En attendant le Synode sur l'Amazonie

d'Octobre prochain. Célibat sacerdotal: des changements importants se profilent. Comme il l'avait déjà expliqué, François s'apprête à enclencher sur ce sujet brûlant aussi des "processus irréversibles". Article d'AM Valli (7/5/2019)

Voir aussi:
¤ François et le célibat sacerdotal: benoit-et-moi.fr/2016 (G. Nardi, 21/8/2016)
¤ Francois : "Des prêtres mariés ? Non, sauf….." (G. Nardi, 1er/2/2019)

 

François au Pérou, janvier 2018

Le modèle "Amoris Laetitia" se profile-t-il pour le célibat sacerdotal?


Aldo Maria Valli
7 mai 2019
Ma traduction

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Des changements radicaux dans l'Église catholique en ce qui concerne la morale sexuelle, le célibat sacerdotal et le rôle des femmes. Volà ce que pévoit l'évêque allemand Franz-Josef Overbeck, évêque d'Essen, lequel selon <Katholisch.de>, le site officiel de la Conférence épiscopale allemande, a déclaré aux journalistes que le prochain synode consacré à l'Amazonie portera à une «rupture» dans l'Eglise, à tel point que «rien ne sera plus pareil».

Evêque pro-Lgbt, connu pour vouloir changer l'enseignement catholique sur l'homosexualité, Mgr Overbeck est certain qu'au Synode, outre l'exploitation du milieu naturel et la violation des droits humains au détriment des populations vivant dans les territoires amazoniens, il sera question de morale sexuelle; et les évêques s'occuperont aussi de la structure hiérarchique de l'Église, de ce qu'est un prêtre (Priesterbild) et de la diminution du nombre des fidèles catholiques en Europe et Amérique latine.

L'assemblée spéciale du synode des évêques de la région panamazonique, prévue au Vatican du 6 au 27 octobre, sera donc selon Mgr Overbeck utilisé pour un débat sur plusieurs transformations, comme la fin du célibat, désormais jugée nécessaire. Il s'agit de «défis», dit l'évêque, dont François «est bien conscient» parce que sa perpective est une «perspective sud-américaine» très opportune, étant donné que la «structure eurocentrique» de l'Église catholique doit être éliminée. «Le visage de l'Église locale en Amérique du Sud est féminin», dit Overbeck, et de cela aussi, il faut tenir compte.

Ce n'est pas un mystère que certains secteurs de l'Église voudraient utiliser le synode sur l'Amazonie pour mettre fin au célibat obligatoire des prêtres. Mais quelle sera la stratégie ?

À cet égard, lors de la conférence de presse de l'avion de retour du Panama, lorsqu'on lui a demandé s'il était possible d'imaginer que le pape permettra aux hommes mariés de devenir prêtres, Bergoglio a donné une réponse ambivalente. Si d'un côté, citant Paul VI («Je préfère donner ma vie avant de changer la loi du célibat»), il a dit: «Personnellement, je pense que le célibat est un don à l'Église», d'un autre côté, il a ajouté: «Il ne resterait une possibilité que dans des endroits très lointains», comme les «îles du Pacifique».

François a cité ensuite «un livre du Père Lobinger, intéressant» dans lequel l'auteur affirme qu'«un homme âgé marié peut être ordonné», et il a poursuivi: «Je crois que le thème doit être ouvert en ce sens: là où il y a le problème pastoral à cause du manque de prêtres. Je ne dis pas que nous devrions le faire, parce que je n'ai pas réfléchi, je n'ai pas assez prié à ce sujet. Mais les théologiens doivent étudier».

Bergoglio dit donc d'une part qu'il est contre l'abolition du célibat dans l'Église latine, mais d'autre part qu'il ouvre «quelques possibilités dans des endroits lointains» et où il y a «le problème pastoral du manque de prêtres». Ce qui laisse prévoir qu'à part les «endroits très lointains», tout évêque qui a des problèmes à cause de la rareté des vocations (c'est-à-dire presque tous dans le monde) peut y avoir recours.

Mais qui était le père Lobinger dont Bergoglio a parlé? Et qu'a-t-il dit?

Né en 1929, il reçut l'ordination épiscopale en 1988 et partit comme missionnaire dans le diocèse sud-africain d'Aliwal, où il resta jusqu'en 2004, date à laquelle, à l'âge de soixante-quinze ans, il démissionna. Le livre auquel le Pape fait référence est «Prêtres pour demain. De nouveaux modèles pour des temps nouveaux», dans lequel Lobinger propose la catégorie appelée homegrown clergy (clergé local ou prêtres communautaires), ou «prêtres de type corinthiens», pour les distinguer des prêtres traditionnels ou pauliniens.

Ces prêtres communautaires seront des prêtres résidents âgés, pour la plupart mariés et ayant leur propre travail. Formés non pas au séminaire mais à travers des cours, ils ne porteront pas l'habit sacerdotal et s'occuperont de gestion de la communauté, des célébrations liturgiques et de l'administration des sacrements. Mais, selon Lobinger, ils ne devraient pas être utilisés seulement dans les endroits les plus reculés, mais partout où ils sont nécessaires.

Toujours selon Lobinger, «si certains diocèses faisaient ce pas, ce serait un signe d'espérance. D'autres diocèses et paroisses pourraient alors voir comment ils pourraient se développer, dans l'espoir de surmonter la pénurie actuelle de prêtres», et on pourrait aussi imaginer, plus tard, l'emploi de femmes ayant les mêmes responsabilités.

Parmi les membres de la commission préparatoire du Synode sur l'Amazonie figure un évêque brésilien, Mgr Erwin Kräutler, qui admire les thèses de Lobinger et soutient depuis longtemps la nécessité de conférer le sacerdoce aux hommes mariés et de procéder à l'ordination de diaconesses.

C'est précisément Lobinger qui a révélé la rencontre entre Kräutler et François, en 2014, rencontre au cours de laquelle le Pape a dit que «les Conférences épiscopales devraient faire des propositions».

Voici donc la perspective: tout comme en matière de communion aux divorcés remariés, chaque conférence épisode a donné ses propres lignes interprétatives d'Amoris Laetitia, pour le célibat des prêtres, la même logique pourrait être suivie.

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