Tollé médiatique, et le commentaire du Père Lombardi, pour Radio Vatican en italien (19/8/2010)

Tollé sur Internet

C'était il y a une quinzaine de jours.
Les medias, qui se moquent pourtant bien du Pape, et dont les lecteurs ne feront probablement pas partie des pélerins, mais qui cherchent tous les moyens (en vain!) pour ternir ou même saboter le voyage, se répandaient en indignation vertueuse!
On a pu en lire un échantillon (1) sur le site de TF1 le 4 août dernier, sous le titre Vous voulez voir Benoît XVI au Royaume-Uni ? Payez d'abord !, assorti d'un subtil sondage ainsi formulé: Seriez-vous prêt à payer au minimum 12 euros pour assister à une messe papale ?
Il y aurait beaucoup à dire, en particulier sur les chiffres avancés (au fait, combien coûtent au contribuable français, au nom de la nécessité d'assurer l'ordre public, le moindre match de football où joue le PSG, la moindre manifestation d'"étudiants" ou d'altermondialistes, la moindre "rave party", ou le moindre concert d'une "star" du rock à Bercy ou ailleurs?). A moins que ce ne soit si misérable qu'en démonter les arguments ne serait qu'un perte de temps.
Rappelons que lors du voyage en France, tous les accès étaient libres, mais l'Eglise en France avait très légitimement sollicité la participation financière des pélerins, et j'avais volontiers relayé leur appel sur mon site. Une démarche absolument normale, et qui n'avait d'autre raison de susciter la polémique que la mauvaise foi de certains!
Les mêmes, d'ailleurs, qui exigent à cor et à cris "aucune subvention publique au voyage du pape", se lamentent ensuite que les catholiques doivent payer! Il faudrait savoir.

Le Père Lombardi explique en fait que les impératifs de sécurité très tâtillons (on veut bien convenir que dans une société aussi "ouverte" que celle britannique... ils ne sont pas superflus) échappent complètement au Vatican, et même à l'Eglise locale.

Les explications du Père Lombardi

Le Père Lombardi : une occasion pour montrer la beauté de la foi
Source: Radio Vatican en italien (ma traduction)
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"Cor ad Cor loquitur","Le cœur parle au cœur": tel est le thème du voyage apostolique de Benoît XVI en Grande-Bretagne, qui rappelle la devise du cardinal Newman .
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Un voyage particulièrement intense et qui a plusieurs dimensions : pastorale , œcuménique, mais aussi sociale et culturelle. Sur la richesse de cette visite de Benoît XVI au Royaume-Uni , Alexander Gisotti a sollicité les commentaires du directeur de la salle de presse du Vatican , le Père Federico Lombardi (audio ici)

Réponse - Le programme est très riche , intense et articulé . Certes, on attend avec une grande intensité et beaucoup d'émotion le premier jour , qui voit d'entrée la rencontre du Pape avec Sa Majesté. Je voudrais rappeler aussi que le jour où le Pape est en Ecosse est le jour de la fête de Saint-Ninian , qui est le patron , l'évangélisateur de l'Écosse . C'est donc un grand jour pour les Ecossais . Nous pensons que ce sera une grande fête , un très beau moment . Et puis , je voudrais souligner le discours du Pape au Westminster Hall, la rencontre avec la société , avec le monde de la culture , avec toutes les composantes les plus actives et influentes de la société anglaise . Ce sera certainement un moment examiné avec une grande attention. Le Pape s'adressera, avec un regard très ample , aux problèmes de société du Royaume-Uni dans le monde d'aujourd'hui . Ensuite, il y a la dimension œcuménique , la rencontre avec le primat anglican, l'archevêque de Canterbury : la célébration œcuménique a certainement une grande importance . Nous savons aussi que c'est un moment délicat pour l'anglicanisme , pour les discussions internes . C'est un moment délicat pour les relations avec l'Eglise catholique , parce que les débats internes se reflètent aussi dans les relations entre anglicans et catholiques . Et puis il y a évidemment le point culminant, qui se déroule en deux étapes, si l'on veut : la veillée à Hyde Park à Londres, et la béatification à Birmingham, dédiées à la figure de Newman . Donc, avec cette grande figure , qui est un peu le coeur spirituel de cette visite, le voyage se termine . Nous savons que le Pape a accepté l'invitation pour ce voyage à l'occasion de la béatification de Newman .

