Le silence de Benoît (suite)
Son dialogue avec Dieu dans le silence est sans doute la clé pour comprendre le geste incroyable de Benoît XVI (10/2/2018)
>>> Voir aussi:
¤ La lettre de Benoît XVI
¤ Le silence de Benoît XVI
Il y a maintenant un peu plus de cinq ans, commentant dans "Valeurs actuelles" la renonciation de Benoît XVI qu'il venait tout juste d'annoncer, Jean Rapail écrivait, entre autre:
Heureusement, le pape va maintenant “se retirer dans un monastère et prier”. Et c’est très important car tout porte à croire que sa prière sera écoutée. Quand je pense à cela, il me vient beaucoup de confiance dans l’avenir de l’Église catholique romaine, en raison de ce “parapluie” extraordinaire de messes célébrées, de milliards de prières qui émanent depuis des siècles et des siècles, et encore maintenant, de tous les monastères d’Europe et du monde.
(cf. benoit-et-moi.fr/2013-I)
Jean Raspail avait probablement déjà tout compris. Ce silence volontaire dans la prière est sans doute la clé pour comprendre le geste si controversé et si énigmatique de Benoît XVI.
C'est également la belle idée que développe aujourd'hui un rédacteur du blog <Campari & de Maistre>.
Benoît sur le chemin de la Maison, dans le silence
"Gregorio"
www.campariedemaistre.com
10 février 208
Ma traduction
* * *
La lettre que Benoît XVI, il y a quelques jours, a envoyéee à Massimo Franco, a suscité une certaine émotion. Au journaliste qui avait demandé, au nom des lecteurs, des nouvelles de sa santé, l'émérite a répondu par neuf lignes, qui semblent peu, mais qui en réalité disent tout.
«Cher Dottore Franco - écrit-il -, cela m'a ému que tant de lecteurs de votre journal veuillent savoir comment je passe cette dernière période de ma vie. Je peux seulement dire à cet égard que, dans le lent déclin des forces physiques, intérieurement, je suis en pèlerinage vers la Maison. C'est une grande grâce pour moi d'être entouré dans ce dernier bout de chemin, parfois un peu difficile, par un amour et une bonté que je n'aurais jamais pu imaginer».
Ratzinger vit retiré et dans le silence, après avoir été sous les projecteurs de l'actualité mondiale et un point de référence pour des milliards de personnes. Et pourtant, après le brouhaha, il a choisi l'ermitage. Une leçon, peut-être la plus importante de sa vie, qui nous ramène à l'essence de l'expérience chrétienne. Le catholicisme, en particulier, est une rencontre avec le silence de l'éternité, l'abandon du bruit mondain. C'est seulement en silence que nous pouvons rencontrer Dieu et recoudre le lien avec Lui que le monde essaie de rompre.
La Force du Silence, le livre du Cardinal Sarah, aide à comprendre le pourquoi du choix de Benoît XVI. Jésus lui-même, qui vécut 30 ans en silence, se retirait souvent pour prier seul. Conscients de cela, les ermites et les moines vivent dans la prière et la contemplation. Ainsi, le Pape émérite a lui aussi choisi l'option Benoît (le Saint de la Règle). Un activisme fébrile, en effet, n'est pas nécessaire pour être chrétien, et le cardinal africain qualifie même d'authentique hérésie l'activisme continuel, celui de ceux qui ne s'arrêtent jamais même pour dire deux prières et rendre grâce.
Ces jours-ci, de nombreuses personnes amicales nous écrivent encore que Benoît XVI nous aurait abandonnés à notre destin, une pensée qui, étant donné la situation, peut être légitime. Mais la prière incessante et puissante d'un moine silencieux fait plus que beaucoup de pitreries. Nous devrions tous nous en souvenir et prier davantage, cherchant le recueillement d'une église silencieuse.
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