le pape Bergoglio n'a plus le parrainage puissant de l'empire américain et - maladroitement - l'entourage bergoglien patauge pour tenter d'accréditer Bergoglio à la cour de Trump (après que l'évêque de Rome l'ait attaqué de façon incroyable au cours de la campagne électorale et l'ait comparé à Hitler il y a quelques jours).

3. Nous constatons qu'un système de gouvernement de l'Église que personne n'avait jamais vu avant a été mis en place. Ils semblent n'avoir aucune crainte de Dieu.
Ils semblent croire qu'ils sont les maîtres, au lieu des serviteurs, de l'Épouse du Christ et - en la dénigrant sans relâche - ils passent sur les personnes et les institutions sans respect, même pas du commandement de la charité. Du reste, ils ne respectent même pas le Saint-Sacrement ...
Donc, aujourd'hui, il ne s'agit pas seulement de défendre la doctrine catholique, mais aussi d'être différents d'eux.
On ne s'oppose pas à une logique de pouvoir (une logique sectaire) avec une logique sectaire de pouvoir égale et [de signe] opposé.
Celui qui veut être un témoin du Christ ne cherche pas sa propre victoire, mais il vit “ad maiorem Dei gloriam”. Il combat sans relâche pour la vérité, mais avec la paix au cœur et - tout en rendant témoignage - il prie, parce que seul le Seigneur peut sauver son Église, parvenant même à convertir chacun.

4. L'affaire des "Dubia" nous place désormais devant un pape qui refuse d'obtempérer au premier devoir de la papauté: celui de «confirmer dans la foi».
Il refuse de confirmer l'enseignement de toujours de l'Église, il refuse de prononcer la parole claire et définitive sur des thèmes essentiels de la foi et de la morale (surtout après que lui-même - avec Amoris laetitia - ait créé la confusion, légitimant une pratique pastorale hétérodoxe ).
Nous sommes donc dans une situation très grave, où sont mis en question non seulement la doctrine et les sacrements, mais aussi la continuité du magistère, qui est fondamentale pour la vie de l'Eglise.
Si à cela on devait ajouter - comme beaucoup de signaux semblent le faire comprendre - un coup de force contre la liturgie allant même jusqu'à modifier la messe et le rite de la consécration, dans le sens protestant, nous devrions reconnaître qu'il y a un fondement à la conviction de beaucoup que nous vivons une tragédie semblable à celle montrée dans la prophétie biblique, rapportée dans le Catéchisme de l'Eglise catholique au n. 675:

« Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18, 8 ; Mt 24, 12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (cf. Lc 21, 12 ; Jn 15, 19-20) dévoilera le " mystère d’iniquité " sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2 Th 2, 4-12 ; 1 Th 5, 2-3 ; 2 Jn 7 ; 1 Jn 2, 18. 22).»

Dans les prochains mois, tout peut arriver, même un tragique schisme. Il est donc nécessaire que chacun - à travers le témoignage - aide au discernement des autres, avec des arguments et avec un style de vie chrétiens.
Nous savons bien quelle est et où est la véritable Eglise catholique: c'est celle qui professe tout ce que l'Eglise des saints et des martyrs a toujours enseigné.
Et il y a une connotation particulière, qui rend encore plus reconnaissable la «vraie Eglise» de la «fausse Eglise».
La véritable Eglise est PERSÉCUTÉE, par la fausse Eglise et par le monde. Alors que la fausse Eglise est applaudie et acclamée par le monde.
Le vénérable Fulton Sheen (archevêque) a écrit:

«Si je n'étais pas catholique et voulais trouver quelle est aujourd'hui dans le monde, la véritable Eglise, j'irais à la recherche de l'unique Eglise qui n'est pas en accord avec le monde. J'irais à la recherche de l'Eglise qui est haïe du monde. En fait, si le dans le monde d'aujourd'hui le Christ est dans une Eglise, Il doit être encore haï comme quand il vivait sur la terre. Si donc aujourd'hui vous voulez trouver le Christ, trouvez l'Eglise qui n'est pas en accord avec le monde. Cherchez cette Eglise que les "mondains" veulent détruire au nom de Dieu comme ils ont crucifié le Christ. Cherchez l'Eglise que le monde refuse comme les hommes ont refusé d'accueillir le Christ».

Donc: nous vivons un moment extraordinaire de l'histoire. Et nous devons le vivre en vrais chrétiens. Il pourrait se produire l'événement le plus catastrophique dans l'histoire de l'Eglise: un schisme provoqué du sommet.
Nous ne pouvons pas affronter une telle tragédie comme s'il s'agissait d'un différend entre partis ou entre factions,
mais en nous rappelant que nous sommes appelés à la sainteté. Et que la seule chose que nous ayons à faire est de nous battre pour la vérité: la victoire est entièrement à Dieu.
Sa plus grande victoire serait la conversion et le retour sur le droit chemin des frères qui sont aujourd'hui en train de révolutionner l'Eglise du Christ, cherchant à en faire une «nouvelle Eglise» à leur image et ressemblance. Une prétention terrifiante et insensée. Pour que Dieu touche leur cœur et leur esprit, nous devons nous engager avec le témoignage et la prière.

Antonio Socci