Changement de paradigme (suite)

Les nouveaux "compagnons de route" du Vatican, ou la doctrine sociale de l'Eglise revisitée par l'inénarrable Marcelo Sánchez Sorondo proche conseiller du Pape, dont le modèle de société est désormais chinois (6/2/2018)

>>> "Changement de paradigme"

La doctrine sociale de l'Eglise, c'est la Chine qui la réalise, parole de Sorondo


«Actuellement, ceux qui réalisent le mieux la doctrine sociale de l'Église sont les Chinois».

Marco Tosatti
6 février 2018
Ma traduction



Il y a quelques mois, Marcelo Sánchez Sorondo, le Chancelier argentin de l'Académie Pontificale des Sciences, conseiller du Pape, s'est rendu en Chine.
«Il en est revenu à Rome enthousiasmé», écrit Andrés Beltramo Álvarez dans son interview, que nous n'avons trouvée qu'en espagnol [évidemment sur Vatican Insider].

En voici quelques phrases, nous renvoyons les lecteurs au texte intégral.

Les Chinois recherchent le bien commun, subordonnent les choses à l'intérêt général. C'est ce que m'a assuré Stefano Zamagni, un économiste traditionnel.

J'ai rencontré une Chine extraordinaire: ce que les gens ne savent pas, c'est que le principe central chinois est le travail, le travail, le travail. Il n' y a rien d'autre au fond, comme disait saint Paul: celui qui ne travaille pas ne mange pas. Il n' y a pas de villas miserias, il n'y a pas de drogues, les jeunes n'ont pas de drogues. Il y a une conscience nationale positive, ils veulent montrer qu'ils ont changé, maintenant ils acceptent la propriété privée.


Pékin, selon le Chancelier, a de nombreux points communs avec le Saint-Siège, parmi lesquels «la défense de la dignité de la personne» [!!! Sorondo aurait-il fumé la moquette???], et suit plus que d'autres l'encyclique Laudato Si, et dans le domaine écologique assume un leadership moral que d'autres ont abandonné».

Nous avons demandé à Toni Brandi, président de la Laogai Research Foundation, une organisation vouée à la défense des droits humains et religieux en Chine, de commenter l'interview.

Mgr Marcelo Sánchez Sorondo de l'Académie Pontificale des Sciences a déclaré dans l'interview avec Andrés Beltramo qu'«cctuellement, ceux qui réalisent le mieux la doctrine sociale de l'Église sont les Chinois».

- Les souffrances endurées pour le Christ par des milliers d'évêques et de prélats, les églises et les maisons détruites, les persécutions et les disparitions dans les tristement célèbres laogai ou le sort de prélats héroïques comme John Gao Kexian du diocèse de Yantai, John Han Dingxiang, du diocèse de Yongnian, emprisonné depuis vingt ans, puis relâché mais à nouveau fait disparaître en 2006, John Yang Shudao du diocèse de Fuzhou, mort après avoir passé 26 ans en prison, les derniers évêques de Shanghai, le jésuite John Fan Zhingliang, et d'autres, qu'en fait-on?.
Et n'oublions pas le génocide culturel et la persécution au Tibet, entre le peuple ouïguri, et les centaines de camps de concentration, les laogai où des millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont contraints de travailler jusqu'à 16 heures par jour pour le bénéfice économique du régime communiste chinois et des nombreuses multinationales investissant en Chine.
Tous ces crimes continuent, inchangés. Tout cela est-il normal et permis pour M. Sorondo?
Tout cela ne pose-t-il pas un problème et peut-il continuer? C'est cela, la nouvelle real politik de M. Sorondo et des hommes d'Eglise actuels?

NDR


Il y aurait certainement beaucoup d'autres choses à dire, rien que sur les quelques bribes de l'interview de l'ami du Pape que cite Marco Tosatti: ce qui saute aux yeux, c'est l'incohérence par rapport aux injonctions obssessionnelles du Pape sur l'accueil de tous les migrants, sans discrimination. La société dont rêve Sorondo a décidément des relents... nauséabonds, je n'ose même pas dire à quoi elle me fait penser.

On peut juste espérer, charitablement, mais sans vraiment y croire, que "le Pape n'est pas au courant", ou "le Pape est mal informé" (cf. journalmetro.com)...

A noter, en conclusion d'un article du 3 février intitulé "Pour ne pas oublier", consacré aux souffrances des catholiques chinois, Aldo Maria Valli écrivait:

Dans la récente constitution apostolique Veritatis gaudium, le Pape François (il l'avait déjà fait dans Laudato si'), pour exhorter à un changement décisif dans la manière de proposer l'Evangile au monde contemporain, utilise l'expression "révolution culturelle". Il n' y a évidemment pas de lien avec la Chine, car le contexte est complètement différent. Qu'on permette néanmoins à quelqu'un de ma génération d'exprimer un malaise quant à l'emploi d'une expression synonyme de mort et de persécution pour tant de frères dans la foi.



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