Deux cardinaux allemands résistent

Il s'agit du cardinal Muller et du cardinal Brandmuller, qui s'insurgent du traitement des affaires de "pédophilie" par les médias et par une certaine hiérarchie ecclésiastique. Tous deux mettent en garde: attention aux amalgames (9/1/2019)

Notons que le "pas d'amalgame" est l'un des slogans de prédilection des médias et de la classe politique - essentiellement lorsqu'il s'agit des musulmans -, et sans doute aussi d'une grande partie du clergé, plus préoccupée du 'racisme' des autochtones, de 'l'accueil' des migrants et des problèmes dits sociétaux que par l'annonce de l'Evangile. Curieusement, la vertueuse injontion ne s'applique plus lorsqu'il s'agit des catholiques (en réalité, elle est à géométrie variable, comme on le voit en ce moment avec les "gilets jaunes"): le procès du cardinal Barbarin en est la parfaite illustration, le crime immonde de quelques individus devient le crime de l'Eglise, et le procès devient le sien.

«Abus, parler de cléricalisme est une offense aux victimes»


Marco Tosatti
9 janvier 2019
www.lanuovabq.it
Ma traduction

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Le Préfet émérite de la CDF réfute le fléau de l'homosexualité dans le clergé comme cause des abus et rejette l'idée que la crise soit dûe au «célibat ou à de présumées structures de pouvoir ecclésial». «Ces abus ne sont pas des abus de pouvoir, mais plutôt, le pouvoir est utilisé pour satisfaire des désirs sexuels désordonnés. Faire bavarder sur le cléricalisme est une insulte aux nombreuses victimes d'abus sexuels».


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Il y a quelques semaines, dans une interview donnée à Lifesitenews, le Cardinal Gerhard Müller, ex-Préfet de la Doctrine de la Foi, avait défendu un lien évident entre les abus sexuels et l'homosexualité dans le clergé; un élément confirmé par les chiffres, mais que ni le Pontife régnant ni les personnes qui l'entourent ne semblent vouloir reconnaître.
Les paroles du cardinal avaient provoqué des réactions outragées, surtout parmi les évêques allemands, eux aussi confrontés à des scandales et à des crises liées aux abus, et à une hémorragie continue des fidèles.
En défense de Müller il y a quelques jours, le cardinal Walter Brandmüller - l'un des signataires des Dubia - a déclaré que cette forte réaction «est étrange», puisque le cardinal Müller «a simplement répété ce qu'on peut lire à ce sujet dans le Catéchisme. Il s'agit de l'enseignement qui reste valide toujours et partout». L'Église enseigne que les actes homosexuels conduisent à la perte de la grâce sanctifiante dans une âme, a-t-il dit. Une réponse aussi forte aux paroles du Cardinal Müller est pour Brandmüller le signe d'un «manque de connaissance» ou d'une «opposition à l'enseignement de l'Église». Il ajoutait: «C'est un symptôme alarmant de la perte de la foi en Allemagne... Mais ceux qui pensent maintenant qu'ils ne peuvent plus l'affirmer ou le confesser doivent être honnêtes et ne plus se dire catholiques». Brandmüller souligne que son confrère s'est limité à déclarer les faits: il a indiqué que la majorité des victimes d'abus sexuels de la part du clergé sont des individus mâles. «Pour le bien des victimes, nous devons prendre ces faits au sérieux et adopter des mesures en conséquence», a-t-il conclu, comme cela a été fait dans le Code de droit canonique de 1917 en ce qui concerne les sanctions canoniques imposées aux prêtres homosexuels.

Aujourd'hui, c'est Müller lui-même qui répond par une déclaration écrite publiée sur LifeSiteNews.
Müller réfute l'idée de culpabiliser les homosexuels en général pour la crise des abus sexuels, mais insiste sur un élément: «Le fait ne peut rester ignoré puisque plus de 80% des victimes (d'abus sexuels) sont des hommes».
Le cardinal allemand rejette également l'idée que la crise des abus a été causée par «le célibat ou de présumées structures de pouvoir ecclésial» et souligne que «des criminels ont commis des crimes homosexuels». Ces abus ne sont donc pas des «abus de pouvoir», mais plutôt, le pouvoir est utilisé pour satisfaire ses propres désirs sexuels désordonnés. Rappelons qu'à l'occasion du scandale McCarrick, et d'autres qui ont suivi (comme celui du bras droit du cardinal Maradiaga), le Pontife a accusé le «cléricalisme».
Müller affirme: «Toutefois, quand un adulte ou un supérieur harcèle sexuellement quelqu'un qui lui est confié, son pouvoir est seulement le moyen (même s'il est mal utilisé) pour son action malfaisante, et non sa cause. C'est un double abus, mais il ne faut pas confondre la cause du crime avec les moyens et les occasions pour le commettre afin de décharger la faute très personnelle du coupable sur les circonstances, ou sur la «société» ou sur l'«Église».
Müller n'a pas adouci ses propos sur ce point: «Bavarder ici sur le cléricalisme ou sur les structures de l'Église comme cause (des abus sexuels), est une insulte aux nombreuses victimes d'abus sexuels (hors de l'Église catholique) de la part de personnes qui n'ont rien à voir avec l'Église et le clergé».

