Benoît XVI, le Pape de la vérité

La magnifique introduction d'AM Valli à son dernier livre sur Benoît XVI, "Un regard dans la nuit" (22/3/2018)

>>> Un livre sur Benoît XVI

 
En plus de la volonté de rendre hommage au pape de la vérité, le livre est né de la nécessité, dont je suis plus que convaincu, de souligner à quel point la grande proposition faite par Benoît XVI à l'humanité de notre temps était opportune. Mais je dois dire qu'il y a aussi un autre désir, fort: rester un peu en sa compagnie.
Parce que Benoît XVI me manque.

Le Pape de la vérité


www.aldomariavalli.it/
22 mars 2018
Ma traduction

* * *

Un jour, on m'a demandé de raconter les derniers pontificats, à partir de Jean XXIII, en un seul mot, un pour chaque pape. Quelle demande absurde, direz-vous. Je suis d'accord. Cependant, j'ai accepté. Et ainsi, sans trop y penser, j'ai répondu: pour Jean XXIII, espoir; pour Paul VI, souffrance; pour Jean Paul 1er, humilité; pour Jean-Paul II, courage; pour Benoît XVI, vérité.

Quand on m'a posé la question, c'est Joseph Ratzinger qui siégeait sur le trône de Pierre, ce qui m'a évité de photographier également avec un seul mot le pontificat de François.
Mais ce que je voudrais dire ici, c'est que dans le cas de Benoît XVI, je n'ai même pas eu une nanoseconde d'incertitude: le mot vérité, à mon avis, raconte vraiment, et plus que tout autre, la mission de Papa Ratzinger.

Et puis il y a eu "Dernières conversations", le livre dans lequel Benoît XVI répond aux questions de Peter Seewald. Et voilà qu'à un certain moment, expliquant comment est née à l'époque de Münich la devise épiscopale de l'évêque Ratzinger, Cooperatores veritatis, le pape émérite dit:

«Depuis longtemps, le sujet de la vérité a été mis de côté parce qu'il semble trop grand pour l'homme. Personne n'ose dire "Nous possédons la vérité", de sorte que même nous, les théologiens, avons de plus en plus négligé le concept de vérité. Dans ces années de lutte, les années soixante-dix, je suis devenu de plus en plus conscient que si nous laissons de côté la vérité, quel sens a tout cela? La vérité doit toujours rester au centre. Il est vrai que nous ne pouvons pas dire: "Je possède la vérité", mais la vérité nous a, elle nous a touchés. Et nous essayons d'être guidés par ce contact. Quand j'ai été ordonné évêque, ces paroles de la troisième lettre de Jean me sont revenues en mémoire, que nous sommes "collaborateurs de la vérité". Avec la vérité, puisque c'est une personne, nous pouvons collaborer. Pour elle, nous pouvons nous engager, essayer da faire valoir. Il me semblait que c'était la définition authentique de la profession de théologien: celui qui a été touché par la vérité, celui qui a vu son visage, est maintenant disposé à se mettre à son service, à collaborer avec elle et pour elle».


Voilà, si les nombreux textes dans lesquels Joseph Ratzinger traite de la question de vérité, soit avant de devenir pape, soit plus tard, ne suffisaient pas, il me semble que ces réflexions synthétiques sont suffisantes: accoster au nom de Benoît XVI précisément le mot vérité n'est pas seulement possible, mais naturel.
Sauf que le mot vérité est très problématique. Et il l'est surtout dans un monde comme celui actuel, dans lequel l'idée que la vérité peut exister, et avoir un nom, et qu'il est possible de la rencontrer, semble n'appartenir qu'à quelque pathétique naïf.
De là les difficultés auxquelles le pontificat de Benoît XVI a dû faire face. De là le parcours à obstacle que le doux théologien bavarois devenu pape, a été contraint d'affronter: chaque jour un défi, une opposition, une polémique, une attaque.
Mais il arrive que les gens doux et un peu timides, mis à l'épreuve, parviennent à montrer un caractère insoupçonné, et ce ce qui s'est passé pour Papa Ratzinger. Lequel, sans jamais se démonter, sans jamais franchir les lignes, a vraiment réussi à être non seulement coopérateur, mais témoin de la vérité. Et voilà la raison pour laquelle ses nombreux ennemis ont essayé par tous les moyens de le mettre en difficulté, de le discréditer, et même de l'humilier.

Dans la stratégie utilisée pour affaiblir Benoît XVI, un rôle très central a été joué par le scandale de la pédophilie, dans lequel beaucoup ont vu l'objet contondant idéal pour frapper le Pape de la vérité. Il en a résulté une véritable persécution, avec Joseph Ratzinger dans le rôle de la victime sacrificielle. Une histoire dans laquelle nous, les représentants de la presse, nous nous sommes souvent comportés comme des tueurs.

C'est précisément de cette histoire que nous parlerons dans les pages qui suivent, essayant d'expliquer le pourquoi de la guerre qui a été déclenchée contre Benoît XVI, révélant les méthodes de l'attaque et soulignant la force tranquille du pape de la vérité, indomptable combattant gentil sur le front de la bonne bataille dont parle l'apôtre Paul

En plus de la volonté de rendre hommage au pape de la vérité, le livre est né de la nécessité, dont je suis plus que convaincu, de souligner à quel point la grande proposition faite par Benoît XVI à l'humanité de notre temps était opportune. Mais je dois dire qu'il y a aussi un autre désir, fort: rester un peu en sa compagnie.
Parce que Benoît XVI me manque.

Aldo Maria Valli

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