Encore sur les "Notes" de Benoît sur la pédophilie

Le P Santiago Martin, prêtre espagnol fondateur des Franciscains de Marie, a des mots forts sur la catastrophe en cours dans l'Eglise depuis le Concile (qu'il dénonce non pas en tant que tel mais pour son "esprit") et contre les mauvais bergers qui enseignent aux simples de fausses doctrines et se déchaînent aujourd'hui contre Benoît XVI (17/4/2019)

 

Racines, fleurs et fruits du mal


Père Santiago Martin
www.religionenlibertad.com
15 avril 2019
Traduit de l’espagnol par Carlota

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En lisant et relisant l’essai de 19 pages du Pape Benoît XVI sur les causes de la pédophilie [l'espagnol utilise le terme "pederastia"] dans le clergé, j’ai pensé au célèbre recueil de poèmes de Baudelaire, « Les fleurs du mal ».
Avec son analyse, le Pape émérite a fait une radiographie, effectuée avec la précision d’un rayon laser, non seulement des fleurs mais aussi des racines et des fruits.
Les critiques contre lui n’ont pas tardé à se déchainer, un signal qui ne trompe pas. Elles disent qu’il ne devrait pas parler car il est Pape émérite, mais les mêmes faisaient l’éloge du cardinal Martini, du cardinal Danneels ou du cardinal Kasper quand, bien qu’émérites, ils parlaient contre les décisions des Papes régnants, et [il fallait voir] de quelle manière ils le faisaient. Ce sont les mêmes, ou leurs héritiers intellectuels, qui interdisaient que les livres du théologien Ratzinger soient étudiés dans les séminaires, comme l’avoue le Pape dans son texte. Ce sont de petits dieux, promus à force d’intrigues et de flatteries à des postes de pouvoir, d’où ils exercent leur tyrannie, et qui mériteraient d’être appelés misérables si ce n’était qu’ils sont pathétiques.
Benoît XVI est beaucoup plus grand qu’eux tous réunis, et un mot de lui fait le tour du monde et le dérange, tandis que tous leurs cris (qui semblent plutôt venir de fous) se perdent dans le néant.

Benoît, qui continue à faire plein usage de la sagesse, commence par analyser les racines, les origines, du problème. Et le problème est dans l’application abusive du Concile Vatican II, selon ce qui a été appelé et que l’on continue à appeler l’esprit du Concile. Un esprit qui n’avait pas grand-chose à voir avec la lettre et qui était une application claire des textes conciliaires en rupture avec la Parole de Dieu et contre la Tradition de l’Église.
Tout a commencé là, en ces années d’application de Vatican II qui, dans de nombreux cas et en trop de choses, a été faite de travers. Le Pape émérite en signale trois : la débâcle de la Théologie Morale, qui a cessé d’être sujette à l’objectivité du bien et du mal pour se transformer en une morale de situation dans laquelle la fin justifie les moyens; le désordre dans de nombreux séminaires, avec l’apparition dans quelques uns d’entre eux d’authentiques mafias gays, qui se sont étendues et sont à l’origine du lobby gay qui a fait tant de mal; la nomination des évêques, qui devaient être choisis parmi les prêtres « conciliaires », entendant par là ceux qui étaient pénétrés de l’ «esprit du Concile» et qui, par conséquent, promouvaient une rupture avec la Tradition et favorisaient ou au moins toléraient des comportements clairement peccamineux. À cette époque, poursuit Benoît, s’est produite dans la société la révolution sexuelle de 68, qui est allée jusqu’à considérer la pédérastie comme bonne et qui s’est infiltrée dans l’Église, favorisée par le gouvernement d’évêques modernistes et de théologiens qui donnaient leur bénédiction à tout ce qui venait du monde, peu importait ce que c’était.

Mais si ce sont les racines, les fleurs du mal étaient pleines d’attraction.. On parlait de liberté, d’épanouissement personnel, de la fin des répressions obscurantistes moyenâgeuses, de l’importance des attitudes plus que des actes. Comme c’est beau l’amour ! Les petits oiseaux, les fleurs, le festival hippie de l’île de Wight, la drogue, le sexe libre…! Et tout cela, que l’on présentait comme merveilleux et sans conséquences, et qui se pratiquait à l’extérieur de l’Église, a commencé aussi à se pratiquer à l’intérieur. Pas toujours, mais pas beaucoup moins, avec violence ou avec des mineurs. La majorité respectait les lignes rouges, mais quelques-uns ne pouvaient pas se contrôler et les franchissaient, parce que si la liberté était une nouvelle déesse et qu’il n’y avait plus d’objectivité morale, pourquoi n’allaient-ils pas faire ce que leur demandait le corps?

