Benoit-et-moi 2017
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L'évangile selon Scalfari... ou quelqu'un d'autre?

Un billet de Marco Tosatti, qui se fait ici le porte-parole de son hôte désormais récurrent "Pezzo Grosso". Et une interview du même Tosatti, courageux soldat d'un combat relativement isolé dans le milieu des médias (10/10/2017)

Le blog de Marco Tosatti, <Stilum Curiae>, succédant à <San Pietro e dintorni> qui était hébergé par... la Stampa (et son satellite Vatican Insider, dirigé par Andrea Tornielli, véritable porte-parole officieux de Sainte-Marthe), fête son premier anniversaire avec deux millions de visites: un beau succès pleinement justifié par la qualité et l'originalité de l'information et le courage de son animateur, lequel continue contre vents et marées son combat presque solitaire contre la dérive de l'Eglise à laquelle nous assistons en ce moment, dans l'indifférence de la grande majorité des catholiques. Une petite flamme dans l'obscurité.

Pour l'occasion, il a été interviewé par Bruno Volpe (sous Benoît XVI, il animait un très beau site, <Petrus>, cf. ICI), responsable d'un autre blog à contre courant, <La fede quotidiana>.
C'est le témoignage d'un homme sincère et passionné, qui redonne ses lettres de noblesse au journalisme:

UNE PETITE BRÈCHE DANS UN CONFORMISME INFORMATIF EMBARRASSANT AUTOUR DU PAPE
(ma traduction)

* * *

- Tosatti, <Stilum Curiae> a atteint deux millions de visiteurs. Vous vous attendiez à des résultats aussi réconfortants?
- Avant tout, je remercie tous ceux qui ont visité le site. Je suis vraiment heureux, et très sincèrement, je n'aurais pas pensé, il y a un an, à un accueil si favorable.

- De quoi est né <Stilum Curiae>?
- De ma profession de journaliste, même si aujourd'hui je suis à la retraite et que je peux être plus détendu. Je suis catholique, mais d'abord journaliste et je mets la rigueur du professionnalisme avant mes convictions. A la fin de mes jours, on me demandera: comment as-tu investi tes talents? As-tu bien et honnêtement fait ton travail? As-tu été correct en donnant les nouvelles? Voilà: catholique, mais avec la ferme idée d'honorer le journalisme, qui est une chose belle et sérieuse.

- Qu'y a-t-il derrière <Stilum Curiae>?
- L'engagement et je dirais ma passion. Comme vous pouvez le voir, je m'occupe de l'Église catholique, mais de temps en temps, je change de sujet. Je n'ai pas de financeur, j'y mets de ma poche pour maintenir le site. Récemment, des interlocuteurs étrangers qui voulaient faire de la publicité pour le site m'ont contacté, mais j'ai refusé parce que je considérais que ce n'était pas approprié et pas compatible avec ce site.

- D'où viennent les visites?
- De l'Italie en majorité, mais aussi de l'étranger, et je pense à l'Espagne, aux États-Unis, au Venezuela et à la Pologne [et la France?!!]. Je dois modérer les commentaires, je le fais avec tous, et il en est arrivé plus de 20 mille jusqu'à présent. Je les lis tous pour éviter les insultes et les offenses que je n'admets pas.

- Sur le blog, ily a les signatures de Pezzo Grosso et de l'abbé Farias. Ils existent?
- Je vous assure qu'ils existent et sont des personnes bien informées, mais même sous la torture, je ne vous dévoilerai pas qui ils sont en réalité. En tout cas, ils ne sont pas Tosatti.

- En tant que vaticaniste expert: que pensez-vous du document de correction filiale parvenu au Pape?
- Il me semble être le signe d'un malaise qui se répand parmi les fidèles, qui couve depuis un certain temps et d'une certaine façon les bons résultats du site le confirment. Il est regrettable que les signataires du texte soient dépeints comme des traditionalistes, avec mépris. Pour moi, c'est une ânerie. Ce sont des personnes compétentes et liées depuis toujours au bon Magistère de l'Église. La lettre est un indice d'une désorientation et d'un état de confusion désormais présents au sein de l'Église et il n'est donc pas juste de minimiser l'initiative puisqu'il y a beaucoup de pétitions populaires qui ont recueilli et rassemblent beaucoup d'adhésions. <Stilum Curiae> est aussi né comme une tentative de faire une petite brèche dans un conformisme informatif embarrassant autour du Pape .

Le dernier article de <Stilum Curiae> est une illustration de plus de ce combat quotidien.
Il est à propos du dernier éditorial sur La Repubblica de l'ineffable Scalfari alias l'ami de coeur, repris ici, de façon très significative, par Il Sismografo (on ne comptera pas sur moi pour traduire la prose de cet individu auquel je n'ai consacré que trop de temps, et qui, s'étant dans le passé très lointain où Benoît XVI régnait permis de le traiter de médiocre théologien, est désormais l'exégète quasi officiel du Pape!!!)
Antonio Socci en parlait sur sa page Facebook dès hier:

HÉRÉTIQUE?
Aujourd'hui Scalfari attribue à nouveau à Bergoglio la thèse selon laquelle l'enfer n'existe pas et l'âme n'est pas (pour tous) immortellee, lui attribuant ainsi deux hérésies. Bergoglio ne l'a jamais démenti et continue au contraire à le traiter comme un confident et un ami à qui il peut confier ses pensées. Mais un pape peut-il se comporter ainsi? Moi, je crois qu'un pape doit démentir publiquement.

