Benoit-et-moi 2017
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Une histoire belge

Giuseppe Rusconi a eu la bonne idée de reconstruire minutieusement la triste affaire d'un professeur d'une Université "catholique" dans une Eglise locale en phase terminale, mis à pied pour avoir réaffirmé la doctrine de l'Eglise en matière d'avortement (5/4/2017)

La synthèse de Rosso Porpora fournit à ceux qui, comme moi, n'ont pas suivi l'affaire dès le début l'opportunité d'avoir une vue d'ensemble.
L'affaire a été couverte par des sites francophones, notamment celui d'Yves Daoudal, dont Giuseppe Rusconi reprend des éléments.
A noter, le dernier paragraphe, où il épingle l'Avvenire à travers son directeur Mgr Galantino - c'est-à-dire la "voix de Sainte Marthe"

A noter aussi, sur ce sujet, l'interview du protagoniste, Stéphane Mercier, par Jeanne Smits.

Dernière nouvelle: Stéphane Mercier a été discrètement licencié par l'Université catholique de Louvain. Le licenciement, prononcé sans motif le 31 mars, a pris effet le 1er avril.

L'affaire de Louvain

www.rossoporpora.org
Ma traduction

* * *

La triste affaire du professeur Stéphane Mercier, suspendu de l'Université catholique de Louvain pour avoir exprimé des opinions conformes à la doctrine sociale de l'Église sur l'avortement et le gender, mais jugés inacceptables pour leur netteté. La conférence des évêques belges et son porte-parole. Un commentaire d'«Avvenire» qui suscite des soupçons de «limage» version Galentino.

Mardi 28 Mars à Rome, la Galleria Alberto Sordi a accueilli une rencontre très intéressante à l'occasion de la présentation de “Sfida all’Occidente, il terrorismo islamico e le sue conseguenze” (Défi à l'Occident, le terrorisme islamique et ses conséquences), une anthologie de discours sur le sujet depuis 2001. La rencontre a mis l'accent sur le fil rouge qui unit l'offensive du terrorisme islamique à la grave crise des valeurs qui caractérise l'Occident moderne, de plus en plus agité de sursauts suicidaires. À cet égard , il peut être utile de s'arrêter sur un exemple typique de cette décadence qui secoue ces jours-ci non seulement la Belgique, mais aussi le monde catholique au-delà de Bruxelles.

BELGIQUE, EX-NATION CATHOLIQUE


Parmi les exemples les plus récents d'un catholicisme occidental qui renonce aux valeurs de la doctrine sociale de l'Eglise, il y a ce qui est arrivé en Belgique sur l'avortement. En Belgique , - c'est tristement notoire - le catholicisme est en crise depuis des années; et celui qui a tenté d'en relever le destin (ou au moins la vacillante dignité) a dû faire face non seulement aux sinistres Femen, mais aussi à l'hostilité de l'establishment catholique considéré aujourd'hui avec faveur par Santa Marta. La référence est bien sûr à l'archevêque émérite de Malines-Bruxelles, André-Joseph Léonard, puni par la négation de cette pourpre attribuée au contraire avec célérité à son successeur, l'actuel Cardinal Jozef de Kesel, en passant protégé du cardinal Godfried Danneels (grand ami de François). Un symbole du catholicisme belge a depuis toujours été l'Université de Louvain (UCL, fondée par les évêques belges en 1834 à Malines et transférée l'année suivante à Louvain): et il est également vrai que dans le domaine de la fécondation artificielle et de l'euthanasie cette institution est désormais entrée depuis quinze dans un conflit grave avec la doctrine sociale de l'Eglise (et elle a été rappelée à l'ordre- mais sans succès - dans les années de Benoît XVI, à la fois par Rome et l'archevêque Léonard).

Sa devise est Sedes Sapientiae. A notre époque, le genre de «sagesse» dont il s'agit est montrée par l'épisode concernant le professeur Stéphane Mercier, responsable de la tenue de deux cours de philosophie à l'Université (ses étudiants sont en première année de génie civil).

