Par l'auteur du mémorable article "Prêtres pédophiles, ou pédophiles prêtres?" (15/7/2010)

Au plus fort de la tempête contre l'Eglise et le Pape, en mars dernier, j'étais providentiellement tombée sur un texte issu de ce blog "atypique", Libero Arbitrio : par les échos que j'en ai eus, je peux dire qu'il a servi au débat, à travers ma modeste traduction. L'auteur y affirmait cette évidence, que les soit-disant prêtres pédophiles n'étaient pas des prêtres qui étaient devenus pédophiles (à cause du célibat, ou même de la structure intrinsèquement perverse de l'Eglise, dixit de bons amis!)... mais tout simplement, des pédophiles qui étaient devenus prêtres. Par opportunisme, en somme. (lire ici)
Ses contributions sont d'autant plus précieuses qu'elles sont rares (une idée à creuser!).
Voici une suite, du 9 juillet dernier. Je préviens mes lecteurs, c'est raide (j'ai même censuré une phrase!). Mais comme c'est juste!
Il reprend cet article du blog Messa in Latino, traduit ici : L'Eglise progressiste belge reçoit sa récompense.

Ceux qui ne vivent que pour le présent n'ont pas d'avenir
(Source)

Désormais, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer quand je lis ou quand j'entends dire que l'Eglise devrait être plus moderne et plus ouverte au monde . Habituellement, celui qui dit ces mots, ou bien est de bonne foi en ce sens qu'il nous prodigue ce qu'il considère comme des conseils très utiles à la survie de l'institution , ou bien, c'est un loup déguisé en mouton : autrement dit quelqu'un qui désire la fin du catholicisme , mais, par stratégie, ne le dit pas apertis verbis, et pourtant prodigue subtilement des suggestions auto-destructrices à ceux que le franc jargon léniniste a nommé "idiots utiles" .

Cependant , tandis que pour les seconds , je n'éprouve aucun respect intellectuel - et encore moins pour ceux qui travaillent au sein de l'édifice catholique pour le ruiner de l'intérieur, couverts par la fumée qui s'est faufilée dans le temple - pour les premiers, j'éprouve cependant une forme basique de gratitude , justement pour la bonne foi que j'entrevois en eux . Ils sont comme celui qui m'offre un fruit sans savoir qu'il est empoisonné: je refuse le cadeau , mais j'apprécie le geste du donateur.

Mais pourquoi le fruit est-il empoisonné ? Pourquoi toutes ces phrases construites sur la méprise de l'"aggiornamento" ne sont-elles, dans le meilleur des cas, que les bonnes intentions qui vous mènent à l'enfer ? Après tout, notre conseiller en bonne foi mérite bien une explication . Et alors je lui demande, et je vous demande : quel est au juste ce monde auquel l'Eglise devrait s'ouvrir? Celui d'aujourd'hui? Mais pourquoi ? Et pourquoi pas plutôt celui d'hier ou d'avant-hier, ou celui de demain ?

La vérité est qu'il est trop facile et trop naïf de configurer la dialectique entre l'Eglise et le monde comme si c'était l'équivalent épistémologique d'une partie de basket-ball "1 contre 1". Comme la simple tergiversation entre deux interlocuteurs qui doivent trouver un compromis . D'un côté il y a l'Eglise , cette institution qui proclame depuis 2000 ans la validité constante de la vérité éternelle qu'elle a reçue en dépôt; mais ce qu'il y a de l'autre côté n'est pas aussi univoque. Le monde est une catégorie hétérogène et changeante, parce qu'en fait ce que nous désignons comme "monde" n'est que l'ensemble disparate de toutes ces pensées qui ne sont pas catholiques, qui se relaient, qui se combattent et qui se remplacent les unes les autres . Chaque événement transitoire dans le monde a quelque chose à reprocher à l'Église , quelque chose à lui faire accepter, quelque trahison doctrinale sournoise ou ouverte qu'on voudrait lui demander ou lui imposer; mais le fait est qu'à chaque fois, c'est quelque chose d'autre.

Aujourd'hui, le monde , ou son épiphénomène prédominant en Occident, veut faire accepter à l'Eglise des choses comme le relativisme et l'individualisme et le libertinage sexuel. Mais il y a quarante ans, le monde lui réclamait le communisme, ou du moins une sorte de christianisme rincé dans le socialisme . Il y a quatre-vingts ans, il lui demandait l'anti-communisme, et l'eugénisme raciste, et le culte de la force à la sauce nazie. Il y a cent cinquante ans , une attitude de non-belligérance envers la franc-maçonnerie et ses opérations d'"ingénierie" politique. Il y a deux cents ans, la conversion à la Révolution française et / ou succomber . Il y a quatre cents ans, le soutien inconditionnel aux différentes monarchies absolues de l'Ancien Régime et à leurs injustices sociales (ndt: c'est à voir, si les gens ont été plus heureus après!). Il y a sept cents ans ... Il y a mille ans ... Il y a quinze siècles ... Il y a deux mille ans: adorer l'empereur . Même en faisant semblant , même en brûlant un grain d'encens , une simple formalité . Pourtant, la plupart des chrétiens de l'époque ont refusé tout compromis , et à l'époque, le prix à payer était bien pire que les sarcasmes des collègues au bureau ou une mauvaise couverture sur la première page .

Et demain ? Et après-demain ? Je ne sais pas ce que le monde voudra demain , mais la seule chose dont je suis sûr, c'est que ce sera différent de ce qu'il veut aujourd'hui, de même que c'est différent de ce qu'il voulait hier . Le monde change souvent d'avis et ce qui aujourd'hui est moderne, demain sera anachronique.

