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Méfaits et abus de pouvoir de "El Papa"

Recension de "266", le dernier livre d'AM Valli. Et un réquisitoire implacable de Maurizio Blondet, qui revient en particulier sur l'affaire des Chevaliers de Malte. (28/1/2017)

>>> A propos du livre "266", voir aussi:
¤ Les questions respectueuses d'un fils de l'Eglise
¤ La méthode François (I)
¤ La méthode François (II)
¤ Un vaticaniste inquiet

Un formidable et courageux article de Maurizio Blondet, qui en passant rend un hommage qui n'est pas de convenance à Aldo Maria Valli, qu'il a dû côtoyer comme collègue lorsqu'il collaborait à "Avvenire" (c'était avant l'ère galantinienne!).
Merci à Isabelle pour le travail de traduction.

Actes, méfaits et abus de pouvoir de «266», le miséricordieux

Maurizio Blondet
25 janvier 2017
www.maurizioblondet.it
Traduction d'Isabelle

* * *

Aldo Maria Valli est le vaticaniste du journal télévisé de la première chaîne italienne. En raison de cette position officielle, mais aussi parce que, par conviction, il s’imposait, en catholique pratiquant, cette humble discipline, il ne s’est jamais associé aux fortes critiques ou aux polémiques qu’a suscitées l’action de ce pape parmi des catholiques en vue (Antonio Socci) et même parmi les vaticanistes, – qu’il suffise de citer Marco Tosatti de La Stampa et Sandro Magister de la Repubblica.

D’un autre côté, il s’est toujours tenu à distance des adulateurs médiatiques et des lèche-bottes, toujours plus nombreux autour de Bergoglio qui les aime tant et les comble de faveurs. Il a suivi les actions et les voyages de « François » avec une objectivité et une modération que lui ont reprochées les plus passionnés des polémistes traditionalistes. Pendant des années, il a fait taire les doutes qui montaient en lui. Aujourd’hui, il s’est décidé : « Rarement, j’ai hésité ainsi avant de me mettre à écrire. Je sentais que j’avais quelque chose de pénible, peut-être même d’inquiétant à dire sur le pontificat de Bergoglio, mais je ne trouvais pas les mots justes. Je voulais exprimer un malaise et je n’étais pas capable de le formuler ».

En privé, il dit : « Je vis un moment étrange : après Amoris Laetitia, le voile m’est tombé des yeux et je vois El Papa pour ce qu’il est ». Le résultat en est son dernier essai : « 266. Jorge Mario Bergoglio Franciscus P. P. » (Ed. Liberilibri, 206 pages, 16 euro). Le titre « 266 » signifie que Bergoglio est le 266e dans l’ordre des successeurs de Pierre ; l’écho apocalyptique ne passera pas inaperçu : 266 est presque « un chiffre d’homme » (NDT : cf. Apocalypse 13, 18).

C’est justement parce qu’il est objectif, modéré et non partisan que le texte d’Aldo Maria Valli est impressionnant. Un impressionnant rapport clinique des déviations et des perfidies, des roueries, des ruses et des opportunismes de Bergoglio qu’il a vus de près au cours de tous ses voyages et de toutes ses interventions. Sans nervosité ni polémique, il en montre la superficialité, l’ignorance, le vide du discours – slogans destinés à susciter l’applaudissement des médias et qui trahissent la volonté de « plaire au monde qui plaît » – à commencer par le Grand Bourgeois Scalfari jusqu’à Emma Bonino et Napolitano – plutôt qu’aux « derniers ».

L'élève de Rhaner

Je parle de « rapport clinique », parce que, sans le vouloir, en ne faisant qu’aligner les faits, Valli révèle, en Bergoglio, le malade en phase terminale de cette hérésie pathologique de la hiérarchie qu’est la pseudo-théologie de Rahner ; il en montre tous les symptômes sous forme exacerbée et outrancière, et donc ridicule, et maligne.