Mercier a basé ses leçons sur une note de 14 pages (rapporté dans les principaux sites belges) intitulé “La philosophie pour la vie”, sous-titrée “Contre un prétendu ‘droit de choisir’ l’avortement”. Pour introduire la note un verset biblique des Proverbes (31,8): “Aperi os tuum muto et causis omnium filiorum qui pertranseunt” (Prends la parole en faveur du muet, pour la cause de tous les affligés).

Au huitième paragraphe de la note, on lit, entre autres (cf lesalonbeige.blogs.com/files/pro-life_s.-mercier.pdf ):

«‘IVG’, c’est un euphémisme qui dissimule un mensonge : la vérité, c’est que l’avortement est le meurtre d’une personne innocente. Et c’est même un meurtre particulièrement abject, parce que l’innocent en question est sans défense.
(...) Eh bien, si l’avortement est un meurtre, comme on l’a dit, n’est-il pas encore plus grave que le viol ? Le viol est immoral, et heureusement il est aussi illégal. L’avortement, qui est encore plus immoral, ne devrait-il pas, à plus forte raison encore, être illégal lui aussi ?? (...)
Car le vrai scandale est de voir que le meurtre est permis chez nous : avec l’avortement, le meurtre est même remboursé par la mutuelle».

LOUVAIN, EX-UNIVERSITÉ CATHOLIQUE?


Juste ciel! l'enfer s'est ouvert! En ayant eu connaissance, l'Université "catholique" a commencé à enquêter: « Avant de nous prononcer sur la question, nous voulons entendre le professeur et déterminer dans quel contexte la note a été utilisée» a déclaré Tania Van Hemelryck, conseillère du recteur pour la «politique du genre». Juste pour le signaler, le lendemain, le 22 Mars, l'illustre conseillère a retweeté, réjouie, la nouvelle de la sortie aux États-Unis - sous Trump et du fait de «trois jeunes féministes américaines» - un nouveau magazine illustré, ‘The Repro Right Zine’,«pour informer sur les droits sexuels et reproductifs. Nécessaire et sans tabous».

Le 24 Mars, voilà le premier communiqué de l'Université catholique de Louvain, intitulé «L'UCL suspend les cours de S. Mercier et entame une procédure disciplinaire contre lui». Elle mérite d'être lue en entier:

«Au début de la semaine, l'UCL a été interpellée au sujet d’une note utilisée dans le cadre d’un cours et rédigée par l’un de ses chargés de cours invités, Stéphane Mercier, sur le thème de l’avortement.
Après avoir écouté Stéphane Mercier, les autorités universitaires ont décidé d'engager une procédure disciplinaire à son encontre, toujours en cours.
En outre, l'UCL a décidé de suspendre jusqu'à nouvel ordre les deux cours qui sont confiés Stéphane Mercier.
L'UCL rappelle que dans l’esprit de la loi dépénalisant l’avortement votée en 1990, elle respecte l’autonomie des femmes à poser ce choix, dans les circonstances précisées par le législateur.».

Le second communiqué de l'UCL est du Vendredi 31 Mars . Nous en reparlerons plus tard, compte tenu des autres incidents enregistrés entre les deux dates.

LE 26 MARS, UN DIMANCHE RICHE EN ÉVÉNEMENTS


Pour le dimanche 26 Mars, les nouvelles sont trois.

>| La première: la "Marche pour la vie" de Bruxelles, où les plus de 2000 participants ont applaudi Stéphane Mercier: «Je suis ici en tant qu'être humain, en tant que philosophe, en tant que croyant - a dit le professeur - C'est ma tâche précise en tant que philosophe de méditer librement sur le sens et la dignité de la vie. Une Université catholique devrait à mon avis défendre la dignité de la vie. Je pense que les étudiants sont parfaitement capables de penser de manière critique et de comprendre la valeur de la liberté d'expression».

