d'un lecteur de ce site, suite à une interviewe accordé au "Monde" en Avril dernier par l'évêque de Poitiers (28/7/2010)

L'interviewe date du 3 avril dernier (*), et m'avait sans doute plus ou moins échappée. Elle a probablement été commentée sur des sites "amis", et aujourd'hui ce n'est plus l'"actualité".
Mais la réponse de François H. à Mgr Rouet, l'évêque de Poitiers multi-mitré par Golias, dont je ne dirais rien de plus par respect pour son ministère, l'est quant à elle, totalement.

 

Votre Excellence,

C’est en gardant pleinement à l’esprit votre dignité d’archevêque, de veilleur de la foi catholique et de pasteur du peuple de Dieu que j’ai pris, après avoir prié et réfléchi, la décision de vous écrire pour réagir à la publication de vos propos dans le quotidien Le Monde, dans lequel vous paraissez vous employer à critiquer, fort de votre rang et de votre prestige, l’action et la personnalité du Saint-Père :

"Depuis quelque temps, l'Eglise est battue d'orages, externes et internes. On a un pape qui est plus théoricien qu'historien. Il est resté le professeur qui pense que quand un problème est bien posé, il est à moitié résolu. Mais dans la vie, ce n'est pas comme cela ; on se heurte à la complexité, à la résistance du réel. "

Vous dénoncez tout particulièrement le « centralisme romain » et son « réseau de dénonciations », ainsi que des dérives identitaires et revendicatives que vous n’hésitez pas à assimiler à celle des intégristes islamistes. Si je ne me trompe pas, Monseigneur, les fidèles que vous visez par ces critiques sont ceux qui manifestent la volonté de rénover l’Eglise par l’expérience de la Tradition, la réaffirmation des dogmes principaux et la restauration de la liturgie, les fidèles de la « génération Jean-Paul II » et ceux de la « génération Benoît XVI », comme on le dit aujourd’hui. Mais il me plairait beaucoup de savoir pourquoi un fidèle qui réclame le mariage des prêtres, le sacerdoce universel luthérien, le rejet de la Tradition, est un « laïc engagé » tandis que celui qui soutient le Pape, demande la Messe de saint Pie V ou la messe de Paul VI célébrée conformément aux rubriques et aux instructions romaines, le catéchisme catholique et une pastorale un peu plus visible est un « intégriste identitaire » responsable de l’éloignement de la société pour l’Eglise et enfin de tous les maux.