Question - Beaucoup ont vu un lien spécial entre Newman , ce grand pasteur et intellectuel du XIXe siècle et Joseph Ratzinger, Benoît XVI (cf Joseph Ratzinger et John Henry Newman). Avez-vous une réflexion à ce sujet?

R. - Ce lien est certainement fondé, parce que dans la figure du Pape Benoît XVI aussi , nous avons une synthèse profonde entre foi et raison , et je voudrais ajouter aussi, spiritualité. Il y a un lien dans la façon de vivre le témoignage chrétien dans le monde d'aujourd'hui , dans le monde moderne , en donnant toutes les raisons de la foi chrétienne à ceux qui les cherchent , en donnant la raison de notre espérance dans le monde d'aujourd'hui , en manifestant une foi profonde , une spiritualité très attentive, très grande , vivante, et aussi un sens pastoral très ample. La figure de Newman est complète , c'est un personnage fascinant par son ampleur, une ampleur qui n'est pas seulement intellectuelle , mais aussi culturelle et pastorale. Sa capacité à donner une idée de l'exhaustivité de l'univers culturel dans le monde d'aujourd'hui est quelque chose de très grand et de fascinant . C'est certainement une figure privilégiée pour présenter à la société moderne la dignité du témoignage chrétien comme capable d'affronter les problèmes et les grandes questions de l'homme moderne .

Q. - On a beaucoup parlé ces derniers jours , des prétendus «billets» pour assister à certains événements de la visite , comme la veillée dans Hyde Park . Le coordonnateur du voyage , Mgr Summersgill a expliqué qu'il s'agit en fait une contribution non obligatoire pour les fidèles. Pouvez-vous nous en dire un peu plus là-dessus?

R. - Oui , je pense qu'il est juste d'y revenir un peu, même si, en soi, c'est quelque chose d'une importance plutôt marginale par rapport aux thèmes centraux de ce voyage . On a lu et entendu des objections absolument sans fondement. J'ai entendu parler du Vatican qui demandait de payer un billet pour aller à la messe , et donc impliquait également la responsabilité du Vatican dans des choix organisationnels très spécifiques . Ceci est absolument faux . Nous devons rappeler que le Pape va dans un pays parce qu'il est invité, et invité par les plus hautes autorités de l'État - la Reine et le gouvernement - et il a été invité par l'Eglise locale. Par conséquent , les coûts , les engagements de l'organisation sont bien sûr à la charge de ceux qui invitent. Ce n'est pas le Pape qui s'auto-organise un voyage en Angleterre . Donc , première chose: le Vatican n'a rien décidé sur ce sujet . Il s'agit de modalités d'organisation traitées sur place par les Eglises locales, mais en tenant compte des nombreuses contraintes organisationnelles imposées par les autorités civiles . Par exemple , dans ce cas, nous avons la situation inhabituelle que les gens ne peuvent pas se déplacer librement à pied sur les lieux des grands événements, des trois événements publics importants : ils doivent s'y rendre par des moyens de transport organisés, et il faut que toutes les places soient attribuées avec un nombre d'une précision absolue . Ceci n'est pas la façon habituelle dont les gens viennent participer à des événements majeurs au cours des voyages du Pape. Donc, cela doit être pris en compte et cela est dicté par lesimpératifs de sécurité des autorités civiles . Ainsi , les autorités ecclésiastiques ont elles aussi dû organiser des groupes de fidèles qui pourront aller ensemble avec des moyens de transport organisés , distribuant ainsi un "pass" , un passeport spécifique à chaque fidèle qui participe , et celui-ci est livré avec un petit "Kit" de service - y compris pastoral et logistique - et c'est pourquoi il est demandé une «contribution» à chaque groupe organisé qui participe. Comment cette contribution sera ensuite répartie entre les personnes prenant part , cela dépend de la paroisse ou du diocèse qui a organisé ces groupes . Il ne s'agit pas , par conséquent, d'un billet payé par les particuliers pour aller à la messe . Je pense que si on garde cela présent à l'esprit , on comprend mieux la question . Même chose pour ce qui concerne - par exemple - l'accès des médias , des journalistes, il y a des contraintes, des indications qui sont très exigeantes, plus que dans d'autres voyages . Ceci est indépendant du Vatican et ne dépend pas non plus de l'Eglise locale.