>| La seconde: Un jésuite à la page apparaît. Ne pensez pas immédiatement à mal, ce n'est pas axxxxxx sxxxxxx, ni ayyyyy syyy [ndt: Antonio Spadaro, Arturo Sosa?], mais le porte-parole de la Conférence des évêques belges, Tommy Scholtès, qui a fait sur Mercier des déclarations lourdes.
Lisons-en quelques-unes (Le Soir, texte en français ici)

«Les mots de Stéphane Mercier me paraissent caricaturaux. Le mot meurtre est trop fort (Ndlr: est-il permis de rappeler au jésuite Scholtès qu'un autre jésuite non moins que pape, Jorge Mario Bergoglio, a appelé l'avortement «crime odieux»?) : il suppose une violence, un acte commis en pleine conscience, avec une intention, et cela ne tient pas compte de la situation des personnes, souvent dans la plus grande détresse (...) De telles formules n’aident pas vraiment l’Eglise notamment dans le cadre de l’appel à la vie lancé par le Pape (...) L’UCL et les évêques de Belgique sont deux choses à la fois proches et différentes. Nous n’avons pas d’avis à donner sur ce que dit l’Université (...) La Marche pour la vie est une initiative privée des catholiques, et non d'une initiative officielle ». Les déclarations du porte-parole jésuite des évêques belges ont évidemment suscité une grande indignation dans cette partie des catholiques belges encore liée à la doctrine sociale de l'Eglise».

>| La troisième: Toujours dimanche 26 Mars, la Radio-télévision belge francophone donne la nouvelle d'un communiqué de onze étudiants de l'UCL "troublés" par ce qui a été dit dans une autre leçon du professeur Mercier (dont les étudiants sont une centaine). « En fait - écrivent les onze - dans un autre cours de philosophie, le 16 Mars, l'enseignant a répété des déclarations que nous pourrions juger inadmissibles. Cette fois, c'était une harangue homophobe et transphobe». Analysant philosophiquement des textes de Judith Beutler sur l'idéologie gender, Mercier a attaqué le "mariage pour tous", notant que l'union entre deux homosexuels ne peut pas être appelée mariage. Mercier a ensuite observé: «La prémisse de Judith Beutler est que, puisqu'ils aiment, ils devraient avoir le droit de se marier. Alors, quid du mariage incestueux, avec échange intergénérationnel?». Ces déclarations, concluent les onze, «semblent outrepasser clairement les limites de la légalité». La protestation des onze a été appuyée par le secrétaire général de l'Association des étudiants de l'UCL (ces associations sont très souvent peu représentatives, au-delà du nom), Helène Jane-Aluja, pour laquelle les mots de Mercier sont totalement étrangers au code déontologique de l'Université.

27 MARS ET 29 MARS: LA RÉACTION DE MERCIER


Poursuivons. Le 27 Mars, la réaction du professeur Mercier aux déclarations du porte-parole de la Conférence des évêques belges est publiée (voir le blog de Yves Daoudal). L'enseignant encourage le jésuite à une «petite relecture» de "Gaudium et Spes" (au point 51 qui stipule que «l'avortement et l'infanticide sont des crimes abominables»), d'"Evangelium Vitae" (au point 62 qui indique que l'avortement est «le meurtre délibéré d'un être humain innocent»), d'"Evangelii Gaudium" (au paragraphe 214 qui stipule qu'«il ne faut pas s'attendre à ce que l'Eglise modifie sa position sur cette question»). Cette relecture «lui ferait le plus grand bien». Mercier se défend également contre les accusations d'"homophobie": «j'ai aussi fait un cours, un peu avant ma suspension, pour expliquer que la théorie du genre est une aberration idéologique», résumant un argumentaire de deux penseurs certes pas catholiques comme Drieu Godefridi et Bérénice Levet (avec une préface de Michel Onfray).

Le 29 Mars, le quotidien «La Libre Belgique» publie une interview de Mercier, où l'enseignant se demande - se référant au premier communiqué de l'UCL - quelles sont les valeurs qui ont été heurtées par ses cours. Et il réexplique que l'accusation d'homophobie est «sans fondement»: «le propos était d’exposer une critique philosophique en règle de l’idéologie du gender (et en particulier du gender queer ou homosexualiste représenté par Judith Butler)», évoquant sommairement deux œuvres d'auteurs non catholiques, «très critiques envers cette idéologie». Mercier note également que la plupart de ses étudiants ont compris qu'il n'imposait aps son point de vue, comme du reste il l'avait répété à plusieurs occasions.

LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE BELGE FRANCOPHONE...

