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(*) La cathédrale comme métaphore de l'Eglise

Je voudrais attirer votre attention sur quelques aspects de cette très belle structure qui peut servir il me semble, de point de départ pour une réflexion sur nos vocations particulières dans l'unité du Corps mystique.

Le premier aspect concerne les vitraux qui inondent l'intérieur d'une lumière mystique. Vues de l'extérieur, ces fenêtres semblent sombres, lourdes et même lugubres. Mais quand on entre dans l'église, elles prennent soudain vie ; elles reflètent la lumière qui les traversent en révélant toute leur splendeur. De nombreux écrivains - ici en Amérique nous pouvons penser à Nathaniel Hawthorne - ont utilisé l'image des vitraux pour illustrer le mystère de l'Eglise elle-même. Ce n'est que de l'intérieur, à partir de l'expérience de la foi et de la vie ecclésiale, que nous voyons l'Eglise telle qu'elle est vraiment : inondée de grâce, resplendissante de beauté, décorée des multiples dons de l'Esprit. Ceci veut dire que nous qui vivons la vie de la grâce dans la communion de l'Eglise sommes appelés à attirer toutes les personnes à l'intérieur de ce mystère de lumière.

Comme toutes les cathédrales gothiques, elle a une structure très complexe, dont les proportions précises et harmonieuses symbolisent l'unité de la création de Dieu. Les artistes du moyen âge représentaient souvent le Christ, la Parole créatrice de Dieu, comme un « géomètre » céleste, le compas en main, qui ordonne le cosmos avec une infinie sagesse et détermination. Une telle image ne nous fait-elle pas penser à notre besoin de voir toute chose avec les yeux de la foi, afin de pouvoir ainsi les comprendre dans leur perspective la plus vraie, da! ns l'unité du plan éternel de Dieu ? Ceci exige, nous le savons, une conversion continuelle et l'engagement à « nous renouveler par une transformation spirituelle de notre jugement » (cf. Ep 4, 23).

L'unité d'une cathédrale gothique, nous le savons, n'est pas l'unité statique d'un temple classique, mais une unité née de la tension dynamique de forces diverses qui poussent l'architecture vers le haut, l'orientant vers le ciel. Ici aussi nous pouvons voir un symbole de l'unité de l'Eglise qui est l'unité - comme nous l'a dit saint Paul - d'un corps vivant composé de plusieurs membres divers, chacun avec son rôle et son but. Nous voyons ici également la nécessité de reconnaître et respecter les dons de chaque membre du corps comme « des manifestations de l'Esprit en vue du bien commun » (1 Co 12, 7). Dans la structure de l'Eglise voulue par Dieu il faut ce! rtes distinguer les dons hiérarchiques des dons charismatiques (cf. Lumen gentium, 4). Mais la variété même et la richesse des grâces accordées par l'Esprit nous invitent constamment à discerner comment insérer ces dons de façon juste dans le service de la mission de l'Eglise.

Tournons donc notre regard vers le haut ! Et avec une grande humilité et confiance demandons à l'Esprit de nous donner chaque jour les moyens de grandir dans la sainteté qui fera de nous des pierres vivantes dans le temple qu'Il est précisément en train d'élever maintenant au coeur du monde. Si nous devons être de véritables forces d'unité, soyons les premiers à chercher une réconciliation intérieure à travers la pénitence ! Pardonnons les offenses subies et réprimons tout sentiment de colère et de dispute ! Soyons les premiers à faire preuve de l'humilité et de la pureté de cœur nécessaires pour s'approcher de la splendeur de la vérité de Dieu ! Dans la fidélité au dépôt de la foi confié aux apôtres (cf. 1 Tm 6, 20), soyons de joyeux témoins de la force transformatrice de l'Evangile !

(homélie à Saint-Patrick, 19 avril, trad. Zenit)