Il est vrai que certains catholiques sont enclins à critiquer les évêques. Mais s’il me fallait donner l’exemple d’un mouvement s’adonnant systématiquement au dénigrement de l’épiscopat, ce ne serait pas de Perepiscopus dont je parlerais (..) mais de Golias : voici une revue, dont on ne dira pas (c’est le moins qu’on puisse dire) qu’elle est « tradi », qui régulièrement se permet de noter les évêques et d’en calomnier beaucoup en les traitant de tous les noms. Il est vrai, Monseigneur, que Golias vous coiffe de cinq mitres ; mais je ne puis croire que votre tête en soit alourdie et votre jugement altéré. Golias a traité certains de vos frères dans l’épiscopat de « calamités épiscopales » ; tel évêque est « médiocre » ; un autre est « nul » ; un autre encore est « autiste » ou « inquiétant » ; la nomination de tel jeune évêque est présentée comme « dangereuse » pour l’Eglise de France ; quant à tel évêque ne faisant pas profession de progressisme, son discours doctrinal est évidemment « simpliste ». Cela est-il vrai, oui ou non ? Cela n’est pas faire des « fiches », des « dossiers » contre les uns ou les autres, selon votre expression ? J’ai même entendu dire que la même revue avait dressé la liste des pestiférés qui s’étaient rendus coupables d’avoir célébré la messe dans le rite de saint Pie V. Alors, Monseigneur, pourquoi, si vous désapprouvez tant ces « comportements » chez les catholiques qui soutiennent le Saint-Père, ne condamnez-vous pas les calomnies proférées par Golias ? Pourquoi ne les mentionnez-vous pas ? Je ne puis croire que vous n’en soyez pas informé.
Il est vrai, Monseigneur, que vous avez reçu bien plus de louanges de Golias que de Paix Liturgique. Mais si quelque « tradi » a pu relever contre vous quelque grief, n’est-ce pas également que vos propos sont parfois équivoques, jusque dans ceux que vous livrez à la presse, c’est-à-dire à tous ? Vous refusez l’ « image cultuelle » du prêtre et paraissez n’accorder à la distribution des sacrements qu’une importance bien secondaire – c’est du moins ce que vos propos laissent penser, mais Dieu seul connaît les cœurs – et insistez sur le rôle des laïcs en vous flattant du nombre de ceux qui sont engagés dans les structures de votre diocèse. Monseigneur, l’action des diacres permanents, l’action de ces milliers de laïcs est sans doute belle et courageuse : mais elle ne remplacera jamais celle d’un seul Prêtre de Jésus-Christ. « Rien ne remplacera jamais une messe pour le salut du monde. » Ces laïcs peuvent témoigner ; mais de quoi témoigneront-ils s’ils n’ont plus de prêtres pour célébrer le Saint-Sacrifice de la Messe, pour enlever leurs péchés au nom de Jésus-Christ ? De l’Evangile, sans doute, mais de l’Evangile réduit à un texte et à une morale, d’un Evangile desséché, privé de la sève essentielle des sacrements. « Laissez une paroisse sans prêtre, disait le saint curé d’Ars, et dans vingt ans elle adorera les bêtes. » Sans prêtres pour accomplir le sacrifice de la Messe, pour livrer à l’adoration du peuple de Dieu le Corps de Jésus, c’est l’essentiel même qui sera perdu. Monseigneur, vous avez la plénitude du sacerdoce, vous ne pouvez l’ignorer !