Mais sont venues les conséquences, sont arrivés les fruits. Et ce que disait le prophète Jérémie s’est accompli. Ce n’étaient plus les parents qui avaient mangé les raisins verts dont les dents des enfants étaient agacées, mais c’étaient ceux-là mêmes qui avaient commis les péchés qui en pâtissaient les conséquences. Parce qu’il en a résulté que, en plus d’être des péchés et même des délits, la législation a changé et a permis des plaintes pour des faits arrivés de nombreuses années auparavant; et en conséquence ceux qui se considéraient à l'abri, ont dû faire face à leurs actes et les mineurs dont ils avaient abusé les ont fait devenir écarlates de la tête, en plus de leur tirer de l’argent.
Mais ce ne furent pas les seuls fruits du mal. Le Pape Benoît parle d’autres fruits et d’autres abus. Il rappelle que lorsque les Évangiles parlent de la malédiction qui tombera sur ceux qui scandalisent «l’un de ces petits», il n’est pas fait seulement référence aux enfants, - dans le sens d’abuser physiquement d’eux -, mais à ceux qui sont simples de cœur même si ce sont des adultes, et à cet abus qui consiste à leur enseigner comme doctrine véritable de grossières hérésies : abusant de l’ignorance et de la bonne foi du peuple fidèle, beaucoup de prêtres, - je dirais même de très nombreux prêtres -, ont enseigné des doctrines non catholiques, que les gens ont bues comme s’il s’agissait du bon vin de l’Évangile, quand en réalité c’était des potions empoisonnées. Le mal a été immense et dans beaucoup de cas, il est irréparable. Ces pédérastes [pédophiles: voir plus haut] intellectuels ne sont pas en cours de jugement, ni dans les tribunaux civils ni dans ceux ecclésiastiques, mais ce sont d’authentiques criminels qui devront faire face au jugement de Dieu, même s’il y a bien longtemps qu’ils ont cessé de croire, non seulement au jugement mais aussi à Dieu.
Ce poison introduit dans les veines de l’Église a provoqué une apostasie massive des fidèles, la chute brutale des vocations, le détachement envers l’Église elle-même, dont le couronnement, et le plat final du festin du mal, sontt la destruction de l’Eucharistie, tant sur le plan de la célébration, - devenue une assemblée où l’on ne respecte plus les normes liturgiques, au nom de la liberté créative des prêtres ou des fidèles -, qu’en ce qui concerne l’accès à la Sainte Communion, considérée, comme le dénonce le Pape Benoît, comme un simple geste cérémoniel et de courtoisie.

Néanmoins, le Pape émérite ne se limite pas à la dissection de la réalité et à exposer les origines qui ont provoqué cette catastrophe. Il va plus loin et annonce le chemin de l’avenir. Ce chemin passe par un retour à Dieu, pour le mettre à la première place de la vie, pour vivre dans de petites communautés unies et cohérentes, pour être disposés même au martyre plutôt que de trahir Jésus Christ. Cette Église des années soixante, contaminée par le monde et en même temps contaminatrice des siens, qui a cessé d’être la lumière et la levure pour ouvrir toutes grandes les portes à la fumée de l’enfer, est finie. Ceux qui insultent le Pape Benoît ou ceux parmi nous qui pensons comme lui, peuvent encore faire beaucoup de mal, mais ce sont des zombis, des cadavres encore vivants, mais en fin de compte des cadavres. L’Église de toujours, non pas l’autre Église esclave du monde dont ils font la promotion, l’Église des saints, elle, est vivante même si elle souffre de tout ce qui se passe, et elle continue à donner des fruits.

Quand arrivera l’heure, elle apparaîtra, lumineuse, pour être de nouveau la lumière du monde.
En attendant, nous persévérerons dans la persécution et nous prierons pour que cette heure arrive vite. Et nous n’oublions pas les paroles de Saint Luc : « Quand ces choses commencent à arriver, levez-vous, relevez la tête, votre libération approche ». Le message du Pape Benoît indique que cette heure est proche.

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