Un Synode cousu de fil blanc

Le Synode pour l'Amazonie, qui se tiendra à Rome en octobre 2019, laboratoire de l'Eglise de demain: mariage des prêtres et sacerdoce féminin seront (subrepticement) à l'ordre du jour, et sous des prétextes forcément nobles, des changements irréversibles pourraient voir le jour. Un exemple-type de la "méthode Bergoglio" (10/6/2018)

>>> Le document Préparatoire: "Amazonie: nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale".

>>> Voir aussi, sur ce site:
¤ Sacerdoce féminin: manoeuvres préparatoires
¤ Synode pour l'Amazonie: viri probati en vue...
¤ Des viri probati ordonnés prêtres

Le noble effort d'évangélisation de l'Amazonie, avec toutes ses particularités territoriales et sociales, est exprimé à plusieurs reprises dans le document en parlant de construire une église «à visage amazonien», mais il y a le risque que l'évangélisation de l'Amazonie finisse par amazoniser l'Église.

Synode : Convertir l'Amazonie ou changer l'Église ?


Lorenzo Bertocchi
9 juin 2018
www.lanuovabq.it
Ma traduction

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Dans le document pré-synodal, la formule des diaconesses est pratiquement prête, de même que celle des viri probati. Formules qui risquent de s'étendre, étant donné que le Synode se tiendra à Rome. Baldisserri, secrétaire général du Synode, a expliqué: «Même si le thème se réfère à un territoire, les réflexions qui le concernent vont au-delà de la sphère régionale, parce qu'elles touchent toute l'Église».


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Le synode panamazonique que l'Église consacre aux peuples qui habitent ce qu'on appelle le poumon vert de la planète, promet d'être porteur de nouveauté dans le domaine ecclésial. Au cœur du synode spécial qui se tiendra à Rome en octobre 2019, il n'y a pas que les questions environnementales, mais il y a aussi un visage ad hoc pour l'église amazonienne qui se dessine.
C'est le n° 14 du Document préparatoire de l'Assemblée Spéciale du Synode des Évêques, présenté hier au Vatican, qui introduit une piste qui pourrait conduire au droit à l'ordination sacerdotale de "viri probati", hommes mariés à la foi éprouvée, ainsi qu'à la définition d'un rôle spécifique pour les femmes.

La deuxième partie du texte se conclut par la nécessité d'écouter une «plainte» (§12), celle «de milliers de (ses) communautés privées d’Eucharistie dominicale pendant de longues périodes» comme l'avait déjà souligné le Document d'Aparecida de 2007, toujours cité . C'est cette «plainte» et la faim eucharistique qui en découle qui nous aident à comprendre ce qui est écrit au §14 de la troisième partie du texte, celle sur «l'agir». Il faut, en effet, «repenser de nouveaux chemins pour que le Peuple de Dieu ait plus fréquemment un meilleur accès à l’Eucharistie, centre de la vie chrétienne».

C'est la raison pour laquelle la priorité est de «proposer de nouveaux ministères et de nouveaux services pour les différents agents pastoraux, répondant aux tâches et aux responsabilités de la communauté» et aussi «d'identifier quel type de ministère officiel peut être conféré aux femmes». Le thème est clair : puisqu'il y a peu de prêtres et que le territoire est immense, pour pouvoir célébrer l'Eucharistie toujours et fréquemment, on s'ouvre au sacerdoce pour les hommes mariés et de foi éprouvée, les "viri probati" précisément, et ensuite on pourrait placer à leurs côtés les diaconesses, depuis longtemps à l'étude dans les salles vaticanes.

Même si, récemment, Mgr Ladaria Ferrer, récemment nommé cardinal, préfet de l'ex Saint-Office, a barré la route aux femmes prêtres, la formule des diaconesses, femmes ayant une fonction non ministérielle, mais en quelque sorte institutionnalisée, est pratiquement prête. Et le synode panamazonique pourrait être l'occasion de la lancer. Tout comme cette forme de sacerdoce catholique marié qui serait mis en œuvre ad experimentum, mais en même temps ferait office d'éclaireur pour d'autres environnements ecclésiaaux qui voudraient l'expérimenter. Il y a même déjà un exemple en Europe, constitué par l'Église allemande, comme le Cardinal Reihnard Marx, leader des évêques d'Allemagne, l'a exprimé dans diverses interventions dans la presse. Avec les «viri probati» - une forme soft de sacerdoce pour hommes mariés -, la pénurie de prêtres serait résolue, disent les prélats qui poussent pour cette solution, au premier rang le cardinal brésilien Claudio Hummes. Un premier pas qui serait fait pour l'«Église à visage amazonien», mais qui pourrait servir de rampe de lancement pour beaucoup d'autres environnements ecclésiaux, en particulier en Europe centrale et du Nord.

Le fait même que le synode spécial pour l'Amazonie se tienne à Rome est significatif, tout d'abord en raison de l'énorme écho que toute décision pourrait avoir, bien au-delà des limites de l'environnement local. Le Cardinal Lorenzo Baldisserri, Secrétaire général du Synode, l'a expliqué en présentant le document. «Même si le thème se réfère à un territoire spécifique, comme la Panamazonie - et c'est pourquoi on parle de "Synode panamazonique" - les réflexions qui le concernent vont au-delà du cadre régional, parce qu'elles dessinent l'Église entière et aussi l'avenir de la planète»

Le noble effort d'évangélisation de l'Amazonie, avec toutes ses particularités territoriales et sociales, est exprimé à plusieurs reprises dans le document en parlant de construire une église «à visage amazonien», mais il y a le risque que l'évangélisation de l'Amazonie finisse par amazoniser l'Église.

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