J’ignore combien votre diocèse compte de séminaristes, et je préfère ne pas le savoir. Mais dès lors qu’on affirme « c’est mieux » pour désigner l’action des laïcs, en la comparant à celle des prêtres, dès lors qu’on estime que les laïcs engagés remplacent avantageusement les ministres ordonnés, je ne m’étonne plus du tarissement des vocations. « ON ne veut plus de prêtres », disait déjà Louis Salleron. Monseigneur, nous n’aurons des prêtres que si nous en voulons. Là où l’on rappelle ce qu’est le Prêtre, là où on l’on prie pour que Dieu nous donne beaucoup de saints prêtres, là où l’on vit de la prière et de la grâce des sacrements, les vocations fleurissent. L’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre compte plus de séminaristes que de prêtres ; cette année, ce sont plus d’une dizaine de jeunes hommes qui ont pris la soutane pour rejoindre l’Institut du Bon Pasteur, pour rester chez les « traditionalistes ». Cela compte-t-il pour rien ?
Quand je vous entends dénoncer le « centralisme romain » et décrire le Saint-Père comme un vieillard sénile qui n’a rien compris à la réalité des problèmes, je m’interroge sérieusement ; de même que je m’interroge en trouvant sur le site de votre diocèse un texte de l’abbé Blanchard pour le moins effarant, qui nie la réalité de la Présence de Notre-Seigneur dans le Saint-Sacrement. Monseigneur, ce texte est un outrage au Saint-Père, qui n’a jamais cessé de nous exhorter à adorer le Corps de Jésus-Christ, c’est un outrage à toute la théologie catholique, à tous les martyrs morts pour la Messe, parce qu’ils croyaient à la Présence réelle ; à une multitude de fidèles et de saints, au saint curé d’Ars, au saint Padre Pio, à saint Thomas d’Aquin ; c’est un outrage enfin à Notre-Seigneur Lui-même, bafoué dans le sacrement de Sa charité. Monseigneur, vous êtes un prêtre, un homme ordonné pour aimer le Cœur de Jésus, vous êtes un évêque, un veilleur de la foi catholique héritée des apôtres : ne pouviez-vous pas, par une réprimande paternelle, mais ferme, empêcher ce prêtre de démolir la foi des fidèles ?
Et pourquoi, Monseigneur, jugiez-vous nécessaire de contredire explicitement le Saint-Père quant au mariage des prêtres ? Pourquoi jugiez-vous nécessaire de le traiter par le mépris ? Dieu seul connaît les cœurs, et je prie pour que ces mots n’expriment pas le fond de votre pensée.
Vous vous souciez beaucoup du « questionnement », qui devrait « aller de soi » ; j’aurais préféré que vous vous souciiez du salut des âmes, dont vous aurez à rendre compte devant Dieu. J’ai lu dans La Croix que vous aviez à cœur d’inventer un vocabulaire nouveau : « les mots de la foi chanteront », écrivez-vous. Et vous n’hésitez pas à parler, dans le même ouvrage, de la « construction gratuite d’un demain qui nous échappe ». S’il s’agit là du nouveau vocabulaire, il n’est pas « intéressant » et encore moins chantant. Est-ce vraiment ce que le monde, ce monde meurtri par le péché et pour lequel il faut, comme vous le dites à juste titre, montrer une « immense miséricorde », attend de l’Eglise du Christ ? Pourquoi ne lui parlons-nous pas plutôt de la Résurrection, du Salut, de la Grâce, ces mots si doux qui ont nourri la foi de tant de chrétiens, et que ne cesse de nous rappeler le Saint-Père Benoît XVI ? Ces mots-là, Monseigneur, ne cesseront jamais d’intéresser, pour peu qu’on les proclame, car ils expriment ce qu’il y a d’intéressant et d’essentiel dans notre foi et dans notre espérance ; et ces mots sont simples, ils sont beaux, ils sont chantants pour l’âme, infiniment plus que toutes les « constructions gratuites » et que toutes les « identités relationnelles ». Monseigneur, le nouveau vocabulaire n’intéressa jamais les cœurs, car il les abreuve de ce dont ils étouffent, et ne leur parle pas de Dieu, qui seul peut les intéresser.
J’espère, Monseigneur, avoir mal compris votre pensée, et je vous prie de me pardonner mon excès d’orgueil et de prier pour moi Notre-Seigneur par l’intercession de Notre-Dame, Mère de l’Eglise.
Je vous prie enfin, Monseigneur, de croire à la sincérité de mes sentiments chrétiens.