HÉRITIÈRE CONTEMPORAINE DE PONCE PILATE

Pendant ce temps, le 28 Mars, était publiée la déclaration de la Conférence des évêques belges de langue française, que Radio Vatican du même jour a ainsi introduit: «La suspension d'un enseignant de l'Université catholique de Louvain, Stéphane Mercier, en raison de la diffusion durant un cours d'un document anti-avortement, suscite une vive controverse en Belgique». On peut déjà noter que si la prudentissime (dans ces domaines) Radio Vatican en réfère en ces termes, cela laisse penser que le débat est brûlant en Belgique, mais qu'à Rome aussi, il y a eu quelque réaction de poids...

Lisons le communiqué épiscopal, placé sous le titre (qui déjà dit tout sur la substance) «Suspension du Professeur Mercier: les évêques font confiance à l'UCL»

«Concernant la suspension des cours de M. Stéphane Mercier, chargé de cours invité à l’UCL, les évêques font confiance à la procédure interne menée actuellement par l’UCL.
Les évêques espèrent que la discussion qui vient de surgir contribuera à une discussion sereine sur l’avortement dans la société.
Les évêques sont opposés à l’avortement en raison du respect pour la vie.
Selon le droit belge, il n’existe pas de droit à l’avortement. La loi prévoit que l’avortement peut être être pratiqué moyennant certaines conditions stipulées par la loi sans entraîner de poursuites pénales. La loi prévoit ainsi dans quels cas l’avortement est autorisé ou non. Mais comme tel, l’avortement est un délit et relève toujours du droit pénal.
Même si l’Église est opposée à l’avortement, elle fait la distinction entre la personne et l’acte. L’Église comprend que certaines femmes en arrivent à décider d’un avortement quand elles sont dans des situations pénibles, difficiles voire désespérées. La gravité de l’avortement est un drame pour l’enfant, pour ses parents et pour la société. Par compréhension pour ces situations dramatiques, les évêques tiennent à ce que l’on parle toujours avec nuance et tact des personnes et des couples qui font le choix de l’avortement.»

... et voilà Mercier servi.

31 MARS: PROPOSITION DE SANCTION DISCIPLINAIRE...

POUR MERCIER

La conclusion (provisoire) est arrivée peu après vendredi soir 31 Mars, par la voix de l'Université catholique de Louvain, qui dans un communiqué intitulé «L’UCL a clôturé l’instruction du dossier de M. Stéphane Mercier dans le cadre de la procédure disciplinaire le concernant» écrit:

«L’UCL a ouvert, il y a quelques jours, une procédure disciplinaire concernant un chargé de cours invité en philosophie, M. Stéphane Mercier. Cette procédure fait suite aux propos qu’il a tenus dans le cadre de ses cours de bachelier à propos de l’avortement, appuyés sur un document dont il est l’auteur, et à propos de la théorie du genre.
L’UCL a par ailleurs décidé de suspendre les activités d’enseignement de M. Mercier, dans la mesure où il est apparu que la sérénité requise pour dispenser ses enseignements dans de bonnes conditions n’était plus assurée.
M. Mercier a été entendu. L’instruction du dossier est clôturée et a abouti à une proposition de sanction disciplinaire. L’intéressé en a été immédiatement informé. Des recours sont autorisés par la procédure et ses enseignements restent suspendus jusqu’à la décision finale.
Cette procédure, qui relève de la relation contractuelle entre un employeur et son employé, s’est déroulée, de la part de l’UCL, dans la plus stricte confidentialité afin de respecter les droits des personnes concernées.
La liberté académique est au fondement des missions de l’université. L’UCL s’est démarquée des positions prises par M. Mercier. Elle tient à rappeler son profond attachement au rôle de l’université comme animatrice de débats et d’échanges, y compris sur des questions controversées. Ce rôle, essentiel pour la formation de citoyens critiques et responsables, ne peut s’exercer pleinement qu’en garantissant l’expression sereine et respectueuse de différents points de vue et dans des cadres fondés sur la rigueur scientifique. C’est dans cet esprit que l’université a instruit les plaintes qui lui ont été adressées.»

MÊME LE PAPE FRANÇOIS NE POURRAIT PAS...