Q. - En conclusion , quelles sont les attentes pour ce voyage, près de 30 ans depuis la visite historique de Jean-Paul II en Grande-Bretagne ?

R. - La situation est très différente en termes de développement , social et culturel , parce que beaucoup de choses ont changé ces dernières années . Il y a aussi une approche différente de la visite elle-même, qui a un aspect de visite d'Etat avec une invitation officielle de la Reine et du gouvernement, tandis que celle du Pape Jean-Paul II était plus pastorale . Je dirais que ce qu'on attend, qu'on peut désirer , espérer vraiment de cette visite, c'est le fait de faire comprendre, de présenter le service de la foi chrétienne et le service de l'Eglise catholique pour une société très développée , mais aussi très sécularisée, comme le Royaume-Uni . Une réalité dans laquelle beaucoup de gens remettent peut-être en question la valeur du témoignage chrétien et du témoignage catholique dans la société . Par conséquent, faire comprendre que ce témoignage est un don à la société , une richesse qui est offerte dans son service comme source d'inspiration spirituelle, mais aussi de participation à l'éducation , à la santé , à la charité, est une chose très importante .
Voilà, nous espérons que le voyage du Pape aidera à saisir cette positivité amicale de l'Eglise catholique et de la foi chrétienne dans une société qui à bien des égards n'en est - peut-être - plus consciente .
Je voudrais également dire que les voyages du Saint-Père cette année - à Malte , au Portugal et Chypre - ont été des voyages très positifs. Nous espérons que ce voyage sera vraiment une manifestation de la beauté , de la positivité du service du Saint-Père dans la société , en particulier dans les moments où nous avons eu aussi des moments de contestation. Le souhait est de pouvoir à nouveau présenter avec efficacité le côté positif , fondamental que l'Église offre à une société d'aujourd'hui , moderne , pluraliste , disons même sécularisée, pour qu'elle n'oublie pas et même soit en mesure d'apprécier de façon nouvelle la contribution positive qu'offre la foi .

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Note

(1)
Vous voulez voir Benoît XVI au Royaume-Uni ? Payez d'abord !
(Source)
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Toutes les apparitions publiques du pape lors de son voyage le mois prochain seront payantes : il faudra débourser entre 12 et 30 euros pour assister à ses messes.
L'Eglise catholique est-elle aussi victime de la crise économique ? Toujours est-il que le Vatican a décidé de faire payer, a priori pour la première fois, les messes que prononcera Benoît XVI au Royaume-Uni (4,2 millions de catholiques sur 61 millions d'habitants) le mois prochain -il arrivera le 16 et repartira le 19.
La cérémonie la plus coûteuse sera celle organisée le dimanche 19 septembre à Birmingham, dans le centre de l'Angleterre, au cours de laquelle sera béatifié le cardinal John Henry Newman, un protestant converti au catholicisme et décédé en 1890. Au total, 70.000 billets seront ainsi proposés aux fans du pape au tarif de 25 livres (30 euros).
Les pèlerins moins fortunés pourront se consoler avec la messe célébrée le 16 septembre à Glasgow, proposée à 20 livres (24 euros). Et ils auront en outre le privilège d'entendre la chanteuse Susan Boyle, découverte par l'émission "Britain's got talent" et d'obtenir un kit contenant notamment un CD sur le voyage papal et un livre de prières. Autre possibilité : la veillée organisée à Hyde Park à Londres le 17 septembre à "seulement" 10 livres (12 euros), pendant laquelle le trio de curés The Priests (disque de platine) se produira en concert devant 130.000 personnes.
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Pour le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, cité par le quotidien Il Corriere della Serra, il s'agit d'"une simple contribution aux dépenses générales", comme le voyage en lui-même et les locations de site. Il précise que "ceux qui ne pourront pas se le permettre en seront exemptés", sans néanmoins indiquer de quelle manière les pèlerins désargentés pourront justifier de leurs finances mal en point.
Selon la presse britannique, le budget de la visite papale devrait s'élever à environ 23 millions de livres (27,4 millions d'euros). Elle fait polémique car le gouvernement y consacrera 10 à 12 millions de livres (12 à 14,5 millions d'euros), en plus des frais