(*) L'article du Monde

Il n'est accessible sur le site du journal qu'en version payante. Mais il a été repris par de nombreux autres sites, ce qui était le but recherché, j'imagine...
Voici donc l'entretien de Mgr Rouet avec Stéphanie Le Bars paru dans l'édition du 04.04.10 du Monde:
(notons à propos du préambule que, selon le vocabulaire du religieusement correct, un prélat "libre", c'est quelqu'un qui en réalité suit la mode puisqu'il est en opposition avec le Pape: comme le bien oublié "Mgr" Gaillot, ou le cardinal Martini. A l'inverse, le cardinal Biffi, ou Mgr Luigi Negri, souvent cités dans ces pages - ce sont les noms qui me viennent à l'esprit - sont des godillots et des bénit-oui-oui!)


Archevêque de Poitiers, Mgr Albert Rouet est l'une des figures les plus libres de l'épiscopat français. Son ouvrage J'aimerais vous dire (Bayard, 2009) est un best-seller dans sa catégorie. Vendu à plus de 30 000 exemplaires, lauréat du Prix 2010 des lecteurs de La Procure, ce livre d'entretiens porte un regard assez critique sur l'Eglise catholique. A l'occasion de Pâques, Mgr Rouet livre ses réflexions sur l'actualité et son diagnostic sur son institution.
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- L'Eglise catholique est secouée depuis plusieurs mois par la révélation de scandales de pédophilie dans plusieurs pays européens. Cela vous a-t-il surpris ?
- Je voudrais d'abord préciser une chose : pour qu'il y ait pédophilie, il faut deux conditions, une perversion profonde et un pouvoir. Cela signifie que tout système clos, idéalisé, sacralisé est un danger. Dès lors qu'une institution, y compris l'Eglise, s'érige en position de droit privé, s'estime en position de force, les dérives financières et sexuelles deviennent possibles. C'est ce que révèle cette crise, et cela nous oblige à revenir à l'Evangile ; la faiblesse du Christ est constitutive de la manière d'être de l'Eglise.
En France, l'Eglise n'a plus ce type de pouvoir ; cela explique qu'on est face à des fautes individuelles, graves et regrettables, mais que l'on ne connaît pas une systématisation de ces affaires.

- Ces révélations surviennent après plusieurs crises, qui ont jalonné le pontificat de Benoît XVI. Qui malmène l'Eglise ?
- Depuis quelque temps, l'Eglise est battue d'orages, externes et internes. On a un pape qui est plus théoricien qu'historien. Il est resté le professeur qui pense que quand un problème est bien posé, il est à moitié résolu. Mais dans la vie, ce n'est pas comme cela ; on se heurte à la complexité, à la résistance du réel. On le voit bien dans nos diocèses, on fait ce qu'on peut ! L'Eglise peine à se situer dans le monde tumultueux dans lequel elle se trouve aujourd'hui. C'est le coeur du problème.
Au-delà, deux choses me frappent dans la situation actuelle de l'Eglise. Aujourd'hui, on y constate un certain gel de la parole. Désormais, le moindre questionnement sur l'exégèse ou la morale est jugé blasphématoire. Questionner ne va plus de soi, et c'est dommage. Parallèlement, règne dans l'Eglise un climat de suspicion malsain. L'institution fait face à un centralisme romain, qui s'appuie sur tout un réseau de dénonciations. Certains courants passent leur temps à dénoncer les positions de tel ou tel évêque, à faire des dossiers contre l'un, à garder des fiches contre l'autre. Ces comportements s'intensifient avec Internet.
En outre, je note une évolution de l'Eglise parallèle à celle de notre société. Celle-ci veut plus de sécurité, plus de lois, celle-là plus d'identité, plus de décrets, plus de règlements. On se protège, on s'enferme, c'est le signe même d'un monde clos, c'est catastrophique !
En général, l'Eglise est un bon miroir de la société. Mais aujourd'hui, dans l'Eglise, les pressions identitaires sont particulièrement fortes. Tout un courant, qui ne réfléchit pas trop, a épousé une identité de revendication. Après la publication de caricatures dans la presse sur la pédophilie dans l'Eglise, j'ai eu des réactions dignes des intégristes islamistes sur les caricatures de Mahomet ! A vouloir paraître offensif, on se disqualifie.

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Le président de la conférence épiscopale, Mgr André Vingt-Trois l'a redit à Lourdes le 26 mars : l'Eglise de France est marquée par la crise des vocations, la baisse de la transmission, la dilution de la présence chrétienne dans la société. Comment vivez-vous cette situation ?
- J'essaie de prendre acte que nous sommes à la fin d'une époque. On est passés d'un christianisme d'habitude à un christianisme de conviction. Le christianisme s'était maintenu sur le fait qu'il s'était réservé le monopole de la gestion du sacré et des célébrations. Face aux nouvelles religions, à la sécularisation, les gens ne font plus appel à ce sacré.
Pour autant, peut-on dire que le papillon est "plus" ou "moins" que la chrysalide ? C'est autre chose. Donc, je ne raisonne pas en termes de dégénérescence ou d'abandon : nous sommes en train de muter. Il nous faut mesurer l'ampleur de cette mutation.
Prenez mon diocèse : il y a soixante-dix ans, il comptait 800 prêtres. Aujourd'hui il en a 200, mais il compte aussi 45 diacres et 10 000 personnes impliquées dans les 320 communautés locales que nous avons créées il y a quinze ans. C'est mieux. Il faut arrêter la pastorale de la SNCF. Il faut fermer des lignes et en ouvrir d'autres. Quand on s'adapte aux gens, à leur manière de vivre, à leurs horaires, la fréquentation augmente, y compris pour le catéchisme ! L'Eglise a cette capacité d'adaptation.