ENSEIGNER À LOUVAIN

En attendant d'autres développements, on peut déjà tirer de l'affaire belge une première déduction: le pape François ne pourrait pas aujourd'ui enseigner à Louvain. En effet, parmi des balancements (avànti e 'ndré) [ndt: en avant et en arrière -, dialecte piémontais] aussi fréquents qu'ostensibles, perçus de manière catastrophique par de nombreux catholiques fidèles à la doctrine sociale de l'Eglise, le Souverain Pontife régnant s'est malgré tout exprimé à plusieurs reprises de façon claire et même vigoureuse sur l'avortement et le gender. Rappelons, par exemple, la définition de l'avortement comme «crime horrible» dans une interview du 20 Novembre 2016 au terme du Jubilé de la Miséricorde (à Tv2000); ou ce qu'il a dit du gender («colonisation idéologique, grand ennemi du mariage , etc ...) de retour de Manille, à Naples, en Géorgie, de retour d'Azerbaïdjan. Pour lui, il n'y aurait certainement pas de salut dans une université de Louvain contrôlée par la sans doute très vigilante conseillère du recteur pour la politique du gender.

AVVENIRE: UN COMMENTAIRE TRÈS SUSPECT DE "LIMAGE"


Encore une petite note sur la façon dont le journal galantinien, c'est-à-dire catho-négligeant, Avvenire, a rapporté samedi 1er Avril pour ce qui est arrivé à Louvain. Neutre, en substance, la chronique de Bruxelles de Giovanni Maria Del Re à la page 13, en petits caractères, sous le titre « Belgique: "L'avortement est un homicide". Enseignant suspendu à Louvain». Et en sous-titre: "Une affaire à l'Université catholique, parmi les plus prestigieuses en Europe. Le philosophe Stéphane Mercier risque le licenciement. Les évêques: Non à l'IVG, mais il faut distinger entre la personne et l'acte"».

D'abord, il y a "l'accroche" d'un commentaire par don Roberto Colombo, bioéthicien et professeur à l'Université catholique du Sacré-Cœur et à l'Université pontificale du Latran. Le texte à la page 2 a pour titre «Mais qu'est-ce que l'avortement, sinon briser la vie? », précédé par le faux-titre «La douloureuse affaire Mercier à l'Université de Louvain». Dans le commentaire, don Colombo argumente comme toujours avec clarté sur la question, rappelant entre autre la tradition catholique en matière d'avortement volontairement procuré, une tradition qui « peutà juste titre être considéré comme patrimoine permanent de l'enseignement anthropologique et moral que l'Église propose». Mais il y a dans le commentaire quelque chose de trop mielleux pour une plume qui sait être mordante comme celle de don Colombo: après un commentaire aussi rigoureux, on s'attendrait à une prise de distance forte de l'attitude (honteuse, pilatesque?) de la Conférence épiscopale belge - porte-parole inclus - et de l'Université catholique de Louvain. A la place, il faut se contenter d'un « reste donc à comprendre le sens de ce qui a été déclaré par le porte-parole de la Conférence épiscopale belge» (Note de l'éditeur: voir ci-dessus). La dernière phrase également: «Nous espérons que la procédure disciplinaire, même sévère, promue par l'Université catholique de Louvain aidera à faire la clarté adéquate et attendue sur cette affaire» , ne nous semble pas - à vue de nez - sortie de la plume brillante de don Colombo.

Bref, nous ne parvenons pas à nous débarrasser du fort soupçon que don Colombo a été contraint de "limer" le commentaire, sur volonté galantinienne du directeur ou de quelqu'un à sa place. Comme si un lion reconnu avait dû subir une séance de «pédicure» pour émousser l'acuité de ses griffes. Mais critiquer, même pour de bonnes raisons, la conférence épiscopale belge (à ce sujet, nous citons Marco Tosatti sur la Nuova Bussola: «Ce n'est peut-être pas un hasard si dans le seul séminaire resté dans le pays, celui de Namur, aucun séminariste francophone n'est entré en 2016») n'est peut-être pas conseillé à la maison Avvenire . On ne sait jamais ... la Conférence belge pourrait s'offenser, peut-être même se plaindre à Santa Marta. Les plaintes atteindraient la Circonvallazione Aurelia et là, il y a Galantino .... Mieux vaut l'éviter!