Benoit-et-moi 2017
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Mgr Negri, seul contre tous

après ses propos dérangeants sur la démission de Benoît XVI. (12/3/2017)

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Une interview tonitruante de Mgr Negri

Les déclarations de Mgr Negri dans un obscur quotidien régional en ligne, ont eu, comme il fallait s'y attendre, un retentissement mondial, et ont fait grincer pas mal de dents dans les rangs bergogliens, notamment chez ceux qu'on appelle "les gardiens de la révolution" (selon Raffaella, certains ont été jusqu'à réclamer des sanctions contre le prélat pour la simple raison qu'il a osé dire tout haut ce que baucoup pensent tout bas: les mêmes étaient beaucoup moins regardants lorsque Benoît XVI était attaqué!): elles ont été reprises jusque sur Breibart, le site dirigé par Steve Bannon, conseiller honni du non moins honni Président Trump.
Luis Badilla, sourcilleux zouave pontifical, directeur du site Il Sismografo, réputé être "la voix de Sainte-Marthe", autrement dit du Pape, est personnellement monté au créneau (preuve que le sujet est sensible) en allant interviewer le Père Lombardi qui, citant les déclarations de Benoît XVI dans ses "dernières conversations" avec Peter Seewald, note ironiquement: «c'est un étrange témoignage d'amitié que celui de Mgr Negri qui contredit triomphalement ce que dit son ami». Ce qui n'est guère amical non plus envers l'évêque mais surtout n'éclaircit pas "les points obscurs persistants sur la démission de Benoît XVI", qui sont indéniables.
Bref, Mgr Negri se retrouve seul, car personne n'ose le suivre sur le terrain où il s'est aventuré, courageusement ou imprudemment.
J'ai d'ailleurs été surprise qu'à ce jour, ses propos (datant de presque une semaine) n'aient pas été encore été commentés sur la Bussola, dans laquelle il écrit pourtant ponctuellement des tribunes (il y en avait encore une hier, consacrée à la Manif pour tous). Et tout aussi surprise que Rino Cammilleri qui collabore également à la Bussola, ait choisi Il Giornale pour donner son avis...

Mes lecteurs seront peut-être choqués, comme je l'ai été moi-même, par son interrogation sur le crédit donner aux dernières paroles de Ratzinger, qui, de fait, contredisent les premières. Mais plus qu'une critique à Benoît XVI - à qui il a toujours été loyal - c'est un jugement sur l'instrumentalisation dont le Pape émérite fait l'objet de la part du parti bergoglien pour asseoir sa propre légitimité et accréditer la continuité.

Ratzinger éliminé par le buonisme hypocrite

Ce n'est peut-être pas un complot. Mais si ça l'était, les résultats seraient-ils différents?

Rino Cammilleri
9 mars 2017
Il Giornale
Ma traduction

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L'ex-évêque de Ferrare, Mgr Luigi Negri, dit ce qui a sur le coeur et affirme qu'«un jour, de lourdes responsabilités à l'intérieur et à l'extérieur du Vatican émergeront». Il se déclare certain que Benoît XVI a subi «une énorme pression». De la part de qui? Obama? Negri rappelle que «sur la base de ce qui a été publié par Wikileaks, certains groupes catholiques ont demandé au président Trump d'ouvrir une commission d'enquête». En ce qui concerne l'intéressé, dans le récent livre-entretien avec Peter Seewald, il dément: «Personne n'a essayé de me faire chanter». Peut-être bien. On peut se demander, cependant, quel crédit donner aux dernières paroles de Ratzinger, qui, de fait, contredisent les premières. Au moment de la démission, il a dit qu'il voulait se retirer dans le silence et la prière. Mais quelqu'un qui veut se retirer dans le silence et la prière donne-t-il des interviews de best-seller? Je ne sais pas. Le fait demeure qu'il n'a jamais fourni un motif plausible de sa démission. Et ce n'est pas une question à prendre à la légère. Un pape démissionnaire est pour l'Eglise un événement qui fait date, surtout s'il continue à s'habiller en pape et à se faire appeler pape (émérite). Et même, le fait est sans précédent.

Un autre fait est le suivant: lui parti, voilà un nouveau pontificat qui se préoccupe de faire tout le contraire du précédent. De même que Trump démolit l'obamisme. Les points obscurs sur la démission de Benoît XVI persistent. Et le fait que ceux qui n'y voient pas très clair soient précisément les catholiques traditionalistes ne change pas la thèse d'un iota. Oui, parce que les arbres se jugent à leurs fruits, disent l'évangile, mais aussi le bon sens. Autant Ratzinger a été décrié par ceux qui comptent, autant Bergoglio est loué. On a empêché à Ratzinger de parler à l'Université de Rome, l'Université de Rome a déroulé le tapis rouge pour Bergoglio. Et là-bas, François n'a pas vraiment prononcé un discours marquant comme son prédécesseur à Ratisbonne. Non, il a parlé a braccio, et même "a mano" (à la main"), comme on le fait au bar avec des amis. Et ce fut un discours très politiquement correct. Même son insistance, a temps et à contretemps, sur l'accueil des migrants alimente les soupçons des partisans du complot. La doctrine catholique est jugée trop rigide pour le «monde nouveau» que des gnomes comme Soros veulent créer, un monde métissé et liquide, homosexualiste et individualiste, un monde de consommateurs déracinés. Exit, donc, le pape-théologien, place au pape-pasteur qui édulcore la doctrine et plaît tant aux maîtres du politiquement correct. Vers une Église à la Jovanotti (chanteur italien "engagé"!) qui se marie parfaitement avec le pojet de Brave New World (Meilleur des mondes). *
Ce n'est peut-être pas un complot. Mais si ça l'était, les résultats seraient-ils différents?