Karl Rahner a décrété – et sa doctrine est devenue celle que l’on enseigne dans les séminaires – que « quiconque suit sa conscience, qu’il pense être chrétien ou non chrétien, être athée ou croyant, un tel individu plaît à Dieu, est accepté par Lui et peut obtenir la vie (…), la grâce et la justification, l’union et la communion avec Dieu, la possibilité d’atteindre la vie éternelle, toutes choses qui n’ont pour obstacle que la mauvaise conscience de l’homme ». C’est de cette source (corrompue) que naissent les « Qui suis-je pour juger ? », « il n’existe pas de Dieu catholique », « le prosélytisme est une bêtise ».

Et encore : la volonté expresse de « dissoudre l’Eglise » (littéralement) pour la fondre dans la « religion générale » de la « bonté » globale, acceptée par le mondialisme. Dans le rahnérianisme, le christianisme ne sert à rien, puisque chacun aura la vie éternelle, pourvu qu’il suive sa conscience.

Bergoglio l’a dit littéralement : « Je rêve (…) de transformer tout, pour que les habitudes, les styles, les horaires, le langage et la structure de l’Eglise deviennent un canal adéquat pour l’évangélisation du monde actuel, plutôt pour sa survie ». La revue catholique The Remnant avait commenté avec horreur : « Il est inconcevable qu’un pontife romain puisse seulement émettre l’hypothèse d’une opposition, qui n’existe pas, entre la survie de la sainte Eglise catholique et sa mission dans le monde ».

Mais c’est ainsi. On le voit aux insultes ininterrompues que Bergoglio lance à la face de ceux qui sont fidèles à la doctrine de l’Eglise : « pharisiens », « moralistes pédants », « paons », etc., par opposition à son infinie et inconditionnelle miséricorde envers les « derniers » dans les « périphéries ». Et pourtant ! La miséricorde de François, note Valli, est « sélective ». Et à l’attention des caméras de télévision.

Ainsi, lorsqu’il est allé dans l’île de Lesbos, escorté par une cohorte de journalistes de la télévision pour montrer sa conception de « l’accueil sans limites », comme un reproche vivant à notre égoïsme, et qu’il ramena dans l’avion trois familles de réfugiés. Toutes musulmanes. « Le pape s’est justifié en disant que ces familles avaient été choisies non pour leur appartenance religieuse, mais parce qu’elles avaient des papiers en règle. » En réalité, révèle Valli, il y avait au moins « une famille chrétienne avec des papiers en règle » sur l’île de Lesbos. Mais Roula et Abo, un couple syrien chrétien, ont été trompés : quelques jours avant la visite du pape à Lesbos, on leur avait dit que François les ramènerait avec lui en Italie. Puis à l’improviste, le refus : c’est une autre famille, musulmane, qui fut choisie à leur place. « Nous sommes contents pour la famille qui a été choisie – ont-ils dit – mais nous sommes aussi très déçus ».

Cette méchanceté glaciale montre bien que Bergoglio n’est pas allé à Lesbos comme un bon Samaritain, mais comme un idéologue impitoyable. Du reste, il s’est immédiatement débarrassé sur Sant’Egidio des trois familles musulmanes qu’il a ramenées à Rome. Comme les dames très riches qui adoptent de petits indiens et en font, quand ils grandissent, des cuistots ou des jardiniers.

Même cruauté lors de son voyage à Cuba. « François, attentif à cultiver une relation d’amitié avec les frères Castro, n’a pas eu une parole pour condamner le régime totalitaire et antidémocratique ». Et c’est peu dire : Castro a fait exécuter 9 240 adversaires politiques condamnés à mort, à quoi il faut ajouter 1 200 éliminations sans procès de dissidents ou de Cubains qui essayaient simplement de fuir le paradis communiste. Bergoglio, lors de sa visite qui fut si bénéfique au régime, pouvait au moins demander qu’on lui fît le cadeau de libérer les prisonniers politiques – parmi lesquels de nombreux incarcérés pour leur foi chrétienne.