- De quelle manière ?
- Nous n'avons plus le personnel pour tenir un quadrillage de 36 000 paroisses. Soit l'on considère que c'est une misère dont il faut sortir à tout prix et alors on va resacraliser le prêtre ; soit on invente autre chose. La pauvreté de l'Eglise est une provocation à ouvrir de nouvelles portes. L'Eglise doit-elle s'appuyer sur ses clercs ou sur ses baptisés ? Pour ma part, je pense qu'il faut faire confiance aux laïques et arrêter de fonctionner sur la base d'un quadrillage médiéval. C'est une modification fondamentale. C'est un défi.

- Ce défi suppose-t-il d'ouvrir le sacerdoce aux hommes mariés ?
- Non et oui ! Non, car imaginez que demain je puisse ordonner dix hommes mariés, j'en connais, ce n'est pas ça qui manque. Je ne pourrais pas les payer. (ndr: que voilà une étrange conception du ministère sacerdotale!!)Ils devraient donc travailler et ne seraient disponibles que les week-ends pour les sacrements. On reviendrait alors à une image cultuelle du prêtre. Ce serait une fausse modernité.
Par contre, si on change la manière d'exercer le ministère, si son positionnement dans la communauté est autre, alors oui, on peut envisager l'ordination d'hommes mariés. Le prêtre ne doit plus être le patron de sa paroisse ; il doit soutenir les baptisés pour qu'ils deviennent des adultes dans la foi, les former, les empêcher de se replier sur eux-mêmes.
C'est à lui de leur rappeler que l'on est chrétien pour les autres, pas pour soi ; alors il présidera l'eucharistie comme un geste de fraternité. Si les laïques restent des mineurs, l'Eglise n'est pas crédible. Elle doit parler d'adulte à adulte.

- Vous jugez que la parole de l'Eglise n'est plus adaptée au monde. Pourquoi ?
- Avec la sécularisation, une "bulle spirituelle" se développe dans laquelle les mots flottent ; à commencer par le mot "spirituel" qui recouvre à peu près n'importe quelle marchandise. Il est donc important de donner aux chrétiens les moyens d'identifier et d'exprimer les éléments de leur foi. Il ne s'agit pas de répéter une doctrine officielle mais de leur permettre de dire librement leur propre adhésion.
C'est souvent notre manière de parler qui ne fonctionne pas. Il faut descendre de la montagne et descendre dans la plaine, humblement. Pour cela il faut un énorme travail de formation. Car la foi était devenue ce dont on ne parlait pas entre chrétiens.

- Quelle est votre plus grande inquiétude pour l'Eglise ?
- Le danger est réel. L'Eglise est menacée de devenir une sous-culture. Ma génération était attachée à l'inculturation, la plongée dans la société. Aujourd'hui, le risque est que les chrétiens se durcissent entre eux, tout simplement parce qu'ils ont l'impression d'être face à un monde d'incompréhension. Mais ce n'est pas en accusant la société de tous les maux qu'on éclaire les gens. Au contraire, il faut une immense miséricorde pour ce monde où des millions de gens meurent de faim. C'est à nous d'apprivoiser le monde et c'est à nous de nous rendre aimables.