Voici quelques extraits de la déclaration:

«Quand un ecclésiastique commet le crime d'abus sexuel d'un adolescent, les idéologues n'hésitent pas à accuser les prêtres en général ou "l'Église" - d'une manière théologiquement mal informée. C'est le seul cas où il est encore permis de généraliser sans rique, et même de présenter allègrement leurs fantasmes de culpabilité collective. Quand un islamiste commet un acte de terreur, ce sont exactement les mêmes personnes - avec leurs préjugés obtus contre le célibat et contre l'enseignement moral méprisé de l'Église - qui absolvent l'Islam de toute complicité et qui - à juste titre - défendent la majorité des musulmans pacifiques».

«De la même manière que l'on ne peut pas rendre "les" étrangers responsables du crime d'un individu, on ne peut pas non plus accuser "les" prêtres en général du crime d'une personne qui appartient aussi à cette même profession».

«Quand on analyse les abus sexuels sur mineurs commis par des ecclésiastiques catholiques, on ne peut ignorer le fait que plus de 80% des victimes sont de sexe masculin. Rien ne sera amélioré en niant les faits ou en insinuant vaguement que "les" homosexuels - quels que soient ceux que l'on identifie de cette façon - sont tenus responsables de tous les abus sexuel, tout comme il n'a pas de sens de tenir "les" prêtres pour responsables en tant que groupe».

«En outre, cela n'a rien à voir avec le célibat ou de présumées structures de pouvoir ecclésial, mais plutôt avec le fait que des criminels ont commis des crimes homosexuels. Il n'y a pas d'"homosexuel" comme type spécifique d'homme, mais plutôt des hommes attirés par le même sexe - indépendamment de l'évaluation morale des actes homosexuels.
Les organisations et idéologies homosexuelles ne représentent pas les intérêts de ceux qui affirment, dans la foi chrétienne, l'enseignement moral de l'Église en la matière. Le témoignage personnel d'un homme engagé, Daniel Mattson, et son livre particulièrement qualifié Why I Do not call Myself Gay (1), est de loin supérieur à toute propagande homosexuelle et à l'orchestration hypocrite des catholiques "progressistes". Toutefois, l'arrogance avec laquelle ceux qui ne suivent pas l'idéologie homophile sont exposés au mépris, en tant qu'individu de seconde zone homophobe ("Untermensch"), mérite maintenant l'opposition de tout homme juste et droit».

NDT


(1) Cf. Une interviewe du cardinal Müller (19 mai 2018) et L'idéologie LGBT à l'assaut de l'Eglise (13 juin)

Cardinal Brandmüller : La société "hypocrite" de condamner les abus sexuels commis par des prêtres


Edward Pentin
www.ncregister.com
7 janvier 2019
Ma traduction

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Le cardinal Walter Brandmüller a affirmé que le débat sur les abus sexuels du clergé «oublie ou passe sous silence le fait que 80% des cas d'agressions sexuelles dans l'Eglise touchent des jeunes hommes et non des enfants» et qu'un lien entre homosexualité et abus sexuels a été «statistiquement prouvé».
Le cardinal Brandmüller, ex-président du Comité pontifical pour les sciences historiques, a déclaré vendredi à l'agence de presse allemande DPA que «seul un petit nombre» de prêtres a perpétré des abus et qu'il était «hypocrite» de part de la société de condamner les abus sexuels des prêtres.
«Ce qui s'est passé dans l'Église n'est rien d'autre que ce qui se passe dans la société dans son ensemble», a-t-il dit.
Il a ajouté qu'il croyait que le problème plus profond était une sexualisation croissante de la société au cours des dernières décennies (*), et que «le vrai scandale est que l'Église catholique ne s'est pas distinguée du reste de la société».

Dans l'interview, le Cardinal Brandmüller s'est fait l'écho à la fois du Pape François et de Benoît XVI en disant que les homosexuels ne devraient pas être prêtres, «pour la simple raison qu'une personne d'orientation homosexuelle a beaucoup de difficultés à tenir le coup».
«En outre, un prêtre doit être un père», a-t-il ajouté, et «quelqu'un qui est émotionnellement incapable d'un amour humain normal et d'être responsable pour la famille rencontrerait aussi des difficultés comme prêtre».

Certains ont critiqué les propos du cardinal. Ulf Poschardt, rédacteur en chef du journal Die Welt, les a décrits sur Twitter comme «une manière honteuse de relativiser la culpabilité de l'Eglise catholique et de diffamer les homosexuels».

NDT


(*) Dans un livre écrit en 2008, le grand cardinal Biffi ne disait pas autre chose (benoit-et-moi.fr/2008):

Notre époque est dominée et atteinte par une sorte de pansexualisme.
Le sexe est sans cesse cité: pas seulement dans les formulations sociales et psychologiques, dans les multiples expressions artistiques et culturelles, dans les spectacles et les divertissements; même dans les messages publicitaires, on ne peut s’empêcher de l’évoquer et d’y faire allusion.
Nous avons parfois l’impression d’être conditionnés et manœuvrés par une bande mystérieuse de maniaques qui imposent à tout le monde leur dégénérescence mentale. Ce sont eux qui ne manquent jamais de traiter de bigots et de puritains tous ceux qui ne se laissent pas convaincre par leurs arguments élevés. Et grâce à leur ténacité et à leur esprit d’initiative, ils atteignent involontairement le triste but d’un comique objectif.

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