Le nouvel évangile de Scalfari (et du Pape?).
Pezzo Grosso demande un fort démenti du Vatican

10 octobre 2017
www.marcotosatti.com
Ma traduction

* * *

Cette fois, dans la lettre que Pezzo Grosso m'a écrite hier, après avoir lu Eugenio Scalfari illustrer le nouvel humanisme de l'Église, basé selon lui sur les piliers Martini, Paglia et Bergoglio, je perçois un sentiment de réelle désorientation. Lisez et dites-moi si vous partagez ce sentiment. Encore une fois, en ces temps où ceux qui devraient faire entendre leur voix semblent ne traiter que d'immigration, il est regrettable que ce soient des informateurs occasionnels qui jettent la lumière sur la "pensée profonde" du N° 1. Lisons la lettre, à laquelle j'ai ajouté une petite apostille.

Cher Tosatti,

dans ses conversations avec le Pape Bergoglio, transcrites de mémoire, Scalfari, le grand et premier "converti" par le Pontife, fait aujourd'hui sur la Repubblica trois déclarations que je dois absolument commenter pour <Stilum Curiae>.

La première est que le Pape, dans le but de rencontrer la "modernité" est en fin de compte un "relativiste déclaré". Avec des guillemets, Scalfari cite une phrase du Pape:
"Nous, croyants, et évidemment surtout nous, prêtres et évêques, nous croyons à l'Absolu, mais chacun à sa manière, parce que chacun a sa tête et sa pensée. Donc, notre Vérité absolue, partagée par nous tous, est différente d'une personne à l'autre. ..... Une sorte de relativisme existe donc aussi parmi nous".
Bien, on s'en était aperçu, rien de nouveau.

Passons à la seconde. Scalfari, dans ses recherches sur l'origine du bien et du mal, se demande: "A qui doit-on l'existence du Démon?" Le lecteur a bien lu; Scalfari, par respect, écrit Démon avec un D majuscule. Puis il poursuit, expliquant que "la religion catholique-chrétienne fait évidemment la distinction entre le bien et le mal, mais elle n'affronte pas l'origine du mal: est-ce Dieu lui-même qui l'a créé au moment où il reconnaissait à ses créatures humaines le droit au libre arbitre?" Parbleu! Mais les leçons de doctrine du pape Bergoglio à Scalfari, à quoi ont-elles servi?

Et nous en arrivons au troisième point. Scalfari note que le Pape François (de façon - dit-il - plus révolutionnaire que Jean XXIII et Paul VI) a aboli les lieux où après la mort les âmes devront aller: l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis.
Le grand converti écrit: "Le pape François, je le répète, a aboli les lieux de résidence éternelle dans l'Au-delà des âmes". La thèse qu'il soutient "est que les âmes dominées par le mal et non repenties cessent d'exister, tandis que celles qui se sont rachetées du mal auront une assomption (saranno assunte) dans la félicité, en contemplant Dieu". Et là, il conclut que "le Jugement dernier, qui est dans la tradition de l'Église, perd tout son sens".
Il est certain que la conclusion de Scalfari n'est pas simplement que nous, pauvres c..., allons à notre Paradis (si nous y croyons) tandis que les Illuminés finissent là, et basta, parce que l'enfer, en tant qu'éternelle punition, n'existe pas. Non; en fait, elle explique et implique qu'il n'y a pas de péché originel, qu'il n'y a pas d'Incarnation, pas de Résurrection, et pas de Rédemption. Bref, nous sommes face à une opération colossale: on est en train de réécrire l'Évangile selon Scalfari, qui fait parler le Pape (mais sans enregistreur, voir le Père Sosa, SJ).
Conclusion, en lisant pour la première fois cet article sous-titré: "L'Eglise de François projette un nouvel humanisme", je me suis demandé avec quelle force et quelle détermination arrivera maintenant le démenti du porte-parole de la salle de presse du Vatican. Parce que si cette fois il n'arrive pas, les quatre cardinaux se sont trompés en formulant leurs DUBIA, ils auraient dû au contraire formuler un fort NUNC SCITOTE (des certitudes). Puis, en relisant, je me suis également demandé si ce n'est pas ça, la doctrine avec laquelle on pense convertir, en dialoguant? Curieux, ce modèle d'évangélisation, dans lequel on donne raison à ceux qui ont tort et tort à ceux qui ont raison. Je ne comprends plus rien, Tosatti. HELP!

Mon apostille. Elle est tirée d'un texte qui semble quelque peu obsolète, le Catéchisme de l'Église catholique.

1034. Jésus parle souvent de la " géhenne " du " feu qui ne s’éteint pas " (cf. Mt 5, 22. 29 ; 13, 42. 50 ; Mc 9, 43-48), réservé à ceux qui refusent jusqu’à la fin de leur vie de croire et de se convertir , et où peuvent être perdus à la fois l’âme et le corps (cf. Mt 10, 28). Jésus annonce en termes graves qu’il " enverra ses anges, qui ramasseront tous les fauteurs d’iniquité (...), et les jetteront dans la fournaise ardente " (Mt 13, 41-42), et qu’il prononcera la condamnation : " Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel ! " (Mt 25, 41).
(www.vatican.va)

C'est vrai, il n'y avait pas d'enregistreur à l'époque non plus - comme dans les conversations entre Scalfari et le Pape - mais si vous me permettez, je préfère croire en Jésus plutôt qu'en ses succédanées. Je me souviens du cri de Jean-Paul II dans la Vallée des Temples [en Sicile, ndt]: "Convertissez-vous! Un jour viendra le jugement de Dieu".
Et dans le jugement, que dira Dieu? "Tranquillisez-vous, on plaisantait"? Cela serait étrange....