Il ne l’a pas fait. Durant le vol de retour, il a bredouillé, en réponse à la question d’une journaliste de CNN (50 dissidents avaient été arrêtés devant la nonciature parce qu’ils cherchaient à rencontrer le pape) : « D’abord, je n’ai pas été informé que cela se soit produit ; je n’ai aucune information … Oui, j’aimerais les rencontrer. J’aime rencontrer tout le monde …la rencontre avec une personne m’enrichit toujours ».

Et puis, petit à petit, il a avoué la vérité : « Si vous voulez que je parle encore des dissidents, je peux vous dire quelque chose de très concret. D’abord, il était bien clair que je ne recevrais personne, parce que ce ne sont pas seulement les dissidents qui ont demandé à être reçus mais aussi d’autres personnes d’autres secteurs, y compris divers chefs d’Etat. Aucune audience n’était prévue : ni avec les dissidents, ni avec d’autres. Deuxièmement, la nonciature a appelé par téléphone certaines personnes de ce groupe de dissidents … Le but du nonce était de leur faire savoir que je saluerais avec plaisir ceux qui étaient là lors de mon arrivée à la cathédrale. Mais vu que personne ne s’est présenté pour me saluer, je ne sais pas s’il y en avait ou s’il n’y en avait pas ».

De sa propre bouche, nous avons donc appris : que le nonce avait, sur son ordre, téléphoné aux familles des dissidents pour les avertir que le pape n’avait aucune intention de les recevoir et, dès lors, qu’ils ne devaient pas insister et qu’il les saluerait dans l’église. Puis, dans l’église « personne ne s’est présenté ». Pardi ! ils avaient été arrêtés par la police castriste, et lui d’ajouter : « Je ne sais pas s’il y en avait ou s’il n’y en avait pas ». Pourtant la nonciature les avait avertis que j’étais disposé à les voir, « pour un salut en passant », conclut-il.

« En passant », je vous prie. Pour qu’ils ne viennent pas lui gâcher sa fête et celle de Castro. Ici ne s’applique aucun des mots-clés qui ont fait la fortune médiatique de François : « Ecoute, accueil, dialogue, intégration, miséricorde, périphéries, blessures… »

Ici encore, au fond, François est un élève qui pousse à l’extrême, de manière caricaturale, la pensée de Rahner. Le pseudo-théologien, tant aimé des jésuites, n’a-t-il pas dit : « Notre Seigneur doit se conformer au monde ; et pas le monde à Lui… ». Promoteur d’une théologie qui met Jésus de côté et qui convient à notre siècle », comme l’a vu le cardinal Siri. Bergoglio se conforme au monde et nous le voyons bien. Il ne dit pas que le monde doit se conformer au Seigneur : c’est en cela que consiste sa « bonté ».

Suppression de l’Ordre de Malte
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Une « bonté » qui a produit au Vatican un régime de terreur : il expulse, licencie, exclut de manière dictatoriale et même despotique. « Je suis le pape et ne dois rendre compte à personne de mes décisions », ainsi qu’il l’a dit, comme le rapporte le vaticaniste Tosatti, lorsqu’il a exigé le licenciement d’un employé du Vatican qui l’avait critiqué.

Il l’a sûrement dit aussi dans sa dernière manœuvre dirigée contre l’Ordre de Malte. Il a commencé par nommer une commission d’hommes à lui, pour se mêler d’une destitution à l’intérieur de l’Ordre et, lorsque l’Ordre, par la voix de son grand maître Matthew Festing, a répondu qu’étant souverain, il ne pouvait admettre d’ingérences de la part de la Secrétairerie d’Etat, le pape a exigé la démission du Grand Maître, qui l’a donnée.