Voilà pourquoi le conseil à s'ouvrir au monde est si absurde, consiste tellement à se donner des verges pour se faire fouetter. C'est pourquoi "Une foi "adulte" ne suit pas les courants de la mode et des dernières nouveautés; une foi adulte et mûre est une foi profondément enracinée dans l'amitié avec le Christ" (cf: Missa Pro Eligendo Romano Pontifice, homélie du cardinal Joseph Ratzinger, Doyen Du Collège Cardinalice, lundi 18 avril 2005, ESM )
Voilà pourquoi tous les catholiques qui, par enthousiasme naïf ou calcul politique ou simple désir de tranquillité, ont poursuivi le mythe d'une harmonie conciliante avec leurs hic et nunc socio-politique - les théologiens de la libération , les prêtres français révolutionnaires (ndt: les prêtre "jureurs", ceux qui avaient accepté la constitution civile du clergé; parmi les autres, les "réfractaires", beaucoup ont payé le prix du sang), les prêtres ouvriers , les catholiques qui ont applaudi les lois raciales, etc , etc - tous ont été désastreusement dépassés par le changement de paradigme quand le monde a fait ce qu'en effet, le présent fait toujours: devenir le passé .

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Eh bien, tout cela reçoit aujourd'hui de l'affaire belge une confirmation aussi cruelle que terrible .

J'ai déjà parlé précédemment de la question de la pédophilie et des nombreuses idées fausses qui tournent autour , et j'ai l'intention de parler à nouveau, dans un article qui prouve , avec beaucoup de citations et de documents minutieux à l'appui (juste pour prouver une fois de plus que les vrais "dogmatiques" sont ailleurs) , ce que les belles âmes laïques choquées par les horreurs au presbytère oublient si souvent : l'Eglise n'a pas le copyright de la corruption d'enfants . La tentative de légitimité morale de la pédophilie a été une étape clairement identifiable de la révolution sexuelle, historiquement reconstituable, et mise en oeuvre par une vaste cohorte de personnalités (du pionnier Alfred Kinsey à des italiens comme Mario Mieli et Aldo Busi) qui sont encores des icônes respectées et révérées par les franges de ce monde progressiste qui , tout en exaltant le courage-contre-tous-les-tabous de ces laïcs courageux défenseurs des relations sexuelles avec les enfants, déplorent avec indignation les relations sexuelles avec les enfants commises par des prêtres et couvertes par des évêques .

Comment et quand et pour quelles raisons le sexe pédophile a été abjuré par le courant dominant du progressisme pansexualiste, et violemment repoussé dans les sous-bois obscurs du "cela ne se fait pas" , alors qu'au contraire, cela semblait être le prochain tabou que les progressistes allaient inévitablement briser et dédouaner , c'est un argument que je réserve pour une autre fois (ndt: à suivre!) .
Ce que je veux dire ici, c'est qu'il y a eu un catholicisme innovateur, moderne et ouvert au monde, qui, de la relation contre-nature et passive avec le monde, a intégré - parce que, diabolus simia Dei, le bien se diffuse, mais l'hérésie est osmotique - aussi une nouvelle et moderne et courageuse pastorale sur la pédophilie.

Puisqu'ici, nous sommes catholiques et non *dogmatiques*, des sources sont nécessaires . Et le site messainlatino.it les fournit. L'histoire du texte du catéchisme Roeach, avec le dessin d'une fillette nue intéressée par les expériences sexuelles ,est hallucinante.
(...)


Vous voyez que face à toute cette régénération tellement attendue des rapports entre l'Église et le monde "Nihil novi sub sole"
Pauvre "clericalprogressiste" (catho de gauche, ndt): tu as fait tellement d'efforts pour conformer la pastorale catholique à la philopédérastie de l'intelligentsia moderne, et voici que traîtreusement, la modernité change d'idée, et la pédophilie devient l'horreur de toutes les horreurs , mais pourtant, toi, pendant ce temps-là, ces choses, tu les as dites, et même écrites , et fait écrire, et, pire encore, tu les as laissées faire , et le monde viendra t'en demander des comptes à toi, catholique , un peu moins aux autres. Il y aurait vraiment de quoi rire, si ce n'était à pleurer , à regarder le énième changement de paradigme qui accable les énièmes bateliers ballotés et naufragés. Parce qu'on ne peut servir deux maîtres : parce que les chrétiens sont dans le monde , mais ne font pas partie du monde; parce que nous, catholiques , nous devons aimer le monde , et même l'aimer passionnément , mais en même temps nous devons être circonspects envers celui qui en est le Prince et envers ceux qui, plus ou moins consciemment, s'en font l'instrument; parce que, ce n'est pas par hasard, on nous a demandé d'être innocents comme des colombes , mais prudents comme des serpents , puisque nous sommes envoyés comme des brebis parmi les loups; parce que l'Église n'a aucune raison d'avoir un complexe d' infériorité par rapport aux idées du siècle , car elle vit dans le temps , mais elle vient de - et va vers - l'éternité.

Et voilà pourquoi , quand je lis ou entends que l'Eglise devrait être plus moderne et plus ouverte sur le monde , à présent, je ne sais pas s'il faut rire ou pleurer . La vérité est que souvent, en dehors des exceptions de bonne foi , ces dispensateurs de sages conseils veulent nous rouler....
[la dernière phrase de l'article, je laisse mes lecteurs la découvrir sur le site... Censure!]