Evidemment, en bon chrétien, haut chevalier de Malte et obligé d’obéir au pontife, et donc sans pouvoir défendre jusqu’au bout la souveraineté de l’ordre. C’est là un exemple typique de violence faite aux consciences droites, dont Bergoglio use de plus en plus souvent : il exige l’obéissance conformément à la tradition, pour ordonner l’autodestruction de la tradition elle-même. Il se sert, comme d’un levier, de son autorité de pontife suprême pour imposer la destruction de l’autorité ; il oblige les plus fidèles à trahir leur conscience intime ; or, c’est là précisément, selon Rahner, le seul « péché » qui ne sera pas pardonné. Il abolit donc chez les fidèles « la liberté de conscience », qu’il proclame vouloir coûte que coûte quand il parle avec Eugenio Scalfari. Il respecte la liberté de conscience de la Bonino, mais pas celle des Franciscains de l’Immaculée.

Le pire est qu’il ne s’est pas contenté de la démission du fidèle Festing ; il a en plus empêché les chevaliers de choisir librement, dans leur conseil, un nouveau Grand Maître, comme ils le font depuis des siècles. Il a annoncé la nomination prochaine d’un « délégué apostolique », qui a sa confiance et qui gouvernera l’ordre de Malte comme le veut El Papa. C’est là l’abolition totale de la souveraineté, complètement foulée aux pieds.

Désigner un administrateur pour un ordre souverain, de laïcs par surcroît, revient à envahir un Etat souverain. Un abus de pouvoir et un arbitraire despotique, sans aucune base légale ou légitime, qui blesse profondément la dignité humaine des chevaliers. De plus les précédents en matière de désignation d’administrateurs par François (dans le cas des Franciscains de l’Immaculée) permettent de deviner à quoi il veut arriver : la suppression pure et simple de l’Ordre de Malte. Pire : sa transformation en une ONG qui distribue des préservatifs dans le Tiers-Monde. En effet, ce qui a déchaîné l’action despotique de Bergoglio contre la souveraineté de l’Ordre, c’est sa volonté de défendre le trésorier Boeselager dont le Grand Maître avait demandé la démission après avoir découvert qu’il avait fait distribuer des préservatifs en Birmanie. Il est bien trop évident que El Papa n’a jamais eu de sympathie pour un catholicisme trop rigoureux en matière de morale familiale.

Commentaire attristé de l’hebdomadaire anglais Catholic Herald : le Vatican est devenu un endroit où les cliques ont plus d’autorité que le droit. Benoît XVI avait lancé cet avertissement : « Une société sans droit est une société sans droits ».

L’allusion aux cliques mérite qu’on s’y arrête. Le mobile probable de toute l’affaire pouvait-il être autre chose qu’une sordide histoire de sous ? Trois des cinq délégués de la première commission crée par le pape pour destituer Festing ont un conflit d’intérêt évident dans la destitution, car ils sont liés, et de surcroît comme dirigeants, à une fondation de Genève qui administre, d’une manière confidentielle et discutable, un héritage de 120 millions de francs suisses. Evidemment, un pactole qui fait envie et que Festing a défendu avec droiture contre maintes convoitises.

Si le délégué apostolique que le pape va nommer est l’un des membres dirigeants de la riche fondation – peut-être une femme, – alors la destruction despotique de l’ordre de Malte sera encore plus abjecte.

Bergoglio est en train de se surpasser lui-même. En détruisant les chevaliers, non seulement il commet un abus de pouvoir ; il accomplit un acte de vandalisme culturel, historique et spirituel auquel je ne trouve pas de précédent. Mais, si ! Peut-être celui-ci : la destruction par Daesh de l’antique et noble cité de Palmyre.

Je termine par l’exergue qu’Aldo Maria Valli a placé en première page de son ouvrage. Il est de saint Alphonse Marie de Liguori :

« Dieu use de miséricorde envers qui le craint, mais pas envers qui se sert d’elle pour ne pas le craindre ».

NDT

L'Allemand von Boeselager passe pour être un ami de Parolin et son frère a été nommé, en décembre dernier, à l'IOR. 
L'affaire comporterait donc aussi un côté sordide de "protection et promotion des amis", exercice à vrai dire dans lequel François excelle et est passé "grand maître"!